Ses deux parents sont des sorciers, on peut donc dire qu'il est sang-pur. En tout cas il l'est assez pour pouvoir rejoindre le rang des mangemorts, si on peut dire ainsi. Ils sont tous les deux vivants mais n'ont plus aucun contact avec lui depuis le drame qu'il a vécu. Il en va de même avec la famille de sa femme qui semble le tenir pour responsable de ce qui s'est passé.
Lawrence a été marié avec Sasha Thompson, une ancienne Serdaigle qui faisait carrière en tant que médicomage. C'était une femme particulièrement douée et appréciée de ses collègues. Elle est morte lors d'une attaque sur Lawrence visant à se venger de lui. Elle avait eu avec Law une petite fille du nom de Aurore, qui a disparu. Celle-ci montrait des prédispositions à la magie assez marqués. Elle est peut-être encore en vie quelque part, et se trouve peut-être même à Poudlard, mais le dossier ayant été clos à l'arrestation de l'homme l'ayant enlevé, Lawrence n'a aucun moyen de le savoir.

Tu regardes une photo. Cette photo. Cette photo de toi et ta femme, assis côté à côté. Tu caresses le verre du cadre alors qu'elle te sourit, et tu enlèves ensuite ta main pour voir la petite fille de six ans qui te fait coucou, souriante, alors qu'il lui manque une dent qui est tombée peu de temps avant la prise de la photo. Tu prends une longue inspiration, tu retiens ton souffle un instant alors qu'une larme vient s'écraser sur la photo. Ton visage est crispé, tu sers la mâchoire pour ne pas laisser les larmes l'envahir, et finalement tu cèdes, tes épaules secoués par tes sanglots alors qu'un rayon de lune vient t'éclairer. C'est la première pleine lune depuis l'attaque, depuis un mois. Le cadre tombe, son verre se brise à cause de la chute, alors que tu commences à te contorsionner dans tous les sens, te pliant en deux de douleur. On t'avais prévenu, que la première fois serait douloureuse, mais tu n'imaginais pas que ce serait à ce point. Et finalement, ton hurlement déchirent la nuit. Un hurlement horrible, empli de peine, de douleur, de rage... Un hurlement inhumain, un hurlement de loup-garou.

Lawrence est né dans les environs de Glasgow, de deux parents sorciers. Ils n'étaient pas à proprement parlé des sang-purs, ayant des arrières grands parents moldus, mais il restait toujours plus pur qu'un né-moldu. Il grandit en apprenant à connaître le monde sorcier, en sachant qu'il serait probablement lui aussi un sorcier un jour. Son enfance fut plutôt banale en soit. Il ne grandit pas dans la haine des moldus, ni dans la violence ou quoi, en fait. Il fut un enfant aimé, prompt à faire des bêtises, ayant ses rêves, comme celui de devenir un jour Auror ou bien joueur de Quidditch professionnel. D'ailleurs, déjà tout gamin il se montrait plutôt doué sur un balais, malgré quelques chutes assez mémorables, mais plus pour ses parents que lui. C'était un enfant plutôt ouvert, qui allait facilement vers les autres d'ailleurs. Il se montrait peu manipulateur, mais avait des ambitions, des objectifs, et s'y tenait. Il était d'ailleurs près à tout pour les atteindre, et autant vous dire qu'il s'est battu plus d'une fois avec des gosses du quartier à cause de ça. A cet âge, il était déjà du genre à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Ses parents avaient décidés de l'envoyer à l'école moldue, pour lui apprendre la tolérance envers eux, lui montrer qu'ils connaissaient aussi des choses. Ils lui avaient fait promettre qu'il ne parlerait pas des sorciers ou des choses en rapport à la magie, et tout se passait bien. Le petit avait des amis, et aussi des ennemis en un sens, des gosses qu'il n'aimait pas et qui ne l'aimaient pas. Il avait donc tout d'un gamin ordinaire. Sauf qu'il ne l'était pas vraiment.

