Sofia regarda encore une fois les mots écrits à l'encre verte sur le parchemin de qualité, d'une écriture penchée et serrée, puis froissa la feuille dans son poing. Elle détestait ce genre de missive, qui n'apportaient jamais de bonnes nouvelles. Prenant sa baguette posée prêt d'elle sur la table à manger, elle regarda la boule de papier dans sa main et la visa avec le morceau de bois noir. Le morceau de parchemin s'enflamma de lui-même, brulant doucement, répandant une fumée noire et une odeur acre dans la pièce. Maintenant qu'elle avait retenu le contenu de ce mot, il valait mieux pour elle s'en débarrasser pour s'assurer que personne ne tomberait dessus.
Elle regagna sa chambre, laissant les cendres tomber sur le sol -tant pis, elle nettoierait en rentrant- et ouvrit l'armoire en cèdre qui contenait ses vêtements. Elle poussa le fond du meuble, ce qui fit pivoter la paroi pour laisser apparaître un double-fond. Pour la seconde fois en quatorze ans, elle s'empara de la robe à capuche noire rangée dans cette cachette et elle l'enfila par-dessus les vêtements qu'elle portait déjà avant de ramasser un masque de couleur argenté, gravé de légers filaments. Elle caressa le masque du bout des doigts retenant ses larmes. Puis elle posa le masque d'Evan sur son visage, où il se colla contre sa peau, prenant la forme de son visage comme une seconde peau. Puis, visualisant le lieu de la première réunion depuis le retour du Maître, elle fit un tour sur elle-même, disparaissant dans un 'plop'.

Elle apparut devant une grande demeure qui s'élevait fièrement dans la nuit au bout d'une longue allée de pierres blanches. Elle regarda une seconde la grille de fer qui s'élevait devant elle, entourée de haies parfaitement taillées. Et, comme cela était indiqué sur la lettre qu'elle avait reçu, elle releva sa manche gauche, laissant apparaître la Marque noire gravée dans sa peau et avança d'un pas décidé, passant au travers de la grille sans avoir besoin de l'ouvrir. Elle traversa le parc, observant avec effarement les paons albinos et les arbres en fleurs. Les Malefoy ne lésinaient pas sur les moyens pour impressionner les visiteurs, apparemment.
Elle arriva enfin devant la grande porte en bois sculpté et, attrapant le heurtoir qu'elle fit claquer trois fois contre le bois. Elle n'attendit pas longtemps avant que la porte ne s'ouvre sur un minuscule elfe de maison. Il s'inclina en tremblant et l'invita a le suivre, ce qu'elle fit sans rechigner. L'elfe la mena jusqu'à un salon, uniquement éclairé par deux ou trois chandeliers, donnant une atmosphère inquiétante à la scène. Et elle le vit, assis au bout d'une longue table de bois sombre, les doigts croisés et les coudes posés sur la table. Il regardait vers la porte, vers elle, de ses yeux rougeoyants et un sourire sadique s'étalait sur ses lèvres presque inexistantes. Sofia réprima un frisson de dégout et s'inclina légèrement avant d'entrer complétement dans la pièce où elle s'installa sur l'une des chaises les plus proche de la sortie, la seule place qu'elle méritait n'étant pas l'une des plus fidèles servantes du Seigneur des Ténèbres.

Face à la fenêtre, les mains croisées dans le dos, je regardais les ténèbres descendre sur le Manoir. Les astres commençaient à scintiller, bien peu nombreux à parvenir à percer à travers les épais nuages noirs qui comblaient le ciel. 19h... Cette soirée que j’avais tant attendue depuis de nombreuses années allait bientôt débuter. Les Mangemorts traversaient les grilles du Manoir, tandis que je restais là, dans ma chambre, à les observer. Comment ce qui est votre rêve depuis des années à présent et qui va enfin pouvoir se réaliser pourrait-il autant m’effrayer à présent ?

