Depuis la rentrée il n'avait pas eu le temps de s'ennuyer. Entre son nouveau poste qui avait demandé une élaboration complète de plan de cours et de thématiques précises à monter, plus les cours qui avaient déjà commencé, il avait l'impression de ne plus s'appartenir. En dehors de cet emploi du temps professionnel, la préparation de son projet spécial en potions et les négociations pour le ralliement des détraqueurs au seigneur Noir complétait le reste du peu de temps qui lui restait.

Autrement dit pour être précis, il avait eu une bonne excuse de ne pas trop se préoccuper de la suite de ses occupations physiques avec la gérante de Fleury & Bott. Du temps s'était écoulé depuis leur coup de folie à Londres, pas mal d'insultes avaient volé et ricoché sur leur activité d'espions. Ces escarmouches auraient pu menacer l'ordre et il avait fallu une intervention assez intrusive de Dumbledore pour leur faire comprendre qu'ils pouvaient arriver à ne pas se détester pour essayer de collaborer. Enfin, suite à cela, ils avaient réussi à s'expliquer et à s'accorder sur un point: ils ne se détestaient pas sexuellement et pouvaient tous les deux y trouver... un terrain d'entente.

Pour l'instant, elle savait qu'il était occupé. Il lui avait envoyé un hibou assez succinct pour lui expliquer qu'il n'aurait pas trop de temps pour lui en ce début d'année scolaire pour pouvoir envisager une quelconque récréation. Mais cette missive datait de plus d'une semaine, aussi, s'il commençait à se douter qu'un retour de bâton était à prévoir, il ne se doutait pas de ce qui était en train d'arriver dans le couloir de ses cachots...

Qui pouvait bien frapper à sa porte? Ses quartiers étaient privés. Aucun élève n'avait jamais eu l'impudence de s'y aventurer. Albus n'aurait certainement pas frappé. Il se serait contenté de donner le mot de passe et d'entrer sans gêne en l'appelant de vive voix, comme si sa vie privée avait un certain intérêt... Un collègue? Certainement aucun d'entre eux à part Minerva et sa braverie toute gryffondorienne n'oserait descendre en ces lieux et troubler la tranquillité de ses recherches personnelles.

Car c'était bien ce qu'il faisait. Depuis quelques temps sa potion était en stabilisation. Il n'arrivait pas à trouver le moyen de la faire avancer pour rendre plus puissant le poison contre lequel il luttait. A la vitesse à laquelle il avançait, il ne pourrait certainement pas tester son produit avant le printemps. Alors il lisait, cherchait dans les revues et ouvrages le moindre indice qui lui permettrait de reprendre sa marche en avant. Certainement ce projet, s'il aboutissait et qu'il était publié après la guerre qui était sur le point de se déclarer, ferait de lui un maître de potions incontestable et incontesté, puisque apparemment, certains collègues doutaient encore de ses capacités à cause de son passé. Il aurait ainsi peut-être de quoi passer à la postérité et laisser sa modeste trace dans ce monde.

Que pouvait bien vouloir Minerva un samedi après-midi? Lui parler des cinquantes points qe Longdubat avait perdu dans sa matière?

Lorsqu'il ouvrit la porte, il écouta à peine ce que la voix mélodieuse lui dit, complètement abasourdi par cette présence incongrue.

Pendant un instant cette apparition soudaine lui inspira un soupçon de maléfice à son égard, comme si quelqu'un utilisait ses faiblesses d'homme pour se jouer de lui... Et puis il se rendit à l'évidence: la créature attendant patiemment sur le pas de sa porte était bel et bien là. Il en resta interdit. Il lui fallut au moins trente secondes pour commencer à penser à ce qu'il convenait de répondre et de faire.

La première des choses qui lui passa par l'esprit fut de lui faire signe d'entrer. Mais après cela... Livre? Demandé? Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire? Un prétexte fallacieux pour venir le voir? Non, elle semblait sincère et portait effectivement un paquet sous le bras.

Que faire quand on se veut gentleman au-delà des apparences? Que faire quand une opportunité aussi agréable se présente? Hummm... Enfin, ce serait plutôt que faire pour ne pas provoquer la colère d'une narcissique dominatrice contrariée qui risque d'apprendre qu'il n'a pas commandé de livre du tout, que cela ne provoque pas un esclandre dans Poudlard et que ces gamins gorgés d'hormones ne comprennent qu'une femme est venue dans ses cachots ? Belle problématique.

- Je te remercie, c'est gentil de l'avoir amené toi-même.