Tes souvenirs sont flous, pourtant, l'un d'eux te saute à l'esprit. C'est un de ceux qu'on oublie pas, comme bien d'autres.
Tu rentrais de l'école moldue en vélo. La journée avait été tranquille, les cours terriblement ennuyeux. Tu n'aimais déjà pas les cours, en dehors de l'éducation physique. Tu trouvais tout ce qui était intellectuel tellement ennuyant... A ton âge, ce n'était pas encore bien dérangeant, après tout, tu étais doué. Pas travailleur pour deux sous, mais doué. Mais pour le moment, ça t'importait peu, tu traçais ta route pour rentrer chez toi, dans le lotissement où vivait tes parents. Heureusement que tu allais régulièrement chez papy et mamie pour pouvoir profiter des avantages du monde magique plus facilement. Tu arrivais finalement à une intersection, et c'était à ce moment là qu'ils apparurent. Jordan et sa bande d'idiot. Ils étaient cinq, c'était les gros bras de l'école, et toi tu leur tenais tête régulièrement. Aujourd'hui encore tu avais protégé un de tes camarades d'eux. Et si dans l'école ils n'avaient pas pu faire grand chose, une fois sortis, ça allait être ta fête. Et seul contre eux, tu avais conscience de ne pas faire le poids et qu'il valait mieux fuir. Tu te mettais en danseuse pour accélérer un coup avant de te rasseoir et de choisir une position plus aérodynamique. Tu avais beau être un sorcier, ça ne te sauverait pas la peau puisque tu devais garder ça secret, aussi fier sois-tu de ta condition. Tu pédalais aussi vite que tu pouvais, mais ils gagnaient du terrain. Alors tu pensais à un plan pour t'en sortir. Peut-être qu'en passant par le terrain vague, tu pourrais fuir.
Tu connaissais assez bien l'endroit pour savoir que la porte serait ouverte et que tu pourrais passer le grillage, avec un petit coup de pouce magique... Tu hésitais, parce que si tu te foirais, tu savais que tu allais passer un sale quart d'heure. Et évidemment, ta magie était encore bien trop aléatoire pour savoir si ça marcherait... Mais tu avais confiance en toi, tu savais que tu pouvais le faire. Tu tournais pour prendre la direction du terrain vague, tu arrivais finalement à sa hauteur alors qu'ils te suivaient toujours. Des ados du coin avaient transformé l'endroit pour pouvoir venir y faire du skate, profitant que ça soit abandonné pour le moment.
Et là tu la voyais, ta sortie. Tu fronçais les sourcils, regardais derrière toi, ils te suivaient toujours. Tu tournais à nouveau ton visage droit devant toi et te plaçais, continuant de pédaler encore plus fort, pour prendre de la vitesse. Le grillage était un peu en contre-bas, mais ça restait une sacrée hauteur à sauter. La planche était placée sur un tas de sable, bien calée, quand tu montais dessus, et arrivé au bout tu donnais l'impulsion. Tu l'avais vu faire déjà, par des plus grands que toi, tu savais que c'était possible, et tu y croyais. Alors tu te lançais, sans peur et sans reproche, comme tous les gamins, et l'espace d'un instant tu te sentais voler, tout comme la magie commençait à opérer pour que tu restes suspendu assez longtemps là-haut pour passer. Et ça marche. Finalement tu redescends, mais tu ne pourras jamais oublier cette sensation que tu as ressenti, cette impression de voler, cette sensation de liberté. Quand bien même tu l'avais déjà connue sur un balais, ce n'était pas pareil, la sensation était moins enivrante qu'en cet instant. C'était ton enfance, celle que tu regrettes tant.
Tes larmes recommencent à couler alors que tu te trouves dans une position fœtale. Si seulement... Si seulement tu n'avais pas été un sorcier, mais un gamin comme un autre. Si seulement.