La peau bien plus blafarde que d’habitude, les mains tremblantes, j’attendais. Chaque minute qui passait me semblaient être des heures que je ne voulais pourtant plus voir défiler. J’aurais aimé que le temps s’arrête, que je puisse réaliser ce qui allait enfin arriver. J’avais du mal à croire que ce soir-là, j’allais enfin devenir un Mangemort. J’avais tant attendu ce jour-là, espérant qu’il arriverait bien plus vite que prévu, mais à présent j’étais paniqué. Des milliers de questions se bousculaient dans ma tête, d’autant plus à présent que mon père venait d’être envoyé à Azkaban. Et si je n’étais pas moi-même à la hauteur des attentes du Maître ? Et si j’échouais dès la première mission qui me demanderait d’accomplir ? Et si... et si j’en mourrais ?
L’inquiétude et l’angoisse me rongeaient à tel point que la nausée me prenait de plus en plus. Il fallait que je sois fort. Je ne devais pas flancher, pas aujourd’hui, pas devant le Seigneur des Ténèbres. J’allais honorer mon nom et redresser l’estime de mon père. S’il avait échoué, je ne devais pas faiblir à mon tour. Je ferai ça pour lui tout autant que pour moi. L’honneur des Malefoy serait sauf, je m’en étais fait la promesse. J’étais naît pour être un Mangemort, je ne pouvais pas faire autrement. C’était mon destin, mon chemin de vie auquel je ne pouvais déroger, ni ne le voudrais.

Le grand moment approchait dangereusement... d’ailleurs, était-il déjà arrivé ? En ce moment-même le grand Maître devait certainement être dans le grand salon... Je tournais la tête vers l’horloge et mon cœur se resserra brusquement à cette vision. Il était là... Un étage en dessous de moi se trouvait Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. J’entendais d’ici les bruits s’amplifier par moment lorsque tout le Manoir vibrait sous l’angoisse et l’excitation qui y régnait. Mes yeux me brûlaient mais je refreinais ces larmes de peur qui naissaient en moi. Non, je n’étais pas faible, je ne l’avais jamais été. Je n’en avais pas le droit.
Je me mordais fortement la lèvre inférieure pour me faire violence, tandis que mes ongles s’enfonçaient dans ma peau fine alors que mes poings se serraient violemment. Je repensais à toutes ces années que j’avais passé à Poudlard, et à tout ce qui avait changé depuis. Plus rien n’était pareil, et aujourd’hui la vie prendrait une nouvelle fois un sens radicalement différent.
Un rictus de mépris se dessina sur mes fines lèvres tandis que je pensais à ce maudit Potter et à sa bande. Sans oublier le vieux Dumbledore. S’ils savaient ce qui était en train de se passer... S’ils savaient ce que j’allais dans un instant devenir... Cette seule pensée suffit à me donner le courage qui me fallait pour me ressaisir enfin. Un nouveau monde n’allait plus tarder à naître, et j’allais enfin en devenir un de ses principaux acteurs. Le Seigneur triompherait enfin, c’était une certitude absolue, et j’allais me démener pour l’aider à accomplir cette tâche. J’avais tout ce qui fallait pour, j’en étais persuadé. Je devais m’en persuader.

Soudain, des bruits de pas attirèrent mon attention. La porte s’ouvrit alors dans un léger grincement, et je n’osais me retourner, sentant mon cœur accélérer brusquement ses battements.

« Il est temps Drago... » Me dit la voix faible de ma mère.

Je retins de lâcher un soupir, sentant le stress montait à nouveau brusquement en moi, et me retournais vers elle.
Elle posa ses deux mains sur mon visage et me fit un doux sourire empreint d’une tristesse presque palpable. Ses yeux bleus ne brillaient plus de cette lueur que j’avais autrefois connu. Des cernes encadraient depuis des semaines à présent son visage creux, sans le moindre éclat. Elle avait tellement changé... Depuis l’emprisonnement de mon père elle n’était plus la même, et c’était sans compter sur le moment où elle avait reçu ce hibou l’informant qu’une réunion se tiendrait ici. Nous avions tous deux su que cette date serait fatidique, et je sentais au fond d’elle que si elle était entièrement dévouée à notre Maître, sa plus grande peur de me voir un jour rejoindre ses rangs la détruisait à petit feu. Certes mon avenir était tracé dès ma naissance, mais c’était certainement une idée qu’elle n’avait, au fond d’elle-même, jamais accepté.
Elle avait peur de me perdre, tout comme elle venait de perdre mon père. Je devais être fort, pour elle, pour lui, pour nous.

Je hochais simplement la tête, sans un mot, puis me dégageais de ses mains pour passer le seuil de la porte de ma chambre. Nul ne devrait percevoir ma crainte, pas même elle. Je m’arrêtais avant l’escalier, lâcha un soupir pour me donner du courage, rabattais la capuche de ma cape sur la tête puis commençais à descendre les longues et imposantes marches de marbre avant d’arriver devant le fameux salon.
Aucun son ne me parvenait réellement, seuls des murmures se faisaient discrètement entendre. Tous étaient déjà présent, assis autour de l’immense table de laquelle présidait le Maître.
Je baissais le regard, ne parvenant pas à croiser ses prunelles d’un rouge sang, et m’installa auprès de ma tante Bellatrix. Je m’asseyais sans bruit, contenant les tremblements nerveux de mon corps et attendais.