Sofia regarda fixement l'homme qui se tenait devant elle, légèrement ahurie par le ton sur lequel il avait formulé sa réponse. Évidemment qu'elle était venue le lui remettre en mains propres puisqu'il l'avait demandé lui-même... Comme si elle avait eu le choix. Bon, d'accord, elle l'avait eu, elle aurait pu tout bonnement refuser mais elle ne l'avait pas fait. Oui, c'est ça, elle était gentille. Son sourire s'agrandit, bien qu'il se mit à manquer de sincérité, quand elle répondit :

« C'était expressément demandé dans ta lettre, je n'allais pas refuser. J'ai cru comprendre que ça concernait la potion dont tu m'as parlé... »

Elle marqua un temps d'arrêt pour regarder autour d'elle. Le couloir était vide mais un élève aurait pu arriver à n'importe quel moment. Et en plus, Sofia n'était pas vraiment satisfaite de ce qui arrivait en ce moment. Elle était un peu déçue de voir qu'il la traitait avec aussi peu...d'intimité. Elle s'était attendue à un accueil un peu plus chaleureux et il ne l'invitait même pas a entrer. Il allait encore falloir qu'elle prenne les choses en main mais dans l'enceinte de Poudlard, cette idée ne l'enchantait pas trop. Le château appartenait à son passé, à son adolescence, il était le lieu où elle avait grandit, où elle avait grandit avec Evan. Elle avait l'impression de le tromper ici encore plus qu'ailleurs. Bien que pour être tout à fait honnête, elle avait rarement pensé à son défunt fiancé quand elle s'était retrouvée en présence de Severus, ces derniers temps. Toujours est-il que cette histoire lui déplaisait pas mal. Principalement parce qu'elle ne savait pas ce que le directeur de Serpentard attendait d'elle, ce qu'il voulait d'elle, qu'elle-même ne savait pas exactement ce qu'elle espérait de toute cette histoire. Mais malheureusement, elle était bien forcée d'admettre qu'il ne la laissait pas indifférente, et par là elle ne pensait pas seulement à leurs ébats. Certes, ils s'entendaient à merveille sur le plan sexuel mais Sofia pressentait qu'une relation purement charnelle ne la satisferait pas. Sans qu'elle ne sache d'ailleurs vraiment pourquoi. Et cela la faisait se sentir coupable, vis-à-vis d'Evan. Bref, encore une histoire très facile qui annonçait de belles années de bonheur parfait aux deux protagonistes, quoi...

Elle le regarda à nouveau, ayant définitivement recouvré son sérieux. Pourquoi rien n'était jamais simple dans sa vie ? Pourquoi fallait-il qu'elle s'encombre d'histoires qui ne la mèneraient que vers des difficultés ? Et pourquoi fallait-il qu'elle le veuille autant ? Elle prit une profonde inspiration, pour se laisser le temps de changer d'avis si une toute petite part en elle le désirait. Mais comme elle ne bougeait pas, il fallait croire que cette part n'existait pas. Elle voulait entrer et comptait bien le lui demander. Seulement, elle espérait que cette fois, ça ne finirait pas en une étreinte torride. Non pas qu'elle n'en avait pas envie, loin de là même, mais elle avait surtout envie de voir s'ils pouvaient avoir plus que cela.

« Est-ce que je peux entrer ? Demanda-t-elle. Ce n'est pas très prudent de parler de ça ici et il ne faudrait pas que quelqu'un me voit devant ta porte. Si le jeune Malefoy vient a passer dans le coin, il risque d'aller en parler au Maître. »

Il avait fallu qu'elle se justifie, bien entendu... Elle pesta contre elle-même silencieusement de cette réaction mais après une seconde supplémentaire de réflexion, jugea que ce n'était pas plus mal. Ainsi, elle ne prenait pas trop les devants dans cette histoire, lui laissant encore et toujours cette possibilité de laisser leur relation à une simple entente cordiale avec quelques avantages de temps en temps, disons quand la jeune femme en aurait trop envie pour se retenir.

La porte se ferma et rendit aux couloirs leur froid, leur obscurité et leur silence habituels. Il l'avait regardée passer devant lui le regard neutre, ne sachant toujours pas sur quel pied danser.

Sa remarque n'avait aucune pertinence selon lui. Elle l'avait sûrement servie parce qu'il avait été lent à se décide rà la laisser entrer. A cette heure là, aucun élève normalement constitué ne devait se trouver dans les parages, même pas un Serpentard. Il ne sous-estimerait jamais un adversaire, quel que soit son âge ou son camp. Concernant Junior, la seule chose qu'il savait à son égard c'est qu'il avait encore la main dessus malgré le refroidissement de leur relation. C'était essentiel compte-tenu de la mission que lui avait assigné le Lord Noir.