Comme tout sorcier, il a reçu la lettre de Poudlard lui disant qu'il était admis dans cette prestigieuse école. Après quoi, il alla avec ses parents acheter ses fournitures pour la grande école de magie. Il fit l'acquisition de sa baguette et du reste, pour finalement partir pour Poudlard peu de temps après. Il n'était pas mécontent de quitter l'école moldue en tout cas. Néanmoins, il en profitait pour s'en vanter un peu, dire qu'il n'avait pas eu peur d'affronter des moldus sans magie. Il était un peu arrogant. Réparti à Serpentard, il se fit rapidement un groupe d'ami, sans pouvoir supporter certains de ses camarades dans les années supérieurs, qui n'étaient qu'un tas d'arrogants fiers d'eux simplement pour leurs origines. Comme s'ils y étaient pour quelque chose... Il passa ses premières années sans trop de difficultés, fournissant le travail minimum requis pour servir ses ambitions. A savoir devenir Auror. Il avait la chance de présenter de bonnes dispositions en magie, même si pour tout ce qui traitait du travail plus théorique il avait un peu de mal. Au cours de sa scolarité, il est sorti avec différentes filles, mais ne tomba vraiment amoureux qu'une fois, pour celle qu'il pensait être la femme de sa vie.

Tu essayes de te relever, et ta vision se trouble, tu chancelles un peu mais tu parviens finalement à tenir debout. Tu regardes tes mains, qui sont redevenues humaines. Puis tu regardes autour de toi, sans reconnaître l'endroit. Pourtant tu t'étais attaché. Pas assez solidement apparemment. Tu passes ta main dans tes cheveux, tu as mal à la tête pour une raison inconnue... Tu fermes les yeux un instant.
Les professeurs t'avaient forcé la main pour que tu ailles demander de l'aide à cette élève, une Serdaigle d'une année supérieure à la tienne. Tu ne l'avais jamais vu, jamais remarqué jusqu'à présent. Et pourtant, dès que son regard à croisé le tiens, tu as senti ton cœur battre plus fort. Tu n'aurais pas su dire pourquoi sur le coup, tu ne comprenais simplement pas que ta soudaine nervosité n'était pas simplement lié qu'à un désir d'adolescent, mais à un désir plus innocent d'aimer et de chérir, jusqu'à ce que la mort vous sépare. Non, c'était trop tôt pour que tu le saisisses. Alors tu t'es approché d'elle et tu l'as abordé « pour le cours », parce que « le professeur t'a dit que... ». A ce moment là, tu avais une petite amie, mais quand tu regardais cette fille dans les yeux, même sans la connaître, tu oublié le nom de celle que tu étais censé aimer déjà. C'était des yeux d'une couleur qui aurait pu sembler banale aux premiers abords, ils étaient marron. Mais quand ils te regardaient... Ils avaient cette profondeur chaleureuse dans laquelle tu voulais juste te plonger, avec un contour d'iris qui semblait se dorer légèrement comme si un quelconque trésor était englouti là. Tu te souviens exactement de sa réaction quand elle avait remarqué que tu la fixais en lui parlant, la façon dont elle avait froncé les sourcils, un peu gênée, en souriant à la remarque que tu avais faite sur le professeur, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille alors qu'elle changeait de jambe d'appui, comme pour prendre un peu de recul, ses livres plaqués contre sa poitrine, comme si on avait voulu la frapper en plein cœur. Et tu l'avais voulu, au sens figuré évidemment. Tu avais voulu lui voler son cœur et un baiser, aller parcourir son corps et le conquérir, le marquer de ta bouche.
Elle avait accepté de t'aider, ne pouvant refuser cette demande du professeur. Il y avait eu un temps de silence, au cours duquel tu aurais voulu l'inviter à sortir, mais tout ce que tu parvenais à dire c'était des « Bon ben... » et des « Enfin... » gênés, toi qui était toujours si sûr de toi. Et elle semblait attendre que tu le fasses, alors qu'une de ses amies attendait non loin. Et finalement elle avait dû s'éloigner, et alors que tu la voyais partir... Tu te souviens de cette sensation de manque presque immédiate, cette envie de l'appeler pour qu'elle se retourne, pour voir à nouveau ses yeux, pour courir la rejoindre et l'embrasser, la faire tienne dans l'instant. C'était la première fois que tu ressentais ça, ce trou béant qui commençait à se former de ne pas l'avoir avec toi.
Mais ce n'était rien comparé à aujourd'hui, alors que tu t'agrippes à cet arbre, parce que tu ne tiens pas debout seul. La première transformation est la plus douloureuse. Mais ce n'est pas de ça que tu souffres. C'est de ce manque, de ce trou béant qui se creuse dans ta poitrine encore aujourd'hui, cette perte qui te déchire le cœur... Tu veux juste mourir, mais tu n'en as pas le courage. Appuyé contre cet arbre, tu regardes le ciel et le pries pour qu'il te rende ton aimée. Mais rien ne vient, jamais. C'est une perte éternelle. L'éternité n'a jamais semblé si cruelle qu'en cet instant.

