Daphné & Neville ♥

Il y avait une question que beaucoup d'élèves s'étaient posé au moins une fois dans leur vie. Une question que Neville s'était posé une vingtaine de fois en l'espace de quelques minutes. À quoi donc pouvaient bien servir les cours d'histoire de la magie ? Est ce que les noms des gobelins célèbres leur seraient d'une quelconque utilité dans leur vie ? Est ce que les dates des guerres médiévales leur permettrait de survivre à l'extérieur du château ? Avoir cours d'histoire de la magie à neuf heures tapantes, alors que le jour était à peine levé, alors que le ciel nuageux présageait une nouvelle chute de neige dans la journée, alors que Neville n'avait pas dormi plus de deux heures cette nuit encore, n'était vraiment pas une partie de plaisir. Il y avait bien longtemps que Neville ne prenait plus la peine de sortir plume et parchemin, préférant s'installer bien confortablement, coudes sur la table et menton dans la main, pour laisser son esprit vagabonder loin, très loin de ce cours à l'utilité douteuse. Est ce qu'un jour, les élèves de Poudlard apprendrait l’ascension de celui-dont-ils-prononceraient-alors-peut-être-le-nom ? Est ce que les livres retraceraient cette période sombre ? Harry était déjà mentionné dans certains manuels, selon Hermione. Mais les autres ? Seraient-ils nommés ? Si la guerre éclatait, s'ils se battaient contre les ténèbres, combien resteraient dans les mémoires ? Combien verraient leur nom à jamais immortalisé sur les pages des grimoires ? À quel point le temps déformerait-il les faits ? C'était étrange, de se dire que, peut-être, ils vivaient une période historique. Que peut-être, dans des années, des élèves noteraient avec ferveur les exploits de Harry Potter. Seraient-ils aussi désintéressés que les jeunes l'étaient aujourd'hui ? Sans doute, si Binns continuait à garder jalousement son poste. Il était capable de rendre n'importe quel événement de l'histoire ennuyeux à mourir. Et puis, d'ici quelques années, quand les cœurs auraient cessé de saigner, que les deuils seraient fait, les morts oubliés, quand il ne restera de tout ce carnage qu'un souvenir branlant, les choses auraient-elles toujours cette même saveur ? Sans doute pas. Tout devenait terne et triste avec le temps. Tout finissait par s'estomper, et les couleurs finissaient toujours par passer. L'horreur de la perte, la terreur de la guerre, l'espoir et la joie de la victoire. Si tant est qu'une victoire était envisageable. L'idée qu'un jour, tout ça puisse être oublié ne lui plaisait guère. Mais l'idée que ces moments puissent mériter une place dans un livre d'histoire ne valait pas mieux. Les livres d'histoire ne parlaient que des guerres les plus dévastatrices, les plus douloureuses, les plus meurtrières. Parce qu'elles étaient celles qui avaient changé le monde, qui avaient causé le plus de souffrances, qui méritaient le souvenir. L'idée qu'un jour Binns réciterait un jour l'histoire de Harry Potter devant une classe ensommeillée lui donnait la nausée. C'était trop pour son esprit fatigué. Il valait mieux penser à autre chose. À n'importe quoi d'autre.

La sonnerie retentit, stridente, et Neville ouvrit les yeux dans un sursaut. Il se rendit compte qu'il s'était une fois encore endormi sur sa table. Ça lui arrivait de plus en plus souvent, en histoire de la magie. Parce qu'il ne tentait même plus de lutter. De toute façon, même s'il s'évertuait à rester éveillé, il n'écoutait pas le moindre mot du cours, ne prenait pas la moindre note. Autant mettre à profit ce temps perdu. Il demanderait ses notes à Ambre, un jour ou l'autre. Mais pas maintenant. Il ne tenait pas à lui expliquer qu'il ne notait rien parce qu'il finissait ses nuits sur la petite table en bois de la salle de classe. Parce qu'il aurait droit à un interrogatoire en bonne et due forme pour savoir pourquoi donc ne dormait-il pas la nuit. Et il ne voulait pas répondre à cette interrogation. Alors tant pis, pour l'heure, il se contenterait de … de laisser de côté l'histoire de la magie. De toute façon, c'était inutile. Totalement inutile.