A l'intérieur de ce qui était le salon bibliothèque de Snape, il n'y avait guère plus de chaleur. La présence de Sofia n'était pas mal venue mais surprenante. Et le mobile de sa visite l'était tout autant... Vu qu'il n'y avait qu'une personne au courant pour sa potion dans tout l'univers en dehors de Sofia à qui il s'était confié, il n'y avait donc qu'une possibilité d'instigateur derrière tout ça. Son nom tournait en boucle par hurlements dans la tête de Severus: "Albus Perceval Wulfric Brian De-Quoi-Je-Me-Mêle Dumbledore !" Quand elle saurait ça, il faudrait sans doute la retenir de monter huit étages et franchir les escaliers capricieux pour aller lui exprimer sa façon de penser... ce qui, malgré un aspect intéressant, ne servirait aucune cause précise et tirerait en plus sans doute un sourire à ce vieux fou sentimental. Malgré ses tourments intérieurs, il affichait toujours un visage froid et impassible qui contrastait avec les efforts que faisait apparemment la livreuse.

En tendant le bras vers la pièce il l'invita à prendre connaissance des lieux. Ses quartiers n'étaient pas les plus grands de ceux destinés aux professeurs. Slughorn avaient récupéré les plus vastes. Il fallait au moins ça pour abriter sa collection de trophées de chasse et organiser ses petites sauteries. Non, les siens étaient beaucoup plus intimes et personnels, en totale adequation avec sa personnalité. Une pièce carrée dont deux murs étaient recouverts de livres précieux. Une grande cheminée avec un large tapis devant paraît le troisième. Un canapé et deux fauteuils recouverts de velours noir trônaient près du feu. Curieusement il n'y avait aucun bureau dans cette pièce, juste un petit secrétaire dans l'angle du mur d'entrée et du mur qui portait la cheminée. Une porte ouvrait au fond de la pièce sur la chambre et la salle de bains.

Au creux de la bibliothèque se trouvait une niche qui séparait deux étagères. Elle ne contenait que deux cadres photos. L'un d'eux contenait la photo d'une longue femme brune qui souriait timidement en remettant timidement en place une mèche de cheveux noirs et soyeux derrière son oreille. La prestance de cette femme et son caractère altier contrastait avec la misérabilité de son habillement. Sa robe était usée et déformée, rapiécée même par endroits. Cette personne semblait être tombée dans un mauvais cadre et s'excusait presque d'être ainsi présentée. Le cadre lui était fait de bois précieux, orné d'entrelacs celtiques finement ouvragés. Ils s'effaçaient au pied du cadre pour laisser apparaître une inscription: "Eileen Prince Snape". La seconde photo était celle de deux enfants rieurs assis au pied d'un arbre. Le petit garçon essayait de chatouiller sans succès son amie qui se débattait, une petite fille à la chevelure flamboyante et aux yeux verts. Lui était ridicule, accoutré de manière grotesque dans des habits difformes par rapport à elle. Mais elle ne semblait pas gênée outremesure. Il possedait les mêmes yeux noir que la personne de la photo d'à côté, et les même cheveux noirs et soyeux. Cette photo respirait la joie de vivre et l'insouciance, on aurait presque pu entendre leurs éclats de rire résonner dans cette niche. Tout comme la photo précédente, celle-ci était encadrée de la même manière, soulignant ainsi le caractère sentimental de ces objets pour leur propriétaire.

Un pan de l'univers personnel de Snape s'ouvrait à Sofia et celui-ci ne s'en trouvait pas mal à l'aise même s'il n'en était pas ravi pour autant. Il hésitait toujours sur la conduite à tenir. Il pourrait essayer la vérité mais redoutait sa réaction, à moins qu'il ne fasse diversion avant de la lui servir... A cette pensée, ses pupilles se dilatèrent instantanément. Il s'approcha d'elle, la débarrassa de son paquet, et l'entraîna vers le canapé en glissant la main dans la sienne. Il ne lui fallut pas longtemps pour retrouver le chemin de ses lèvres. Après quelques instants d'abandon, ils finirent par s'écarter.

La laisser se dérober n'était pas un problème, après tout, il n'avait choisi cette option que pour se donner du temps pour réfléchir. Son départ laissa néanmoins un certain vide dans ses bras qu'il croisa pour atténuer la sensation. Il n'arrivait toujours pas à croire que la vie lui offrait cette opportunité avec elle. Cependant chaque chose avait un prix dans la vie, et si cet homme était un vieil aigri, il n'ignorait pas pour autant que selon l'évolution de leur relation, il aurait à faire des efforts. Mais étant donné qu'il ne savait pas où il allait avec elle, il avait du mal à fixer les limites qu'elle ne pourrait franchir.

Il la regarda faire avec intérêt. La seule chose qui était susceptible d'éveiller sa curiosité, c'était bien la bibliothèque. Il y avait de quoi l'intéresser dedans. Pendant qu'elle scrutait les tranches des nombreux ouvrages, Severus sortit sa baguette et chercha à cacher ses cadres. A plusieurs reprises il les pointa et elle passa devant, négligemment, des fois, c'était son bras, parfois ses cheveux. A aucun moment il ne put lancer de sortilège de dissimulation. Il lui faudrait donc se résoudre à affronter sa curiosité à cet égard. Car c'était un fait acquis, Sofia était une femme curieuse. "Comme toutes les femmes!" se dit-il.