Enfin, sa voix perça le silence...

Il était là, il était proche. Une place de confiance.

Ne surtout pas se concentrer sur le temps. Le laisser passer sur vous comme les insultes de l'un ou l'autre des camps. Cela ne faisait pas dix minutes qu'il était là et il avait encore cette envie irrésistible de vomir. La peur il la maîtrisait. Du moins il pensait la maîtriser tant que sa place privilégiée auprès du Seigneur des Ténèbres était assurée.

L'échec de Malfoy le ravissait c'était ainsi. S'il voulait accomplir sa mission d'espion, il n'avait pas le choix. Mais malgré cela il devait bien avouer que le personnel de Malfoy ne le chagrinait pas tant que ça. Il subirait des répercussions. Elles avaient déjà commencé d'ailleurs. Mais Malfoy était moins puissant et surtout moins rusé que lui. Durant son adolescence il avait admiré cet homme pour de mauvaises raisons. Il en était guéri depuis longtemps. C'était plutôt le cas de junior qui l'occupait. Dumbledore avait raison: son âme n'était pas encore totalement abîmée. Il fallait faire quelque chose...

Quelque chose l'agaçait profondément en cela. A l'allure où tout allait, il allait devenir le garde du corps personnel de toute une horde d'étudiants de Poudlard. Il ne pouvait tous les protéger et le risque était de se faire prendre. Dans ce cas, comment faire?

La porte s'ouvrit et laissa entrer de nouveaux arrivants. Parmi eux se trouvait Miss Hassan. Par prudence il ne s'attarda pas sur elle. Le Seigneur Noir était de fort mauvaise humeur et quelqu'un allait forcément en payer le prix. Ce n'était pas la prise de marque de morveux qui allait assouvir sa soif de violence. Malfoy représentait une vengeance par rapport aux ratés de son père. Black n'était qu'une image de tradition dans sa famille. Elle n'était que mortalité. Il faudrait donc que quelqu'un paie physiquement. Depuis le retour du Seigneur Noir, Miss Hassan et lui-même en avait déjà payé le prix. Si cela continuait, il serait bientôt à court de potions curatives et les effets convulsifs du cruciatus ne le lâcheraient pas de si tôt.

Lorsqu'Il prit la parole, le silence fut glacial. Snape se contenta d'observer l'assemblée et de mettre ses bras dans son dos. Il regarda sans ciller la cérémonie en ne cessant de s'interroger sur l'avenir de ces jeunes gens. Etait-ce la peur de se trouver dans el mauvais camp qui leur avait fait faire ce choix? La pression familiale? La bêtise? Ou pire... la soif de pouvoir?

Spoiler:

J’avais l’impression de suffoquer. Mon cœur battait la chamade à tel point que je croyais qu’il voulait arracher mes entrailles pour sortir de mon corps, mais je n’avais pas le droit de flancher. Je devais rétablir la réputation de notre famille, je devais faire ça pour mon père, ma mère, mais également pour moi-même. Je n’avais pas le droit d’avoir peur alors que cette nuit que j’avais tant attendue venait enfin de débuter. Je pris une dernière inspiration et pénétrai dans la vaste pièce que seuls quelques chandeliers venaient éclairer. Leur douce lueur conférait néanmoins une ambiance lourde et inquiétante, tandis que tous les visages s’étaient tournés vers moi à mon entrée. Toutefois je ne remarquais aucun des Mangemorts qui étaient assis à la longue table en bois, non. Je ne voyais que lui, celui que le monde redoutait tant et que je n’avais encore jamais pu rencontrer. Le Seigneur des Ténèbres...
Ses pupilles rouges comme le sang étaient durement rivées sur moi, et je ne pus les soutenir le moindre instant. Mon cœur avait repris un battement dangereusement rapide alors que la peur m’envahissait. Son visage blanc presque inhumain était tordu en un sourire inquiétant alors que de tout son être irradiait une aura terriblement noire.
Mes mâchoires se crispèrent tandis que je prenais plus que jamais sur moi pour ne pas sentir la panique me posséder. Je m’inclinais alors respectueusement, le saluant d’une voix que je tentais de garder la plus calme possible, avant de prendre place auprès de ma tante, Bellatrix, tandis que ma mère finit de nous rejoindre, suivit de près par les quatre derniers Mangemorts qui venaient d’arriver.
Nous étions enfin tous réunis...

