Il y a quelques jours de cela, Olivia avait décidé d’acheter toutes ses fournitures scolaires au Chemin de Traverse. Sa mère en avait profité pour faire ses propres achats et elles s’étaient séparées de façon à ce que chacun aille de son côté. La jeune demoiselle avait rencontré une fille de sa classe qu’elle ne connaissait que par son nom ainsi que de vue. Jusqu’à présent, elle ne lui avait jamais adressé la parole. Et c’était justement parce qu’elle avait été trop absorbée par cette rencontre distrayante qu’elle avait totalement oublié de payer l’addition au Chaudron Baveur. En effet, son père buvait souvent des verres en compagnie de ses amis dans cet endroit et puisqu’il était un fidèle client, le Barman lui avait proposé de ne payer les verres tous les mois. Sur un bout de papier, il notait les boissons que prenait le sorcier et envoyait la facture par hibou. Toutefois, il arrivait que le père d’Olivia n’ait guère le temps de se rendre au Chaudron Baveur puisque son emploi du temps au Ministère était chargé. Dans ce cas-là, il envoyait son aînée dans les lieux même pour payer la note. Il pouvait également envoyer la somme dans une enveloppe mais parfois, il arrivait que des gens interceptent les hiboux et ne volent le contenu des lettres. La chose la plus sûre était de remettre soi-même les gallions. Olivia aurait du s’en occuper, il y a trois jours et on ne pouvait permettre à son petit frère de le faire lui-même puisqu’il était bien trop jeune. Quatre ans séparaient la jeune fille de son frangin. D’ailleurs, cette année, il ferait son entrée dans l’école de Poudlard, là où il apprendrait toutes sortes de merveilleuses choses à propos de la magie.

En prenant de la poudre de Cheminette, elle dit calmement sa destination et se laissa emporter par les douces flammes vertes de sa cheminée. Elle n’avait normalement rien oublié et avait tout préparé à l’avance ses affaires, comme d’habitude. Ce n’était pas le genre de fille désordonnée qui faisait tout à la dernière minute et qui, finalement, regrettait de ne pas l’avoir fait plus tôt. Toutefois, on a tous nos défauts et malgré le côté pointilleux de la demoiselle, cette dernière était une grande rêveuse qui quittait tous les jours la Terre pour se noyer dans son petit nuage. C’était donc cela qui perturbait sa nature ponctuelle et en conséquences, elle devenait un peu maladroite dans ce qu’elle avait prévu d’avance. Une fois qu’elle retomba doucement sur le sol, la brune cilla des yeux pour mieux voir son environnement. La poussière de cheminée l’enveloppait et elle dut tousser deux ou trois fois pour dégager la gène qu’elle possédait à la gorge. Décidément, le service d’entretien aurait pu dégager les tuyaux de transport pour assurer le confort des sorciers. Elle se releva sans difficulté et inspecta l’état de ses vêtements avec une grimace. Olivia détestait la saleté mais heureusement que la magie lui permettait de résoudre le problème. Bon, il est vrai qu’on n’avait pas le droit d’user de magie en dehors de l’école mais le ministère n’était pas capable de savoir quel sorcier avait jeté tel sort. Tout ce qu’il pouvait connaître c’était le lieu où l’on avait pratiqué la magie. Dans un lieu comme le Chaudron Baveur, il y avait peu de chances qu’on ne sache qu’elle avait violé une règle. Et puis, ce n’était pas comme si qu’elle allait nuire à autrui. Tout en ignorant les regards de certains sorciers qui l’observaient, elle sortit sa baguette et murmura quelques mots. Instantanément, la poussière disparut de sa robe et cette dernière eut l’air moins froissée. Fière de son coup, elle redressa sa tête pour se familiariser avec les alentours et constata que toutes les tables du Chaudron Baveur étaient prises. Il y avait un monde terrible et le silence n’était pas ce qui dominait. Un groupe de trois sorcières gloussaient au fond en lisant une revue sur les filtres d’amour. A leur droite, un homme ivre dormait sur son siège. Toute cette population regroupée en un seul lieu ne mettait pas Olivia bien à l’aise. Elle était la seule à être debout devant toute cette foule assise et elle ignora les regards qui la suivaient. Sans sourire, le teint pâle et le regard perdu dans de nouveau dans ses pensées, elle se dirigea vers le grand comptoir de cette grande auberge. Deux hommes buvaient des Bièraubeurres tout en se racontant des anecdotes. De l’autre côté, Tom le Barman préparait une commande à une sorcière portant un grand chapeau bleu rempli d’araignées. La vue de ces arachnides horripilait Olivia mais elle ne laissa rien transparaître sur son visage. Elle attendit que la commande ne se termine pour s’adresser à Tom. Ce dernier reconnut la fille d’un de ses fidèles clients et lui sourit en la voyant.