Elle resta un moment à tout observer avant d'aboutir aux deux cadres. Il se leva immédiatement. Malgré l'envie qu'il avait de lui tomber dessus, il parvint à se maîtriser. Quand elle saisit le cadre de sa mère il s'approcha d'elle. Il vivait ce geste comme une intrusion mais ne savait pas comment réagir. Seul le fait qu'elle n'ait pas fait de commentaire parvint à le calmer. Cette niche était son sanctuaire, et il était hors de question qu'il ait à s'expliquer ou à se dévoiler. C'était hors de question.

Mais quand elle s'attarda sur la photo de Lily et lui, que ses doigts accrochèrent le cadre... Elle était proche du sacrilège... Il suffit qu'elle pose sa question et qu'elle ose prononcer son prénom pour que... Il serra les poings furieux.

- Lily Evans. C'est son vrai nom. murmura-t-il. Le seul qu'elle aurait dû porter en dehors de Snape.

Sans lui demander son avis il lui retira le cadre des mains et le reposa à sa juste place. Mais sa propre réaction le troubla. Il savait qu'il devait dire quelque chose d'autre, sans forcément se justifier. Mais quoi?

- Et l'autre personne c'est ma mère. Eileen Prince comme tu l'auras lu. C'était une sorcière et surtout une personne fantastique. Elle est morte quand j'étais très jeune.

C'était toujours plus facile de détourner la conversation. D'habitude les femmes excellaient dans ce genre de stratégie. Là c'était lui qui avait imposé ce changement de direction. Entre les deux personnes qu'il chérissait dans ses souvenirs, il était plus facile d'aborder Eileen que Lily. D'abord parce qu'il s'agissait d'un amour filial ouvert à toute personne sur terre. Ensuite parce qu'il n'avait pas à justifier ces sentiments malgré le fait qu'elle soit morte.

La mort d'Eileen avait été un choc pour le jeune Severus. Souvent il n'avait qu'à fermer les yeux pour revivre la scène. Il n'avait que 14 ans quand il rentra à la maison et sentit pour la première fois l'odeur de la mort. Seul le silence l'accueillit dans l'Impasse du Tisseur ce jour-là. Il poussa la porte intrigué pour se trouver privé de son environnement sonore familier. Le salon était déjà miteux et froid, mais en plus il était vide. D'habitude elle était toujours là à lire dans son fauteuil et à l'accueillir avec un sourire. Un sentiment d'appréhension le poussa à la curiosité. Un odeur particulière l'attira. Il l'appela, l'appela sans cesse, sans recevoir de réponse. Un pressentiment le dirigea vers la cuisine. Elle était là, gisant dans une flaque, enveloppée dans cette odeur âcre et métallique. Il tomba à genoux et i resta, blotti contre elle, jusqu'à ce que son père n'entre et lui ordonne de s'occuper de "tout ça".

Le changement de sujet pour lui faire la présentation de sa mère n'entraîna pas de confidence pour autant. Un jour peut-être lui expliquerait-il pourquoi il avait créé le sortilège du sectumsempra. L'horreur qu'il avait de l'odeur du sang, la manière dont il avait laissé mourir son père e, représailles... Peut-être plus tard si elle était toujours là. Pour l'instant il lui fut reconnaissant de ne pas en avoir demandé plus, reconnaissant de cette trêve et de ne pas avoir à lui parler d'Evan. Ils s'éviteraient du mal à chacun.

Rapidement elle le vainquit de ses mains et lui redonna un peu de calme, même s'il affichait toujours un visage impassible.

Il l'emmena vers la cheminée. Une connexion par cheminette avait été faite pour rejoindre la pièce secrète où son laboratoire personnel avait été installé. Il y arrivèrent en un instant. Il s'agissait d'une pièce circulaire, ce qui était rare à Poudlard. Elle était parée de meurtrières qui ne laissaient pas entrer une grande lumière, mais suffisamment pour un éclairage de base. Une paillasse s'étalait sur trois mètres et accueillait en son extrémité un chaudron de taille 7 en cuivre. Elle était impeccablement rangée, tout comme les étagères sur lesquelles sur lesquelles étaient méticuleusement entreposés ingrédients et livres relatifs aux recherches de professeur. Au fond un vieux canapé râpé se tenait prêt à accueillir le travailleur fatigué au besoin, tout comme un bureau pour qu'il puisse assurer ses prises de notes.

Il la fit venir près de son chaudron. La préparation était tiède et d'une couleur pourpre. Rien ne s'en dégageait: pas de parfum, pas de fumée, pas d'ébullition. C'était à sa température et à son inertie qu'on devinait la phase de stabilisation forcée imposée par son préparateur.