Aller, il fallait bailler un bon coup, ré-oxygéner le cerveau pour espérer terminer la journée sans s'endormir à nouveau et étirer ses membres ensommeillés. Neville récupéra son sac, déposé négligemment au pied de sa chaise et sortit de la salle en même temps que le flot d'élève. Après deux heures d'histoire de la magie, ils avaient droit à une pause. La récréation du matin. Parfait. Il allait pouvoir se poser dans un coin pour dormir encore une dizaine de minutes. Ce qui était totalement frustrant, c'était que ses nuits étaient peuplées de cauchemars. En revanche, lorsqu'il s'endormait en cours, ou n'importe ou ailleurs, en pleine journée, son sommeil n'était troublé par aucun mauvais rêve. De quoi devenir cinglé.

Il avançait droit vers la bibliothèque, comme bien souvent. La bibliothèque avait l'avantage d'être chauffée, pas très fréquentée à cette époque de l'année et silencieuse. Parfaite pour dormir en toute discrétion. Il suffisait de mettre quelques livres autour de lui, de se placer dans une table tout au fond, invisible à Mme Pince et le tour était joué. Dix minutes de répit. Sauf que ce jour là, Neville n'arriva pas à la bibliothèque. Il tourna à l'angle d'un couloir. Et comme ses yeux fatigués ne regardaient pas vraiment devant lui, il se retrouva à percuter quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Et zut de zut. Daphnée Greengrass. Il ne manquait plus qu'elle. Surpris, le garçon laissa tomber le sac qu'il tenait à la main, sac qui s'ouvrit sous le choc, déversant son contenu. La bouteille d'encre se brisa et le liquide s'écoula sur le sol, imbibant les parchemins, les manuels, les chaussures des deux élèves et tout le reste.

'' Oh non … Je suis désolé, vraiment désolé. ''

Et le visage rouge écarlate, se confondant toujours en excuses, Neville s'empressa de se baisser pour ramasser ses affaires. Ses sourcils se froncèrent devant les livres, tâchés d'encre. Il sortit aussitôt sa baguette, décidé à remettre tout ça en ordre.

'' Tiens tiens tiens, mais c'est Londubat le gros bêta, et Greengrass la bécasse ! ''

Neville cessa immédiatement son geste, levant les yeux pour découvrir Peeves, flottant au dessus d'eux, jonglant avec trois fioles de potions aux couleurs différentes. Décidément, la journée commençait mal. Vraiment mal.

'' Dégage Peeves, on n'a pas besoin de toi ici ! ''

