Cormac & Tally

« 22 mars 1997»

CRÉDIT - CSS

Le soleil éblouissait le dortoir des filles de toute sa splendeur. Aucun nuage ne se préparait à l’horizon pour venir cacher cette boule de lumière aveuglante, qui commençait à m’insupporter. J’en serais presque venu à dire que la pluie qui tombait à flot le mois dernier, me manquait. Je n’avais plus le loisir, en cours, de contempler les gouttes de pluie glissaient le long de la vitre. Au lieu de cela, je devais supporter ce soleil qui m’empêcher de glisser mon regard vers la vitre, sans être ébloui. Je devais donc trouver de nouveau loisir en cours, et l’idée de le suivre ne m’avait jamais effleuré l’esprit. Au moins, je n’avais pas cours aujourd’hui. Allongé sur mon lit, je parlais avec Lucy qui se trouvait au pied de mon lit à baldaquin. Nos sujets de conversation n’étaient pas très intéressants, mais parlaient nous permettaient d’évacuer nos pensées. Le dortoir des filles était bien calme aujourd’hui. Nous n’étions que deux à y être. Tout le monde se trouvait dans le parc pour savourait la chaleur du soleil. Malgré les protestations de Lucy, j’avais catégoriquement refusé d’exposer ma peau pâle au soleil. J’avais et je comptais bien rester, toujours pâle. Je savais qu’elle n’oserait jamais y aller sans moi, alors qu’elle ne savait même pas où se trouvaient nos autres amis. Se promenait seule ne l’enchantait guère. Sa réputation en prendrait un coup. Jamais, Lucy Cooper n’était seule. Nous parlions donc dans le dortoir des filles. J’évitais la vitre comme s’il s’agissait d’une vipère, contrairement à Lucy qui ne la lâchait pas une seule seconde. Clyde, mon chat, vint se blottir dans mes bras, pour réclamer des caresses. Je m’exécutai, et ce dernier se mit à ronronner de plaisir. Cette journée était ratée, et je savais qu’un jour où l’autre, il faudrait bien que je sorte de notre dortoir. Lucy commençait à désespérer…. Avec un long soupir, je me levais et m’étirai. Je lui demandais ce qu’elle souhaitait faire, avec un petit sourire. Son regard s’illumina, et elle me proposa d’aller chercher un de nos amis. Après, je déciderais si je restais avec eux où revenait dans ma tanière. Nous partîmes donc à la recherche d’un de nos potes qui devaient errer dans le château. Lucy reprit des couleurs lorsqu’elle sortit enfin du dortoir. Son sourire était éblouissant. Ravie d’avoir pu lui faire plaisir, je la suivis sans un mot. Il était tellement facile de la satisfaire. Je le connaissais sur le bout du doigt et savais qu’elle n’aimait pas rester enfermée. C’était aussi mon cas, lorsque ce soleil n’était pas aussi lumineux… Rapidement, nous trouvâmes quelques amis de notre bande. Ils décidèrent tous de sortir dans le parc. Sans un mot, je les suivis. Je ne comptais pas exposer mes peurs devant eux. Lorsque le soleil vint caressait ma peau, un petit tremblement me secoua. Aussi rapidement que je le pus, je les entrainais à l’ombre d’un arbre. Je n’aurais pas cru que cela ferait tant de bien de prendre un peu l’air. Durant une bonne heure, nous rigolâmes, et finalement, je décidais de rentrer dans notre salle commune. Je n’étais pas morte, et avec un sourire triomphant, je quittais l’ombre de l’arbre. Personnellement, je me fichais d’être vue seule. Qu’est-ce que cela changeait ?

J’arrivais rapidement dans la salle commune bien silencieuse en cette fin d’après-midi. Je sortis un devoir et quelques livres de potion que je fixais avec désespoir. Enfin, Lucy l’avait déjà fini sans grand problème. Je ne voyais pas pourquoi ce ne serait pas pareil pour moi. Mon esprit compétitif se déclencha, et je me mis sérieusement dans ce devoir. Je le finis avec la certitude d’avoir mis moins de temps que Lucy pour l'achever… il était impossible de me retirer ma combativité. Dans ce domaine, j’étais insupportable, et je devais bien l’avouer : je ne pouvais pas supporter d’être vaincu. Alors que je relisais mon devoir, la salle se remplissait peu à peu, mais aucune Lucy en vue. Des Gryffondors passaient et re passaient, en provoquant sur leur passage un puissant brouhaha de voix insupportable. Mais, rien ne pouvait me retirer ma motivation. Et maintenant que je l’avais, autant faire tous mes devoirs. Au bout d’une heure, j’avais tout fini, et abordais un sourire triomphant. Mais sincèrement, je ne savais plus trop quoi faire à présent… Je contemplais ma guitare, qui naturellement, se trouvait toujours à mes côtés lorsque je travaillais. Si ma concentration flanchait, je jouais, et elle revenait comme si elle n’était jamais partie. Avant de n’avoir choisi ce que j’allais faire par la suite, quelqu’un s’installa sur le fauteuil où je me trouvais. Je détachais les yeux de ma sublime guitare, pour faire face à celui qui venait de s’installer…

