Après un diner plutôt calme dans la Grande salle, c'était une Evangeline épuisée qui remontait à son dortoir. La journée avait été rude, entre l'entrainement de Quidditch, tous les cours et les devoirs. Bon d'accord. elle n'avait pas vraiment été attentive au cours d'Histoire de la Magie. Pas du tout même. Mais vu le rêve tordu qu'elle avait encore fait la nuit précédente, elle n'avait pu s'empêcher d'y repenser. Et c'était plus intéressant que d'écouter déblatérer le professeur Binns ! Si elle avait revécu son rêve avec un petit sourire stupide aux lèvres, du rose aux joues, elle n'avait en revanche pas eu envie de sourire à son petit ami, Lysander. Faire des rêves tordus, d'accord à la limite, mais quand ce n'est pas avec son petit ami, est-ce qu'il faut se sentir coupable ?

Quoiqu'il en soit, c'est avec un soupir de soulagement et un grand bonheur que Evangeline se jeta sur son lit, sans même se changer ni vérifier que son lit était bien apte à l'accueillir - tant pis pour Hulk s'il avait décidé de faire sa sieste, elle l'écraserait. C'est ainsi qu'elle se retrouva nez à nez, au sens propre, avec une lettre. Intriguée, la jeune femme se redressa à contrecœur, tout en dépliant la missive. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle en parcourut les quelques lignes !

Citation :

Chère Evangeline,

J'ai longuement hésité avant de déposer ce mot ici, sur ton oreiller, au creux de ton intimité, mais voilà, aujourd'hui c'est fait. La réalité est que depuis longtemps je t'admire de loin. J'espère que cette intrusion ne te donnera pas une mauvaise image de moi. Mais je n'en pouvais plus de me tenir loin de toi, n'osant pas t'aborder alors que tu semblais toujours si loin dans un monde qui n'est pas le mien.

Je pourrais longtemps parler de tout ce que j'aime chez toi, tes cheveux flamboyant, ton cœur si pur, ton intelligence remarquable et tant d'autres choses encore. J'aime tout de toi.

Je voudrais qu'une rencontre signe le pacte de notre amour ! Rendez-vous dans la salle des trophées à la pause du matin.

A. F. B.

Evangeline ne chercha même pas à se demander qui était se "A.F.B.". Elle le connaissait sans doute, mais comme ça, ça ne lui disait rien. Elle ne pouvait pas se vanter de savoir, comme ça, à qui pouvait bien correspondre ces trois lettres. Bon déjà, on pouvait sans doute éliminer la population féminine : non pas qu'elle soit homophobe, ni rien, mais cette écriture était plutôt celle d'un garçon. Et puis après avoir tergiversé quelques secondes, Evangeline se dit que blague ou pas, elle irait voir ce mystérieux admirateur. Parce que d'une, elle avait déjà un petit copain qu'elle trompait indirectement avec une fascination malsaine, et de deux, ce n'était pas son genre de ne pas répondre quand on s'adressait à elle. Et de nouveau, blague, ou pas.

Le lendemain matin, Evangeline ne s'était pas plus apprêtée que d'habitude. Elle avait pensé à prendre la missive avec elle, et juste après le cours d'Histoire de la Magie - pourquoi avait-il fallut que ce soit celui-ci, avec son lot de songes ? -, elle se dirigea vers le lieux du rendez-vous, un peu au radar, il fallait bien l'avouer : elle avait failli s'endormir en cours, et n'était pas bien réveillée.

Lorsqu'elle arriva, la salle semblait vide, mais elle lança le classique :

- Il y a quelqu'un ?

Après un repas plutôt copieux pris au banquet du midi, Alessandro parti ensuite en direction de sa salle commune afin de préparer ses affaires pour les cours de l'après-midi. Tout en montant les escaliers de l'école Alessandro repensait à sa matinée de cours, elle se résumait en un mot, évasive. Grand rêveur qu'il est-il avait passé la plupart de sa matinée à rêvasser. Ce que serait le monde si jamais Vous-Savez-Qui accéderait au pouvoir suprême, ce qui signifie entre autre la mort de Harry Potter, ou bien si jamais ce dernier sortait du coma dans lequel il est plongé depuis la bataille au ministère. Bien qu'il fît membre de l'Armée de Dumbledore il ne fut pas à cette bataille comme bon nombre d'autre membre de l'A.D, et maintenant que restait-il de cette armée ? Des vestiges, des souvenirs et des ruines.