Ce qu'il y avait de bien, avec Peeves, c'était qu'on pouvait passer ses nerfs sur lui. De toute façon, ça ne changeait pas grand chose. Dans tous les cas, Peeves lui jouerait un sale tour. Autant profiter de l'occasion. Neville avait pointé sa baguette sur l'esprit frappeur, prêt à lui balancer un sortilège. Au moins, ça aurait le mérite de le défouler. Alors que Peeves continuait de lancer des insanités à leur égard, le sortilège fusa. Au moment exact où l'esprit frappeur laissa tomber les trois fioles avant de disparaître sans demander son reste. Le sortilège frappa l'une des fioles, qui explosa en vol en projetant son contenu sur les deux élèves. Les deux autres s'écrasèrent au sol en répandant les potions qu'elle renfermaient. Potions qui se mélangèrent entre elle et avec l'encre déversée quelques instant plutôt. Une épaisse fumée grise s'éleva alors, si épaisse et compacte qu'elle enveloppa les deux élèves, les masquant à la vue du monde extérieur. Mais de toute façon, il n'y avait personne pour voir quoi que soit. Neville, incapable de voir à travers le rideau gris, se rendit compte que quelque chose allait de travers. Il se sentait soudainement nauséeux et pris de vertige. Sans s'en rendre compte, il chuta, trébuchant dans l'obscurité, lâchant sa baguette alors qu'il tentait d'amortir la chute. Et puis, il y eu une douleur vive, fulgurante, comme si on lui arrachait la peau et les organes, à un tel point qu'il perdit connaissance. Pas longtemps. Une ou deux secondes au plus. Et plus rien. Lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux, la fumée avait disparu, il était toujours à terre, mais la douleur n'était plus là, ni aucun des autres symptômes. Neville leva alors la main pour se frotter les yeux. Mais il arrêta son geste. Cette main là … ça n'était pas la sienne. Merlin, qu'est que ces potions de malheur avaient fait à sa main. Instinctivement, il tourna son regard vers Daphnée, tâchant de voir si elle aussi avait souffert de l'étrange phénomène. Mais Daphnée n'était pas du côté où aurait du être. Complètement perdu, Neville tourna la tête de l'autre côté et … et ce n'était pas Daphnée qui lui faisait face. Mais lui. Les yeux exorbités de surprise, l'air complètement hagard, il se retrouvait face à lui même. Qu'est ce que c'était que ce bordel ?

Daphné jeta un coup d'œil à sa montre et poussa un long soupir avant de reprendre sa marche. Il était presque dix heures et elle n'avait toujours pas trouvé ce qu'elle cherchait. Enfin qui elle cherchait plutôt. Elle en était même venue à sécher le cours du professeur Scoundrel pour cette affaire et cela s'était révélé parfaitement inutile car impossible de mettre la main sur James. Pourtant, il fallait absolument qu'elle le voit, qu'elle lui parle de la lettre de sa mère qu'elle avait reçu la veille et qu'elle lui demande de faire quelque chose pour régler ce problème. Enora n'avait toujours pas répondu à la lettre retour de sa fille aînée mais Daphné avait un mauvais pressentiment à ce sujet. A ses yeux, seul James pourrait faire quelque chose d'utile et d'efficace. Après tout, il avait déjà évité une fois un mariage arrangé en l'utilisant elle comme alibi, il pourrait bien trouver autre chose pour convaincre ses parents que Daphné n'était finalement pas la femme de sa vie. La Serpentard était même prête à passer pour la garce qui a mal agis avec le jeune homme pour que ce mariage n'ait pas lieu. Mais avant ça, il fallait qu'elle le trouve et cela ne semblait pas gagné.

Il lui restait cependant des tonnes de coins et recoins à farfouiller pour espérer trouver le Serpentard et elle ne comptait pas laisser tomber avant d'être parvenue à son but, tant pis si elle devait y passer la journée et manquer encore d'autres cours. Elle trouverait bien quelqu'un pour lui prêter ses notes de la journée, de toute façon, et elle ne raterait sans doute pas grand chose ou tout du moins ce ne serait rien à côté de ce qui arriverait si elle se retrouvait mariée à James Urquhart. Hélas il fallait que ce château soit pire qu'un labyrinthe et le jeune homme restait introuvable. Il restait cependant énormément d'endroits où James aurait pu se trouver et Daphné était loin d'avoir fini sa visite du château. Un peu désespérée, elle reprit sa route après une courte pause au milieu d'un couloir pour vérifier l'heure : prochain arrêt la bibliothèque.