Sasha Thompson était une élève de Serdaigle brillante, et appréciée de tous. Leur première rencontre a eu lieu alors qu'elle était en sixième année, et Lawrence en cinquième. Ils se rapprochèrent beaucoup durant les heures où Sasha aidait Law, mais... Ils ne sortirent ensemble avant d'avoir quitté Poudlard, bien qu'il était clair que chacun éprouvait quelque chose pour l'autre. Les circonstances ne l'avaient pas permis. Néanmoins, une fois le jeune homme sorti du collège, ils se mirent immédiatement ensemble. Aucun des deux ne l'avait vraiment vu venir, ils ne s'y attendaient pas, car aucun des deux n'avait jamais remarqué les sentiments de l'autre, alors que tout le monde autour d'eux le savait. Peut-être avaient-ils simplement trop peur à cause de la force de ce qu'ils ressentaient. Peur d'être blessé et de blesser, que ça se passe mal, ou ils ne savaient quoi encore. Mais tout se passa au mieux. Oh, ça ne fut pas toujours simple, non. Sasha avait un caractère fort, et Lawrence aussi, pouvant créer des conflits, surtout quand Sasha laissait traîner des trucs sales, mais en dehors de ça, ils étaient plutôt heureux. Lawrence se montrait aimant, attentionné, doux, et l'ancienne Serdaigle était bien une des rares personnes à pouvoir en profiter. L'homme en devenir avait débuté sa formation d'Auror. Sasha de son côté apprenait à devenir médicomage. Deux ans après s'être mis ensemble, ils s'installèrent dans une maison, se marièrent et firent un enfant, peu de temps après la défaite du Lord Noir. Ils coulaient des jours heureux. Leurs parents respectifs étaient plutôt contents de cette union. La fille qui était née de leur union s'appelait Aurore. C'était Sasha qui avait choisi ce prénom, et si elle n'avait jamais dit à son mari pourquoi, c'était parce que quelque part, elle se sentait un peu bête de l'avoir choisi pour ça. Juste à cause de cette phrase qu'il avait dit un jour. « Même l'aurore ne saurait éclipser ta beauté. » Elle voulait lui prouver le contraire, quelque part, sachant qu'elle n'y parviendrait pas malgré tout.
La petite montrait des prédispositions à la magie plutôt étonnantes, ayant fait signe de ses pouvoirs très tôt. Elle avait hérité des yeux de son père dans la couleur, mais son regard avait cette douceur propre à sa mère, cette joie de vivre des enfants aussi... Oui, ils étaient vraiment heureux tous les trois. Les quatre d'ailleurs si on comptait le chien contre lequel la petite Aurore adorait dormir malgré les parents qui râlaient chaque fois qu'elle le faisait.
Mais ce bonheur ne devait pas durer... En tant qu'Auror, l'homme s'était fait de nombreux ennemis un peu partout, et il était évident qu'un jour ça risquait de mal se terminer. Et ce fut le cas, lorsqu'un sorcier ancien adepte de Voldemort, qui avait pu échapper aux mailles du système décida qu'il était temps de se débarrasser de celui qui l'avait accusé. Et de sa famille avec. Après tout, chacun le sait, il ne faut jamais laisser en vie les enfants de ses ennemis, de peur que ceux-ci décident de se venger à leur tour. Mais en tout cas, la violence de cette nuit restera à jamais gravé dans la mémoire de Lawrence.