- Voilà. La potion est stabilisée. Je pense que le principe d'inoculation quotidienne est acquis. Mais je ne sais toujours pas si mon principe curatif est actif, et s'il est assez puissant... Je suis bloqué.

C'était si inattendu de l'avoir ici avec lui. Inattendu mais tellement normal... Elle brisait ses habitudes, ses convictions, son silence, et ce sans effort particulier. Elle l'amusait de ses tendances dramaturgiques propre à une exagération qui l'aurait révulsé d'ordinaire. Elle était là quand personne n'osait, et ce de manière volontaire. Elle débarquait comme une tornade dans sa vie et bousculait tous ses repères et sa solitude. Quelqu'un tournait autour de lui, manifestait un certain contentement à être là et encore plus surprenant avec lui. Quelqu'un qui aimait les livres et la littérature moldue.

Surprenante créature qui le rappelait à de douloureux souvenirs.

Dans ce château qui lui procurait un tel sentiment de sécurité se trouvait à présent celle qu'il voulait protéger et avec qui il voulait partager ce sentiment de confort. Poudlard pouvait-il être une parenthèse ou le début du bonheur? Ce vieux tas de pierre serait-il à même de les protéger alors que les catastrophes approchaient?

Inimaginable. Machinalement son regard enveloppa Sofia qui mettait le nez dans son chaudron et n'en put que hausser les épaules lorsqu'elle lui parla de tester la potion. C'était une évidence, mais la tester sur qui? Certainement pas sur un sorcier. Il y avait encore trop de risques. La seule solution c'était un animal. Mais il lui fallait d'abord trouver une victime de Nagini pour comparer les agents infectieux... C'était complexe. Il faudrait qu'il lui enseigne comment procéder. Albus ne pourrait pas reprendre les recherches seul, il le savait. C'était pour cela qu'il en avait parlé à Sofia. Son érudition et son amour des livres lui permettrait peut être de faire quelque chose... D'accord elle n'avait rien d'un maître des potions, mais elle pourrait apprendre.

Il y avait des pistes à explorer pour cela, il y avait déjà pensé. La première solution était de lui redonner des bases par rapport à son manuel de potions de sixième année. C'est à partir de cette année que Severus avait réussi à simplifier beaucoup de protocoles et à améliorer certains effets de certaines autres. Le seul problème c'est que son livre avait disparu. S'il le fallait, il était prêt aussi à lui donner une sorte de cours particuliers... Il ferait ce qu'il faudrait, il se sentait investi par rapport à l'utilité de cette potion.

Mais avant qu'il ne puisse lui dire quoi que ce soit, elle virevolta et partit vers les ouvrages spécifiques. En moins de temps qu'il ne fallait pour avader quelqu'un elle tomberait sur le livre qu'elle avait déjà! Il la suivit de près comme une ombre. L'examen qu'elle leur faisait subir était minutieux. Il ne la voyait que de dos mais il aurait pu parier qu'elle était en train de comparer sa collection aux rayons de son magasin. Déformation professionnelle. Il avança encore plus près d'elle, touchant presque son dos. Il la laissa saisir l'objet du litige et prononcer la phrase qu'il attendait avec une patience surprenante.

- Je n'ai rien oublié, rassure-toi. Je connais parfaitement chaque ouvrage que contient cette pièce. Ils sont tous aussi précieux les uns que les autres.

Il lui ôta le livre des mains et le posa calmement comme il l'avait fait pour la photo tout à l'heure. Et pour faire passer plus facilement ce qu'il allait dire, il noua ses bras autour de la taille de Sofia et se pencha sur elle histoire de reprendre leurs activités antérieures. Il ne mit pas longtemps à retrouver les sensations de son corps face à cette silhouette avantageuse et ne rompit tout contact que lorsqu'il fut certain de l'avoir un peu apaisée.

- Pour toute réclamation adresse-toi au maître de métamorphose qui a dupliqué mon écriture pour te faire croire que j'avais passé une commande. Si j'avais eu besoin d'un livre je serai venu chez toi. J'aurais au moins joint l'utile à l'agréable.

Une femme dont les bras vont comme des serpents autour du corps d'un homme est dangereuse, surtout lorsque ce geste est gratuit. C'est souvent ce que disait Tobias Snape. Imprégné des pires idées religieuses qu'avaient pu lui inculquer ses parents, il avait toujours considéré les femmes comme instigatrices de tous les maux du monde, rivalisant d'ingéniosité pour faire tomber les hommes dans les filets du péché. Eve était un prénom maudit, la première pécheresse. Celle qui avait fauté dès les premiers temps de l'humanité dans ce courant de croyance moldue. Elle avait également précipité le destin d'Eileen Prince-Snape vers une fin tragique. Alors quoi? Sofia état-elle une fin pour lui? Succomberait-elle au serpent pour commettre l'irréparable? Le parallèle était avilissant et facile. Mais elle était femme, et les femmes n'avaient jamais réussi à Snape.