Un bref silence plana dans la salle, que le glissement du siège du Lord vint briser alors que celui-ci se levait. J’osais à peine relever mon regard vers lui, déployant également toute mon attention à contrôler le rythme de ma respiration. Enfin, sa voix calme et inquiétante retentit dans la pièce.

« Mes chers amis... Vous me voyez navré de vous avoir ainsi convoqué à la dernière minute mais j'ai pris une importante décision hier et je ne pouvais plus attendre de la faire appliquer. »

Mon souffle se coupa instantanément alors que je perçus son regard empreint d’une cruauté sans pareille se poser tour à tour sur chacun d’entre nous.
Puis le Seigneur reprit, exprimant sa profonde déception à l’égard de ceux qui n’avaient su exaucer ses désirs. Le dernier en date s’était déroulé au Ministère de la Magie, alors que mon père et les autres partisans n’étaient pas parvenus à récupérer la Prophétie que le Lord convoitait.
Ce Potter... Il s’était une nouvelle fois mis en travers de leur chemin, accompagné de sa bande de profonds imbéciles. C’était à cause de lui que mon père avait été envoyé à Azkaban. C’était à cause de lui si le discrédit était tombé sur notre famille et que le Seigneur des Ténèbres avait perdu toute la confiance qu’il nous avait accordé. A cette pensée, ma main tremblante se referma violemment alors que mille pensées cruelles de vengeance traversaient mon esprit. Il ne s’en sortirait pas une nouvelle fois, j’en faisais le serment...

Un nouveau silence d’une lourdeur presque palpable s’était imposé dans la pièce, avant que le Seigneur ne reprenne une dernière fois :

« Vous connaissez tous mes deux nouveaux amis : Mademoiselle Rigel Andromeda Black et Monsieur Drago Lucius Malefoy. Deux enfants au sang limpide, deux descendants de la noble lignée des Blacks. Deux jeunes adultes près à me servir de toutes les manières qu'il soit. Je les ai longtemps observé au cours des dernières années et je pense pouvoir dire sans me tromper qu'ils ne me décevront pas. N'est-ce pas, mes chers enfants ? »

Les poils de mes bras se hérissèrent alors que mon nom sorti de ses lèvres inexistantes, tandis qu’il nous observait de son regard terriblement effrayant.
Je baissais une nouvelle fois la tête dans une inclination qui formulait physiquement ces mots que ma gorge nouée ne pouvait prononcer. Je n’allais pas le décevoir, je m’en étais fait la promesse. J’allais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour l’honorer et voir ce sale Potter disparaître comme il l’aurait dû seize ans plus tôt.
Je devais le prouver au Lord, et c’est pourquoi je parvins tout juste à répondre, après avoir déglutis avec peine :

« Je vous en fais le serment, Maître... »

Une nouvelle interruption qui n’avait duré que quelques secondes mais qui m’avait semblé durer des heures, et Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom-reprit:

« Dans ce cas... Vous n'êtes pas sans ignorer ce que j'attends de vous à présent. Aucune trahison ne sera toléré, aucun manque de respect, aucune erreur. Je place en vous ma confiance, je vous permets d'entrer dans ma famille. Ne me décevez pas ou craignez ma colère car dans ce cas, elle sera terrible. Lorsque vous montrer le désir de faire partie de mon cercle, c'est pour la vie. Comme un mariage d'amour, seule la mort nous séparera à présent. »

Le moindre de ses mouvements crispait un peu plus chacun d’entre nous. Il sorti brusquement sa baguette de sa robe pour ensuite l’observer avec délice, la manipulant d’une lenteur sur jouée avec sa main cadavérique pour faire monter l’angoisse à son comble. J’échangeais un bref regard avec Rigel, sachant tous deux que l’heure de nous rallier enfin à son rang était venue. Nous y étions enfin...
Les rideaux se refermèrent d’un seul coup, rendant la pièce bien plus sombre qu’elle ne l’était déjà.

« Approchez » Nous murmura-t-il.

Nous nous relevâmes sans la moindre hésitation apparente, et nous approchâmes de ce qui avait autrefois été un homme, mais qui ressemblait plus à présent à une créature venue tout droit des enfers. Cette fente qui formait sa bouche s’agrandissait un peu plus à chacun des pas que nous faisions pour nous retrouver devant lui. Je pensais à la fierté qu’aurait ressentie mon père s’il avait été là, tout autant qu’au regard sans aucun doute effrayé du balafré à me voir rejoindre les rangs de celui qui avait détruit sa maudite famille. Et bientôt il finirait par les rejoindre. Enfin.

