Trop de bruit. Alayna pouvait entendre des rires gras provenant de la salle où les mangemorts se trouvaient. Décidément, elle ne pourrait jamais les apprécier. Pourtant, elle avait juré fidélité à Voldemort. Mais bien sûr ! La seule personne à qui elle serait toujours loyale était son maître, son créateur. Si ça n'avait été pour lui, elle n'en serait pas là. Elle n'était pas gentille, ça c'était sûr, mais la cause pour laquelle elle devait se battre actuellement ne l'avait jamais intéressé. C'est avec soulagement qu'elle atteint la porte du manoir et s'engouffra dans le jardin de la propriété. Elle savait que Silvius l'attendait déjà. Sur cette pensée, elle accéléra. Elle ne l'avouerait jamais sans doute jamais, mais elle adorait s'entraîner avec lui, et c'était toujours avec un grand enthousiasme qu'elle s'y rendait. Naturellement, son visage ne laissait rien paraître, il était neutre, comme d'habitude.

Elle le retrouva adossé à un arbre, les yeux fermés. En essayant de faire le moins de bruit possible, elle s'approcha. Elle savait bien qu'elle ne pourrait jamais le surprendre, c'était plutôt histoire de lui montrer ce qu'elle savait faire. La discrétion, ça avait toujours été son truc, mais depuis qu'elle était vampire, c'était tout un nouveau corps qu'elle devait apprendre à connaître. Elle se sentait lourde et légère en même temps, ce n'était donc pas toujours facile de bouger sans aucun bruit.

« Vous avez failli me faire attendre jeune demoiselle… »

Elle ne sut s'il disait ça sur un ton de plaisanterie ou s'il était en colère. Elle détestait le voir être en colère contre elle. Une petite grimace apparut au coin de ses lèvres, elle ne savait comment réagir. Malgré tout, elle ne pouvait faire preuve d'une totale soumission. Elle n'était pas faible et ne voulait pas se laisser marcher sur les pieds. Bien qu'il fut son maître, elle ne pouvait s'empêcher de lui parler sur un ton arrogant. C'était son caractère après tout.

« Pardonnez-moi. On peut s'y mettre maintenant ? »

Elle le fixa dans les yeux avec un air de défi. Après tout, il savait qu'elle n'était pas sérieuse tout comme elle savait qu'elle n'aurait de toute façon aucune chance contre lui. Elle s'étira rapidement et attendit qu'il lui dise le thème de la séance d'aujourd'hui, ne sachant vraiment jamais sur quoi portait la "leçon" du jour. Elle bouillonnait d'impatience.

La jeune fille fit la moue. Comme elle le pensait, ses paroles l'avaient énervé, au vu de son regard qui la fusillait. Elle déglutit. Il n'avait jamais rien tenté contre elle, mais sait-on jamais, ces choses là arrivaient vite. Comme attendu également, il lui fit la morale. Quand il mentionna le fait de l'entraîner par obligation, elle tiqua. Elle n'aimait vraiment pas qu'il dise ces choses là, ayant l'impression d'être un poids pour lui. C'était tout à fait son genre après tout. Elle n'avait jamais vraiment exactement su pourquoi il l'avait choisie elle, et honnêtement, elle n'osait même pas lui poser la question. Ce qui est fait est fait. La main de son créateur s'avança vers elle. Elle fronça les sourcils. Parfois, il avait une attitude bizarre. Dans ces cas là, elle préférait les oublier.

Il la pria de le suivre -ou plutôt, le lui ordonna- ce qu'elle fit, la mine boudeuse. Il valait mieux qu'elle ne dise plus rien, au risque de le froisser encore plus. Elle était consciente qu'il y avait une limite à ne jamais dépasser et elle s'assurait de ne jamais la franchir. Cette nuit, elle allait chasser par elle même. Ce n'était pas la première fois qu'il la laissait faire seule, mais elle appréhendait toujours ces moments là. Il avait souvent quelque chose à redire sur la façon dont elle menait sa chasse. Parfois, l'incompréhension la tenaillait, il lui demandait la perfection. Elle était son œuvre, sa création, qu'il façonnait à sa façon. Il lui arrivait aussi de se demander s'il la considérait autrement que sa chose. Bien qu'il était toujours courtois avec elle, au fond, il la menait au doigt et à l’œil. Elle ne s'en plaignait pas, préférant prendre la chose comme quelque chose de totalement normal.