« - Je vous apporte ce que j’avais oublié, il y a quelques jours. » dit Olivia en tendant sa main droite qui contenait un sac remplit de gallions et de mornilles.

Elle laissa le Barman compter l’argent et quand elle voulut repartir sur ses pas, l’homme lui répondit :

« - Ton père a énormément en ce moment… quand je le vois, j’ai l’impression qu’il n’a pas assez dormi de la nuit. »

La brunette hocha la tête comme signe d’approbation. Depuis quelques temps, il rentrait de plus en plus tard, c’est vrai… Olivia n’avait parfois pas le temps de lui souhaiter la bonne nuit ou même de le saluer le matin puisqu’il partait si tôt. D’ailleurs, il ne disait pas grand-chose sur le contenu de son travail. Mais cela pouvait se comprendre ; ce qu’il se passait au Ministère devait rester là-bas. Elle baissa le regard sur le bois du comptoir et réfléchissait, réfléchissait… en oubliant même où elle était en ce moment.

« - Va donc t’installer, je t’offre une boisson. » poursuivit Tom en apercevant le visage presque livide de l’élève.

La Serdaigle ne sut pas trop quoi en penser au début mais finalement elle accepta l’invitation. Elle espérait simplement que sa mère ne s’inquiéterait pas à propos de son absence qui allait sûrement s’avérer plus longue que prévue. Seulement, il n’y avait que très peu de places dans le pub ; en fait, toutes les places étaient prises. Elle ne connaissait que peu de gens qui soient assis ici et elle préférait ne pas devoir s’asseoir en compagnie des adultes. Les adultes sont parfois ennuyants à vous demander les mêmes choses ; « Comment se passe tes études ? Tu travailles bien, hein ? Tu as un copain, petite puce ? ». Parfois, Olivia avait l’impression qu’on la traitait comme une gamine avec ce genre d’interrogatoire. En farfouillant les tables du regard, elle finit par trouver une petite table de six qui n’était occupé que par une jeune fille. Physiquement, elle était sûrement mineur ou venait juste d’atteindre la majorité. Seulement, son visage lui disait quelque chose. Un visage qu’elle avait déjà vu dans sa classe mais qui n’était pas forcément dans sa maison. Elle fouilla dans sa mémoire et eut alors quelques idées sur l’identité de cette fille. Elles ne s’étaient sûrement jamais parlées mais devaient se connaître au moins de vue. Prenant son courage à deux mains, elle sut qu’elle n’avait pas d’autres choix que d’aller s’incruster à cette table en espérant ne pas se envoyer ailleurs. Dans le pire des cas, elle pourrait toujours rejoindre la table des adultes qu’elle connaissait mais ce serait beaucoup moins amusant et très soporifique. La compagnie de quelqu’un qui a la même tranche d’âge que vous est plus pratique d’un point de vue communication. Après s'être approchée de la table de six qu'occupait l'autre fille, elle s'arrêta tout en conservant son air à la fois serein et assez inexpressif.


« - Mmmh. Excuse-moi ; il n’y a plus aucune place ailleurs qui me convienne alors est-ce que cela te poserait un problème que je me joigne à ta table ? » demanda t-elle, anxieuse.

Parler de ce vaillant Cédric n’était certes pas une bonne manière de faire de la discussion mais le sujet s’était échappé tout seul de lui-même. Il était mort, il y a quelques semaines et pourtant, la mort n’est pas une chose qui s’efface rapidement de votre esprit. Les adultes ont tendance à savoir oublier en tournant la page mais lorsque vous êtes jeunes et que vous n’avez jamais connu de morts, cela peut devenir un choc de voir un de ses jeunes camarades s’en aller. L’année dernière, on leur avait prévenu que le Tournoi des Trois Sorciers n’étaient pas quelque chose d’inoffensifs et qu’il était probable qu’un des champions ne meurent mais cette probabilité n’avait inquiété personne puisque tout le monde ne pensait qu’à une chose ; que leur école ne gagne cette compétition. Lorsqu’on pénètre dans le cercle de la compétition, on ne pense plus aux risques mais à la victoire. Étonnant comme quoi ce genre de pensées peut se retourner contre nous. Personne n’y avait cru au début, lorsque Potter était revenu avec le corps. Cédric était par terre et on pensait juste qu’il était assommé mais son âme avait quitté son corps depuis un bon moment.

