Oui, Dumbledore était un parfait suspect de par son humour tordu et ses idées bizarres. Cela n’empêche que cela restait bien cocasse de sa part et prouvait qu’il avait alors encore une marque enfantine dans sa sagesse dite infinie. Après, restait-il à savoir où trouver cette preuve irréfutable parce que juger un acte selon le caractère d’une personne bien particulière restait un préjugé et les préjugés n’apportaient pas forcément l’éclairage aux lanternes. Owen donna alors son avis quant à la proposition de la jeune fille et semblait avoir trouvé la faille qui allait les empêcher de bien avancer en interrogeant les autres victimes. Il n’avait pas confiance aux réponses que ces élèves pouvaient apporter, comme si chacun ferait en sorte d’élucider le mystère en premier. Une telle envie de compétition se lisait bien dans les yeux du Serpentard mais pas dans ceux de Olivia. Des sentiments de compétitivités ou de rivalité, elle en voyait tous les jours en cours, alors que les bons élèves s’affrontaient au niveau des notes ou au niveau de la qualité des devoirs mais jamais elle n’avait voulu y prendre part. C’était tout à fait inutile pour elle qui se concentrait uniquement sur ce qu’elle faisait et non pas sur les faits des autres. Oui, c’était assez égoïste mais avantageux lorsque cette indifférence vous permettez de ne pas vous fier aux avis des autres. Par ailleurs, il parlait de rumeurs que tout cela pouvait engendré sur eux. Ces rumeurs, elle s’en fichait pas mal puisqu’elle avait l’habitude de négliger la plupart des piques que l’on se lançait.

Néanmoins, cela restait quand même désagréable et elle dut s’avouer qu’elle préférait ne pas empirer les choses. D’une part, parce que tout le monde avait ses limites et la Serdaigle avait déjà eu l’occasion de connaître les siennes à Fleury et Botts… en compagnie de ce cher Owen. Rien qu’à cause de lui, elle s’était laissée allée dans son jeu serpentardesque qu’elle aurait pu tout simplement ignorer. Bref, elle ne répondit rien à cette réponse, jugeant qu’il était temps de passer à des choses plus sérieuses qu’à une histoire de réputation détruite par des rumeurs. Ce soir-là, l’enquête devait être au milieu de tout esprit victime de ces lettres et Olivia avait maintenant en tête l’idée d’aller dénicher des informations à des acteurs extérieurs susceptibles d’en savoir plus. Quant au fait que les profs aient quitté le diners alors que des elfes auraient pu s’occuper du reste de la farce sagement, il pouvait s’agir d’une erreur de ces adultes qui voulaient vérifier eux-mêmes que tout était en place par manque de confiance envers les elfes ou parce qu’il y avait eut un problème ou encore pour mettre en œuvre une autre phase de leur farce. Mais cette dernière idée effrayait un peu la demoiselle qui se demandait jusqu’où tout cela irait. Peut être que les lettres n’étaient qu’une introduction, un appât pour mener ces élèves naïfs jusqu’au cœur de la blague ? C’était pire que humoristique. Elle comptait lui faire part de cette hypothèse mais lorsqu’elle leva de nouveau les yeux vers lui, l’impitoyable ne la laissa pas commencer sa phrase et poursuivit directement, retrouvant son côté illuminé de toute à l’heure. Cela était irritant de sa part d’autant plus qu’il venait de le faire plus de deux fois à la suite.

Fronçant légèrement les sourcils, Olivia pensa le lui en toucher deux mots puisqu’elle ne pensait pas pouvoir supporter cela toute la nuit. Il conseilla de se dépêcher de se rendre aux Cuisines avant que le temps ne passe vite et sans même demander l’avis de la bleue et bronze, il s’engagea dans une marche rapide vers l’escalier en colimaçon qui formait la tour d’Astronomie. A ses trousses, la brune dut courir pour le rattraper tout en pestant contre le fait que sa vitesse était limitée par le port de sa jupe. D’ailleurs, quelle idée d’avoir cru à cette mascarade et d’avoir prit la peine de porter quelque chose qui avait finit par l’handicaper.