L'idée lui était venue comme ça, alors que leur baiser n'était pas achevé. Elle était en train d'y mettre fin, déjà. Ses yeux étaient encore clos, il profitait de la douceur du contact. Cette habitude le surprenait toujours autant, tout comme le manque qui grandissait en lui à chaque fois que leur contact était rompu, tout comme il était en train de se rompre, là, tout de suite. Sofia semblait le quitter, fondre entre ses bras pour s'évaporer. Lorsque leurs lèvres se quittèrent, il ouvrit les yeux instantanément. Ils s'écarquillèrent devant le teint blafard de Sofia qui était en train de s'évanouir. Son cœur s'accélèrera en même temps que son souffle, mais il était trop habitué aux pires situations pour paniquer devant un simple malaise. Il ne se priva donc pas de lui répondre.

- De l'agréable avec un corps inerte?

Il la souleva comme une plume et l'emmena à nouveau dans ses appartements. En une fraction de secondes il se rendit compte qu'il ne pouvait l'emmener voir Pomfresh au risque de trahir le secret de cette visite. Sans aucun stress il l'installa sur son lit, en lui murmurant quelques mots réconfortants. Il ne pensait pas qu'elle ait pu les entendre. C'est en toute tranquillité qu'il partit chercher une petite fiole en cristal. Il ôta le bouchon et promena le goulot sous le nez de la jeune femme qui ouvrit les yeux immédiatement.

- Comment tu te sens?

Il ne savait pas vraiment quelle couleur donner à sa question. Il se sentait concerné par tout ce qui touchait Sofia. Son destin lui importait, sa survie principalement. Cependant…

Jamais il ne serait une personne tactile. Jamais il ne murmurerait les mots de velours que sa passion des lettres pourrait lui réclamer. Jamais ne se reflèterait de l’inquiétude naïve dans ses yeux, il en avait trop vu. Jamais il ne serait le Prince charmant que sa beauté à elle pourrait revendiquer, être le Prince de Sang-Mêlé était déjà bien pour lui, même s’il s’était autoproclamé par orgueil devant la vie. Elle ne devrait pas se faire d’illusion à ce propos. Certaines choses ne changeraient jamais.

Lui se contentait de profiter pleinement de la souffrance et du plaisir qu’elle lui donnait à la fois à chacune de leur rencontre, et s’étonnait qu’elle veuille le revoir… Ces deux extrêmes se confondaient en Severus pour brouiller sa raison. Chaque rencontre était l’objet d’une jouissance physique, mais pas uniquement sexuelle. Il y avait une sorte de soulagement à la sentir dans ses bras, un sentiment de plénitude. Un confort naturel à sentir son corps épouser le sien. Quand il la voyait il se sentait complet, quand elle n’était pas là il se sentait vide. L’attente était un supplice, chaque jour qui passait une punition des dieux. Était-ce maintenant seulement qu’il s’en rendait compte ?

Il s’assit sur le lit à côté d’elle, interdit. Pour une fois, sa langue se terrait dans sa bouche comme un animal traqué. Prête à bondir pour faire le mal, cette fois pourtant elle semblait paralysée par la peur. Pour se donner du courage il s’allongea tout contre elle.

Se pouvait-il qu’il commence à pouvoir appeler le lien qui les unissait "relation amoureuse" ? Il y avait un gouffre à franchir dans sa tête dans sa tête avant qu’il n’en arrive là. Pour autant, le simple fait de formuler le terme le rapprochait de cette réalité. De l’amour il n’avait toujours connu que la souffrance. Il y avait une part de cela en Sofia, mais pas seulement. Adolescent, l’amour lui était tombé dessus par la grâce de l’amitié de Lily. Lorsqu’il avait senti poindre l’amour dans sa poitrine, il avait bien essayé maladroitement d’obtenir les faveurs de la Gryffondor, mais en vain. Lily n’avait été que souffrance. Il avait été transi par cet amour, trahi par son amour, et il n’avait même pas été gratifié d’un baiser d’elle. Il lui avait voué sa vie et son âme… Cette pensée lui arracha un soupir. Que lui faudrait-il abandonner pour être aimé de Sofia ? Pourrait-elle l’aimer malgré tous ses défauts ? Rien n’était moins sûr… L’amour n’était-il qu’un enfer pavé de concessions ?

« Est-ce de l’amour que je ressens ? Merlin, qu’est-ce que tu me fais ?... »

Ils passèrent le reste de l’après-midi dans les appartements de Snape. Severus n’avait toujours pas la réponse à ses questions, mais il se sentait une envie de rompre toutes ses chaînes qui l’attachaient à son ancienne vie. Il y avait une forme de soulagement à cette évocation, comme s’il avait enfin une preuve de la sanité de son esprit, d’une prise de conscience de l’éventualité d’une vie. Pour la première fois depuis 16 ans, il se saoula de rêves et ne pensa ni au reste, ni au malaise de Sofia.