La jeune fille monta l'étage qu'il lui restait à franchir pour rejoindre la-dite pièce aussi vite que possible et se rendit jusqu'à sa destination. A cette heure, il n'y avait pas encore grand monde à l'intérieur, la plupart des élèves étant soit en cours, soit encore au lit ou en train de prendre leur petit-déjeuner dans la Grande Salle. C'était une idée un peu dingue que de trainer dans cet endroit à une heure aussi matinale, à moins d'avoir un devoir en retard pour le jour même. Daphné entra et lança un regard circulaire sur la salle. James n'était visiblement pas là, pourtant elle savait de source sûre qu'il n'avait pas cours ce matin et qu'il était déjà levé puisqu'elle ne l'avait pas trouvé dans son dortoir non plus. Elle lâcha un nouveau soupir agacé et quitta la salle pour monter les étages restants, de plus en plus défaitiste. Elle monta le cinquième étage et traversa rapidement les couloirs puisqu'il n'y avait rien d'intéressant par ici, son but était plutôt la salle de bain des Préfets quelques mètres plus loin.

Hélas, la Serpentard n'arriva jamais jusqu'à la porte de la Salle de bain. A croire qu'elle était maudite, c'était déjà la deuxième fois en une semaine qu'elle n'arrivait pas à rejoindre son but sans encombre. La première fois, elle était justement tombée sur James. Malheureusement cette fois ce ne fut pas le Préfet-en-chef qui la percuta de plein fouet mais cet empoté de Londubat. Comme si Daphné avait besoin de ça maintenant ! Le jeune homme venait de la bousculer copieusement, heureusement elle parvint à rester bien fermement accrochée au sol et ne vacilla qu'un peu alors qu'elle ne faisait pas particulièrement attention et qu'elle ne regardait pas devant elle. Et contrairement à ce qu'on aurait pu croire, Londubat aussi resta debout, ce qui commença par surprendre la Serpentard tellement habituée à ce que le jeune homme soit un maladroit impossible et un empoté de première. Sa surprise fut de courte durée puisqu'aussitôt il lâcha son sac, créant un superbe bazar d'encre et de parchemin, aspergeant au passage les chaussures de Daphné et les siennes. Le Gryffondor se confondait déjà en excuse, rougissant et bafouillant alors que Daphné levait les yeux au ciel et sortait sa baguette.

« Bon sang, Londubat ! Ça va t'es pardonné, aide-moi plutôt à nettoyer ça. »

La jeune fille pointa sa baguette sur ses propres chaussures, s'apprêtant à lancer un « Recurvite » au lieu de s'occuper d'aider Neville qui aurait sans doute bien plus besoin d'aide vu l'état de ses livres et de ses parchemins. Mais comme on dit : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». Et puis il devait bien connaître les sorts et être capable de les utiliser maintenant qu'il était une sorte de super héros national, non ? Il avait disparu le petit Neville rondouillard pas fichu de se servir d'une baguette. Depuis sa petite escapade au Ministère avec Potter and cie, il avait bien changé et plus personne ne doutait de ses capacités magiques, ou du moins pas Daphné. La seule chose qu'elle avait encore à lui reprocher était son insupportable maladresse et sa chère meilleure amie Ambre MacKenzy. Daphné commençait à pester silencieusement contre la blonde quand une voix se fit entendre, l'arrachant à ses pensées.

'' Tiens tiens tiens, mais c'est Londubat le gros bêta, et Greengrass la bécasse ! ''

Génial ! Daphné ferma les yeux et inspira profondément pour tenter de garder le peu de calme qu'il lui restait à l'entente de cette voix bien connue. Peeves avait vraiment le chic pour arriver pile au moment où on ne voulait pas le voir, si tant est qu'on puisse avoir envie de tomber sur lui à un moment ou à un autre. En tout les cas, le moment présent n'était pas bien choisi pour l'esprit frappeur car il se retrouvait face à deux jeunes sorciers baguettes en main dont l'un au moins avait un peu les nerfs et auraient été prêt à se défouler sur n'importe quoi, lui y compris. D'ailleurs, la jeune fille envisageait sérieusement cette idée alors que Peeves continuait ses insultes, appréciant de les mettre en chanson et multipliant les rimes idiotes. Son seul talent était sans nul doute de savoir faire des rimes sans difficultés mais pour ce que ça servait à part lui attirer les foudres des autres...