Je regardais le garçon s’installait dans le canapé, sans la moindre gêne. Son visage me disait quelque chose, mais je n’arrivais pas à mettre un nom dessus. Ce qui était certain, c’est qu’il était en septième année. Le détaillant, je déduis qu’il venait de rentrer du stade de Quidditch. Son nom me revint dès que cette information traversa mon esprit. C’était le gardien de l’équipe de Gryffondor : Cormac McLaggen. Cela n’avait jamais été mon style de me souvenir au premier regard des personnes que je ne croisais que très rarement. Il m’arrivait même d’oublier le nom de personne que je croisais très souvent. Je n’avais jamais accroché. Généralement, on se souvenait de moi, et j’évitais de demander –de nouveau- le nom de la personne me faisant face au risque de paraître impoli, et de paraître aussi stupide. Après tout, qui oubliait les prénoms de son binôme en cours qui vous filaient les réponses ou de celui avec qui tu passais ta retenu durant trois heures ? Seulement, moi. Enfin, ce n’était qu’un détail futile, après tout… Il me lança un regard et sembla me reconnaitre immédiatement. Comment faisait-il ? Surtout qu’à mes vagues souvenirs, il fréquentait bon nombre de filles…

Tout en parlant, il se pencha vers moi en fronçant le nez, suspicieux. Je frémis au mot « engin bizarre », et me retins de lui lançait un regard outré. Je ne supportais pas particulièrement qu’on traite ma guitare ainsi. Mais, après tout, tout le monde n’était pas né moldu. Si j’avais été de sang pur comme Cormac, j’aurais réagi pareil à la vue de cet objet. Je savais que même s’il n’était pas Serpentard, ils ne les aimaient pas particulièrement. Que ce soit les moldus ou leurs objets. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour déduire qu’il s’agissait d’un objet moldu. Généralement, tout le monde avait déjà aperçu une guitare dans sa vie…


Alors que je m’apprêtais à le rendre moins stupide en lui révélant le nom de cet « engin bizarre », il me coupa.


Ah, je n’aurais pas besoin de lui expliquer de quoi il s’agissait. Il s’en était souvenu tout seul. Donc, mon hypothèse était juste : tout le monde avait déjà aperçu une guitare dans sa vie. Mais personnellement, je n’avais pas la moindre idée de qui était Styx. Cette fois-ci, j’avais le nom, mais pas le visage sur lequel le posait. J’étais vraiment un cas désespéré… Le groupe des Bizarr’s Sister était pour le moins, très connu dans le monde des sorciers, et effectivement, le chanteur possédait une guitare. Je connaissais sur le bout du doigt la partition qu’il avait jouée au bal de Noël, il y a de cela deux ans, lors de la coupe des Trois sorciers. C’était bien le seul groupe chez les sorciers que je connaissais. Ou plutôt : je ne m’étais jamais intéressé aux autres qui pouvaient exister. Je tenais plus aux bonnes vieilles musiques moldu, toutes stockés dans un coin de ma tête. Je ne me souvenais jamais des noms, mais alors, je ne risquais jamais d’oublier une seule des partitions que j’avais appris à jouer. Lucy n’avait jamais compris ma passion pour la guitare, et ne manquait pas un instant pour me le faire remarquer. Néanmoins, elle ne pouvait quitter la pièce lorsque je me mettais à jouer, et me réclamer encore et toujours de jouer un nouveau morceau. Et, à chaque fois, j’étais ravie de lui faire plaisir.


Je lui lançais un éblouissant sourire. Ce n’était pas le public qui me dérangeait, comme était perturbé certains grands guitaristes. Même si un boucan fou régnait dans la salle ou que des centaines de personnes m’écoutaient, je jouais sans réfléchir. Une passion était une passion, et c’était stupide de ne pas vouloir la partager. De plus, l’intérêt que Cormac portait à cette même passion me faisait plaisir. Ce n’était pas tous les jours qu’un sang pur s’ouvrait au monde des moldus. Sans hésiter, je positionnais ma guitare sur mes jambes, et fermais les yeux. J’avais besoin de concentration. Je partis chercher au tréfonds de ma mémoire le morceau en question, et l’y extirper rapidement. Je l’avais joué des centaines de fois, sans m’en lasser. Dommage que je ne m’étais jamais intéressé au chant, j’aurais particulièrement apprécié de chanter et jouer en même temps ce morceau-ci. Mais, ma voix était douce et mélodieuse, et ne correspondait donc pas au critère de la chanson des Bizzar's Sisters. Sans hésitation, mes doigts commencèrent à se déplacer sur les cordes. J’avais le morceau dans les doigts à présent. Je me sentais libre. Si libre… Tout ce qui m’entourait avait disparu, ainsi que Cormac. Je me fichais qu’il aime ou non. Tout ce qui importait était de continuer à me laisser envahir par cette sensation de bien-être. De continuer à déplacer mes doigts sur les cordes. De finir le morceau. Je n’entendais plus que le son fabuleux de ma guitare. J’aurais dû jouer bien plus tôt dans la journée ! Cette sensation était exceptionnelle ! Dès qu’elle parcourait mon corps, je m’en étonnais. Encore et toujours. Depuis que j’avais tenu une guitare entre mes mains. Jouer d’un autre instrument ne m’étais jamais venu à l’esprit. Si je n’avais jamais été une sorcière et que ma vie aurait été au sein des moldus, j’en aurais fait mon métier. J’aurais composé. Mais, avec les cours et les BUSES qui approchaient, je n’en avais pas le temps. Je n’aimais pas suivre les cours, mais je veillais à le comprendre et à le retenir. Grâce à la guitare, soit dites en passant. Lorsque le morceau s’acheva, j’ouvris les yeux, et je revins brusquement à la réalité. Le brouhaha lointain des voix derrière mon dos devint plus présent, et Cormac apparut dans mon champ de vision. Je voulais recommencer à jouer. Je voulais replonger dans mon monde où j’étais la seule à m’y rendre. Mais, ce serait plutôt impoli de ne pas demander l’avis de Cormac .