« - Owen, ça te dérangerait pas de ralentir un peu ?!, s’exclama t-elle sur un ton plus haussé qui la sortait étrangement de son air calme et rêveur habituel. Par moment, tu ne me laisses même pas analyser oralement tes explications et tu t’en vas comme si la partie la plus intéressante de l’histoire ne concernait que toi ! »


Mais elle avait beau continué à montrer sa contrariété, il ne semblait pas ralentir pour autant. Elle connaissait certains Serpentard comme étant têtus et plutôt solitaires mais sa nature pacifique et optimiste l’avait poussée à croire que tous n’étaient pas forcément comme ça. Bon, quand il s’agissait de Matt Owen, on pouvait tout de suite se faire une idée du genre de personne qu’il était mais les gens comme lui aiment tellement se montrer désagréables qu’ils donnent l’impression d’être pourris de l’intérieur alors que finalement, ils cachent bien des choses intéressantes. Descendre les escaliers ne fut pas une partie de plaisir pour la demoiselle même si elle ne portait pas de talons. Pour descendre jusqu’aux cuisines, il fallait marcher pendant longtemps et emprunter une bonne quantité d’escaliers. La noirceur du soir s’était renforcée et la lumière projetée par les chandeliers se faisait plus fortes dans les couloirs. Toujours en gardant une longueur d’avance sur Olivia, Owen attirait quelques regards apeurés de quelques groupes d’élèves qui le regardaient s’avancer avec une grande détermination. Enfin, quand ils gagnèrent le rez-de-chaussée, elle tourna légèrement la tête vers l’ouverture de la Grande Salle et découvrit un nombre plus restreint d’élèves qui bavardaient encore autour de leur dessert. Ce fut à partir de là que la discrétion dut se faire afin de ne pas alerter les autres. Techniquement, il n’était pas bien vu que les élèves se rendent dans les cuisines mais durant une soirée, ce n’était même pas pardonnable. La plupart du temps, on piquait de la nourriture au plus grand malheur des elfes qui dénonçaient ces actes malsains à Dumbledore. Néanmoins, les deux enquêteurs avaient une bonne raison de venir là et tant pis si le directeur finissait par apprendre leur intrusion ; les professeurs n’avaient pas à leur faire ce genre de blagues. Pénétrant dans l’antre des cuisines, Olivia s’agrippa à un meuble pour ne pas succomber à la fatigue de ses jambes. Cette course folle l’avait épuisée mais son « partenaire » parut mieux tenir qu’elle. Quand il ne s’agissait pas de Quidditch, la belle avait moins d’endurance. Quoi qu’il en soit, elle renonça rapidement à l’idée de se reposer un peu lorsqu’elle vit une dizaine de yeux globuleux se tourner vers elle. Cette dernière s’avança aux côtés de Owen et les observaient curieusement.

« - Euh… Bonsoir, lança t-elle sans trop être à l’aise devant ces multiples paires de yeux, excusez-nous mais nous sommes venus pour vous demander quelque chose. »

Un des elfes qui veillait à ce que sa magie nettoie une assiette remplie de chocolat quitta son activité pour se diriger vers les deux sorciers. Il était tout aussi petit que ses compères et pourtant, il arborait une expression méfiante et assez autoritaire qui en disait tout sur le fait qu’ils n’étaient pas les bienvenus.

« - Qu’est-ce qui vous mène ici ? L’accès est interdit aux élèves ! »

L’elfe n’avait pas froid aux yeux et on voyait qu’il n’avait pas peur de ces deux jeunes gens. Il était sans doute habitué à voir passer des élèves et à leur gronder dessus. Quoi qu’il en soit, cette réponse ne fut pas vraiment au goût de Owen qui répliqua presque aussitôt avec sévérité. En l’entendant donner un ordre à cette créature, Olivia craignit qu’une baston verbale ne commence alors qu’il valait certainement mieux ne pas les énerver si on souhaitait obtenir ce qu’on voulait. Ce n’était sûrement pas elle qui irait les contrarier de cette façon, elle qui n’avait jamais eu l’habitude de lever le ton sur des elfes de maison. Elle avait souvent vu sa grand-mère du côté paternel gueuler sur son propre elfe lorsqu’il n’accomplissait pas sa tâche comme elle l’entendait mais jamais la Serdaigle ne lui avait adressé la parole. D’ailleurs, de quoi pouvait-on bien discuter avec eux ? Leurs intérêts et ceux des sorciers divergeaient vraiment. Et puis, ce n’était pas après avoir vu leurs regards emplis de méfiance qu’elle irait leur rendre visite dès demain.

Laissant le Serpentard continuer de vanter son statut, ce qui n’était pas étonnant, elle espérait en profiter pour y déceler ne serait-ce qu’un petit indice pouvant les aider à avancer dans cette intrigue. Il y avait bien sur peu de chances que ces créatures ne veuillent bien répondre à leurs questions s’ils étaient les coupables de cette supercherie mais qui ne tente rien n’a rien. Si Dumbledore n’était pas lié à cette histoire, les elfes auraient pris peur face à la menace du garçon et auraient sans doute du avouer des informations. Toutefois, ce n’était pas le cas donc les soupçons qu’Olivia avait envers le directeur de l’école se renforcèrent profondément. Cette dernière n’aimait pas spécialement l’idée d’accuser ce grand homme qui s’occupait si bien de Poudlard mais elle ne voyait pas d’autres coupables. Aussi, on pouvait dire qu’ils ne possédaient pas de vraies preuves réelles à part la possibilité que les elfes soient complices. Mais cela, on n’en avait aucune preuve non plus bien que cela paraisse si évident. C’était exactement comme en justice ; parfois, la culpabilité d’une personne semble tellement évidente que n’importe qui l’enverrait en prison mais par manque de preuves irréfutables, on préférait le libérer. Seulement, Dumbledore était la seule piste qu’ils avaient et s’ils commençaient à partir sur une autre base, moins sûre, l’affaire mettrait bien plus de temps à se résoudre. De toute façon, si le vieux était innocent, ils pourraient le barrer de la liste des suspects et épier les autres professeurs. Sous l’ordre impérial de l’elfe qui s’adressait aux deux adolescents, les autres se retirèrent et retrouvèrent leurs activités cuisinières.

