Après une nouvelle journée de travail, Dolores termina sa dernière heure après le déjeuner et elle entreprit rapidement de corriger les premières copies rendues aujourd’hui même par les deuxièmes années. Décidément, les anciens professeurs avaient exercé une grande influence et il était de son devoir de les ramener sur le droit chemin de la théorie magique. De toute évidence, la baguette n’était pas le moyen approprié pour mettre un terme à la guerre. La violence ne mène que à la perte après tout alors que la parole conduit à une entente pacifique. Mais alors qu’elle corrigeait les dissertations sur la créature du lutin de cornouailles et des moyens de défense contre celui-ci, elle entendit trois coups frapper à sa porte en bois de cerisier. Interrompue dans son mouvement de plume, elle redressa lentement la tête en direction de la source du bruit et attendit quelques secondes avant d’autoriser l’inconnu à pénétrer sur la moquette rose. Un jeune élève de Serpentard poussa la porte et s’immobilisa devant elle. Il possédait une certaine fierté dans sa démarche et derrière ses mèches blondes se cachaient des yeux d’un bleu étincelant. Il était le genre de personne issue de famille noble et qui respectait depuis tout petit des grandes traditions de sorciers. Sourire aux lèvres, Ombrage lui demanda l’objet de sa visite alors qu’il devait sûrement être en cours.

« - Bonjour Professeur Ombrage. Je tiens à vous dire que je soutiens votre idée d’améliorer l’éducation. Et pour cela, je me suis dis qu’il était dans mon devoir de véritable élève de dénoncer n’importe quelle activité illicite, qui puisse entacher cette école. »

Le sourire du crapaud s’agrandit ; finalement, il y avait des enfants modèles tapis derrière les rebelles qui osaient sortir leur langue à tout bout de champ. Parmi ces sauvages, il fallait distinguer les vrais sorciers, ceux qui respecteraient toujours le règlement a la lettre et qui ne remettrait jamais en cause les décisions de la société. Si ce garçon continuerait de se conformer à ce genre de choses et à vouloir aider la communauté ainsi, il irait très loin dans la hiérarchie.

« - Vous m’en voyez ravie, monsieur… Andrew, c’est cela ? Le fait que vous vous soyez rallié à ma cause, et conventionnellement, à celle du ministère me conforte dans l’idée qu’il n’y a pas forcément que des éléments perturbateurs dans ce château. Si vous voulez bien, j’aimerais que vous me racontiez ce que vous avez aperçu. Oh et ; voulez-vous une tasse de thé ? »

Le jeune garçon ne put refuser cette offre, par politesse. Il prit place sur une petite table à la nappe rose et attendit avec sourire que l’enseignante ne lui serve son thé. Elle remplit sa propre tasse au passage et posa délicatement ses doigts boudinés sur le bord de son bureau si bien rangé. Les plumes formaient plusieurs rangées parallèles et les copies empilées montaient soigneusement de plusieurs centimètres au dessus de la table. Posés sur le côté, Dolores disposait d’un assez grand espace pour y poser sa tasse de thé. Elle prit une gorgée de son thé et rajouta un peu de sucre pour lui offrir une meilleure saveur. Après que monsieur Andrew ait bu sa première gorgée, il se lança dans son récit.

« - Voilà ce que j’ai à vous dire, professeur Ombrage. Après que je me sois rendu à mon premier cours de cet après-midi, je suis sorti près du lac pour terminer un devoir de soin aux créatures magiques. J’ai vu un Serdaigle sortir du château et par simple curiosité je l’ai suivi jusqu’à la cabane du garde chasse de l’école. Figurez-vous qu’il est entré dans la forêt interdite sans la moindre hésitation et je doute qu’une telle excursion ne peut se faire sans une raison lugubre. Seulement… et bien voilà… J’espère que vous n’en voudrez pas à Daphné Greengrass, c’est une camarade sérieuse et je sais qu’elle ne se serait jamais rendue là-bas si on ne l’avait pas forcée à le faire. Je suis certain que ce Serdaigle la obligée à venir et…je crains qu’il ne veuille accomplir un méfait… sur elle. Je m’inquiète pour elle donc je viens quémander votre aide à vous, madame Ombrage. Vous êtes la seule à pouvoir faire quoi que ce soit dans ce genre de situation. »

En vérité, les hésitations du jeune homme signalait une difficulté à masquer le mensonge mais Dolores identifia ce comportement comme celui d’une personne bouleversée par ce qui arriverait à sa camarade. Afin de montrer sa compassion à cet adepte du règlement, la rose bonbon afficha un sourire triste. Bien sur, elle ferait de son possible pour ramener Greengrass en sécurité et pour punir le coupable de cette interdiction. Beaucoup trop d’enfants négligeaient le danger et se laissaient avoir par de stupides pulsions d’aventuriers. Assez agacée par ce comportement de rebelle, Dolores comptait bien montrer à ce Serdaigle que l’intelligence n’était pas une qualité qui pouvait lui permettre de jouer les Gryffondor n’importe quand.