Tout le monde en avait été stupéfait et bouleversés et peu de monde s’y attendait. Ce garçon avait l’air assez sûr de lui et semblait plutôt doué… qui l’aurait prédit ? A la limite, le professeur Trelawney mais en ce qui concerne son cas, tout le monde avait droit à une prédiction malsaine chaque année. Donc, à partir de ce tragique évènement, l’enfant des Potter avait juré que Celui-dont-on-ne-doit-prononcer-le-nom était de retour et bien sur, Dumbledore avait prit son parti. Cette nouvelle s’était répandu aussi vite que les rumeurs qui circulent au château et toute l’Angleterre fut mise au courant des pensées du vieux fou qui servait de directeur de Poudlard. La Gazette faisait tout un bourrage de crâne et ceux qui étaient plutôt étroits d’esprit tombaient dans les mensonges écrits dans ce journal. La famille d’Olivia y croyait sauf sa grand-mère qui avait toujours vénéré l’idéologie de ce mage noir. Elle disait secrètement qu’elle croyait à ce retour mais elle ne le faisait pas savoir aux autres. Olivia, quant à elle, restait sceptique… Mitigée. Un retour soudain après tant d’années de disparition était vraiment gros à avaler mais d’un autre côté, les choses concordaient assez comme cette marque des ténèbres apparues à la coupe du monde de Quidditch. Ce n’était sûrement pas l’œuvre d’un artifice farces et attrapes.

Juste derrière la Serpentard se situait une fenêtre ouverte qui faisait évacuer la fumée d’une pipe qu’un sorcier avait en bouche. Il avait l’air d’observer tout le monde avec une certaine aversion et la lumière du soleil semblait lui picoter les yeux. Olivia avait trouvé cela étonnant de savoir que même les moldus savaient fumer. Lors d’un de ses voyages en France, elle en avait vu un avec un mystérieux paquet de ce qu’ils appellent « cigarettes ». Comme quoi, les sorciers et les moldus avaient aussi des points en commun et pas que physiquement. Mais cela, ce n’était pas un sujet à aborder surtout en présence d’un Serpentard. D’ailleurs, la verte et argent n’avait pas tellement compris que ce que Olivia venait de lui dire. Qu’est-ce qui ne passerait pas inaperçues ? Bonne question ; il est vrai qu’elle avait manqué de clarté dans ce qu’elle disait, un peu comme d’habitude. Elle disait les choses comme si elle croyait que les gens pouvaient lire dans ses pensées et comprendre directement. Dans un faible sourire à la fois morne et désolé, elle répondit :

« - Dumbledore et Potter disent que Tu-Sais-Qui est de retour et la Gazette affirme qu’ils mentent. Je pense donc que ce prétendu mensonge ne passera pas inaperçu à la rentrée et que tout le monde en parlera dans le dos de ces deux là... tout en réfléchissant à la façon dont Diggory nous a quitté. »

Elle s’interrompit pour réfléchir. Les deux mains sur la table, elle baissa le regard pour contempler les manches de son pull bleu clair. De toute évidence, pourquoi Potter mentirait sur ce sujet là ? C’était ridicule, non ? Mais peut être que ce mensonge pouvait cacher des choses que tout le monde ignorent.


« - C’est triste de savoir qu’une seule information peut chambouler toute une société… » Ajouta t-elle en songeant à tout cela.

Triste que tout soit chamboulé. C’était vrai ; depuis que Dumbledore avait raconté les évènements qui s’étaient déroulés à Poudlard, on le traitait d’homme dangereux. S’il disait vrai, la meilleure des choses aurait été que le ministère prend des précautions contre l’Ennemi au lieu de vouloir se rassurer en répandant ce qu’ils voulaient via la Gazette du Sorcier. En revanche, s’il mentait, ce n’était tout de même pas une raison pour ne rien faire. On avait ni de preuves qu’il disait vraiment la vérité et ni de preuves qu’il mentait, en conclusion, mieux valait se préparer tout de même. Oui, c’était dommage que les choses aient pris une tournure comme celle-ci. Du coup, on ne savait pas vraiment qui croire. Croire deux personnes ou bien toute une société ?