Il se tourna tout d’abord vers Rigel qui fit glisser la capuche de sa cape sur ses épaules, découvrant ainsi son visage. Celle-ci lui tendit son bras gauche dont la manche remontait pour le dévoiler.
Une sorte de murmure sorti de la bouche du Seigneur, tel le sifflement d’un serpent. Je ne bougeais pas, regardant alors la scène qui s’en suivait avec une terreur de plus en plus grande. Son bras se métamorphosait alors que se dessinait peu à peu la Marque des Ténèbres que j’allais à mon tour recevoir dans quelques instants. Aucun bruit ne retentit, tandis que je la voyais se débattre contre elle-même pour ne montrer aucun signe de faiblesse malgré que son visage se tordait, défiguré par la douleur qu’elle ressentait mais qu’elle essayait tant de contenir. Des larmes avaient coulées le long de ses joues blafardes, alors qu’elle ne put réprimer un sanglot plus longtemps.
Je la regardais souffrir, simplement, attendant mon tour alors que mes mains tremblaient sans que je ne puisse les en empêcher. Je serrais les poings pour essayer de maîtriser mon corps, mais en vain. Seul mon visage demeurait impassible alors que je pinçais les lèvres, n’en pouvant plus d’attendre. Plus je patientais, et plus la peur montait. Je ne cessais de me répéter alors mentalement que je devais être fort, lorsqu’enfin le Lord se tourna vers moi avec lenteur, se plaisant à me voir ainsi. Nul ne pouvait rien lui cacher, la moindre de nos émotions et de nos pensées étaient captées par son esprit aussi fou que dangereux.
Je le vis lancer un regard en direction de ma mère que je devinais rongée par l’angoisse. Mais ce fut précisément l’image de son visage tordu par la douleur qui me fit trouver en moi la force nécessaire pour afficher sur le mien un air bien plus déterminé. Je relevais moi-même la manche de mon bras que je lui tendais, pour lui prouver combien j’étais déterminé à le servir, serrant les dents à m’en faire exploser les mâchoires.
Sa baguette se dirigea alors vers l’endroit où la Marque serait apposée, et à nouveau ce même sifflement s’échappa de ses lèvres. La douleur fut alors immédiate. Je voyais mes veines danser sous ma peau, virant au violet, alors que je ne pus retenir sur le coup un gémissement de douleur, quoique faible. Je me reprenais toutefois de suite, m’efforçant de passer dans mon esprit les visages de Potter et de tous ceux dont je voulais me venger. Je fermais les yeux en fronçais les sourcils avec force, me répétant inlassablement des paroles maudites à leur égard, ce qui me faisait un minimum supporter cette douleur que jamais je n’avais pu ressentir auparavant. Même la sensation de la griffe de l’hippogriffe qui s’était plantée dans mon bras dans années plus tôt n’avait pas été si douloureuse. Elle était même incomparable à ce que je vivais à présent.
Je ne voyais plus la fin de ce supplice, et je me sentis vaciller alors qu’enfin le Seigneur redressa sa baguette.

C’était enfin fini... J’étais à présent un Mangemort...

Deux nouveaux serviteurs, c'est tout ce que je peux m'offrir. Des gamins sans intérêt qui ne maitrisent même pas encore parfaitement la Magie, deux gosses encore à l'école. C'est là leur seul intérêt, d'ailleurs, la seule chose pour laquelle ils peuvent vraiment m'être utile. Enfin, ce serait espérer beaucoup de la part d'idiots dans leur genre, ils ne peuvent pas valoir plus que leurs incapables de parents.

Le silence s'installa à nouveau dans la pièce. Il l'avait finalement fait, c'était fini, dans tous les sens que ce mot pouvait impliquer. Rigel et Drago étaient enfin marqués, la réunion prenait fin en même temps que les chances de s'en sortir pour les deux adolescents. C'était bel et bien fini.

« Drago, Rigel, j'aimerais que vous restiez une seconde une fois que tous les autres seront partis. Toi aussi, Severus. »

Le Seigneur des Ténèbres lança quelques regards à Drago, à Rigel et à Snape puis à Narcissa Malefoy, lui faisant comprendre que sa présence ne serait pas nécessaire. De toute façon, elle savait déjà ce qui attendait son fils, il lui en avait parlé quelques temps plus tôt et c'était la raison de la présence de Drago ici ce soir. Il allait finalement le faire, parfaitement conscient de l'inutilité de la chose. Il tourna le dos à la foule de ses fidèles, leur signifiant qu'ils pouvaient disposer, que la réunion était terminée pour eux. Il fallut quelques minutes pour que tous le monde reprenne ses esprits et que les Mangemorts se décident enfin à se lever un par un pour quitter la pièce. Naturellement, la maitresse de maison fut la dernière a sortir, à moitié tiré par sa sœur. Lorsque la porte se ferma finalement sur la blonde, Voldemort se retourna pour faire face aux trois personnes toujours présentes dans la pièce.

