La fin de la journée s'approchait à grands pas. Nous étions samedi, j'avais fait tous mes travaux pour les deux semaines à venir et j'étais à présent dans ma Salle commune, avec l'envie de voler. Je n'arrivait évidemment pas à me décider. D'un côté, oui, je voulait partir voler, mais d'un autre côté, rester ici, au coin du feu et me plonger dans un livre me semblait être une bonne idée également. L'idéal aurait été une bonne conversation mais à présent qu'Alan avait quitté l'école, je n'avais plus personne avec qui converser. Je ne m'entendais pas spécialement avec mes camarades de classe [rectification, en six ans, je n'avais jamais fait l'effort de tenter de les connaître, me murant dans la solitude si confortable]. Cela ne m'avait jamais dérangé, mais je me rendais compte à présent que peu d'amis signifiait également peu de conversation.

Je soupirai. Il ne me restais que la solution de retourner en Bibliothèque et de passer ma soirée à lire. Tandis que je me levais, je fus traversée par une idée brillante. Avec un sourire, je remontai vers mon dortoir et me dirigeant vers ma valise, je sortis ma baguette magique. D'un mouvement de poignet, ce que je cherchais vint à moi. Depuis cet été, je maîtrisais totalement les informulés. Il faut dire que j'avais été entraînée par mes aînés. mais je n'allais pas me plaindre. J'adorais apprendre, et si cela me mettait en avance sur mes camarades de classe, cela ne pouvait que m'arranger. Je souris à nouveau, mon sabre à la main. Il fallait à présent que je trouve un endroit pour pratiquer.

Après un instant de réflexion, la réponse me vint d'elle même. La Salle sur Demande! Comment n'y avais-je pas pensé avant? je sortis donc en trombe de mon dortoir, dévalai mes marche, pour arriver rapidement dans la salle commune à toute vitesse ou je percutai quelque chose... Ou plutôt quelqu'un. Une fille. De ma Maison. Peau pâle et cheveux sombres. Jolie. Nous tombons toutes les deux mais je me relever aussitôt et lui tends la main pour l'aider. Pas que je me sente sympathique, mais c'est la moindre des politesses. Je n'attends pas qu'elle soit debout pour m'excuser:

- Navrée, j'allais trop vite. Vous ne vous êtes pas fait mal?

J'avais déjà remarqué cette fille par le passé. Si je me souvenais bien, elle avait un an de moins que moi, mais son intelligence est grande. Cherchant dans ma mémoire, je trouve enfin son nom. Cette fille est une Black! Étonnant qu'elle ne soit pas chez Serpentard... Une conversation avec elle pourrait se montrer intéressante...

Une chose surprenait souvent les gens qui connaissaient un peu Rigel, c'était qu'elle détestait les week-ends. Ça n'était pas spécifique à Poudlard mais bien à son tempérament général, déjà enfant elle n'aimait pas passer de la semaine active et trépidante à cette morne langueur qui s’installaient dès qu'il n'y avait plus de programme précis. Même en vacances, elle se forçait à se lever toujours assez tôt, à lire un certain temps, à s’entraîner à quelques sorts, à bouger un peu. C'était pour elle une hygiène de vie et tout sembler se briser dès qu'elle se levait le samedi matin. Chez elle, pendant les vacances, elle vivait avec sa mère qui finalement était du même tempérament, mais ici à Poudlard, confrontée à la paresse de ses camarades, toute motivation semblait aspirée comme l'espoir par un détraqueur.

Aussi elle se retrouvait d'autant plus frustrée, voulant s'activer à tout prix mais détonant tellement dans l’inaction environnante qu'elle finissait par rester dans son coin à prier pour que le lundi arrive enfin. Hors d'une dynamique de travail qui venait avec les cours, elle ne se sentait même pas la force de s'occuper de ses devoirs, elle travaillait bien mieux le soir de toute façon. Aussi, elle s'ennuyait, passant le plus clair de son temps enfermée dans son dortoir à dévorer livres sur livres. La pluie qui tombait ce jour la n'avait rien fait pour la mettre de bonne humeur.

Finalement elle se trouva une chose à faire : quelques recherches dans la bibliothèque. Pourtant, elle ne s'y rendait pas avec le même entrain que en semaine. En semaine, ceux qui se donnaient la peine d'occuper ces lieux étaient des vrais curieux qui venaient par simple plaisir d'apprendre, pour la plupart. Le samedi, c'était n'importe qui, poussés par des amis plus sérieux, qui s'y trouvaient. L'ambiance n'était pas du tout la même et la bibliothèque semblait y perdre un peu de son charme. Mais tant pis, elle devrait faire avec.

