Les amis se comptent sur les doigts d'une main dit-on ? Sachez que ce n'est nullement mon cas. Des amis, je n'en possède pas, je n'ai que des personnes susceptibles de m'apporter profit. Je ne choisie guère les personnes que je coutoie au hasard, ce qui fait de moi une fine calculatrice. Pourquoi se lier d'amitié, alors que tôt ou tard ces dis amis me poignarderont dans le dos, sans aucun scrupule ? Je dis non à ce genre de mascarade, préférant largement me réfugier dans cette forteresse de solitude qui m'a, jusqu'ici, apporte la plus grande des protection. Par contre, les personnes qui me poussent à mettre entre parenthèses mon côté égoïste est bien évidemment ma famille. Bien que celle-ci demeure déchirée, dû à une mère qui a déserté son rôle, ce sont eux ma plus grande faiblesse.

Ce n'est nullement dans mes habitudes d'éprouver le besoin de me confier, mais pourquoi ne pas essayer ? Car après tout, il n'y avait que les imbéciles qui ne changeaient nullement d'avis et se bornaient toujours aux mêmes opinions. Je suppose donc que je dois me présenter ? Je m'appelle Gabrielle Diana Rosewood et je suis née dans une grande ville de Grande Bretagne, Londres. Une ville que j’affectionne beaucoup, et que je n’aimerais quitter pour rien au monde. Le temps quelques fois pluvieux ne me dérange en aucun cas, au contraire, cela en vient même à m’apaiser, et est d’ailleurs l’une de mes plus grandes sources d’inspiration, même si la chaleur réussit tout de même à me mettre de bonne humeur. Cette contradiction est bizarre vous direz vous probablement ? Mais je le suis, je le suis réellement, et je n’en éprouve aucune honte. Durant toute mon enfance, je fus victime de l’absence de ma mère, qui nous laissait, moi ainsi que mon frère, la plupart du temps à notre gouvernante, qui a toujours été d’une douceur incontestable avec nous, petits enfants que nous étions. Mira…c’était comme cela qu’elle s’appelait, un prénom si beau, si tendre qu’il en était troublant. Je me rappelais encore de son parfum et de ses mots doux qu’elle en venait quelque fois à me glisser à l’oreille. Ses gâteaux qu’elle nous préparait quand nous avions le moral à zéro, mais qu’elle en venait à brûler la plupart du temps. Celle-ci a toujours été comme une mère, bien qu’elle ne faisait que son travail, et qu’elle faisait la même chose pour des centaines d’enfants. Cette dame aura su laissé une trace dans mon cœur à tout jamais, grâce à cette gentillesse et cette bienveillance à toute épreuve. Ma mère, démissionnant de son rôle, je fus bien vite obligée de me suffire à moi-même, et de marcher seule, en compagnie de mon frère, Ethan. Celui-ci demeure l’une des personnes que j’affectionne le plus dans ce bas monde, le seul être en qui je fasse une confiance aveugle, le seul pour qui je serais sûrement capable de tuer sans en éprouver une quelconque culpabilité. Cet amour beaucoup trop fusionnel en venait même quelque fois à me faire peur, car si j’en venais un jour à le perdre, je crois bien que ma vie en serait terminée, car depuis toutes ces années il était devenu ma force, comme ma faiblesse. Je n'ai jamais su ouvrir mon cœur à qui que ce soit, tenant toujours mon éternel visage froid et inexpressif, préférant fuir mes sentiments pour ne pas paraître vulnérable. Pitoyable ? Mais l'être humain en lui-même ne l'est-il pas ?

Nous avons tout de même gardé un certain contact avec notre mère, nous ne nous voyons que lors de noël et de grandes festivités toutes aussi pathétiques les unes que les autres, où elle ressentait le besoin de tenir son rôle de maîtresse de famille. Sa relation avec mon père était loin d’être des plus cordiales dû à quelques événements passés qui me sont encore inconnus aujourd’hui, c’est peut-être pour cela que celle-ci avait lâchement prit la fuite. Malgré tout, j’essayais continuellement de lui trouver des excuses, bien qu’elle ne le mérite peut-être pas. Mon père quant à lui est une personne hors du commun. Il brille de pureté et de gentillesse, chose que je ne tiens pas de lui, bien malheureusement. Il possède un travail minable dans une boulangerie moldue, mais il a toujours su assouvir à nos besoins, surtout les miens qui se faisaient des plus coûteux. Avec moi, il a toujours fait preuve de patience, bien que je lui en fasse voir de toutes les couleurs avec mes conflits perpétuels avec la vie. Cependant, ces temps-ci j’essaye tant bien que mal de m’assagir afin de lui faire plaisir. Disons que je faisais mes coups en douce, sans pour autant lui causer de torts. Ce n’est que lorsque je reçu ma lettre d’admission au grand collège Poudlard que ma vie prit un tout autre tournant. Mon intégration dans ce collège ne fut pas des plus faciles, car il est vrai que je n’étais pas de nature très sociable, chose qui me collait à la peau depuis mon plus jeune âge. Je ne me sens pas réellement concernée par toutes les choses qui peuvent se passer autour de moi, préférant me forger ma propre carapace, me fichant complètement de ce que l’on pouvait penser de ma personne. Cependant, certaines personnes de ce château en viennent à m'amuser au plus haut point et je me fais un plaisir de les manipuler, comme de vulgaires pantins de fortune. Je suis actuellement en sixième année, me demandant bien comment j'ai fait pour passer mes examens sans anicroches. Jusqu'à aujourd'hui, ma vie dans ce prestigieux château a malheureusement été d'un ennui à couper le souffle. À vrai dire, je ne m'y suis jamais sentie à ma place, bien que beaucoup considère Poudlard comme leur maison, ce n'est hélas nullement mon cas. Je compte bien terminer cette année comme les précédentes, en m’efforçant de suivre mes cours et faire de mon mieux pour ne pas trépasser dans ce monde de fous.

