La matinée avait, aux yeux de Lux, parut très longue. Depuis l’esclandre qu’elle avait provoqué dans la salle commune, la blonde s’était enfermée dans sa bulle préférant ne parler à personne. Les regards curieux qui avaient assisté à la scène la suivaient dans certains couloirs. La Lumière, comme toujours, avait gardé son sang-froid. Comme toujours ? Non, pas avec Théodore. Il arrivait toujours par je ne sais quel miracle à la foutre en boule. Même là, alors qu’on lui annonçait qu’ils étaient fiancés, donc censé se marier un jour, il montrait ce je-m’en-foutisme qui lui était si propre. Cette attitude si éloignée qui avait le don d’énerver Lux. Le madame Nott n’était vraiment pas passé. Mais ce geste si affectif qu’il avait montré pour conclure leurs échanges avait réussi à faire capituler la Serpentard. Lui, justement si peu démonstratif, avait eu un geste d’affection vis-à-vis et ce devant toute la grande salle. Un geste plein de significations qui avait apaisé la Lumière. Il lui avait assuré qu’il se renseignerait. Peut-être n’était-ce qu’une fabulation de sa mère ? Peut-être avait-elle juste trop respiré de peinture toxique lorsqu’elle avait écrit cette lettre ? Elle avait beau supplier Merlin, Lux restait persuadée qu’aucun miracle ne viendrait lui annoncer une bonne nouvelle.

Le déjeuner venait d’arriver. Lux n’avait rien suivi au cours du matin. Pourtant, le cours de métamorphose était son préféré. Elle avait raté à plusieurs reprises des sortilèges qu’elle réussissait en temps normal. De nombreuses fois, McGonagall l’avait reprise tandis que la blonde n’était qu’à moitié. Cela avait été une catastrophe. Mais comment se concentrer ? Pendant une seconde, elle s’était imaginée fuir son baluchon à la main… Forcément, elle avait évincé l’idée assez rapidement…

Ce qui était certain, c’est qu’elle n’avait absolument pas faim. Se laisser mourir de faim était peut-être une solution ? … Pas la meilleure effectivement. Il fallait qu’elle ait plus de détails. Qu’elle réclame à sa mère des explications ! S’installant dans une salle de classe déserte, la Lumière écrivit une lettre assez sèche à sa mère. Quelles sont ces folies que tu m’apprends pas hiboux ? Père est-il au courant ? Depuis quand as-tu manigancé cela ? Dis-moi que c’était une plaisanterie de mauvais gout… C’est parchemin à la main que Lux se dirigeait vers la volière. Elle ne pouvait pas attendre ce soir. Il fallait qu’elle l’envoie de suite. Elle profita alors de la pause déjeunée pour se faire. Ainsi, elle aurait sûrement une réponse dans la soirée.

Traversant le château de long en large, puis le parc, Lux accéda à la volière. Elle monta tranquillement les marches puis ouvrit la porte. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle tomba sur Lui. Etait-ce vraiment étonnant ? Cela devait le travailler lui aussi après tout… Elle l’aperçu ranger quelque chose rapidement comme s’il tenait à la cacher. Il tenait toujours un parchemin à la main.

« Et oui… me voilà. A croire que le destin cherche réellement à nous unir…»

Elle avait parlé d’une voix douce et pourtant ironique. Elle s’était avancée vers sa chouette qui était venue rapidement voleter autour d’elle. Elle accrocha rapidement le parchemin autour de la patte du volatil.

« Apporte ça à la maison Flocon…»

La bête se faufila à travers une mansarde. Le regard de Lux se tourna alors vers Théo. Il avait l’air nerveux malgré cet air d’impassibilité qu’il affichait.

«As-tu des nouvelles de ton côté ?»

Elle désigna le papier qu’il semblait avoir oublié. La conversation ne dura pas longtemps. Le silence pesant s’était installé entre eux. Seul le bruit des ailes et les hululements des hiboux venaient rythmer la pièce. Détournant le regard, la Serpentard observa la salle. C’était réellement sal comme endroit… Rusard devrait peut-être d’avantage s’occuper de récurer cet endroit plutôt que de courir derrière les élèves… Mettant fin à ce silence insoutenable, Lux reprit la parole. Ils ne pouvaient pas rester ainsi à se regard en chien de faïence…

« Je… suis désolée pour le jus de citrouille. J’espère que tu pardonneras mon impulsivité. »

Il était rare que Lux s’excuse. En fait, elle ne le faisait quasiment jamais. Seulement lorsqu’elle savait qu’elle avait été trop avec les personnes qu’elle chérissait. Elle passa une main dans sa chevelure blonde et remit une mèche derrière son oreille. Ceux qui la connaissait, et seulement eux, savait que ce geste trahissait son anxiété.

« Il faut qu’on parle Théo… Cette… situation. »

A vrai dire, elle ne savait pas quoi dire. Quelque part, elle ne voulait absolument pas subir cela. Elle avait toujours tout fait pour éviter les obligations des sang-purs. Et pourtant… C’était de petites choses. Etre volage, faire la fête, ignorer les injonctions parentales… Mais finalement. Ce n’était rien. Ce n’était pas un mariage à éviter. C’était quand même quelque chose de bien plus énorme. Et le refuser engendrait des conséquences immenses. Quelque part, elle avait toujours eu peur de ça, mais encore plus de se retrouver avec sa famille à dos… Elle soupira. .

« Il n’y a personne ici Théo. Ne joue pas les grand sang-pur avec moi. Laisse tomber le masque rien que cinq minutes qu’on puisse parler sincèrement. Je sais très bien que si ton père t’ordonne de le faire, tu obéiras. N’est-ce pas ?»

Elle se remit à jouer avec ses cheveux.

«Mais en as-tu vraiment envie ? Tu nous vois ? Ce serait presque risible si la situation n’était réelle… Et pourtant, même si j’en ai aucune envie, j’ai peur des représailles que cela peut engendrer…»