Il ne restait plus qu'une semaine avant l’anniversaire de Sirius. Tout à ses occupations, tantôt pour l'Ordre, tantôt pour son travail, Tonks n'avait pas encore trouver une minute pour aller lui acheter un cadeau. Enfin, l'occasion se présenta une après midi d'octobre où elle reçut une permission surprise de la part de son supérieur, la matinée avait été très calme et ils étaient nombreux sur place, aussi, elle avait pu prendre sa demie-journée. Elle ne repassa ni chez elle ni même au QG de l'ordre, craignant qu'un imprévu la bloque sur place et qu'elle ne puisse une fois de plus pas trouver son cadeau pour son grand cousin.

Elle commença par la boutique de quidditch pour lui trouver ce qu'elle convoitait : elle s'était mise en commun avec d'autres amis de l'ordre pour lui payer un nouveau balai. L'ex-prisonnier étant à présent réhabilité, quoi de mieux pour fêter sa liberté qu'un nouveau moyen de voler ? Buck était relativement peu discret et « légèrement » illégal en plein Londres, l'idée du balai avait beaucoup plu.

Elle passa commande et le fit expédier chez elle, puis se dirigea vers la librairie, elle avait eu une idée d'un cadeau plus personnel et surtout un bon gros gag. En passant devant la vitrine elle avait aperçu un livre appelé « le petit chien et l’hippogriffe », un livre illustré pour enfant ou l'histoire semblait être un chien qui se lie d'amitié avec l'hippogriffe. À croire que ce livre avait été écrit pour l'animagi.

Elle entra dans la boutique mais ce fut un spectacle un peu moins joyeux qui l'attendait à l’intérieur. Une jeune femme semblait au plus mal et aux prises d'un bon gros moment de déprime. Elle sortit en trombe au moment où Tonks entrait, elle se retrouva contre le mur, n'ayant pas tout saisit. L'homme qui travaillait la semblait venir de s’être fait engueuler et reprenait difficilement ses esprit et un détail frappa l’aurore en repassant la scène dans sa tête. Celle qui l'avait bousculé était en larmes, elle allait mal.

Bon, ça ne la concernait en rien mais, solidarité féminine oblige, Tonks se lança à sa poursuite quelques instants plus tard, ne supportant pas de voir une personne triste sans tenter de l'aider. Il y avait bien assez de tristesse dans ce monde en ce moment, elle-même devait lutter chaque jour pour ne pas perdre la bonne humeur qui la caractérisait tant. Avec trois amis dans le coma, un mage noir psychopathe dans la nature et un lycanthrope qui repoussait ses avances, seul sa nature profondément enjouée et sa capacité à répandre la joie autour d'elle la sauvait.

Elle ressortit de la boutique, la lourde porte se referma derrière elle. La jeune femme était devant elle, de dos, le mouvement de ses épaules ne laissant pas le moindre doute sur son état : elle pleurait à chaudes larmes. Tonks s'approcha d'elle et avec douceur, posa sa main sur son épaule, espérant ne pas lui faire peur.

-Est-ce que je pourrais vous aider ? Demanda-elle d'une voix douce, ponctué d'un sourire amical. Je ne suis pas psycomage mais un bon truc à boire ne peux pas faire de mal, c'est moi qui offre.

Les deux jeunes femmes étaient à présent installées dans une table reculée du chaudron baveur. Tonks s'était dirigée spontanément vers cette table, celle qu'elle avait inviter semblait très mal, un peu d'intimité ne pourrait que lui faire du bien. Ces derniers temps la jeune auror était passée par assez de moment difficiles pour savoir que quand on était triste, rien de tel qu'une présence amicale et un lieux calme. Elle déposa sa cape sur le dossier de la chaise et s'installa en face de l’inconnue. C'était une très belle femme, pas de sa génération mais elle ne lui donnait pas plus de trente ans, un visage harmonieux bien qu'encore troublé par ses larmes. Elle semblait également fatiguée, comme sortant d'une maladie, en fait, elle lui évoquait légèrement Remus au sortir d'une pleine lune.

Ce qu'elle savait aussi, c'est que quand ça n'allait pas, elle détestait qu'on la harcèle de question, elle parlait quand elle en avait besoin, elle n'aimait pas qu'on lui force la conversation. Elle patienta donc le temps que ce soit son invitée qui brise le silence, elle n’eut pas à attendre longtemps, bientôt, un « merci » d'une voix encore hasardeuse se fit entendre. Tonks lui offrit son plus beau sourire, celui qui la définissait, celui qui mettait les gens en confiance, les réchauffait. Le sourire de la Tonks d'avant la guerre.

-Mais de rien. Je sais à quel point c'est important de ne pas être seule quand ça ne va pas.

Et Merlin sait à quel point cette guerre avait déjà apporter ses moments difficiles, principalement cette nuit ou Harry, Ron et Hermione avaient été emmenés à StMangouste. Le regard de Tonks se voilà légèrement à ce souvenir et elle du y mettre de toute sa volonté pour écarter de son esprit le souvenir de ses trois amis, comme endormis sur leurs lits d’hôpital. Ce n'était pas elle qu'il fallait réconforter, c'était cette inconnue. Qui n'allait plus l’être pour longtemps, elle venait de lui demander son nom.