Le choix est vite fait pour la plupart et on se permet de considérer que les deux personnes qui sont en minorité ne devraient mériter aucune attention. C’était la loi du plus fort. Olivia était certaine que si les Mangemort devaient prendre le pouvoir dans le monde, les sorciers se mettraient tous de leur côté en disant finalement que le côté du mal était le mieux. Bien sur, la notion du bien et du mal n’existait pas puisque c’est une notion qui dépend du point de vue. Mais on ne pouvait pas non plus affirmer que les idéologies du mage noir soient innocentes. Olivia sortit de sa rêverie et observait la Serpentard tourner son verre avec une grande habilité. Ce petit spectacle l’occupa durant quelques secondes. Le calme s’était installé… Forcément, ce n’était pas une conversation où on pouvait se permettre de répondre sans réfléchir deux fois sur sa future réplique. Il y avait sans doute des sujets intimes à ne pas aborder trop rapidement mais tout cela dépendait des gens. Certains étaient pudiques et dissimulaient le vif du sujet au fond d’eux ou en le tournant d’une manière implicite tandis que d’autres avaient l’audace de ne pas le cacher et d’en parler sans trop de gènes tant qu’une certaine limite puisse être respectée.

La jeune fille leva les yeux en suivant du regard la choppe de Bièraubeurre qui se leva jusqu’aux lèvres de l’autre brunette. Sa commande ne devait pas tarder à arriver. La soif l’avait gagnée et l’a poussa à détourner le regard en direction du grand comptoir de bois. Tom le Barman discutait paisiblement avec la serveuse aux allures folles. Puis quand elle entendit le bruit de verre retomber sur la table, son attention fut de nouveau attirée par sa camarade qui s’était décidée à lui poser deux questions. Elle demandait tout simplement son avis pour peut être forger un peu plus son opinion ou bien participer à la parlotte ? Les deux possibilités étaient envisageables. La Serdaigle n’ignorait pas qu’il n'était pas très commode d’exposer son point de vue puisque cela en disait un peu trop sur votre façon de pensée et votre camp. Mais à quinze ans, vous n’êtes pas tellement fixé et vous êtes généralement influencés par les adultes… c’est du moins ce qu’on pourrait croire. Protégés par l’innocence de leur âge, les étudiants n’avaient généralement pas la frousse de dire ce qu’ils pensaient (exceptés ceux qui avaient quelque chose à cacher). Les conséquences étaient donc bien moins graves.

« - Je ne pense pas qu’il ment mais je ne peux pas m’assurer à moi-même que tout est vrai. En vérité, je suis mitigée. Dans la Gazette du Sorcier, les arguments ne sont pas très construits, ils se contentent surtout de dire que Dumbledore se fait vieux ou qu’il devient fou et que Potter ne pense qu’à lui. Quant à ce qui s'est passé cette nuit-là, je n'en sais rien...mais j'ai tout de même de l'attention quant à la version de Potter.»

Elle fit une petite pause tout en caressant du bout de son index, la surface en bois de la table. Une texture à la fois lisse et composée de petits trous qui donnaient du relief au passage de son doigt.


« - En fait, ils n’ont pas véritablement de preuves que les deux mentent, ils ne font que supposer des hypothèses. Et mise à part la parole de Potter, même si c’est un camarade de classe que nous connaissons, on n’a pas de preuve irréfutable qu’il dise la vérité. Mais je n’ai toujours pas oublié cette marque qui est apparue lors de la coupe du monde. Ca m’étonnerait que les Mangemort ne l’aient fait apparaître simplement pour faire la fête. C’est la même chose pour celui qu’on prenait pour le professeur Maugrey ; je ne crois pas qu’il ait pris son apparence juste pour enseigner. »

Au fond d’elle, elle aurait bien voulu croire que Harry Potter mentait parce que l’idée du retour de cet effroyable mage était inquiétante. Pourtant, sa raison ne lui permettait pas de nier les paroles du Survivant. Pour le moment, le mieux était de ne rien penser. A la rentrée, les idées de la brune seraient plus claires dans sa tête, elle en était sûre. Si elle en avait l’occasion, elle la saisirait et irait en parler directement à ce Gryffondor.

« - Et toi, qu’en penses-tu ? » lui demanda t-elle avec un soupçon de curiosité.