La dernière pensée cohérente fut destinée à son père, et ce fut une moquerie.

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[Quelques jours plus tard - Quartier Nord de Tottenham - 16h40]

La fin du raid approchait. Le Maître s’était déplacé en personne pour attaquer ce quartier moldu et en faire un exemple. La démesure de l’attaque avait nécessité que toutes les forces vives du côté sombre soient réunies à Tottenham. Nagini était de la fête aussi. Severus comprit qu’il tenait là sa chance.

Autour de lui les corps tombaient dans les cris hystériques de Bella et les ricanements des extrémistes qui réjouissaient de la mort qu’ils provoquaient. Partout l’odeur du sang se répandait. Le professeur était au bord de la nausée. Les cadavres étaient mêlés aux gravats, parfois il n’y avait pas d’autre choix que d’écraser un membre pour avancer et ajouter un peu plus de brutalité à l’horreur.

Snape se concentra sur le serpent. A lui seul durant le raid il avait fait une bonne dizaine de victimes… L’opportunité était bien réelle, mais il lui fallait l’aide de Sofia. Ils n’auraient pas la chance de pouvoir ramener un cadavre à Poudlard pour extraire le venin du reptile du Maître…

Sofia ! cria-t-il au milieu de la panique ambiante.

Une deux heures et demi plus tard, le cadavre gisait sur une paillasse du laboratoire personnel de Snape. Le professeur se tenait debout et finissait de noter quelques phrases au crayon sur un carnet. L'opération était délicate et avait nécessité plus de temps que ce qu'il avait prévu. Ce n'est pas tant le transport du corps qui avait été difficile, mais le fait que c'était lui qui l'avait rendu inerte avant Nagini par un stupéfix. "Au moins il n'a pas senti arriver la mort", pensa-t-il.

L'homme devait avoir aux environs de cinquante ans. Pas de blessures superficielles apparentes. Sur la poitrine un hématome situait l'attaque de Snape. Le sang avait eu le temps de remonter avant le coup de grâce du serpent. Au niveau de la carotide une plaie béante déchirait son cou. A partir de là, le plus dur commençait.

La victime s'était quasiment vidée de son sang, et le sang contenait le venin du serpent. Le but de cette autopsie était de recueillir le venin de Nagini et d'étudier au mieux ses effets immédiats sur les victimes. Le Seigneur Noir affectionnait son animal de "compagnie", il lui vouait presque un véritable culte. Quelque chose se cachait derrière cette relation, il l'aurait parié. Il avait déjà posé la question à Albus, histoire de connaître la théorie que celui-ci pouvait avoir fait à ce sujet. Dans un tourbillon de robes il avait refusé de répondre, clôturant le sujet en lui proposant un bonbon. Snape fut alors persuadé que le serpent devait avoir un rôle à jouer mais il n'en sut pas plus..

Armé d'un scalpel il commença méthodiquement son travail à la manière d'un légiste moldu. Il s'était beaucoup renseigné sur les méthodes scientifiques moldues. Les sorciers n'étaient pas aussi carrés dans leurs méthodes de travail vu qu'ils n'avaient quasiment pas de connaissances scientifiques. Cet ordre collait parfaitement au pointillisme de Severus dans son travail. Peu à peu il détailla tous les organes, et grâce à un sortilège qu'il avait inventé quelques temps auparavant, il put reconstituer le cheminement du poison à travers le corps de la victime. Il en déduisit une paralysie progressive des muscles jusqu'aux poumons lors d'une attaque normale, dans le cas qui lui était soumis, c'était l’hémorragie qui avait été la cause du décès avant l'asphyxie.

Severus poursuivit ses recherches pendant quelques temps. Elle l'avaient conduit à noircir un carnet entier de notes qui se dupliquait lui aussi sur un autre carnet de Sofia pour qu'une trace subsiste toujours en cas de malheur. Depuis deux jours il travaillait sur la composition du venin de Nagini car il avait enfin réussi à l'extraire. C'était une victoire pour lui! Il avait voulu la fêter avec Sofia, mais celle-ci ne semblait pas du tout à l'aise avec la mort. Cela semblait normal à Severus, c'est sur ce compte qu'il mit la recrudescence de ses malaises et ses nausées. Il est vrai que la multiplication des cadavres et de leur exploration n'aide pas... Mais il n'avait pas le choix s'il voulait avancer sa potion.

Pour l'instant il était bloqué. Deux chemins étaient possibles: une potion de type vaccin, ou un contre-poison. Inoculation ou aide extérieure? Il ne savait plus. A force de réfléchir il avait l'impression que sa tête allait exploser.



C'était le 22 octobre.