Perdue dans ses pensées, elle ne le vit pas partir. Il sauta par dessus le muret et se mit à courir. Elle soupira. Même en étant partie en même que lui, elle n'arrivait pas à le rattraper. D'un coup, elle s'activa. Si elle le faisait attendre, il allait à nouveau lui faire la moral. Elle sauta à son tour au dessus du muret et se mit à courir. Ne sachant pas vraiment où il allait, elle dut lutter pour ne pas le perdre de vue et quand il s'arrêta, ce fut avec soulagement qu'elle se stoppa à ses côtés. Son regard se promena tout autour d'elle. Un quartier moldu, bien évidemment. Chasser les sorciers n'était pas quelque chose de vraiment conseillé. Seuls quelques rares moldus se promenaient dans la rue. Choisir un endroit discret était important, elle l'avait bien retenue cette règle. De plus, c'était tout à fait logique.

« Je peux choisir la victime ? » lui demanda-t-elle d'une voix neutre.

Simple question. Il lui demandait parfois d'attaquer telle ou telle personne, qu'elle soit apte à pouvoir se nourrir de n'importe qui. La difficulté de la chasse n'était donc jamais la même. Il devait se douter qu'elle choisissait toujours le type de personne le plus facile à tuer pour elle. De ce fait, elle faisait moins d'erreur. Elle avait conscience de sa séduction, de l'effet qu'elle produisait aux autres et prenait alors comme cible le moldu qu'elle savait moins résistant à son charme que d'autres. Pour l'instant, il n'en avait jamais fait la remarque, mais elle savait qu'il n'en pensait pas moins. Elle choisissait la facilité...

Alayna ne tarda pas à avoir son accord après l'avoir entendu rire doucement. Elle put voir un sourire sadique se dessiner sur ses lèvres juste avant qu'elle ne s'éloigne de lui, bien décidée à pourchasser le moldu qu'elle avait repéré quelques minutes auparavant. Son attitude n'indiquait rien de bon, il avait sûrement une idée en tête. Au moins, elle savait qu'elle devrait mener sa chasse avec méfiance, dans l'attente de ce qu'allait lui préparer son créateur. Mais pour l'instant, elle devait se concentrer sur sa proie.

Sa victime marchait tranquillement dans la rue éclairée par les rayons de la lune. Son insouciance fit sourire la blonde. S'il savait ce qui l'attendait, il ne se promènerait pas d'une démarche aussi confiante. Malheureusement pour lui, cette nuit allait être sa dernière, mais ça, il ne pouvait s'en douter. Il devait avoir dans la vingtaine. Ses cheveux étaient d'un blond éclatant, mi-longs, soigneusement coiffés dans un style qui se voulait décontracté. Un corps musclé, ferme, signe de sa bonne santé. Les traits fins, la peau légèrement bronzée. Un bel homme. Il dégageait une odeur d'eau de toilette, sucrée, envoutante. Son visage était calme, orné d'un petit sourire en coin. Le repas parfait.

L'observer lui avait mis l'eau à la bouche. Il était temps de se lancer. Son visage se décontracta tandis qu'elle plaçait son masque. A présent, elle avait l'air d'une adolescente tout à fait normale, souriante, profitant de la vie. Elle s'approcha à grand pas du jeune homme tout en l'interpellant d'un simple "hé !". Il s'arrêta et se retourna, lui faisant face, souriant à la vie d'une si jolie fille dans une rue déserte. Il devait sans doute se sentir chanceux en cet instant. Une fois qu'elle fut arrivée à sa hauteur, elle se stoppa à quelques centimètres de lui, un air gêné sur le visage.

« Excusez-moi, je me suis perdue. Pouvez-vous m'aider à trouver mon chemin ? » demanda-t-elle d'un ton qui se voulait sensuel. « Je... je cherche ma maison, j'ai déménagé il y a pas longtemps et j'ai encore du mal à m'y retrouver. »

Elle passa sa main dans ses longs cheveux puis repoussa sa frange sur le côté. Tous ses gestes étaient contrôlés, toujours dans le but de séduire. Comme attendu, le jeune moldu était une proie facile. Une lueur perverse se dessinait dans son regard, alors qu'il lui offrait un grand sourire. Il était déjà sous le charme, c'en était presque trop facile. Il posa une main sur son épaule, geste qui se voulait rassurant, et lui répondit d'une voix enjouée, se permettant de la tutoyer comme pour les rapprocher.

« Ouais, pas facile de s'y retrouver ici hein ? Dis moi l'adresse et je vais t'y accompagner »

Un grand sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle le remerciait. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à l'attirer dans une petite ruelle sombre, là où elle était sûre de ne pas se faire voir. C'était le moment de changer d'attitude. Elle n'avait jamais été très forte pour trouver des idées ayant pour but d'aborder les gens, alors elle faisait comme elle pouvait, même si parfois c'était assez incohérent. De toute façon, quand elle commençait à les séduire, ils ne se souciaient déjà plus du pourquoi du comment.