Ce n’était plus une conversation normale entre élèves à présent. Toutes les deux étaient entrées dans un sujet qui prenait des tournures trop sérieuses pour deux personnes qui ne se connaissaient de vue et encore. Mais pourquoi pas ? Si quelque chose comme ça pouvait permettre de briser le silence et d’animer l’atmosphère de cette table six, ce n’était finalement pas une mauvaise chose. C’était finalement le tour de la Serpentard d’exposer ses pensées et le tour d’Olivia d’analyser ces informations et d’en conclure quelque chose à partir de cela. Il était vrai que Potter se mettait dans des situations insolites mais c’était sans doute parce qu’il était lié à ce qui se cachait derrière ces situations. Ensuite, le Fourchelang était une langue rare que peu de personnes ne savaient parler. La Serdaigle ignorait même si un des Serpentard l’avait hérité de leur ancienne lignée ou non. Peut être qu’un descendant de Salazar Serpentard était tapi dans Poudlard, de nos jours ? Après, ce n’était pas impossible puisque presque tous les sang pur étaient liés par des degrés de générations. Les affirmations de sa camarade étaient justes ; il était bien trop dur pour affronter ou tuer ses meilleurs amis et c’était bien à cause de cela qu’il aurait été improbable que Potter soit l’héritier en question. Tournant son verre pour explorer de plus près la substance de Biéraubeurre contenue dans la choppe, Olivia avait l’air de vouloir contempler les couleurs chaudes de la boisson.

« - Quand les gens sont dans la panique, ils cherchent à trouver n’importe quel coupable pour se rassurer. »

Et dans la panique, les gens faisaient preuve d’un peu plus de paranoïa. D’habitude, ils croiraient aux coïncidences mais une fois l’alerte rouge lancée, chaque chose étrange serait assimilée à l’évènement source de la panique. En ce qui concerne Olivia, elle était toujours ouverte d’esprit à chaque élément étrange et n’aimait pas croire en la coïncidence. Parce que dans ce monde de magie qui est aussi mystique, rien n’est là au hasard, ou quasiment. Une fois encore, la verte et argent insista sur le fait que tout avait été prévu depuis le début. Elle semblait si sûre d’elle comme si elle avait fait partie de cette histoire. Mais notre héroïne songea qu’il était également possible qu’elle était le genre de personnes à tirer de bonnes conclusions intelligentes et ne plus douter de ses propres hypothèses. Elle reprit donc leurs arguments cités précédemment comme celle du soir de la coupe du monde de Quidditch et du faux Maugrey qui vient ensuite enseigner à Poudlard. Puis vint la sélection de Potter. A partir de tout cela, elle lui avoua que Vous-Savez-Qui avait indubitablement envoyé un de ses fidèles à Poudlard avec une autre apparence. Tout ceci en vint donc à la question qu’elle venait de poser. Ce n’était pas quelque chose à mettre de côté ; en effet, tout ceci avait mis toute une année entière à se dérouler alors que les choses auraient pu se faire d’une manière simple et rapide. Tout en buvant à nouveau sa boisson, Olivia réfléchit. Les raisons pouvaient être aussi simples que complexes.

« - Peut être que les protections du château et de son enceinte ne permettent pas la présence d’un Portoloin qui déplacerait une personne sur une longue distance. Ils ont sûrement dû désactiver cette protection lors de la troisième tâche… Ou alors, Tu-Sais-Qui était dans l’impossibilité d’agir avant un moment précis… »

Mais dans ce cas…si ce mage noir avait voulu attendre cela devait être pour une raison bien biscornue que Olivia ignorait. Par contre, elle ne pensait pas qu’épargner Cédric ou pas n’avait d’importance aux yeux des Mangemort. Tant qu’ils atteignaient leur but principal, ils devaient bien se ficher des meurtres qu’ils devraient laisser derrière eux. Avec Harry Potter mort, ils pourraient prendre le pouvoir sur le Ministère et gouverner le monde selon leurs principes.

« - Mais le côté positif c’est que malgré cela, Dumbledore reste tout de même le directeur de Poudlard. Au moins, si Tu-Sais-Qui est bel et bien revenu, il ne prendra pas rapidement la décision d’attaquer l’école, tu ne crois pas ? »

Le fait de savoir que ce vieil homme sera encore là pour veiller sur les élèves rassurait un peu la demoiselle. Peut être qu'on ne l'avait pas retiré de son poste par simple précaution ? Tout ce qu'il avait perdu était juste son Ordre de Merlin ainsi que son titre de Président du MagenMagot. Mais au fond, seul Poudlard devait énormément compter pour lui, ainsi que l'ère de Ténèbres que Potter avait annoncé.