Tu t'en souviens, pas vrai... Ta mémoire est moins trouble maintenant, tu tu sais que tu dois rentrer chez toi. Dans ce lieu où tout est arrivé, il y a un mois. Tu n'as pas encore eu le courage de faire les démarches pour quitter cet endroit empli de souvenir. Des souvenirs heureux, pour la plupart, mais aussi ce souvenir. Celui qui te hante et qui continuera de te poursuivre sans doute ta vie entière.
Tu venais seulement de rentrer chez toi après une journée particulièrement fatiguante. Une de celle qui font que ton travail te plaît, parce que tu ne t'ennuies jamais. Tu étais arrivé avec un sourire, heureux de voir ta femme et ta fille, prenant cette dernière dans tes bras à peine la porte franchit, parce qu'elle t'avais sauté dessus. Puis ta femme t'accueillait, avec ce sourire resplendissant qui faisait que tu l'aimais chaque jour un peu plus. Tu reposais ta gamine et elle s'en allait pour s'aventurer tu ne sais où , dans le salon sans doute, combattre un terrible dragon imaginaire. Tu embrassais Sasha avec la même passion que la première fois, plus encore même, et tu l'entourais de tes bras protecteur, un sourire aux lèvres. Un de ces sourires envolés à jamais maintenant. Et elle te regardais dans les yeux, tu t'en souviens, avec une lueur un peu espiègle. Et tu devinais qu'elle avait quelque chose à t'annoncer. Tu ne savais pas quoi. Peut-être était-ce la promotion qu'elle attendait qu'elle avait enfin obtenu. Mais la seule réponse que toi tu parvienais à obtenir alors était un « Attend, je vais vous l'annoncer à tous les deux. » Alors tu la suivais jusqu'à la table déjà dressée, avec des beaux couverts pour l'occasion et du champagne. Alors tu insistais, joueur pour savoir de quoi il retournait. Tu te souviens que tu suivais le court échange entre ta fille et elle, et que tu le devinais alors.
« Je suis enceinte. » avait-elle annoncé, toujours avec ce sourire.
Tu t'étais levé et tu l'avais prise dans tes bras, la serrant aussi fort que tu le pouvais, sentant son odeur, sa merveilleuse odeur, et voulant la protéger plus que jamais. Aurore était contente aussi, depuis le temps qu'elle voulait un petit frère, ou même une petite sœur ! Tu te souviens que tu avais faillit pleurer de joie entre deux « C'est merveilleux » et « Je t'aime ». Tu te souviens de la douceur de ce bonheur, de son velouté apaisant qui te faisait te sentir si vivant. C'était une joie unique et irremplaçable.
Puis la fenêtre du salon avait explosé, éclatant cette bulle de bonheur avec une violence inouïe. Il était entré, guidé par son instinct d'animal pour vous tuer. Tu avais envoyé un signal d'aide en voyant de quoi il s'agissait parce que tu savais que tu ne pouvais pas faire face. Que tu ne pourrais pas la protéger alors que tu te le jurais à peine quelques minutes auparavant. Tu t'étais juré de protéger ce bonheur, ce vrai bonheur dont peu de gens pouvaient bénéficier. C'était une promesse... Et tu l'avais brisé. Tu l'avais vu la tuer, parce qu'il y avait celui qui voulait se venger qui t'avait immobilisé. Tu l'avais vu la mordre, tu avais vu le sang quitter son corps dans un éclat écarlate morbide. Tu avais tout vu. Ils étaient repartis aussi vite qu'ils étaient venus, laissant le corps sans vie de Sasha à tes pieds, son sang imprégnant tes habits alors que tu étais immobile. Aurore avait disparue dans la nuit avec eux.
« Je suis enceinte. » Et son sourire... C'est tout ce qu'il te reste désormais. Ce souvenir si heureux et si douloureux à la fois. Une des dernières paroles qu'elle a prononcé. « Tu verras, ça ira mieux dans quelques mois. » Combien de fois on t'avait dit ça, compatissant, sans comprendre que non, ce n'irait pas mieux. Que ça n'irait jamais mieux.
Tu passes la porte défoncée et n'essayes même pas de la remettre en place. Tu avances jusqu'au salon et tu te laisses tomber sur le canapé, prostré, passant tes mains sur ton visage tiré. Et par terre il y a cette photo que tu regardais tout à l'heure. Sasha te sourit et Aurore te fait signe. Elles sont figées ainsi, et tu avais beau les voir là, tu sais qu'elles sont mortes et qu'en réalité tu ne les reverras plus jamais.