« - Je vous remercie de m’avoir révélé tout cela. Je puis vous assurer que miss Greengrass sera bientôt de retour et qu’elle ne recevra aucune correction, contrairement à ce Serdaigle. Vous pouvez disposer, monsieur Andrew, et sachez que votre témoignage sera récompensé. »

Elle laissa au blondinet le temps de finir sa tasse de thé puis elle le raccompagna jusqu’à la porte de son bureau. Dès qu’il fut en bas de l’escalier, la sorcière au cardigan rose débarrassa la petite table de la tasse puis elle s’empressa de se vêtir de son beau manteau indigo. Après avoir quitté son bureau et sa salle de classe, elle referma les portes d’un coup de baguette et se dirigea précipitamment vers le bureau de Rusard. L’idée de se rendre seule à la forêt interdite relevait du suicide et toute seule, sa baguette ne lui serait pas utile contre une centaine d’hybrides répugnants. Comment pouvait-on garder ce genre de racailles dans une forêt à proximité de Poudlard ? Vraiment, le ministère devrait bientôt s’en charger et limiter encore plus les territoires de ces bestioles dégoûtantes. D’une allure hautaine et droite, Dolores frappa à la porte de la conciergerie et elle fut admirablement accueillit par un Rusard s’inclinant devant elle. Il lui demanda alors si tout allait bien et elle fit apparaître ses dents en un sourire vicieux lorsqu’elle lui raconta tout ce qu’elle avait entendu du jeune Serpentard.

« - … vous pouvez donc comprendre que je ne peux laisser ce genre d’excursion se produire alors que cela concerne la sécurité des étudiants. Je suis ici pour faire régner l’ordre et ce type de conduite nuit à mon objectif primaire. Votre aide me sera donc indispensable, monsieur Rusard. »

« - J’comprends parfaitement, madame Ombrage. Et j’ai bien l’intention de montrer à ce sale bonhomme que le règlement n’est pas fait pour les chiens. »

Le sourire de Dolores s’élargit et elle se laissa guider par Rusard jusqu’à la porte d’entrée. A leur passage, les élèves s’écartèrent et se rendirent compte qu’un évènement s’était produit. Jamais Ombrage ne sortait s’il n’y avait pas un problème à régler. Certains d’entre eux murmuraient des suppositions à voix basses et d’autres se contentaient de rester sous le mutisme. Une fois éloignés en direction de la cabane de Hagrid, les adolescents reprirent de plus belle leurs conversations.

Plus ils avançaient dans la forêt et plus Dolores frissonnaient de mal aise mais la présence de Rusard, habitué de cet endroit, la rassurait un peu. Elle restait derrière lui en retrait, en observant tout autour d’elle comme à la recherche d’une bestiole sauvage et maléfique. Quelques fois, elle sursautait lorsque des feuilles orangées tombaient des arbres pour se poser sur son beau manteau rosé. Au bout de trois minutes, ils parvinrent à trouver les deux élèves nichés dans un drôle d’endroit. Le fait de les apercevoir de si près lui redonna confiance en elle et c’est dans une nouvelle démarche pleine d’arrogance que la Sous Secrétaire d’état s’avança vers eux.

« - Et bien, monsieur Summers. Quelle surprise de vous voir dans un lieu aussi étrange et interdit. D’ailleurs, que n’avez-vous pas compris dans le nom de « Forêt Interdite » ? Il me semble que tout est clair dans cette expression. Votre capacité de compréhension me laisse perplexe quant à votre place dans votre maison, dont la vertu est le caractère pondéré et muni d’intelligence. Dix points en moins pour Serdaigle. »

Elle se tourna ensuite vers la jeune fille au blason de Salazar Serpentard et lui adressa un adorable sourire.

« - Quant à vous, miss Greengrass, ne vous inquiétez pas. Vous êtes désormais en sécurité et vous pouvez retourner au château. »