Pour Evelyne, le mot famille a toujours été quelque chose d’abstrait, de presque inexistant car dans sa vie de petite fille elle n’avait jamais réellement connue la sienne. Ses parents n’étaient jamais là pour elle, bien trop occupés par leurs carrières respectives : sa mère était alchimiste de grand renom et son père premier ministre. Autant dire que leur fille était plus une perte de temps pour eux qu’autre chose. Le seul moment où il leur semblait bon de passé du temps avec elle s’était lors des galas avec tout le gratin pour qu’ils paraissent une famille parfaite, bien sous tous aspects avec une fille à l’allure parfaite et aux manières étudiées et bien faites.
Mais, dès qu’Evelyne rentra à Poudlard, ce fut presque une délivrance. Tout ce monde, toutes ces présences lui étaient nouvelles, et elle apprit malgré son fichu caractère, à apprivoiser le regard des autres d’une manière différente de celle qu’on lui avait apprise. Elle commença à se faire ses premiers amis, puis elle rencontra Regulus. Ils devinrent très amis, partageant beaucoup de choses, mais au bout d’un certain temps, ces sentiments évoluant, ils se rendirent compte qu’il y avait plus entre eux qu’une simple et belle amitié. Pour le plus grand bonheur d’Evelyne.
Et toute la famille des Black l’accueillit avec gentillesse, d’autant plus quand elle fut enceinte de Rigel. Et après la disparition tragique de son fiancé, Rigel, sa fille bien-aimée devint son seul cœur, la seule personne avec laquelle elle se sentait vivante, mère et heureuse.

Le 13 novembre 1961, le jour de sa naissance et le début de la vie d’une femme gâtée par la Nature. Depuis toute petite, sa beauté faisait mouche, ses grands yeux bleus la rendait plus profonde que n’importe quelle mer agitée et sombre des océans du Nord.
Mais parlons plutôt de son histoire : né dans une riche famille de sorciers aristocrates, elle fut élevée selon l’art de la bien aisance et de la parfaite femme bourgeoise du monde sorcier. Ne disant jamais non, elle échouait la moindre règle, prête à souffrir des heures entières de bout, droite et perçante comme un éclair dans la foule, pour devenir la meilleure. Devenant de plus en plus incisive, la gouvernante qui l’éduquait commençait presque à s’inquiéter de l’évolution de la jeune fille, en faisant part à ses parents. Mais ils n’en n’eurent que faire, ne voulant que l’image de la famille parfaite à qi tout réussissait, et dont la fille était la plus belle et la mieux élevée. Ce genre de femmes se monnaient très chers dans ce monde éclectique.
Grandissant à sa façon, elle se forgeait au fur et à mesure un caractère d’acier : tranchant mais précis. Elle avait fait de la parole et de son être les deux plus belles armes pour servir sa cause, bonne ou mauvaise.
En entrant à Poudlard, tout cela ne sembla pas échappé au Choixpeau qui la mit dans la maison Serpentard pour le plus grand bonheur de la jeune fille. Là-bas elle y découvrit les joies de l’amitié, puis de l’amour au côté de son cher amour Regulus A. Black. Le seul homme qui avait réussi à déjouer les pièges de la belle qui s’en était toujours trouvée désarçonnée. Puis tout s’enchaina après leur sortie de Poudlard : la marque des Ténèbres, puis leurs fiançailles pour le plus grand plaisir des deux familles de sang-pur. A l’époque, personne ne croyait vraiment à cette histoire. La plupart des gens ne pensait qu’à une amourette dangereuse et de courte durée comme toutes celles qu’avaient vécues Evelyne jusque-là. Mais malheureusement pour eux, ils avaient faux sur toute la ligne. Pour ces deux-là, c’était amour un jour amour toujours.
Mais, mademoiselle Alyse avait aussi une grande croyance pour Voldemort. Elle était l’une de ses servantes les plus fidèles et jamais rien n’ébranlerait certainement cette foi infatigable qu’elle avait pour celui dont on ne doit pas prononcé le nom.
Tout se passait à merveille entre les deux jeunes gens, quand Evelyne tomba enceinte. Le fruit de leur amour allait naître dans peu de temps mais Regulus disparu. Evelyne crut défaillir quand on lui annonça la nouvelle. Comment Regulus avait-il pu ne plus donner signe de vie du jour au lendemain ?! Elle était enceinte de leur fille, dont le prénom qu’ils avaient choisis ensemble serait Rigel, mais lui n’était plus là, envolé loin d’ici.
Pourquoi ? Pourquoi cette histoire tournait-elle si mal ?
Après cet épisode, Evelyne voulut s’enfoncer dans les néants de la vie, mais sa fille, son rayon de Soleil qui permit de tenir, de vivre comme il était possible de le faire quand l’on avait perdu son fiancé. Pourtant, elle donnait out, voulant faire de sa fille une femme épanouie et forte face aux épreuves de la vie. Lui laissant toute la liberté dont elle avait besoin, elle savait se faire sévère quand cela devenait une nécessité ce qui fut rarement le cas.
Aujourd’hui Rigel était à Poudlard dans la maison Serdaigle. Une certaine fierté avait habité Evelyne en apprenant cela. Même si toute sa famille aurait préféré voire la jeune fille à Serpentard, mademoiselle Alyse se suffisait à dire que tout enseignement était bon à prendre quel qu’il soit. Elle voulait le meilleur pour sa fille et elle l’aurait. Elle ferait toujours tout pour.