L’idée de rejoindre Poudlard à l’aide d’un Portoloin au lieu d’un train arracha un petit sourire à Olivia. Comme tout le monde, elle avait tendance à préférer la facilité plutôt que de la difficulté dans certains domaines et il est vrai qu’un Portoloin aurait semblé bien plus magique et rapide. Toutefois, cela enlevait une certaine grâce et complicité à l’école. Elle trouvait que le train était un bel endroit pour se faire des amis lorsqu’on ne connaissait personne. On ne se retrouvait jamais seul dans un compartiment ; au final, vous étiez toujours en compagnie de personnes que vous connaissiez ou non. Et puis, il y avait cette fameuse femme qui patrouillait les couloirs pour vendre des sucreries. Non vraiment, il n’y avait pas de quoi regretté un bon vieux train. Cela permet aussi de prendre du recul avant de parvenir jusqu’au château. En ce qui concerne Dumbledore, les deux filles n’étaient pas tellement d’accord. La Serpentard semblait bien plus sage de penser que Dumbledore n’assurait plus une bonne protection après ce qui s’était passé. On pourrait penser que la magie de cet homme vieillissait en même temps que lui et que sa puissance finirait par ne plus rivaliser avec celle du grand Mage Noir revenu. Certains parents avaient même insisté pour que leurs enfants ne retournent plus à Poudlard et cela, à cause de ce qu’il croyait être un mensonge. Pourtant, l’argument qui les poussait à les laisser y aller, c’était bien le futur de ces enfants puisque sans études, ils n’iraient pas bien loin.

« - Je pense plutôt que les protections n’ont pas été renforcées depuis longtemps car Tu-Sais-Qui n’a plus été au pouvoir depuis quatorze ans. De ce fait, Dumbledore a été un peu trop négligeant. Mais cette fois, il est possible qu’il fasse de son possible pour installer de quoi attraper et disparaître toute possibilité d’intrusion. J’ai entendu dire qu’il y avait une Cascade des Voleurs à Gringotts. S’il pouvait en faire à Poudlard, ce serait déjà un début. »

Non pas qu’elle défendait Dumbledore parce qu’elle appréciait ce mystérieux personnage mais c’était surtout ce qu’elle pensait réellement. De toute façon, qui pourrait être meilleur directeur que lui sachant que seul lui effraie ne serait-ce qu’un peu le ‘Seigneur des Ténèbres’ ? Si ce n’était pas lui alors l’école finirait rapidement entre de mauvaises mains. Par simple folie, Olivia imagina chacun de ses professeurs à la place du directeur. Le professeur McGonagall pouvait très bien remplir cette fonction mais ce n’était pas sûr qu’elle parvienne à remporter une guerre sans un très grand sorcier à ses côtés. Quant à Flitwick, la taille ne fait pas le pouvoir mais ce n’était pas ce genre de directeur qui allait effrayer qui que ce soit. Le pire dans tout cela, c’était d’imaginer Rogue dans ce rôle. Sa partialité n’aurait que de mauvaises conséquences sur les maisons autre que Serpentard. C’était inimaginable. Non, mieux valait garder le directeur actuel, c’était plus sûr. Attendant que sa camarade ne finisse de boire sa choppe d’un trait, elle ouvrit de nouveau la bouche.

« - Tu crois qu’il a quel âge ? » demanda t-elle sur un coup de tête.

C’était plutôt une bonne question pour Olivia. Personne ne savait l’âge de Dumbledore même si on estimait qu’il devait être très vieux. Si McGonagall approchait des soixante dix ans en apparence, le directeur devait avoir peut être trente ans de plus ? Chez les moldus, il aurait été incroyable qu’un centenaire puisse marcher convenablement et diriger une école. Mais dans le monde magique, cela ne faisait pas tellement de surprises. On ne connaissait rien de ce vieil homme, on ignorait tout sauf le succès qu’il a eu au cours de sa vie. Olivia s’était souvent demandée comment faisait-elle pour croire en ce personnage alors qu’elle ne savait absolument rien de sa vie. Peut être que sa croyance avait un rapport avec le fait qu’on lui avait souvent dit que c’était une personne empli de sagesse et de vérité mais à part des paroles dictées par d’autres, on ne savait quasiment rien. On pouvait comparer cette situation à celle d’un démon aux aspects angéliques qui nous poussent à lui faire confiance. Et pourtant, elle estima qu’il valait mieux être de son côté même avec méfiance plutôt que d’avoir la stupidité de nier certains faits comme au Ministère. Elle poussa sa réflexion un peu plus loin tout en continuant de réchauffer sa gorge en buvant une nouvelle fois.