Après ça, une enquête fut ouverte et des recherches furent lancées dans le but de retrouver la petite Aurore. Chacun espérait qu'elle était encore vivante, même si le seul rescapé officiel, Lawrence, n'arrivait pas à se souvenir si elle respirait toujours au moment où ils l'avaient emmené, leur « trophée » comme ils l'avaient appelé à ce moment là. Et il avait beau rejouer la scène dans sa tête des milliers de fois, la revivre avec une précision effarante chaque nuit, il ne savait pas. Il ne se souvenait même pas quand il avait été mordu par le loup-garou qui s'était allié à ton ennemi. Là aussi on lui avait dit que ça ne changerait rien, surtout qu'il ne le portait pas sur son visage comme d'autres. Il n'avait pas l'air plus malade que ça, ou du moins ce n'était pas dû à sa nouvelle condition de loup-garou, mais plutôt au fait qu'il ne dormait quasiment plus, ou en tout cas pas assez pour se reposer correctement. Il avait bien heureusement de quoi s'offrir la potion tue-loup, et il finit par s'habituer à se transformer chaque mois.
L'enquête ne progressait pas, tout comme les recherches, et Lawrence commença à transformer la tristesse qui l'habitait en une rage et une haine sourde. Il réclamait vengeance. Et pour ça il serait prêt à tout.
Finalement, au bout d'un certain temps, l'enquête se débloqua et le coupable fut arrêté. On ne retrouva néanmoins pas Aurore, qui semblait s'être comme envolée peu de temps avant l'arrivée de la brigade d'intervention magique chez le coupable. Lawrence fit tout pour qu'il soit condamné à subir le baiser du Détraqueur, néanmoins l'homme était assez influent pour n'obtenir qu'une peine assez réduite à Azkaban. Inutile de dire que Lawrence n'était pas satisfait de la sentence. Il voulait le voir mort, il voulait qu'il souffre autant que lui-même avait souffert, il éprouva à son encontre une haine sans borne. De celle qui ne laisse plus de place à autre chose que les ténèbres dans le cœur. Cela causa en lui tant de dégâts qu'il démissionna de son poste au ministère et vécu un temps de petits travailles divers et variés, jusqu'à devenir un trafiquant allant chercher des objets dangereux pour aller les vendre ensuite. Mais jamais ses sentiments ne se perdirent avec le temps, qui passa inexorablement.
Bien des années passèrent lorsque finalement il apprit le retour du plus grand Mage Noir de ce siècle. Et à vrai dire...

Tristesse, souffrance, désespoir, impuissance, colère, rage, haine, vengeance.
Tous ces mots, tu les connais bien, Lawrence, pas vrai...
Tu les sens qui t'appellent, tu vas à leur rencontre.

… Lorsqu'un des Mangemorts du Lord Noir vint à sa rencontre pour lui proposer de travailler à leur service, il accepta à la condition qu'il puisse obtenir la vengeance qu'il réclamait, qu'il puisse tuer de ses mains celui qui avait orchestré le massacre de sa femme et la disparition de sa fille. Evidemment, les conditions furent acceptés, car Lawrence restait un atout de poids. Ancien Auror, il possédait d'excellentes capacités, sans même parler de sa condition de Loup-Garou...

C'est ainsi que pour lui la guerre commença vraiment.