« Je crois que c'est par là-bas » rétorqua-t-elle en lui montrant du doigt la petite ruelle qu'elle avait aperçue quelques secondes plus tôt.

Elle ouvrit la marche, se retournant pour voir s'il suivait. Elle s'humidifia les lèvres alors que son regard était planté dans le sien. A travers ses yeux, elle pouvait voir le désir montant de sa proie après avoir observé son geste. Il ne lui avait même pas répondu et la suivait, ne pouvant détourner les yeux de son visage, totalement envouté. Finalement, les deux individus s'engouffrent dans l'obscurité de la ruelle. N'attendant pas une seconde plus, elle agrippa sa victime par le col de sa chemise et plaqua ses lèvres sur les siennes. Le jeune homme posa immédiatement ses mains sur ses hanches et colla son corps au sien, la faisant reculer jusqu'à ce que son dos cogne le mur. Elle le laissa faire un instant, avant d'inverser les positions. Le jeune homme sourit de sa brutalité alors qu'il entreprenait de lui retirer son haut. Il était maintenant bien trop enivré par la jeune fille pour remarquer que celle-ci se dirigeait dangereusement vers son cou. Elle y passa un coup de langue, provoquant des frissons chez le jeune homme. La seconde d'après, ses crocs se plantèrent dans sa peau. Le moldu, secoué par le désir, se laissa faire sans mal, ne saisissant pas ce qui lui arrivait. Alors que son sang se faisait aspirer par la vampire, ses jambes faiblissaient et il se sentit tomber lentement au sol. La dernière chose qu'il vit fut le sourire sadique et les lèvres teintées de rouge de la jeune fille.

Alayna se releva, satisfaite. Elle l'avait séduit à la perfection et lui avait ôté la vie proprement. Personne ne l'avait aperçue, et elle s'était bien amusée. Ses pensées se tournèrent immédiatement vers Silvius. Dans le feu de l'action, elle avait complètement oublié qu'elle devait se méfier de ce que préparait sûrement le vampire. C'était peut-être juste son imagination... elle haussa les épaules. Elle verrait bien assez tôt. En attendant, elle s'adossa au mur, les bras croisés. Il la retrouverait bien assez tôt.

Alayna ne s'était pas trompée. Son créateur était déjà dans les parages quand elle avait commencé à jouer avec sa proie. En voyant la jeune femme qui l'accompagnait, elle fronça les sourcils. Drôle de surprise, qu'est ce qu'il manigançait encore ? Elle sentit une pointe de jalouse naître en elle. Il n'avait même pas pris en compte sa chasse, préférant s'amuser de son côté. C'était son rôle de l'entrainer, non ? Alors pourquoi à cet instant il n'en avait que faire ?

La jeune femme prit peur en voyant son œuvre. Drôle de façon pour chasser que de terrifier sa victime. Elle n'avait jamais essayé. Il la laissa s'échapper un instant avant de la rattraper et de la jeter près de l'autre moldu. La victime pleurait, effrayée. Si Alayna ne considérait pas les moldus comme de la nourriture, elle en aurait presque eu pitié. Il l'étrangla, elle ne bougeait pas, tétanisée. La blonde ne voyait toujours pas où il voulait en venir, mais elle ne tardera pas à comprendre. Il la jeta négligemment au sol et sortit un flacon de sa poche, le remplissant du sang de la jeune femme. Alayna saisit le récipient qu'il lui tendait et le contempla quelques secondes. Qu'avait-il de si spécial, ce sang ?

Après qu'il eut fini ses explications, Alayna sourit. Ainsi donc, il voulait lui faire goûter la peur. Mais ce sentiment était-il meilleur à boire que le plaisir ? Elle avait décidé il y a quelques temps de tuer ses prises alors qu'elles étaient sous l'emprise du plaisir, ayant remarqué que le liquide n'en était que meilleur. C'était dingue comme les dernières émotions ressenties pouvaient changer la saveur de la nourriture. Et puis, si son créateur disait que c'était exquis, hé bien ça devait l'être. Lui se permit de boire directement à la source, puisque c'était son gibier.

Elle porta le flacon à ses lèvres, et en but une mince gorgée. Un sentiment de bien être, de relaxation et en même temps de force s'insinua en elle. Elle se sentait... revigorée. Il n'avait pas menti, c'était bien meilleur que tout ce qu'elle avait connu. N'en tenant plus, elle vida le flacon d'une traite, n'omettant aucune goutte. Elle ferma les yeux, savourant cette sensation alors que le liquide coulait en elle.