Les chaudes lueurs du soleil ainsi que sa lumière s’éteignirent derrière de gros nuages gris. Il faisait désormais un peu plus sombre mais on sentait toujours la fraîcheur du matin à travers le courant d’air qui rentrait de la fenêtre. Ce petit zéphyr balaya légèrement les cheveux d’Olivia et froissait les journaux que tenaient les autres sorciers aux alentours. La jeune fille n’aimait pas tellement l’idée que les nuages prennent le dessus sur ce soleil puisqu’il y avait de grandes chances qu’une pluie vienne changer radicalement l’ambiance douce qui régnait jusqu’à maintenant. Tout en espérait que les éclats de lumière viendraient de nouveau éclairer leur table, elle écouta la réponse de sa camarade à propos de l’âge de Dumbledore. Celle-ci s’était fiée à une date chronologique, celle de son légendaire duel contre Grindelwald. Oui, c’était une bonne base pour commencer. Il devait avoir au moins cinquante ans lorsqu’il l’avait combattu donc au final, la verte et argent avait raison ; il devait avoir entre cent dix et cent vingt ans. C’était tout de même impressionnant de savoir qu’il reste toujours un puissant sorcier. Elle répondit donc en écarquillant les yeux :

« - Je pense que tu as raison, il doit être dans cette tranche d’âge là. C’est tout de même incroyable qu’il n’ait pas perdu la mémoire ou qu’il puisse toujours se mouvoir sans soucis. Et puis, s’il survit jusqu’au 21ème siècle, il aura donc vécu dans trois siècles différents. »

Elle ignorait s’il recourrait à une méthode comme l’élixir de longue vie mais s’il pouvait vraiment vivre le plus longtemps possible, c’était une bonne chose. Toutefois, était-ce sage d’allonger sa vie alors que toute chose a une fin ? Ne voudrait-il pas affronter la mort comme tout le monde ? Peut être que finalement, il était simplement plus résistant que la moyenne et qu’un jour, il se laissera emporter par l’au-delà. Puis, quelque chose la sortit de ses pensées. Son interlocutrice prit un autre ton pour énoncer un autre sujet, assez différent de l’autre. Moins sérieux et pourtant, très utile. Il est vrai qu’elles ignoraient comment l’autre s’appelait et c’était un peu étrange d’ignorer l’identité de quelqu’un avec qui vous engagez une conversation qui sort rarement des bouches de certains. Oui, vraiment, c’était une drôle de rencontre qui changeait des habituels situations de base comme lorsque vous renversez quelqu’un ou que vous vous ennuyez tellement que vous lui posez des questions inutile et qui ne vous intéresse pas forcément. L’autre demoiselle dit se nommer Daphné Greengrass et à l’entente de son nom, quelque chose dans le coin du cerveau d’Olivia s’ouvrit. Oui, elle se souvenait de ce nom… c’était une de ces grandes familles de sang pur. Même si elle n’avait pas douté du statut de sang de cette fille, le fait qu’elle soit une Greengrass rappelait à la Serdaigle que cette fille était populaire. Forcément, en traînant avec une grande bande de Serpentard, vous passez difficilement inaperçue et au fil des années, beaucoup de gens finissent par vous connaître. Si ses souvenirs étaient bons, Daphné était une amie de Pansy Parkinson. Cette dernière était plutôt le genre de personnes à passer son temps à critiquer et à embêter son monde. Olivia ne l’appréciait pas vraiment et elle avait du mal à supporter ses gloussements et ses rires idiots en classe. Après, elle ne la connaissait que d’apparence mais peut être qu’elle s’avérait être une très bonne confidente lorsqu’on la connaissait ?

« - Je vois qui tu es. Il me semble que tu as une petite sœur qui étudie aussi à Poudlard. Moi, c’est Olivia Taylor. Il est en effet étrange de parler de tout cela alors qu’on ne se connaît que de vue mais c’était enrichissant. Je me demande même si on aura droit à un petit mot ou discours là-dessus de la part de Dumbledore. Je pense qu’il serait mieux de mettre ses élèves en confiance et de ne pas leur faire croire qu’il est réellement fou. »

Néanmoins, il était vrai que cette idée était un peu brusque. S'attaquer directement aux élèves pile à la rentrée sur un sujet comme celui-là, ce serait brusquer les plus jeunes élèves et ceux qui croient dur comme fer que Lord Voldemort n'est pas revenu. Mais de toute évidence, il devra bien échanger quelques mots là dessus non ? Quelques sous entendu comme quoi il faudrait faire attention à ce que attend les élèves dehors, s'unir contre l'ennemi... Les bons vieux mots Dumbledoresques, quoi.