-Oh c'est tout moi ça ! J'oublie toujours mes bonnes manières ! Je m'appelle Tonks, enfin, Nymphadora Tonks mais avec un nom pareil, j'insiste à ce qu'on m'appelle simplement Tonks. Et vous ?

Elle remarqua le regard posé sur elles de Tom, le barman, lui rappelant qu'elles étaient dans un bar et donc que la consommation s'imposait. Elles auraient été à la Chope d'abondance, elle lui aurait bien proposer leur fameux hydromel, mais ici... En plus dans sa situation, elle avait peut-être plus besoin d'un bon chocolat chaud plutôt qu'un alcool. Tonks n'imaginait même pas encore à quel point.

-Vous allez boire quoi ? C'est ma tournée hein, j'y tiens ! Un de mes très bons amis recommande souvent du chocolat en cas de moral bas, je ne peux que le conseiller également.

Un très bon ami, c'était un clair euphémisme. L'homme de sa vie aurait été un terme plus approprié. Mais la jeune femme en face d'elle n'avait pas besoin de connaître pour le moment touts les détails et tumultes de la vie sentimentale de la jeune auror, de plus Tonks craignait de gaffer, sait-on jamais, peut être que c'était une histoire amoureuse qui l'avait mis dans cet état. Tom passa prendre les commandes. Désormais chacune devant un bon verre, elles pouvaient à présent discuter sans risquer d’être dérangées.

Ce nom, Sofia Hassan, il lui disait quelque chose. Elle en était persuadée, elle en avait déjà entendu parler. Mais où ? Difficile de s'en souvenir. Un léger froncement de sourcil apparu sur le visage de la jeune femme, témoignant de sa réflexion.

-Votre nom ne m'est pas inconnu, on ne s'est jamais rencon... OH mais je sais !

Elle s’interrompit brusquement, sa mémoire lui revenant d'un bloc. C'était la semaine précédente, Dumbledore lui-même avait cité ce nom. Et pas pour rien en plus, cette femme allait rejoindre l'Ordre du Phénix ! Autrement dit, une collègue. Pour sa défense, rappelons que Tonks vivait tout de même dans un état second depuis le drame du ministère, elle avait bien du mal parfois à garder pied dans la réalité. Elle était déjà fort tête en l'air de base mais depuis quelques mois, c'était presque dramatique. Cumulé à une mémoire des noms un peu douteuse, c'était le bouquet. En tout cas, elle avait enfin fait le lien et un sourire ravi se dessina sur ses lèvres.

-Mais de rien. On est dans le même bateau après tout.

Elle jeta un coup d’œil autour d'elles, baissant la voix pour être sûre que des oreilles indiscrète n'aient pas de chance.

-Dumbledore nous a parler de vous. Je suis de l'Ordre moi aussi. Vous êtes une amie de Snape j'ai cru comprendre ?

Elle sirota son chocolat, se raccrochant à ces deux petites choses : elle rencontrait une femme qui se battait pour les mêmes choses qu'elle et ce chocolat était diablement bon. C'était Remus qui lui avait fait prendre l'habitude de se reposer sur le chocolat quand elle traversait des moments difficiles, ce n'était pas un remède ultime ou à toute épreuve, mais ça ne pouvait que faire du bien. Quoi qu'il en soit, ça ne suffirait pas pour Sofia, c'était évident. Seule une vrai discussion pourrait faire quelque chose, il était temps de briser un peu la glace. Tonks le fit en sortant un mouchoir et le tendant à sa nouvelle collègue.

-Vous vous sentez un peu mieux ?

Tonks fut bien surprise que Sofia éclate de rire quand elle demanda si elle était amie avec Severus et le confirma néanmoins. Bien malgré elle, la jeune auror sentit comme une ambiguïté sur le mot « amie ». En réalité, il y avait beaucoup d'information dans cette simple phrase. Déjà cette façon d'appuyer un peu trop le fait qu'ils soient amis, son rire. Cela voulait dire deux choses au choix. Soit ils ne s'entendaient absolument pas et le « amie » était ironique, soit ils étaient... Nan, un homme aussi désagréable et, il faut bien l’admettre, laid comme Severus aurait eu bien du mal à séduire une si belle femme. Pourtant, rien ne laissait transparaître une quelconque ironie.

-Oooh... Je crois comprendre ! Enfin... Nan vraiment ? Je veux dire, vous et lui vous... ?

Non vraiment, définitivement non, elle n'arrivait pas à imaginer cette femme et Severus Snape. Elle ne l'imaginait avec personne en fait celui la. Mais cette deuxième information, elle avait parler d'une activité extra-professionelle commune. À ce qu'elle connaissait, Severus dans le professionnel était professeur de potions, en dehors de ça, et bien il était mangemort et membre de l'ordre du Phénix. Or ils se connaissaient avant que Sofia ne les rejoigne, aussi, à moins qu'il n'ait d'autres activités... Tonks écarquilla bien malgré elle les yeux.