Pour l'heure, Daphné rêvait de lui faire avaler les potions avec lesquelles il jouait directement avec le flacon. Elle ne comprenait même pas pourquoi Dumbledore n'avait pas encore fichu dehors cette bestiole ! Sans doute son grand cœur, ses grands discours sur les deuxièmes chances et blablabla... Rien de valable quoi ! Heureusement pour l'esprit frappeur, Neville fut plus rapide que la jeune fille à dégainer sa baguette et à lancer un sort. Heureusement, car effectivement Peeves parvint à fuir avant d'être touché, ce qui agaça d'autant plus la Serpentard, persuadée qu'elle était qu'elle aurait pu l'avoir si on l'avait laissé faire. Peeves abandonna sur place son butin, apparemment sans la moindre tristesse et disparut au détour d'un couloir. Cela dit, Londubat ne fut pas aussi mauvais qu'il en avait l'air car son sortilège eut au moins le mérite de toucher une cible, faisant exploser au vol l'une des trois fioles au liquide bleu assez fluide qui se répendit en partie sur eux. Daphné allait devenir dingue. Elle avait envie de hurler sur le Gryffondor cette fois. Autant l'encre passe encore, autant avec les potions il fallait se méfier surtout celles en possession de l'esprit frappeur. Qui sait ce que pouvaient contenir ces fioles, dont les deux autres s'étaient briser sur le sol pour se mélanger à l'encre.

Cependant, la Serpentard n'eut pas le temps de dire un mot qu'elle se sentit prise de vertige. Elle porta une main à son front et leva l'autre bras pour tenter de se stabiliser. Une épaisse fumée grise venait d'envahir l'espace, l'empêchant de voir quoique ce soit, ainsi elle ne parvint pas à se retenir sur le mur derrière elle ni même à Neville qu'elle ne voyait plus, pas plus qu'elle ne réussit à prononcer le moindre mot. Sa bouche était pâteuse sans qu'elle n'eut besoin d'ingérer la potion. Déstabilisée par l'absence de visibilité et de repères et prise de nausées et de vertiges, Daphné s'effondra alors qu'une douleur fulgurante s'insinuait dans son corps, sous sa peau, se propageant dans ses veines. Elle ne sentit même pas l'impact avec le sol quand elle chuta enfin, ayant déjà perdu connaissance depuis quelques secondes.

Cet état dura un court moment avant qu'elle ne reprenne conscience, ouvrant à nouveau les yeux. Sa tête lui faisait atrocement mal mais la douleur dans le reste de son corps semblait s'être dissipée. C'était déjà ça de gagné. La fumée aussi avait disparu, lui permettant de voir le couloir autour d'elle. Lorsqu'elle se releva pour se mettre en position assise, elle eut le malheur d'apercevoir le reste de son corps qui avait subit un changement radical.

Envolées, les maigres jambes blanches, la jupe d'uniforme et la robe aux couleurs de Serpentard, envolées la taille fine et la poitrine. Au lieu de ça, d'énormes pieds dépassaient d'un pantalon gris et une cravate rouge et or reposait sur un torse plat emmitouflé dans une cape de Gryffondor. Daphné poussa un hurlement qui ne se révéla pas aussi strident qu'il aurait du l'être et tourna les yeux vers l'endroit où Neville aurait du se trouver. Sauf qu'il n'y était pas. Il se trouvait à vrai dire de l'autre côté comme elle le découvrit une seconde plus tard. Enfin il.. C'était en fait elle qu'elle vit en tournant les yeux vers la seconde personne présente dans ce couloir, ce qui lui arracha un nouveau cri de surprise.

« Merlin, que se passe-t-il ?! Londubat, qu'est-ce que tu nous as fait ?! »

Cela eut au moins le mérite de la remettre sur pieds instantanément. Elle se releva en un bond et regarda autour d'elle avant d'inspecter ses mains et le peu qu'elle pouvait voir de son propre corps, totalement hallucinée par ce qui arrivait. Elle ne pouvait décemment pas avoir échangé de corps avec Neville Londubat....

