Echange [Daphné]

24 Décembre, 1996

Daphné,

Je déteste écrire des lettres et je ne sais vraiment pas ce qui me pousse à le faire, mais pourtant tu la tiens dans tes mains. Tu seras certainement très étonnée lorsque tu recevras ce hibou, mais je pense que d’une manière ou d’une autre il faut que l’on discute de ce qu’il s’est passé ce soir-là, à la volière. J’aurais préféré en parler de vive-voix avec toi, mais malheureusement l’opportunité ne s’est pas présentée, semble-t-il.

Je n’avais pas pensé à ce que tu pouvais ressentir jusqu’à ce que tu me l’avoues le soir où je t’ai rencontré au lac. Très sincèrement, ce n’est pas que cela m’était égal, mais je pense que tu as compris que les derniers temps ne sont pas simples pour moi et que j’ai du mal à me focaliser sur bien d’autres choses, comme celle-ci. Mais depuis, je t’avoue que j’y ai souvent pensé depuis cette soirée, car d’une manière ou d’une autre je ne peux pas dire que cela m’a laissé de marbre. J’ose espérer que cette lettre restera bien entendu entre nous, et pour cela je te fais confiance, mais sait-on jamais. Il me semble avoir appris que tu passes tes vacances avec une personne que je ne porte pas spécialement dans mon cœur, et réciproquement. Bref, je poursuis.

Depuis cette soirée-là, je me suis rendu compte que je pouvais te faire confiance, et rare sont les personnes à qui on peut le faire, surtout ces derniers temps. Et surtout lorsque l’on apprend une telle chose que ce que tu sais sur moi à présent. Je t’ai confié ce qui peut me coûter la vie, et tu peux largement deviner qu’à mes yeux ça n’est pas rien. Mais à vrai dire je ne le regrette pas, car cela m’a permis d’apprendre à te connaitre, alors que je n’en avais pas eu l’occasion auparavant, ou du moins que je ne l’avais pas saisie. Et ce n’est que maintenant que je me rends compte que je suis passé à côté de quelque chose ces dernières années. Ce que je veux dire par là, et j’espère que tu l’as compris bien avant que je t’écrive cette lettre (même si j’en doute car je n’ai certainement pas été vraiment explicite), c’est que je ne regrette pas ce qu’il s’est passé à la volière. La seule chose que je regrette, c’est de ne pas m’être rendu compte que je pouvais avoir des sentiments pour toi un peu plus tôt. Tu vas sans aucun doute te dire que rien n’est jamais trop tard, mais pour une raison que je ne peux pas t’expliquer et encore moins dans une lettre, c’est pourtant le cas. Ne me pose pas de questions, de toute manière je ne pourrais pas y répondre, même si juste après que l’on se soit embrassé j’aurais voulu le faire. J’aurais voulu que tu comprennes réellement tout ce qu’il se passait autour de moi, mais c’est impossible. Et tu t’en rendras compte bien assez vite.

Voilà, tout cela pour te dire que pour moi, ce geste n’était pas rien. Cela peut paraître surprenant venant de ma part et j’en suis assez étonné moi-même je dois le dire, mais au moins je t’ai réellement dis ce que je ressentais. Et même si cela ne sert à rien à présent, au moins les choses sont plus claires, et l’un comme l’autre en avions besoin. Crois-moi, si je pouvais t’en dire plus je l’aurais fait. Mais ça n’est pas le cas.

Alors maintenant il ne me reste plus qu’à te souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année.

Drago

25 Décembre 1996

« Drago,

Je ne sais pas vraiment ce que je dois te répondre, peut-être même ne pensais-tu pas recevoir de réponse ou n'aurais-je pas du en envoyer une. Seulement je n'ai pas pu me résoudre à laisser les choses ainsi, tu as eu l'occasion de t'expliquer sur ce qui est arrivé, je crois qu'il est juste que moi aussi je puisse m'exprimer à ce sujet. Contrairement à toi je crois que cela aurait été bien plus compliqué si nous avions pu en parler face à face, je ne suis pas certaine que j'aurais eu assez de force pour te dire toutes ces choses, pas encore alors que tous mes efforts de ces derniers mois me semblent toujours inutiles.