À la base, elle s'y rendit pour finir un devoir de Sortilège qu'elle avait commencé bien en avance. C'était vraiment histoire de s'occuper en réalité vu qu'elle avait encore plusieurs jours pour y penser. C'est pourquoi elle ne le termina pas non plus, se contenta de n'avancer qu'un peu dessus avant de passer à autre chose. Cet autre chose fut une lettre destinée à sa mère. Elle n'avait rien de spécial à lui raconter mais elle avait pris l'habitude de lui écrire régulièrement. La pensée de sa mère toute seule à la maison avec pour seule compagnie les elfes de maison faillit bien lui donner le cafard quand elle se souvint que depuis le retour du Seigneur des Ténèbres, sa mère n'était plus du tout désœuvrée. C'était assez cynique mais le fait de savoir que sa mère avait sûrement de quoi faire avec ses occupations de mangemort la rassurait.

Finalement, elle alla envoyer sa lettre et revint à la salle commune, se songeant à son programme de la soirée. Elle avait emprunté un livre d'arts magiques orientaux à la bibliothèque et avait bien envie de tester un de leurs origami mouvant, l'idée était amusante. D'une bien meilleure humeur, elle se dirigea d'un pas tranquille vers son dortoir. Perdue dans ses pensés, elle n'entendit pas les pas qui se rapprochaient à toute vitesse. Elle ne s'en rendit compte que quand elle se retrouva nez à nez avec une fille, une fraction de seconde avant que celle ci ne la percute et qu'elle se retrouve un peu sonnée sur la pierre.

Au moins la fautive eut la politesse de s'excuser aussitôt et de lui tendre la main pour l'aider à se relever. Rigel accepta l'aide sans vraiment hésiter, elle avait retrouvé un semblant de bonne humeur, hors de question de se formaliser pour ça.

-Non ça va, pas de problèmes. Qui n'a jamais couru dans ces escaliers de toute façon.

Elle se massa le poignet, elle s'était rattrapée dessus en chutant et il était un peu douloureux. Rien d'alarmant cependant. Rigel observa la fille qui l'avait percuté. Une Septième année dont elle ignorait tout en vérité.

-Hum, depuis quand se vouvoient-on entre élèves ? Demanda-elle, un peu surprise et repensant à la façon dont elle s'était adressée à elle.

Si encore elle s'était retrouvée face à une petite première année, ça aurait pu se comprendre. C'était même mignon comme certains se montraient intimidés par les plus grands. Mais pas de la part d'une de ses aînées.

Alors que j'aidais cette fille à se redresser, bien embêtée de l'avoir faite tombée, elle me répondit d'une voie égale qu'elle allait bien, terminant se phrase en constatant sous forme de question que tout un chacun avait déjà dévaler les escaliers. Je pinçai les lèvres de façon très discrète. Cela ne m'arrivai pour ainsi dire jamais. J'étais d'ordinaire plus calme et réservée, mais là, l'inaction me pesait et, ayant enfin trouvé comment occuper ma journée, j'avouai que j’avais effectivement dévalé les escaliers, ce qu'une fille de bonne famille, ne devrais jamais faire. Soit. L'on ne m'y reprendrai plus. Je relevai les yeux vers cette fille que je venais de bousculer. Elle se massait doucement le poignet. Elle s'était donc fait mal, quoiqu'elle en dise. Mais au vu de sa réponse, je n'allais certainement pas me préoccuper de son bien-être. Pas que je fusse méchante, mais j'avais pour principe de ne jamais extrapoler. Si cette fille me disait ne pas avoir eu mal, je ferais comme si c'était le cas, bien que je sois consciente que sa réponse n'était pas tout à fait exacte ou honnête, appelez cela comme vous le souhaitez.

Nous nous dévisageâmes quelques secondes avant que la jeune fille que je soupçonnais être membre de la famille Black ne me demande pourquoi je venais de la vouvoyer. Il est vrai, qu'ayant été élevée dans les anciennes traditions, j'avais pour habitude de vouvoyer toute personne que je ne connaissais pas. Bon, évidemment, je n'allais pas vouvoyer quelqu'un de bien plus jeune que moi, mais les cinquièmes et sixièmes années, oui. Simple politesse de ma part, que je considérais comme logique. Mais j'étais bien consciente que ce n'était pas le cas de tout le monde, au contraire. Ici, bien que les élèves s'interpellent régulièrement par leurs noms de famille, ils se tutoient. Étrange... Il n'empêche que je donne une explication à la jeune brune se trouvant devant moi:

- J'ai été éduquée ainsi. C'est par habitude et par politesse, surtout. Je tutoie toute personne que je ne connais pas. Sauf lorsqu’ils sont vraiment plus jeunes que moi.

Je marque un temps de silence avant de reprendre, tout en tendant la main vers elle.

- Je m'appelle Hannah Evali, septième année. Et toi? Tu es une Black, non?