HS : Oh God, vraiment désolée, j'ai rédigé ça hier soir, tard et … et ben je crois que c'est pas top. Et puis j'ai un peu pété les plombs, par moment.

Les Gryffondors n'étaient pas réputé pour leur sang-froid à toute épreuve, et Neville ne faisait pas exception à la règle. Pourtant, il tâcha de rester calme. Le plus calme possible. Exercice difficile alors que franchement, il y avait tout pour péter un câble. Et dire qu'il se rendait simplement à la bibliothèque, avec l'espoir de dormir un peu. Juste un peu. Il n'avait rien demandé à personne, n'avait pas cherché les ennuis. Mais généralement, à Poudlard, les ennuis n'attendaient pas qu'on les cherche. Et il suffisait d'un malheureux pas de travers, d'une pauvre bousculade, pour qu'arrive une catastrophe intergalactique du genre. Et les événements s'étaient enchaîné si vite que Neville n'était même plus sûr de leur déroulement. La transformation avait-elle débuté lorsque la potion qu'il avait fait explosé s'était déversée sur eux, ou bien était ce le mélange des deux autres substances, à leurs pieds, qui avaient causé le cataclysme ? Enfin, dans tous les cas, le résultat était le même. Il avait échangé de corps. Avec Daphné Greengrass. Et c'était vraiment, vraiment pas cool.

Biiiien. Il fallait garder la tête froide. Partir en crise d'hystérie ne servirait à rien du tout, sinon à se ridiculiser totalement, et le but n'était vraiment pas là. Mais quand même. Lui qui, une seconde plus tôt, était un garçon tout à fait normal, avec le corps qui allait avec (malgré ce qu'en disait McLaggen, mais il valait mieux éviter de penser à ce crétin de troll pour le moment, et à la réaction qu'il aurait si l'événement venait à s'ébruiter. C'était un coup à devenir définitivement cinglé) se retrouvait soudainement dans le corps d'une jeune femme. C'était … c'était complètement inconcevable comme truc. Jamais il n'avait entendu parler d'une potion qui échangeait les corps. Quoique, vu son niveau en potion, il avait très bien pu faire l'impasse sur le sujet. Et puis, Merlin seul savait ce qu'un mélange de potions entre elles, agrémentées d'encre et de parchemin pouvait avoir comme conséquences. Enfin non, maintenant, Neville aussi savait. Et Daphné. Et il aurait nettement préféré ne pas savoir. Bon, il fallait commencer par se redresser. Et rien que ça, ce simple geste, ne fut pas évident. Quelqu'un pourrait-il lui expliquer pourquoi Daphné avait des jambes si fines ? Ça perturbait son équilibre, lui qui était habitué à être fermement campé sur ses deux pieds, il avait l'impression qu'un simple coup de vent pouvait faire chuter ce corps trop frêle pour lui. Et ben, ça n'allait pas être simple, cette affaire. Et Daphné, vu les cris qu'elle lançait, devait être de son avis. Sauf que forcément, elle l'accusait. Non mais ça allait bien ! Il n'était pas plus heureux qu'elle de l'échange, franchement. Il n'avait aucune envie de finir sa vie dans le corps maigrichon d'une jeune femme. Bon d'accord, techniquement, il était un peu responsable. Mais bon, qu'est ce qu'il y pouvait lui, si il avait la poisse ? Ce n'était quand même pas sa faute. Et puis, le seul vrai coupable, c'était cet abrutit fini de Peeves. S'il parvenait à lui mettre la main dessus, il le lui ferait payer. Et cette fois ci, il ne le louperait certainement pas. Mais avant toute chose, il fallait trouver une solution. Une solution.