Il ne restait plus qu'un mois à peu de choses près pour la libération des autres à Azkaban. Les négociations avec les détraqueurs lui prenaient un temps infini et le pétrifiaient. C'était sans doute ce qui avait provoqué sa prise de conscience concernant sa relation avec Sofia. La proximité de ces créatures et leur expression de malheur sans fin avait fait ressortir tous les sentiments qu'il tentait d'enfermer jusqu'à présent. Maladroitement il comprit ce qu'il éprouvait et l'éventualité d'une chance qui lui était offerte.

Cette découverte l'obsédait et passait largement devant ses autres préoccupations.

Un soir il partit voir Sofia chez elle. Gonflé d'amour et d'espoir il était prêt à tout lui avouer.

Il sortit de la cheminée avec beaucoup plus de stress et d'émotion qu'il ne l'aurait cru... Elle était là, dans son canapé, un livre à la main. Elle ne l'attendait pas. C'était idiot, il se sentait idiot mais il devait le faire. Et puis, ça le rongeait de l'intérieur de ressentir toutes ces émotions d'un coup. Presque 16 ans qu'il n'avait pas ressenti cela d'une manière aussi intense. Il ne referait pas la même erreur qu'avec Lily. Il allait le lui avouer, tout lui dire. Il l'avait cent fois imaginé depuis le temps qu'il avait envie de le hurler...

Mais pour l'heure, il fallait amener le sujet.

- Bonsoir.

- Bien. dit-il d'une voix mal assurée.
- Tu es sûr"
- Non.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je ne sais pas. Je... suppose que je suis fatigué.
-Tu devrais prendre un peu de temps pour te reposer.
- Sofia, je suis fatigué de me taire.
- Te Taire ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Chaque matin je me demande si je vais rentrer le soir. Chaque jour je me demande si je vais te revoir. Chaque jour je me demande si je vais mourir sans avoir pu te dire ce que je tais depuis trop longtemps et qui me brûle de l'intérieur Sofia... Il prit une grande inspiration) Je...
- Non...

A ces mots elle mit une main sur sa bouche pour étouffer ses mots.

Il le ressentit comme la pire sentence, comme si elle lui avait donné un coup de poing à l'estomac. Il eut du mal à digérer tant sa décision était mûrement réfléchie... Et puis il pensait tellement qu'elle ressentait la même chose, ou du moins qu'elle le savait ce qu'il allait dire... Envers une créature aussi moche et détestée que lui, il aurait même accepté qu'elle le laisse aller jusqu'au bout de son aveu pour lui laisser un peu de dignité... Il s'était mis à nu devant elle et voilà ce qu'il récoltait: un impression de honte sans fin.

Contre toute attente elle l'embrassa. C'était pire que tout comme réaction car il devait faire un choix à présent. Accepter d'avoir un amour non réciproque (et comment pouvait-il l'être d'ailleurs s'il se regardait dans une glace?) ou bien disparaître et laisser à l'ombre du passé la victoire sur tapis vert? Est-ce que ça valait le coup d'essayer et de souffrir jusqu'à obtenir une réponse? Est-ce que ça valait la peine d'attendre et de repartir dans les méandres du cœur comme il l'avait fait à une autre époque?

Oui. C'était ce qu'il avait appris ces derniers temps. La vie valait la peine d'être vécue. Il devait mettre toutes les chances de son côté pour essayer, parce que déjà essayer, c'était vivre. Sofia l'avait transformé pour ça. D'habitude il rentrait seul et priait le temps pour qu'il file plus vite pour qu'il puisse oublier sa solitude. A présent qu'il la connaissait, ses habitudes n'existaient plus. Le temps allait trop vite quand il était avec elle, il aurait aimé rattraper les aiguilles de l'horloge de la vie pour faire en sorte de l'avoir connue plus tôt, pour la retenir quand c'était l'heure de partir...

Alors non, il ne lâcherait pas comme ça. C'était le moment de reprendre sa vie en main, d'oublier le passé, et s'en défaire.

Il approfondit leur baiser pour mieux faire glisser les mots à l'intérieur de sa bouche. Le reste suivit naturellement. Leurs corps s'épousèrent parfaitement et le sommeil les accueillit avec bienveillance. Cette nuit là il s'endormit sans aucune difficulté. La fatigue coupa l'herbe sous le pied à toutes ses angoisses. Il dormit profondément jusqu'à ce que la lumière du soleil ne vienne chatouiller ses paupières. Il ouvrit les yeux sur le plafond de la chambre de Sofia et se rappela sa première nuit ici. Sauf qu'en se tournant sur le côté, il tomba nez à nez avec la photo de Rozier qui trônait sur la table de nuit.

Il resta de longues minutes à le fixer dans les yeux, haine en bouche prête à bondir. Dans sa tête passait les pires insultes qui soient, les pires provocations aussi. Dans son regard on ne pouvait lire qu'une seule chose: "Tu ne gagneras pas."