Une lueur de curiosité passa vivement dans les yeux de Daphné. Elle aussi devait avoir une grande envie d’écouter le discours de début d’année de Dumbledore. Chaque année, il ne pouvait s’empêcher de dire des choses biscornues mais c’était beaucoup plus passionnant et intéressant lorsque l’heure était grave. Lorsqu’il annonçait le malheur qui était arrivé sur ce monde, il prenait tout le temps un air sévère et il prodiguait de bons conseils même si on le prenait pour un fou. En troisième année, il avait expliqué la présence des Détraqueurs et avait affirmé qu’il ne fallait pas leur laisser faire du mal aux élèves eux-mêmes. La réponse de Daphné remonta l’esprit d’Olivia à deux mois auparavant. Le directeur avait eu le culot de s’opposer à l’avis du Ministère, en effet. Comment pouvait-il avoir une telle confiance en lui ? Il avait beau appartenu à la maison de Gryffondor autrefois, il était incroyable de savoir que son courage et sa volonté égalait sa sagesse et sa force. Il n’avait l’air d’avoir aucun défaut, du moins à première vue. Peut être que finalement il cachait des choses dans son passé, c’était généralement comme cela que l’on enfuyait les éléments que l’on ne pouvait accepter.

« - Je ne peux que être d’accord avec toi. »

Le jour où le Ministre avouera sa faute, il perdra sa place tout simplement et de toute façon, il n’aura plus aucune échappatoire et nier même si la preuve est là serait tout simplement ridicule. Tout le monde s’en apercevrait. La verte et argent détourna le regard et observait le décor assez sombre de ce pub. Pendant un très bref instant, Olivia sentit qu’elle avait très chaud et elle ne savait pas s’il s’agissait d’un effet de sa Bièraubeurre ou si quelqu’un avait jeté un sortilège de chaleur qui faisait office de réchauffage chez les moldus. Une porte claqua et un homme entra dans le Chaudron Baveur

Il avait l’allure de quelqu’un de noble et du genre haut gradé dans son travail vu son uniforme. C’était le genre de chose que possédait son propre père. Lorsqu’elle vit Daphné le saluer, Olivia supposa que cet homme faisait parti de sa famille. La Serpentard confirma ses pensées et ajouta qu’il travaillait au Ministère même si l’ambiance était différente là-bas. Elle finit par lui dire qu’elle devait la laisser. Il est vrai qu’elle avait discuté vraiment longtemps et qu’elles feraient mieux de retrouver toutes les deux l’air fraiche au lieu de rester coincée sous cette chaleur affolante. Pour terminer, l’autre brune lui assura qu’elles se reverraient à Poudlard.

« - Aucun souci. Prends soin de toi et à bientôt. »

Les deux nouvelles amies s’adressèrent un sourire mutuel et l’une quitta les lieux en suivant son père. Ce fut une agréable rencontre, trouva Olivia et elle avait hâte de pouvoir parler de nouveau en sa compagnie. On lui avait dit de se méfier des personnes de cette maison mais finalement, il ne fallait pas trop se fier aux préjugés. Elle contempla la choppe vide de Daphné et analysa de prêt la légère mousse qui restait au fond. Puis, elle vida les dernières gouttes de sa propre boisson et observa les gens qui continuaient de parler. Les sorcières d’à côté continuaient de glousser en lisant leur magasine et le sorcier à la pipe avait disparu de sa table. Pourtant, elle était sûre de ne pas l’avoir vu bouger mais elle pensa qu’il avait du transplaner. Ce n’était pas très poli de partir comme cela alors qu’il ne fallait réaliser que quelques pas pour atteindre la porte. Légèrement fatiguée malgré ce début de journée, elle resta durant trois minutes à mettre ses pensées au clair et à jeter des brefs coup d’œil à côté comme si elle sentait qu’on l’observait. Puis, estimant qu’elle n’avait plus rien à faire ici, elle se leva et parcourut les tables en regardant le sol. Tom le Barman lui espéra de passer une bonne journée et la mignonne lui retourna ce souhait. Puis, se souvenant de la mine joyeuse de la serveuse, elle fouilla dans ses poches à la recherche d'une petite mornille qui aurait pu traîner quelque part dans sa veste. En général, elle laissait un peu d'argent sur elle par simple précaution; si elle était dans l'obligation d'acheter à manger ou de se payer une chambre à cause d'un souci de déplacement. Elle sortit une mornille qu'elle donna à la serveuse comme pourboire.

Puis, la Taylor s’approcha d’une des cheminées qui se situait dans une pièce à côté et y pénétra, sous l’œil curieux d’une vieille sorcière trapue. Elle prit de la poudre de Cheminette et prononça distinctement sa destination désirée. N’ayant rien oublié, elle pouvait donc se permettre de rentrer et d’expliquer à sa mère que sa longue absence lui avait permit de discuter calmement avec une fille de son âge.