'' C'est pas vrai ! Bordel de troll de putain de citrouille moisie de merde ! ''

Oui. Alors en général, Neville était un garçon très poli. Il faut dire que sa grand mère avait passé un temps fou à lui apprendre les bonnes manières et lui aurait sans doute arraché les yeux devant de telles insanités. Mais toute la famille n'avait pas les mêmes scrupules et Neville avait appris quelques sympathiques jurons de la bouche de son oncle. Et il estima qu'ils étaient tout particulièrement adapté à la situation. Bon, dans la bouche de Daphné, ce n'était pas forcément élégant, mais franchement, il s'en tamponnait pas mal. Mais, même s'il fallait bien avouer que ça défoulait, ces vulgarités ne l'aidaient en rien. Il fallait … faire quelque chose. Déjà, on respire un grand coup et on arrête de zieuter sur la poitrine qu'il arborait désormais et qui le perturbait grandement, parce ce que c'était bien le genre de truc qui allait mettre la Serpentard en rogne, et il n'avait pas envie de l'entendre hurler des conneries. On pose les yeux ailleurs. Voilà. Parfait. Bon, observer son propre visage qui lui faisait face, ce n'était pas forcément mieux, mais au moins, ça lui éviterait de se faire botter les fesses par Daphné.

'' Je sais pas ce qui s'est passé, d'accord ? J'y suis pour rien si ce crétin de fantôme à la con se trimbale avec des potions bizarres. Et puis, je suis persuadé que même si je l'avais laissé tranquille, il aurait balancé ses fioles, c'est bien le genre de trucs qu'il est capable de faire. ''

Oui, enfin, rien ne disait que son sort n'y était pour rien, non plus. Mais en quoi est ce qu'un simple … il avait jeté quoi comme sortilège déjà ? Les informulés, c'est bien pratique, sauf quand on est tellement crevé et tellement sur les nerfs qu'on balance des sorts par réflexes. Et qu'on oublie ce qu'on a fait. C'était un cauchemar. Oui. Voilà. Ça devait être ça. Sans doute était il encore en train de dormir paisiblement sur la table de la salle de classe. Ça ne pouvait être que ça. C'était un rêve particulièrement étrange, certes, mais dans quelques instants, la sonnerie retentirait, stridente, annonçant la fin du cours, et il se réveillerait. Et il prendrait bien soin de ne pas aller à la bibliothèque pour ne pas risquer de croiser Daphné. Ou Peeves. Ou les deux.

Donc, si c'était un rêve, c'était très simple, il n'avait qu'à attendre que ça passe. Sauf qu'une petite voix lui disait que tout ça n'avait rien d'un rêve. Et qu'il ferait mieux de se bouger s'il voulait trouver une solution avant la fin de la récréation. Ou au moins avant la fin de la journée.

'' Bon, on ferait mieux de pas rester là, si quelqu'un débarque et se rend compte de quelque chose, ça va faire des histoires pas possibles. ''

Et il était clair que n'importe quel individu possédant un cerveau fonctionnel se rendrait vite compte qu'il y avait un problème. Il suffisait de voir les éclats de verre qui jonchaient le sol, ainsi que les affaires de Neville qui baignaient à présent dans une flaque d'encre et de potion. Et la tronche que tiraient les deux élèves était suffisamment éloquente. Vraiment, pour le bien de tous, il valait mieux fuir. Sinon, cette histoire les poursuivrait jusqu'à la fin de leurs jours. Les rumeurs, Neville s'en fichait pas mal. Mais des rumeurs de ce style, il s'en passait très bien. Et il doutait que Daphné soit très enthousiaste à l'idée de mettre l'école entière au courant. Elle était sans doute plus attachée à sa réputation que lui. Mais pour tout dire, la réputation de Daphné Greengrass n'était pas ce qui lui importait vraiment, au Londubat. Parce que les histoires de réputation et tout ce bazar, ça lui tapait sur le système. Et parce qu'il ne portait pas vraiment la Serpentard dans son cœur aussi. Pas qu'elle ait fait quelque chose de mal. Pas directement en tout cas. En fait, il avait rarement eu affaire à elle, puisqu'il se contentait en général de l'ignorer superbement. Et comme elle faisait de même, tout le monde y trouvait son compte. La vérité, c'était que Daphné détestait Ambre. Que Ambre détestait Daphné. Que Neville adorait Ambre. Et par conséquent, il détestait Daphné. Les ennemis de mes amis sont mes ennemis. Point. Barre.