Arrivé devant le fameux portrait de la Grosse Dame, Alessandro prononça le mot de passe et entra dans la salle commune. Il jeta son sac sur son lit et remarqua une petite enveloppe blanche dans le creux de son oreiller, pris de curiosité il se saisit donc de la petite enveloppe et s'assit sur le bord de son lit. Il l'ouvrit et fut surpris du contenu de cette lettre.

Mais qui pouvait être cette E.L.K. ? Et comment pouvait elle être amoureuse de Alessandro alors qu'il ne se connaissait pas, du moins pas intimement. C'était à la fois étrange et anodin, Alessandro se disait que ça ne pouvait être qu'une Gryffondor, qui d'autre aurait pus avoir accès à la Salle Commune ? Puis Alessandro se rendit compte que ce fameux rendez-vous c'était tout de suite, il fit donc son sac en quatrième vitesse et se rendit donc au lieu convenue sur la lettre en toute hâte. La salle des Trophées ? Drôle d'endroit pour une fille qui veut déclarer sa flamme, cette pièce était plus un nid a poussière qu'autre chose, mais bon, après tout chacun ses goûts.

Une fois arrivée devant la dite Salle des Trophées, Alessandro poussa la porte et tandis que la lourde porte en bois s'entrouvrait, il vit une jeune fille quelques mètres devant lui qui lui tournait le dos, elle lança d'un ton assez fort dans la salle.

Juste après les mots de la jeune femme, une voix masculine lui répondit, en parlant d'une admiratrice. Evangeline ne se retourna pas immédiatement. Si ce garçon parlait d'admiratrice alors que c'était lui qui était censé être son admirateur, il s'agissait forcément d'une blague. Elle se retourna, se trouvant né à né avec un Gryffondor. Un Gryffondor ! En plus ! Bon, lui aussi avait pensé à l'idée de l'intermédiaire, car Evangeline elle-même avait émit cette hypothèse, pensant qu'un garçon aurait plutôt demandé à une fille de son dortoir de placer la lettre sur son oreiller. La Serdaigle eut quand même un léger sourire. Ce jeune homme - il semblait à Eva' que son nom était à consonance italienne, Alessandro hm... "F.B." - avait-il seulement songé à une blague de son côté ? Enfin qu'importe, l'affaire était facile à régler. Il suffisait de régler ce petit malentendu. Mais c'est vrai que là, elle aurait bien aimé avoir le coupable sous la main... Même si ce n'était pas vraiment le genre de la rouquine de s'énerver après les gens.

- Ton admiratrice ? Hum, je vois.

Elle montra la lettre, ne perdant pas son petit sourire.

- Il y a donc un petit malin qui s'amuse à vouloir assortir les gens. N'est-ce pas, "A.F.B.", mon "cher admirateur" ?

Tout en parlant, Evangeline avait dessiné les guillemets avec ses mains. Elle avait quand même du mal à croire qu'en ces temps de trouble, quelqu'un ait encore en tête de faire des blagues pareilles. Bon, ce n'était pas si catastrophique que ça, mais ça aurait pu être plus grave... Imaginons que... Bon d'accord, ce n'était pas grave. Mais ça aurait pu être plus gênant. Elle aurait pu tomber sur quelqu'un de réellement amoureux d'elle, qui aurait pu en souffrir et... Enfin avec des "si", on pourrait refaire le monde, et puisque ce n'est pas arrivé, pas la peine de songer à ça.

Evangeline ne perdit pas non plus de temps à évoquer toutes les autres raisons qui faisaient le pourquoi du comment elle ne pouvait pas être la dite admiratrice. Elle n'évoqua pas son petit ami, qui était en plus lui aussi à Gryffondor. Elle évoqua encore moins le fait qu'elle ne le connaissait pas assez pour lui écrire une lettre d'amour, et encore moins que même si elle avait un petit ami, elle rêvait d'une autre personne, cela n'aurait pas été crédible pour un sous dans son argumentation, juste compromettant. Mais elle ajouta quand même une petite remarque :

- Quelle idée de donner rendez-vous à quelqu'un dans un tel nid à poussière pour déclarer sa flamme !

C'était juste un coup à produire une scène plus ridicule que romantique : "Je... ATCHA... T'aime...". Bonjour la romance avec les éternuements dû à la poussière. Enfin en tous cas, c'est bien le genre de truc qui aurait pu se produire pour Evangeline ! Mais la jeune femme balaya cette remarque pour quelque chose d'un peu plus "sérieux" :

- Au fait, E.L.K. correspond à Evangeline Lily Knight. Il me semble qu'on s'est côtoyés à l'AD, non ?