Je suis cependant soulagée d'apprendre que tu ne regrettes pas ce qui est arrivé dans la volière. Je ne le regrette pas non plus mais cela tu dois t'en douter, après tout tu sais très clairement quels sont mes sentiments à ton égard et ils n'ont pas changé depuis cette nuit au bord du lac. Pourtant j'ai du mal a comprendre ce qui arrive. Ta lettre me laisse entendre que tu pourrais sans doute avoir des sentiments semblables pour moi mais en même temps que je ne dois rien attendre de toi, qu'il n'y aura rien de plus. Je sais, au fond, pourquoi tu réagis comme ça mais pourtant j'ai du mal a l'accepter.

Je t'ai déjà dit que je serais là pour toi aussi longtemps que tu voudras de moi et ce malgré la situation délicate dans laquelle tu te trouves. Cela non plus n'a pas changé. J'ai bien compris que tu cela est difficile pour toi, et à vrai dire je suis assez soulagée que tu ne prennes pas toute cette situation avec légèreté. Mais peu importe ce que tu as du subir et ce que tu es aujourd'hui, je puis t'assurer que cela ne change rien pour moi. Je sais qu'on ne peut pas parler de cela par le biais de lettres alors j'attendrais la rentrée ou une autre occasion pour te revoir mais j'aimerais vraiment que tu me dises ce que tu étais prêt à me dire l'autre soir. C'est important pour moi de comprendre ce qui te retient. Je pense que ces derniers mois je suis parvenue à te prouver que tu pouvais me faire confiance et cela est toujours valable, personne d'autre que moi ne saura ce que tu dois me dire, n'en doute pas. Je peux comprendre que ce soit difficile et même que me parler de cela puisse relever d'un problème plus important que notre simple relation. Mais je considère que cela me concerne également à présent. D'autant plus que malgré ce qui est arrivé, tu n'as pas perdu mon amitié, et je suis toujours la personne à qui tu es parvenu à te confier ces dernières semaines.

De plus, sache qu'aucun problème n'est insolvable, quelque soit le problème dont tu parles, je sais qu'il y a une solution mais je ne peux pas la trouver si tu ne me dis pas de quoi il s'agit. Surtout que je pense que tant que tout n'aura pas été dit et clarifié, il subsistera toujours un malaise entre nous, qu'on le veuille ou non, j'en suis convaincue. Je me connais suffisamment pour savoir que je garderais toujours l'espoir tant que tu ne m'auras pas dit à quoi m'attendre réellement et je pense, ou peut-être j'espère simplement, que toi aussi tu auras du mal a revenir en arrière après ça.

Dans l'attente de te revoir, je te souhaite à mon tour de passer de bonnes fêtes de fin d'année.

Daphné. »

26 Décembre, 1996

Daphné,

Je profite de ces quelques instants de répit que j’ai pour t’écrire une nouvelle fois. J’ai lu ta lettre avec attention, seulement j’ai beau comprendre ce que tu penses l’inverse n’est pas possible, et ce pour la simple et bonne raison que tu ne connais pas l’envergure du problème. Je sais ce que tu ressens, et tu sais ce que je ressens pour toi à mon tour, alors si je t’écris que c’est impossible entre nous c’est qu’il y a bien une raison à cela, même si tu ne veux pas l’admettre. Mais je suis le seul à pouvoir être lucide dans cette histoire, et que je te raconte ce qu’il se passe que ce soit dans cette lettre ou à Poudlard en reviendrait au même. Je ne le peux pas, et je ne le ferai pas, et ce même si je venais à désirer le contraire. Il y a des fois où on ne peut pas avoir le choix, et même si on rêverait du contraire, ça n’est pas la réalité. La réalité c’est que je prends des risques inconsidérés en t’écrivant cette lettre à laquelle j’ai de toute manière jeté un sort de protection. Tu seras la seule à pouvoir la lire, et ce une seule fois. Après cela, mon écriture disparaitra. Tu penses alors certainement que je pourrais tout te révéler puisque nul n’en aura la trace, mais je ne le ferai pas. Peux-tu imaginer deux secondes ce qu’il adviendrait si jamais je venais à le faire ? Tout ce pour quoi je me suis battu depuis le début de l’année s’écroulerait, ma mission échouerait, et de toute manière je te perdrais définitivement.