Quand votre vision du monde n'est plus ce qu'elle était autrefois, quand votre optimisme en vient à disparaître peu à peu, on se demande comment faire pour continuer à avancer comme si de rien n'était, comme si dans votre univers ne régnait guère le chaos ainsi que la perdition. C'était ce que j'étais en train de faire depuis sa mort qui avait tant su chambouler mon existence, pourtant si claire autrefois. Je continuais à vivre comme si elle n'avait jamais existé, comme si je l'avais oublié, même si mon âme était sur le point d'exploser. Je ne cessais de me mentir, prétendre des choses complètement fausses à mon entourage pour me sentir mieux dans ma peau, mais en vain. Après tout, je me devais de continuer ma vie comme je l'avais laissé, essayée de survivre à ma mère qui ne semblait désormais qu'un lointain souvenir, bien que mon cœur ait toujours chanté au rythme du sien. J'étais prête à rester forte et à ne pas me laisser dépérir, à vivre sans l'oublier pour autant. Elle n'avait jamais été là pour moi, ayant déserté il y a des années, mais la savoir encore plus loin m'était presque insupportable. 

Aujourd’hui le soleil était au rendez-vous, mais une once de fraîcheur réussissait tout de même à perturber cette clarté. L'automne approchait à grand pas, ce qui en venait à causer mon plus grand malheur. Les journées sombres et déprimantes n'allaient sûrement pas tarder et cet été magnifique était déjà bien loin derrière nous. En ce samedi après-midi, je m'étais décidée à sortir de l'école, là où l'atmosphère devenait de plus en plus irrespirable, afin de prendre un grand bol d'air frais au lac, l'un de mes endroits préféré. Là où je pouvais de nouveau retrouver cet havre de paix que je chérissais tant et que Poudlard n'avait nullement su m'apporte. Il est vrai que l'ambiance n'était guère dès plus réjouissantes à l'intérieur, mais nous devions hélas faire avec, bien que cela nous pèse au plus haut point. J'allais aussi pouvoir en profiter pour pouvoir faire mes devoirs en plein air, car il est vrai que la bibliothèque devenait de plus en plus oppressante, surtout avec cette agaçante bibliothécaire qui ne cessait de sévir au moindre petit bruit, même si je devais tout de même m'avouer que je n'étais nullement discrète. 

Je n'ai jamais vraiment été fan des cours et cela depuis l'école moldue, préférant m'amuser à donner du fil à retordre à mes professeurs, bien que je me sois aujourd'hui assagies, même trop, et je m'en étonnais moi-même. Militante dans l'âme, j'ai toujours eu beaucoup de mal à me plier aux conformités, chose qui m'a souvent porté préjudice jusqu'à ici. Je suis pourtant loin d'être une rebelle, mais j'ai tout simplement des convictions et une opinion quelque peu différente des autres. Pour certains, il est très difficile de me cerner, d'ailleurs moi-même n'arrive pas toujours à me suivre. Aujourd'hui, j'ai comme perdu mon éternel optimiste, mais il me reste encore cette naïveté excessive qui m'a toujours collé à la peau et qui n'est nullement prête à s'en aller. 

Assise contre un arbre, mes yeux se fermèrent pour écouter ce calme qui demeurait si relaxant. C'était dans ces moments de tranquillité que je trouvais réellement que la vie valait la peine d'être vécue, que je comprenais le sens de mon existence, bien que cela soit peu pour une jeune fille. L'être humain avait souvent tendance à ne guère contempler ce qui l'entourait, cette beauté qui se tenait sous son nez, ce qui faisait malheureusement de lui un être nombriliste et méprisable, du moins c'était comme cela que je voyais les choses. Je secouai légèrement la tête pour chasser ces pensées quelque peu douteuses de mon esprit, même si cette réflexion pouvait être tout à fait légitime pour n'importe quel psychologue en manque de patients. Dans tous les cas, je n'avais nullement besoin de payer un inconnu pour qu'il m'affirme ce que l'on me disait à longueur de journée...que j'étais complètement dérangée, chose que je n'avais guère démentit. Je souris à ma propre bêtise, puis ouvris mon sac pour en ressortir un livre.