Olivia les regardait se tenir debout sur tes tabourets pour ranger de la nourriture dans des placards. Dans l’un d’eux, de multiples paquets de bonbons semblaient déborder et la vue de toutes ces friandises attirait grandement l’attention de la jeune fille. Les bonbons étaient son péché mignon et elle en avait toujours sur soi… sauf ce soir. Sur le coup, ses yeux ronds exprimaient une réelle envie de manger ces bonbons exquis. D’un seul coup, elle quitta son inexpressivité et afficha des traits enfantins… une enfantinerie qui la submergeait à travers ces bonbons. Mais elle se ressaisit rapidement lorsqu’elle entendit de nouveau la voix du vert et argent s’élever et briser le calme. L’elfe avait bien reconnu les lettres mais l’air qu’il arborait n’en disait pas plus que cela. En tout cas, lui et ses petits amis avaient eut un rôle dans cette histoire, en tant qu’intermédiaire entre les lettres et les destinataires. Après qu’il leur ait demandé de repartir avec ce même ton sec, Owen reprit les lettres avec assurance, sûrement impatient de passer à l’étape suivante. Olivia l’observa d’un air rêveur avant de prendre la parole :

« - Bon et bien, il ne nous reste plus qu’à aller voir directement Dumbledore. Soit, il est coupable et l’affaire est réglée ou alors quelqu’un d’autre a agi dans l’ombre… ce qui m’étonnerait. Allons-y. »

Cette fois-ci, ce fut elle qui emprunta le chemin de la sortie en premier avec la nette intention d’en finir avec cela. Bon, elle dut s’avouer que ces expéditions, même fatigantes, lui avaient procuré un certain plaisir qui lui avait permit d’exploiter sa curiosité naturelle. Mais, cela aurait été mieux si cela s’était produit en compagnie d’un de ses amis plutôt qu’un jeune homme avec qui elle ne s’entendait pas habituellement. Remarque, elle avait découvert certaines facettes chez lui, ce soir, et il n’avait peut être pas si mauvais fond contrairement à ce qu’il montrait. D’ailleurs, elle se demanda comment il se comportait envers ses amis… ses vrais amis, pas ceux qui se croient être ses amis. Mystère. Doucement, elle remonta les marches qui menaient jusqu’à la partie centrale du château, où les nombreux escaliers ne cessaient de bouger pour passer d’un étage à l’autre.

Dans la hâte d’arriver au bureau du directeur, la motivation qui entourait Olivia la poussa à se déplacer plus vite, sans s’en faire pour le port de sa jupe. Certes, Owen la dépassait toujours mais il semblerait que la distance qui les séparait était moins sensible que toute à l’heure. Aussi, quand l’un se dirigeait vers un couloir plus long, l’autre se rappelait d’un raccourci qu’il avait sûrement emprunté quelques mois auparavant et guidait le duo avant que la situation ne s’inverse. Quoi qu’il en soit, il leur fallu moins de temps que prévu pour parvenir jusqu’à leur destination finale. Le fait que le couvre feu ait été dépassé expliqua l’absence de tout élève dans les couloirs et la plupart des bougies s’étaient éteintes. Olivia dut compter sur la baguette de Owen pour mieux percevoir les contours des objets à l’aide de son Lumos. C’était à ce moment-là qu’elle se maudit de ne pas avoir pris ses précautions lors de ce prétendu rendez-vous. Sans sa brindille, elle se sentait désarmée et comme en position d’infériorité face au garçon. Elle ne dit rien et s’en fichait un peu mais elle ne pouvait se cacher que la situation ne lui plaisait pas vraiment. Arrivé à l’un des étages les plus hauts de Poudlard, ils ralentirent leur course avant de contempler la grande gargouille qui leur faisait face.

« - Mince… j’aurais dû y penser plus tôt. Est-ce que par hasard, tu aurais eu écho du mot de passe ? » demanda t-elle en l’observant d’un air dubitatif.