« Rigel, afin de me montrer que tu as bien compris la chance que tu as et que tu es prête à servir notre cause, il y a quelque chose que je veux que tu fasses.»

L'idée lui était venue au cours de l'été, après l'épisode au Ministère. Il s'était attendu à ce que ses Mangemorts se retrouvent à cinq contre un pauvre adolescent de pacotille mais au final, ils étaient aussi nombreux dans les deux camps puisque Potter s'était montré avec quelqu'uns de ses amis et les enfants étaient tous plutôt bien préparé a se battre. Même si les Mangemorts avaient réussi a en mettre deux K.O, quelque chose d'anormal s'était produit. Voldemort suspectait que quelque chose se soit passé pendant l'année pour qu'un groupe aussi bien formé d'élèves de Poudlard se retrouve a se battre contre ses hommes. Et malgré l'absence de Potter et ses deux amis, la continuité de ce groupe n'était pas à exclure, au contraire, sans leur héros, les jeunes gens auraient parfaitement pu trouver une très bonne raison de continuer leurs manigances, comme l'envie de continuer la tâche de Potter, quelque chose comme ça. Il ne pouvait pas se servir de Snape pour règle ce problème, les deux hommes en avaient déjà discuté pendant l'été et le professeur de Potions ne s'était rendu compte de rien d'anormal. Non, il lui fallait un élève pour trouver la cause de tout cela, quelqu'un qui pourrait se faufiler dans les rangs anonymement et obtenir les informations à la source. Enfin, si quelque chose se passait bel et bien dans cette école.

«Comme tu le sais sans doute, mes Mangemorts se sont vu supris cet été au Ministère en ne tombant pas sur un mais six adolescents, contrairement à ce qui était prévu. S'il est logique que Potter se soit fait accompagner de ses camarades pour se lancer dans cette mission suicide, quelque chose ne l'est pas, en revanche : ils étaient tous particulièrement habiles au combat. Sachant que les sorts qu'ils ont utilisé ne sont pas enseigner à Poudlard ou alors pas à leur âge, je soupçonne que quelque chose se soit passé durant l'année, comme s'ils avaient formé un groupe d'entrainement, une sorte de version miniature de l'Ordre du Phénix. Tu sais que pour que tout se passe comme nous le voulons, il faut commencer par dispenser notre enseignement au plus tôt, or si des rebelles se cachent dans Poudlard, il faut que je le sache afin de les remettre dans le droit chemin. Ta mission ne sera pas des plus simple, il te faudra découvrir si une telle organisation existe dans l'école et faire ton maximum pour en apprendre le plus à ce sujet, quitte a te joindre à eux. Ils ne devront jamais soupçonner tes réelles intentions. J'espère que tu te montrera à la hauteur.»

Il la fixa de ses yeux rouges un moment avant de l'autorisé a quitter les lieux. Il ne fallait surtout pas qu'elle entende la mission qu'il comptait confier à son cousin car elle serait un peu plus dangereuse et il ne pouvait en aucun cas la compromettre à cause de Rigel. Il ne manquerait plus qu'elle ait hérité de son père et le trahisse à son tour... Dès qu'elle fut sortie, Voldemort laissa passer encore quelques minutes puis se tourna vers le jeune Malefoy pour lui confier sa mission. Il avait délibérément agis en présence de Snape, qui serait la figure de son autorité à Poudlard et qui pourrait garder un oeil sur ces deux là pour s'assurer que rien ne tourne trop mal.