La nuit régnait encore sur son royaume endormie. Du moins, sur la plupart de son royaume qui voulait bien rester plongé dans les bras de Morphée.
Je ne dormais plus depuis longtemps. Non, plus rien ne me retenait dans ce qui devait être le pays des rêves. Or pour moi, c’était devenue l’enfer des contemplations. Trop d’images de souvenirs baignaient mes nuits. J’aurai voulu ne pas me rappeler de tant de choses, mais je ne pouvais rien oublier. Tout était ancré dans ma mémoire comme au sein d’une pierre marquée à vif par sa vie houleuse et précipitée dans les ténèbres d’un monde qui s’essoufflait.
Plantée devant ma fenêtre, emmitouflée dans un grand pull en laine, je revoyais les images de cette nuit qui tournait encore dans ma tête comme un cercle vicieusement répétitif. Je ne voyais rien qui pourrait me sortir de cette impasse abyssale qui semblait se resserrer comme un étau autour de moi. Vide, j’étais en train de le devenir, sans cœur je l’étais presque déjà, écorchée vive, je l’étais encore trop. Il fallait que je me mesure, que je reprenne le droit chemin, que retrouve cette ligne de conduite que je m’étais fixée depuis toujours. Sanguinaire, silencieuse et rapide comme un serpent je ne raterai jamais ma proie qu’il faudrait que j’atteigne mais pour l’instant, je devais me concentrer sur la suite de mon bouquin.
Pourtant, mon cou à feu et à sang ne voulait pas m’épargner le moindre moment de répit. Non trop de souvenirs se bousculaient en moi alors que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vécu de nuit aussi agitée. Peut-être ce soir cela irait un peu mieux.
Le Soleil commençait lentement à émerger derrière la brume et les arbres encore vident de vie à cette époque froide de l’année. Le monde était gelé dans un écrin magiquement glacé. Pétrifié dans sa sublime étole, rien ne permettait de prévoir l’arrivée pourtant du printemps qui viendrait ranimer les âmes et les corps totalement congelés par cet hiver rude et intense.

Je me levais pour me diriger vers la cuisine de la maison. Un elfe de maison m’avait déjà préparé mon petit déjeuner que j’avalais avec lenteur et nonchalance. Non pas que je n’avais pas faim, mais je n’avais plus l’impression que m’alimenter changerait grand-chose à ma vie chétive et sans passions. Pensant à ma fille en mangeant, je me demandais comme presque tous les matins ce qu’elle pouvait bien faire en ce début de journée glacial mais qui s’annonçait plutôt lumineux.
Puis après avoir ingéré tout ce que mon corps pouvait absorber, je repartis, pris rapidement un bain chaud avant de m’habiller, me maquiller comme tous les jours. Je passais à d’une allure dépavée au style d’une femme bien sous tous rapports et plus dangereuse qu’une rose en floraison. Puis, m’asseyant devant ma table, je me remis à écrire comme hier, dissertant toujours sur le même sujet alors que mon esprit vagabondait bien loin d’ici vers des mondes bien plus propices à son épanouissement tout relatif. Pour autant je sentais qu’une journée de plus allait se mettre à peser sur mes épaules déjà chargées. Je repris mes esprits qu’aux alentours de vingt-heures quand le jour sembla de nouveau s’éteindre et que la profondeur de la nuit refit douloureusement surface. Pourtant, un bruit attira mon attention au dehors de la maison. Je regardais par la fenêtre pour voir une ombre apparaitre mystérieusement. Puis elle disparut tout aussi rapidement.
Prenant ma veste, je sortis de la maison, assez peu couverte, suivant les traces de pas dans la neige, m’enfonçant dans la nuit glaciale de cet hiver encore bien présent. Aucune âme ne semblait vivre près de moi, pourtant mon cœur s’emballait à l’idée de savoir qu’une chose inexplicable se tramait près d’ici. Quand je voulus repartir, ma pêche se faisant infructueuse, j’entendis un nouveau bruit. Me retournant, je discernai quelques contours avant de sursauter.

Assise dans mon lit, le front en sueur, je compris que ce cauchemar ne cesserait pas tout de suite. Mais il ne recommencerait pas tant que je n’aurai pas de nouveau fermé les paupières. Prions pour qu’il s’assagisse bientôt.

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