Cette deuxième supposition venait bien confirmer la première. Se sentant prise d'un accès de romantisme inopiné, la jeune femme sentit son cerveau partir dans un « ooooooh c'est trop mignon c'est l'amour qui l'a sauvééééééée ». Elle se gifla mentalement et essaya de se recomposer une expression normale qui n'était pas la tête de merlan frit qu'elle affichait depuis qu'elle en était arrivée à la conclusion qu'elle était face à une mangemort.

-Jamais le moindre allié ? Venir dans l’équipe est déjà un bon pas pour en trouver. Par ailleurs, même lui en aurait s'il cessait de s'en prendre à tout ce qui bouge. Mais je ne voudrais pas contredire mon ex-prof, j'ai pris assez de retenue de cette manière. Elle éclata de rire. Donc à défaut d'une alliée, je peux proposer d’être une amie.

Après tout, Remus ne cessait de le répéter, Dumbledore avait confiance en Snape, il accordait visiblement sa confiance à cette femme, si elle avait confiance en Dumbledore, alors elle pouvait faire confiance à Sofia. Avec un sourire amical, elle lui tendit la main comme pour sceller leur amitié naissante.

La situation de Severus au sein de l'Ordre était sans doute l'une des choses les plus épineuse et les plus controversées. Pour la plupart des membres, Dumbledore avait fait une grave erreur en faisant confiance à Snape, beaucoup pensaient qu'au fond il était loyal à Voldemort et menait Dumbledore en bateau, qu'il n'avait rien à faire là. En fait, à part Remus qui s’efforçait de clamer haut et fort qu'ils devaient avoir confiance au jugement de Dumbledore et Arthur qui le soutenait avec plus ou moins de volonté, tous se méfiaient de Snape. Tonks elle-même n'arrivait pas à être parfaitement objective dans cette situation, ajouté aux souvenirs de quand elle était son élève et que son avenir d'auror avait parfois bien faillit être compromise par son angoisse des cours de potions.

Mais son passé d’élève était loin à présent et elle devait reconnaître qu'elle avait reçu un excellent enseignement en la matière. Cependant elle maintenait que sur le plan personnel, Snape n'était vraiment pas la personne qu'on aime avoir à ses cotés. Sirius était bien plus amical, mais il fallait bien avouer qu'il ne faisait rien pour améliorer les choses avec son vieil ennemi.

-Ah oui, Sirius abuse vraiment avec lui. Il a beau être mon grand-cousin, ou oncle éloigné, je sais plus quel est le terme, je dois avouer qu'il se comporte comme un gosse le plus souvent. Il est même odieux avec Snape, je ne peux pas le nier, Molly l'engueule de temps en temps pour ça. Oh d'ailleurs j'étais venue dans votre magasin lui acheter son cadeau !

Elle venait de se souvenir le pourquoi de sa présence à la base dans la boutique. L'anniversaire de Sirius, le livre pour enfant sur le chien et l'hippogriffe ! Avec tout ça, ça lui était complètement sortit de l'esprit. Par ailleurs, ça restait une question bien secondaire comparé au fait qu'elle était à présent en train d'essayer de remonter le moral à sa nouvelle amie, qui lui demandait de ne pas parler aux autres de sa relation avec Snape.

-Je comprend parfaitement, je ne dirais rien, c'est promis. Et puis j'imagine que dans votre situation ça pourrait mettre en danger non ? Je veux dire, ce serait bien le genre de Vous-Savez-Qui de se servir de ça contre vous...

En tout cas c'était assez fourbe et cruel pour être de son genre, elle imaginait bien cette chose faire du mal à l'un pour atteindre l'autre. En plus il avait un tel mépris pour les sentiments d'après Dumbledore...

-Et encore pire s'il vous venait à l'esprit de fonder une famille... Quand j’entends parler de mon cousin, Drago, j'ai l'impression qu'il recrute d'office les enfants de ses fidèles même contre leurs grès... Si ce n'est pas fait pour ce pauvre garçon je suis prête à parier que ce sera bientôt le cas. La petite Rigel aussi d'ailleurs.

Elle venait de terminer sa tasse de chocolat, pas mal mélancolique en pensant à son cousin et sa cousine qui se trouvaient dans une pareille impasse. Elle ne les avait jamais connu, ni l'un ni l'autre, elle était même presque certaine qu'ils ne voudraient rien avoir à faire avec elle, mais elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour eux. C'était réellement triste d’être aussi éloignée d'une très grande part de sa famille et de se dire qu'ils la mépriseraient sans aucun doute.

-Enfin bon, pour une note un peu plus joyeuse. À l'Ordre, il y a Remus, avec lui vous devriez aussi bien vous entendre, ce n'est pas le genre de personne qui rejette ceux qui arrivent, c'est même le premier à défendre Snape.

Un léger sourire rêveur s'était dessiné sur ses lèvres à la simple évocation de Remus.