« C'est un très grand honneur que je t'ai fait aujourd'hui, Drago, j'espère que tu ne me décevra pas comme l'a fait ton père, commença-t-il de sa voix glaciale. Pour te prouver que tu as toute ma confiance, je souhaite même te confier une mission de la plus haute importance. »

Il laissa un silence s'installer quelques secondes, histoire de laisser entendre au jeune homme la menace contenue dans ses paroles, lui laisser le temps de s'imprégner de la peur qu'il voulait lui transmettre. Lorsqu'il jugea que ce devait être fait, il reprit :

« Tu n'es pas sans savoir que de nombreuses personnes ont prétendu qu'Harry Potter représentait l'unique menace pour moi. Je ne suis pas d'accord, ce gamin stupide a eu beaucoup de chance, c'est vrai, mais il n'aurait rien réussi s'il n'avait pas été bien entouré. Sa sang-de-bourbe de mère -il lança un regard en coin à Snape, resté à l'écart- lui a sauvé la mise une fois et ses amis l'ont fait toutes les autres. Heureusement j'ai réglé son compte à ce morveux. Malheureusement, il reste toujours une personne qui m'empêche de parvenir à mes fins et de nous débarrasser définitivement de tous les sang-impurs. »

Encore un silence, durant lequel Voldemort s'approcha lentement de Drago pour lui faire totalement face. Si le garçon était assez malin, il devait déjà se douter de qui il était question mais le meilleur moment serait celui où le nom serait prononcé, où les suppositions deviendraient réalité.

« Je dois me débarrasser de cette personne au plus vite et tu vas m'y aider, Drago. Je le ferais bien moi-même, ça ne prendrait qu'une minute ou deux, malheureusement je ne peux pas l'atteindre. Tu es le seul qui puisse le faire. Je veux qu'Albus Dumbledore soit mort avant la fin de l'année, Drago. Si tu réussis, je saurais me montrer très reconnaissant, tu sera récompensé au-delà de tes espérances. Mais si tu échoues... Tu n'as vraiment pas envie d'échouer, mon garçon, et ta jolie maman non plus. »

Après un dernier sourire cruel, le Maitre autorisa son esclave a sortir et se tourna vers la seule personne restante. Les rumeurs allaient bon train sur la personne de Severus Snape et elles n'étaient pas sans trouver leur source quelque part, Voldemort le savait bien. Mais cet homme restait le seul capable de lui fournir toutes les informations nécessaires et il possédait une bonne place auprès de Dumbledore et dans l'Ordre du Phénix, un atout non négligeable. C'est pourquoi il lui accordait plus ou moins sa confiance sans tenir compte des ragots des autres Mangemorts et en particulier de Bellatrix qui ne portait pas le professeur dans son cœur.

« Je souhaite aller en finir une fois pour toute avec Potter et ses deux acolytes. Sont-ils toujours à Sainte Mangouste ? Dumbledore n'est pas si stupide pour les laisser là-bas avec la seule protection de quelques aurors, pas vrai ? Il faut que nous réglions cela avant que le vieux fou agisse. Trouve des informations à ce sujet auprès de tes sources... Et quand cela sera fait, il nous faudra aussi nous occuper de ces incapables enfermés à Azkaban. J'ai besoin d'une équipe pour ces deux expéditions, y a-t-il quelques personnes parmi mes Mangemorts que tu verrais capable de réaliser ça ? »

La pièce se vida et il n'accorda aucun regard

Dumbledore? Bien sûr qu'il restait le seul adversaire en état de le combattre. Mais quand bien même... confier cette mission à Draco n'était qu'un vil moyen pour faire payer à ses parents le prix de leur propre échec. La cruauté de la punition était sans commune mesure avec l'incapacité de Lucius à accomplir dernièrement les simples missions qui lui avaient été confiées, et il n'en était pas surpris.

Une horrible évidence lui tordit cependant les entrailles... Si Draco échouait, le Maître n'aurait d'autre choix que de se retourner vers lui pour exécuter la sentence. Cette idée lui donna le vertige, et il lui fallut user de toutes ses années d'entraînement pour ne rien révéler du trouble qui l'avait saisi. Albus était l'homme qui avait accepté sa repentance, et même s'il avait également fait un pion de lui, il lui serait à jamais fidèle et reconnaissant. Comment pouvoir penser une seule seconde devoir le tuer? C'était impossible. Il ne pouvait l'admettre, cependant, il lui fallait réagir et vite pour ne pas être découvert.

- Maître, dit-il en s'inclinant avec déférence, Potter et ses acolytes sont toujours à Sainte-Mangouste. Il était toujours penché en avant pendant qu'il continuait son rapport. J'ai déjà récolté toutes les informations nécessaires, vous vous en doutez. Le vieux fou entend bientôt les faire sortir pour les transférer en lieu sûr. Apparemment, de nouvelles recrues veillent sur eux là-bas et avec la sale manie de cet illuminé de ne jamais mettre ses œufs dans le même panier, je ne sais pas de qui il s'agit, ni du lieu de transfert. Cette phrase risquait bien de provoquer...

