Enfin, après presque trois mois d’attente et de remise au lendemain, Zacharias avait finalement réussi à répondre à la fameuse lettre qu’il avait reçu pour Noël. Il se sentait fier de lui d’être parvenu à produire quelque chose de plutôt pas mal. Il avait couvert un rouleau de parchemin entier. Il avait essayé de livrer ses sentiments et d’ouvrir son cœur dans cette lettre. Tout ce qu’il espérait c’était que sa réaction quand il la recevrait ne serait pas la même qu’à son entrée à Poudlard.

Il avait passé la nuit à écrire. Justin s’était inquiété pour lui de ne pas le voir remonter vers minuit, comme il le faisait souvent lorsqu’il se promenait dans les couloirs pour réfléchir. Son meilleur ami était descendu plusieurs fois pour voir ce qu’il trafiquait mais Zacharias l’avait à chaque fois rassuré tout en le dissuadant de ne pas venir voir ce qu’il faisait de plus près. Il n’avait pas la moindre envie de devoir encore se justifier.

Après une bonne heure ou deux à réfléchir devant son parchemin sans rien écrire, puis après avoir recommencé trois fois et demi le début de sa lettre, il avait écrit pendant plusieurs heures, couchant sur le papier les mots qui sortaient directement de ses tripes, écrivant au fil de la plume et de sa pensée. Il avait dépassé sa fierté et son orgueil pour laisser apparaitre ses émotions toutes nues. Il prenait le risque d’être blessé, de souffrir à nouveau de l’immonde rejet qu’il avait vécu quelques années auparavant.

Ca avait été aussi difficile que grisant et la satisfaction qu’il en tirait a posteriori était telle qu’il ne regrettait pas de s’être fait violence pour enfin répondre. Il avait terminé à sept heures et sans un bâillement, il avait directement grimpé à la volière. Le ventre gargouillant, il se promit un festin en redescendant. Zacharias pénétra dans la pièce pleine de plume et de fientes. Il fronça le nez pour ne pas inhaler l’air frais chargé d’odeurs désagréables.

Il parcourut les perchoirs des hiboux de l’école à la recherche de son propre hibou. Pour une raison qu’il ne s’expliquait pas, sa chouette passait son temps parmi les hiboux de Poudlard, nichant près d’un grand duc au pelage fauve qu’elle semblait affectionné particulièrement. Du coup, lorsqu’il repéra le dit grand duc, il ne fut pas surpris de retrouver sa petite effraie à ses côtés.

Contente de le voir, elle hulula gentiment avant de voleter jusqu’à son avant bras où elle se posa. Zacharias s’excusa de ne pas lui avoir apporter de friandise et lui expliqua où il devait mener sa lettre. Il trouva un morceau de ficelle qui trainait près du plan d’eau des volatiles et attacha la missive autour de sa patte. S’approchant d’une des ouvertures de la volière, il lança sa chouette dans les airs et la regarda un moment s’éloigner à l’horizon.

Un soupir un peu nostalgique aux lèvres, il pivota et se retrouva face à face avec Tamarah. C’était une Poufsouffle de septième année et bien qu’elle se prenne globalement pour sa mère, Zach l’aimait beaucoup. Il avait l’habitude de s’envoyer des piques mais ils tenaient beaucoup l’un à l’autre. Elle avait été d’un grand soutien d’ailleurs, depuis la mort de Gowan. Elle au moins, était une des rares à ne pas chercher à savoir ce que Zacharias s’appliquait à cacher à propos de William. Pour cela, il lui en était reconnaissant ! Immensément reconnaissant.

« Hey Tam’ comment tu vas ? »

Il s’approcha d’elle et l’embrassa sur la joue -s’il ne le faisait pas elle s’acharnait à ébouriffer ses cheveux, cette fourbe- et prit un peu de recul pour la voir, tenant fermement un parchemin serré dans sa paume. Il se demandait que pouvait-elle bien venir faire ici … Et surtout, à qui allait-elle répondre si précipitamment ?