"Effectivement, c'est un pur délice !" affirma-t-elle, sa langue passant sur ses fines lèvres. "Je ne m'attendais vraiment pas à ça."

Sa soif s’étanchait, sa colère s’estompait doucement qui laissa place à un calme serein. Les crocs de Silvius était plantés dans la carotide et vampirisait le sang de la victime. Du liquide rouge coulait sur les lèvres du vampire ainsi que sur le cou de la victime. Le temps semblait se ralentir durant ce moment de plaisir, le sang au goût délicieux de la peur coulait dans sa gorge estompant les brûlures de la soif mais surtout il « revitalisait » le corps du vampire. Sa force et sa capacité mentale augmentait au fur à mesure qu’il buvait.

Une sorte d’alarme interne lui tenaillait les tripes, c’était l’heure de rentrer au bercail, s’ils s’attardaient trop longtemps, ils seraient piégés par le soleil et mourraient sur le champ. Silvius retira ses canines du cou de la moldue, il humidifia son doigt avec du sang et écriva à côté d’elle un verset : Evangile selon Jean 3:30 : Il faut qu'il croisse, et que je diminue. L’écriture effectuée, il se releva et fit face à Alayna pour lui dire qu’ils devaient partir en vitesse, sa voix semblait plus forte et assurée qu’avant, ses cheveux ondulaient à la légère brise de la nuit et son visage était plus jeune et moins fatigué. Les cernes étaient toujours là, sa peau était toujours pâle mais les rides de fatigue avaient disparus.

« Partons, Alayna. Nous avions suffisamment passé de temps en dehors du manoir, il faut rentrer avant que le jour ne se lève. Suis-moi ! »

Il s’élança dans la rue, savourant sa nouvelle force, sa vitesse devenait sans égal. Il ralentit un peu pour laisser sa protégée le rattraper, sa colère étant dissipée, il était plus clément envers sa créature. Les ruelles, les routes et les rues de Londres défilaient devant les yeux de Silvius et la jeune femme essayait de tenir la cadence. Le mentor ne fit rien pour l’aider car elle devait s’endurcir et d’ici quelques années, elle serait capable de supporter son rythme.

Le manoir était en vue après une heure de course, personne n’aurait pu les voir dans la course endiablée de Silvius et Alayna, ils courraient tellement vite qu’un humain ne les verraient pas à part un sorcier suffisamment attentif à son environnement, mais Londres était une ville moldue et non une cité magique. Certes le Ministère se trouvait là, mais en plein centre et non en banlieue.
Silvius escalada le muret du jardin pour ensuite traverser le jardin dans une démarche souple et calme. Dans l’enceinte de la magnifique demeure, il pouvait se montrer sans craintes car le lieu était protégé par le Seigneur des Ténèbres lui-même et personne ne pouvait y pénétrer sans son autorisation ou sans avoir la marque des ténèbres à son bras. D’ailleurs cette marque était plus douloureuse pour un vampire que pour un humain car elle brûlait et les buveurs de sang sont vulnérables aux feux dans toutes ses formes. Ils supportent les torches mais peuvent les approcher en tenant éloigné la flamme de la peau.

Il s’engouffra dans le manoir et se fit discret parmi le monde qui peuplait ce bâtiment, des mangemorts discutaient entre eux, d’autre n’étaient que de passage pour aller faire leur rapport ou repartir en mission.

Silvius se faufila parmi eux pour descendre dans la cave où sa chambre l’attendait pour la journée, il descendit les nombreuses marches et sentit mieux à la fraicheur et au calme souterrain. La pénombre n’était pas un problème pour lui, il s’avança et distingua le tunnel de pierre froide ainsi qu’une bifurcation qui menait dans une grande salle. Un grand lit à baldaquin et des cercueils décoraient la pièce.

Il entra dans la pièce et s’assit sur le lit. Un puissant désir le submergea, il l’avait ressenti plusieurs fois en voyant Alayna mais celui-là était plus profond et plus puissant. Il attendit que sa créature le rejoigne.

Quand elle arriva, Silvius la rejoignit et l’attira à lui en l’enlaçant de son bras droit et de sa main gauche caressa la joue d’Alayna, il ne parla pas, préférant les gestes qui traduisaient ses désirs. Sa main descendit sur son corps, caressa son sein, caressa la hanche et s’arrêta sur le bassin. Il la regarda dans les yeux et l’embrassa.