Lorsque le son de la mélodie se tut, Cormac applaudit avec enthousiasme. Ravie, elle se permit de sourire. Ses applaudissements traduisaient ce qu’il pensait, mais rien ne valait mieux qu’un avis oral. Elle lui demanda donc ce qu’il en pensait. Il est vrai que par moments, il y avait eu quelques petits défauts, mais seul quelqu’un s’y connaissant au minimum en guitare pouvait les déceler. Généralement, les artistes faisaient une grimace lorsqu’ils jouaient une mauvaise note, mais personnellement, je n’y prêtais pas attention et continuait la mélodie sans m’y attarder. Si l’on s’arrêtait dès qu’une mauvaise note s’entendait, le charme était totalement rompu et celui qui écouté n’éprouvait plus aucun plaisir. D’ailleurs, celui qui jouait aussi. C’était toujours une satisfaction d’entendre la guitare sortir un si beau son, grâce à ses propres performances. Finalement, Cormac semblait s’y connaitre malgré le fait qu’il avait mis quelques minutes à se souvenir du nom de l’instrument. Pour moi, oublier le nom de l’instrument était l’équivalent de l’oubli de mon propre prénom. Ma passion pour la guitare correspondait à la passion de Cormac pour le Quidditch. Lorsque je jouais, je pénétrais dans le même monde fabuleux que lui, lorsqu’il volait. Deux passions différentes, et pourtant un même univers.

Il avait donc repéré ma faiblesse : mes La mineurs. J’avais toujours bloqué dessus, mais, cela se travaillait. Enfin, avec les BUSES qui arrivaient, je ne risquais pas de pouvoir m’entrainer comme à mon habitude : 1 à 2 heures le soir. Le nom de Styx était revenu, mais je ne savais toujours pas de qui il s’agissait. Enfin, apparemment, il semblait apprécier la guitare et ses variantes. Un point commun bien gros. Si je me souvenais bien, Cormac était en septième année, donc, il avait raté ses ASPICs ? Parce qu’à première vue, il ne semblait pas en avoir une en poche. Il contemplait ma guitare d’un air rêveur. Je faisais toujours de même, mais je n’avais pas besoin de la regarder pour rêver. Je la connaissais par cœur. Autant son apparence que le son qu’elle produisait. C’était une vraie perle rare achetée avec mon argent personnel. Enfin, je ne pouvais pas dire que j’étais à court de Galion. Il y en avait la preuve en entrant dans ma chambre moldu où se trouvaient bon nombre de guitares dont quelques-unes électriques. Celle qui se trouvait dans ma main était celle que j’utilisais le plus ces derniers temps, mais, je n’insinuais pas que c’était la meilleure. Chaque guitare m’appartenant était une perle, qui mériterait d’être exposé dans un musée.


Comme à chaque fois qu’on me donnait un nom, je voulais savoir de qui il s’agissait. Ma curiosité était déclenchée. De plus, s’il aimait la guitare, ce ne pouvait être qu’une personne intéressante. Je tournais la tête vers Cormac qui contemplait toujours ma guitare d’un air rêveur. Je lus comme dans un livre ouvert en lui, et sus ce qu’il allait me demander à l’instant où ces lèvres se mirent à bouger…


Il me lança un sourire charmeur qui ne quittait jamais ses lèvres, d’ordinaire. Ce gars avait dû attirer dans ses filets des centaines de filles différentes grâce à ce même sourire, et en cet instant, j’étais censé lui donner ce qu’il voulait. Je ne comptais pas créer des embrouilles, mais si j’acceptais, ce sourire n’y serait strictement pour rien. Personne n’avait de plus beau sourire que ma guitare. Et, c’était cette dernière que j’étais censée lui prêter. Je ne comptais pas jouer les égoïstes pour autant, et savais qu’il y prendrait soin. Je le lisais dans son regard. Et puis, j’avais bien envie d’entendre le morceau moldu que Styx lui avait appris, histoire de voir si je le connaissais. Avec un sourire, je lui tendis mon bien le plus précieux tout en parlant :