Alors que je finnissais ma phrase, je me rendis compte que si ce n'était pas le cas, elle pourrait se sentir vexée. Après tout, presque tous les membres de la famille Black sont Serpentard... Mais non, je suis presque certaine d'avoir raison...

Étrange fille que celle qui venait de lui foncer dedans. C'était bien la première fois qu'un élève la vouvoyait. Non, ça lui était arrivée une seule fois avant et c'était le premier jour de cours ou un première année avait cru qu'elle était prof. Ce qui l'avait d'ailleurs bien fait rire vu qu'à 16 ans elle faisait encore un peu jeune pour son age. Mais de la part d'une élève plus grande qu'elle, jamais ! Son éducation disait-elle ? Pourtant, même Rigel qui avait reçu une éducation très portée sur le respect des convenance et des rang n'avait jamais appris qu'elle était censée vouvoyer tout le monde. Si, ses supérieurs, évidement.

-Étrange coutume. A moins que tu ne te sente sérieusement inférieure à moi, je n'en sent pas l'utilité ?

Elle ajouta mentalement « bah, si elle est née moldue alors effectivement ce serait marrant qu'elle me vouvoie » mais préféra garder cette réflexion pour elle. Néanmoins elle tendit la main vers elle en se présentant. Rigel la lui serra en haussant un sourcil. Bon, elle était déjà fichée comme Black par cette Hannah. Si seulement elle savait tout ce qui allait avec le nom.

-En effet, Rigel Andromeda Black, 6eme année.

Elle sentait déjà venir la suite. « Une Black à Serdaigle ? Mais ils ne vont pas à Serpentard ces bestioles la ? ». Il y avait des jours ou elle se disait qu'elle aurait mieux fait d'influencer un peu le choixpeau dans l'autre sens quand il avait hésiter entre les deux maisons. Au moins elle aurait eu la paix. À 11 ans quand le choixpeau l'avait placée devant le choix, c'était clair pour elle, les deux maisons étaient bien, elle avait de l'ambition c'était indiscutable, mais elle était aussi avide de connaissance. Pour elle les deux étaient liés mais estimait que la connaissance primait très légèrement dans son cas, aussi, elle avait opter pour Serdaigle. Elle n'avait pas vraiment prévu les problèmes que ça lui aurait créer par la suite.

-Evali... ça ne sonne pas très anglais, tu es de quelle origine ? Dit elle pour tenter de dissiper le blanc qui s'était installé.

Elle parut étonnée de ma réponse. Il est vrai que même parmi les enfants venant de famille sang pure ou nobles; il est rare qu'il soient éduqués comme je l'ai été, poussant les règles de politesse à l'extrême. J'avais déjà posé la question à mes parents. Selon eux, c'était un reste de l’éducation française et nippone que mes ancêtre avaient eu. Car oui, j'étais anglaise, mais également française par mon père, et du sang japonais coulait dans mes veines. Comme je m'y attendait, elle en fit la remarque, proposant à demi mot de laisser tomber le vouvoiement. Je n'en était pas étonnée et j’acquiesçai d'un signe de tête. Peut-être avait-elle raison... Cette coutume de mon éducation était un tant soit peu ridicule. Mais c'était un automatisme pour moi, je n'y pensais même plus. Alors que je me plongeais dans ces profondes réflexions, elle se présenta. Et comme je l'avais pensé, elle était effectivement une Black. Rigel Andromeda Black. Effectivement j'avais déjà entendu son nom quelques part. Quant à la situer dans sa famille, j'en étais bien incapable... Elle devait avoir des liens de parentés avec Draco Malfoy, vu qu'il était Black par sa mère et sa tante. Mais cela ne me regardait pas après tout... N'empêche que je l'aurais facilement imaginée à Serpentard. Enfin, qui étais-je pour déterminer cela? Après tout, ma famille avait également pensé que je serais répartie chez Serpentard et ce n'était pas le cas, pour le plus grand malheur d'Alan, qui aurait bien voulu que je suive ses traces...

Un blanc s'installe, avant qu'elle ne le brise, me posant la question de me origines. J'aurais du m'en douter... Il est vrai qu'Evali ne sonnait pas exactement comme un nom anglais. Cela devenait habituel que l'on me pose la question, ça en devenait relativement embêtant, mais je m'en était accommodée avec le temps. J'esquisse un sourire crispé et réponds:

- Mon père est français et j'ai des origines Japonaises. Evali est français.

Après un silence, j'ouvre la bouche pour lui faire la remarque de sa maison, avant de me reprendre au dernier moment. Tous le monde doit lui poser la question, comme moi par rapport à mon nom... Je la ferme donc avant de reprendre d'un ton que je veux naturel:

- Je t'ai rarement vue dans la salle commune...

Intérieurement je me maudis. Je ne suis vraiment pas douée pour entamer une conversation. Voilà où e mènent la solitude...