Un éclair jaune fusa vers lui.

Une violente décharge frappa son corps et le projeta au sol. Un pas de travers de plus et ce serait pire. Le Maître prononça une menace inaudible pour lui. Son esprit avait du mal à se remettre de cette attaque éclair. D'habitude il pouvait s'y préparer, mais là...

- En revanche, l'opération de transfert aura lieu la semaine prochaine, mardi, en fin d'après-midi. Le piège se mettait en place. A cette heure-ci, Fletcher avait dû informer Pius et Alexei de la fausse date qu'il lui avait suggérée.

Lorsqu'il reprit la parole, Severrus était toujours par terre et sa voix était saccadée, à peine audible. Comme je vous l'avais déjà dit Seigneur, Dumbledore m'a fait préparer du polynectar début Juillet. C'était sûrement pour ça. La potion est prête depuis trois jours. Ils s'introduiront certainement sous une fausse apparence.

C'était suffisant comme information. C'était la stricte vérité. Tout ce que Severus espérait à présent, c'était que ses opposants au sein du clan aient suffisamment de haine contre lui pour être convaincants auprès du Maître.

- Severus, deux sources différentes m'ont pourtant indiqué que l'opération se déroulerait mercredi prochain à la tombée de la nuit. Tu me déçois Severus, énormément.
- Seigneur, je suis sûr de moi.
- Silence!

Un autre éclair fusa et fit convulser le corps du professeur.

- Je prendrai mes dispositions Severus. En attendant, parle-moi de la libération de nos fidèles.
- Je souhaite faire partie de la délégation qui ira à Azkaban Maître. Puisque ma parole est mise en doute par mes frères. C'était la seule façon de renforcer le sentiment de loyauté à son égard...
- Je n'en attendais pas moins de toi Severus.

Dans une pièce éloignée éclata le rire suraigu de Bellatrix. Le genre d'éfusions qui laissait planer l'ombre de la mort. Il laissait également entrevoir le danger potentiel des réponses qu'il allait donner concernant l'équipe à monter.

Que faire de Sofia? Le Maître lui avait déjà confié qu'il souhaitait la mettre à l'épreuve. Mais ils s'étaient mis d'accord pour ne jamais être en première ligne tous les deux en même temps... Il lui fallait réfléchir vite et de manière cohérente... Il osa se lever pour affronter les rétines rouges du Maître et regagner une position de conseiller privilégié.

[color=yellowgreen]- Ce serait une bonne chose de prendre Bellatrix. Elle connaît les lieux et nous sera certainement utile à sa manière.
- Je suis ravi de voir que tu as toujours cette capacité de recul malgré l'inimitié que tu lui portes.
[color=yellowgreen]- Et qu'elle me porte Maître. C'est réciproque, mais je ne laisserai jamais nos querelles mettre en péril la cause.
[color=green]- Et c'est pour cela que tu me restes précieux par tes conseils, Severus. Qui souhaites-tu t'adjoindre d'autre?
- Miss Hassan. Vous souhaitiez tester sa loyauté, c'est le moment rêvé. Et si elle ne s'acquitte pas de cette tâche...
- Elle ne reviendra pas.

Severus continua à discourir, ajoutant d'autres noms à la liste, et mettant en avant la nécessité de contracter avec les détraqueurs. Leur loyauté est versatile et ne pourra que s'acheter. Les négociations risqueraient de prendre du temps et ce seraient des alliés précieux...

Il ne prenait aucun risque à dire cela puisqu'il était quasi certain que ces créatures choisiraient le camp le plus sombre. Mais relever devant le Maître que réussir une négociation serait une victoire risquait de le voir encore mieux en cours, surtout s'il réussissait par lui -même lors de la libération.

Mais il restait Sofia. Ce serait là sa véritable première mission concrète. Severus chercha à se persuader qu'il était bon qu'elle l'accompagne, qu'il pourrait la protéger, qu'au pire, il resterait toujours un espion sur deux pour l'Odre... Mais il avait du mal.

La parenthèse d'une nuit qu'ils avaient partagée n'avait laissé qu'une cicatrice de plus à Severus, et surtout d'un goût inachevé. Elle avait été un moment d'égarement, il s'en était convaincu, et depuis, leur relation était assez tendue. Doux euphémisme. Le seul point positif était que leur alliance en matière d'intelligence ennemie avait profité de leur antagonisme nouveau. Personne n'aurait pu douter de leur inimitié. Mais ça n'empêchait pas qu'il se faisait quand même du souci.