Tu penses peut-être être assez forte pour tout entendre, pour tout pouvoir supporter, mais crois-moi ça n’est pas le cas. Je ne veux pas t’impliquer d’une manière ou d’une autre dans cette histoire car dès lors que tu saurais ce qui se trame tu serais en danger, et même si tu prétends fermement le contraire je suis absolument certain que tu ne pourrais pas le supporter. Cette histoire a beau me rendre malade, je ne changerai pas mes convictions, et ce quoiqu’il m’en coûte. Je n’ai pas pour autre choix que de faire ce que je m’apprête à faire, et je sais d’ores et déjà que ces quelques mots ont dû éveiller toute ta curiosité. Mais elle ne sera pas entièrement satisfaite, car tu en sais déjà beaucoup trop Daphné. Le fait est que les choses doivent en rester là, mais si Merlin sait à quel point je n’en ai en réalité pas l’envie.

Malheureusement tu te rendras compte bien assez tôt que je ne suis pas celui que tu crois. Tu pourras prétendre le contraire autant de fois que tu le veux, moi-même je t’avoue que je ne me reconnais plus. Et peut-être bientôt ne pourrais-je plus me regarder en face, mais je n’ai pas le choix, et aussi dur que cela puisse être je l’ai accepté, tout comme tu devras en faire de même, même si cela ne te réjouit pas. Sauf que j’ai appris à m’y faire, et tu verras finalement que tu m’oublieras bien plus rapidement que tu ne peux le croire. De toute façon tu n’auras pas le choix, et je préfère que les choses n’aillent pas plus loin parce que ce sera infiniment plus dur par la suite. Fais-moi confiance, une nouvelle fois, mais cette fois à présent que je te dis que c’est pour toi que je fais cela. C’est sans aucun doute la première fois que je fais ce genre de chose, mais tant pis, c’est réellement ce que je pense. Je sais quel est mon avenir, et quel qu’il soit tu ne pourras pas être dedans. Et pour cela il y a deux raisons : la première c’est que je doute que tu te rallies à Sa cause, ce qui fait que nos chemins se sépareront indubitablement. La seconde c’est que j’aurais échoué, et après la défaite de mon père je te laisse comprendre ce qui m’attend. Je n’aurais jamais dû te dire ce genre de choses, mais tu as voulu des éclaircissements, et tu les as eus. Je ne peux pas t’en confier plus, car je suis déjà allé bien plus loin que ce que je n’aurais dû.

Je ne vais pas poursuivre plus longtemps, car je n’en ai pas le droit. Mais saches que de tout ce que tu as pu lire jusqu’à présent, il n’y a pas un mot que je pense tout autant que je le regrette. Mais c’est la guerre, et en cela je n’ai aucun autre choix, tout comme toi et tu devras t’y faire.

Passe une bonne journée et sans aucun doute à bientôt,

Drago

27 Décembre 1996

«Drago,

Ton message est bien passé. Je n'insisterais pas plus longtemps, j'ai compris que tu ne dirais rien dans une lettre et tu as raison c'est sans doute mieux comme ça. Je ne renonce cependant pas à finir de te convaincre, pas forcément de me parler mais d'accepter que cette histoire puisse exister. Je pense que tu le veux aussi, peut-être pas autant que moi mais suffisamment. Et je trouve vraiment dommage que parce que tu as choisi ou parce qu'on t'a imposé certaines choses, tu refuses tout ce qui pourrait t'arriver de positif. Car oui, je pense sincèrement que je ne peux pas t'apporter plus de mal que tout le reste. Cependant je ne perdrais pas plus de temps à te convaincre du contraire, tu as été suffisamment clair ainsi.

J'espère que ce qui est arrivé entre nous dans la volière ne changera pas la nature de notre relation. Ces derniers mois, j'ai appris à connaître une personne vraiment différente de celle qu'elle paraissait et cette amitié m'est très précieuse. Contrairement à ce que tu penses, je crois que je sais précisément qui tu es et je pense te l'avoir prouvé à de nombreuses reprises, sinon je ne serais pas en train d'écrire cette lettre puisque tout ceci n'aurait jamais eu lieu. En revanche, je pense que toi tu ne sais pas qui tu es, mais ça c'est une autre histoire et il n'est pas utile d'en parler ici. Le fait est que je crois que notre amitié est réelle et ne devrait pas finir pour une chose aussi insignifiante, car après tout ce qui est arrivé n'est rien si personne n'en tient compte...

Bref, je préfère m'arrêter ici avant d'écrire des choses que je pourrais regretter. J'espère que tu as passé de bonnes fêtes de Noël et que tes vacances n'ont pas été trop difficiles. Nous nous verrons sans aucun doute à Poudlard dans quelques jours, et peut-être demain au match de Quidditch ?

A bientôt,

Daphné.»

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