Mais là, il n'allait pas pouvoir l'ignorer. Pas tant qu'elle aurait son corps.

Avisant une salle généralement non utilisée, il entraîna Daphné (ou alors, selon un point de vue extérieur, Daphné entraîna Neville ) (et la joueuse tient à préciser que les changements de corps, c'est galère à écrire, surtout à une heure du mat') à l'intérieur, après avoir récupérer ses affaires toujours imbibées de potions et d'encre. Il referma rapidement la porte derrière eux et poussa un long, trèèès long soupir.

'' Tu t'y connais mieux que moi en potions, alors, si t'as une idée … ''

Parce que lui, il n'en avait aucune.

Spoiler:

Crier avait beau être le seul réflexe qu'elle parvenait encore à avoir en cet instant, cela n'aiderait pas le moins du monde et elle le savait. De fait, elle cessa cette activité, renonçant à pousser un dernier cri exprimant toute la colère et la frustration qu'elle pouvait ressentir. Sa vie était en train de tourner au cauchemar, officiellement. Si quelqu'un en doutait encore et s'avisait de la traiter d'ado dépressive, il n'avait qu'à voir la scène présente et il comprendrait que c'était une réalité. Perdue au milieu de ce couloir dans cette position fort compromettante, la jeune fille était en train de réfléchir, elle remontait les évènements un a un dans sa tête pour chercher à quel moment exactement tout s'était mis à mal tourner. Comment elle avait fait pour se retrouver le matin du 14 Février accro à la clope, fiancée à son ex, séchant régulièrement les cours et dans le corps d'un Gryffondor. Rien ne semblait spécialement logique dans toute cette histoire. Elle fut tirée de sa rêverie par sa propre voix lâchant un flot d'injures très colorées. Elle sursauta et releva les yeux vers... son corps, fronçant les sourcils. Vraiment ce genre de mots doux n'allaient pas bien du tout dans sa délicate bouche.

« Je n'aurais pas dit mieux moi-même...»

Le Gryffondor semblait prendre la chose tout aussi bien qu'elle, c'était rassurant. Cependant, il ne se considérait pas comme responsable de l'incident. De qui se moquait-il sérieux ? Certes Peeves les aurait certainement attaqué avec ou sans l'intervention de Neville mais bon, avec un peu de chance, ils n'auraient pas pris un mélange de trois potions sur la tronche, ce qui était sans doute la vraie raison de leur situation actuelle. Car honnêtement, Daphné n'avait jamais entendu parler d'une potion ayant la capacité de faire s'échanger les corps. Bon, à vrai dire elle ne connaissait certainement pas toutes les potions et encore moins celles servant aux farces et attrapes. Elle préférait largement les trucs plus sérieux, comme par exemple les potions pour guérir un rhume ou celles qu'on lui demandait de faire en cours. Le reste très peu pour elle. Cela dit, elle finirait bien par être obligée d'y réfléchir sérieusement si elle voulait trouver un moyen de se sortir de là.

Etant déjà suffisamment énervée comme cela et sachant pertinemment que se crier dessus ne servirait à rien du tout et surtout pas à les aider, Daphné se mordit durement les lèvres pour s'empêcher de répliquer quoi que ce soit à la tirade du jeune homme et se contenta de souffler lentement et de se détourner. Elle essayait tant bien que mal de se calmer, afin de réfléchir posément et de trouver une solution efficace. Heureusement qu'ils étaient juste devant la bibliothèque, ce serait bien plus simple de trouver quelque chose dans un livre. Si un tel accident leur était arrivé, ce serait sans doute déjà arrivé à d'autres personnes. Ils ne pouvaient décemment pas être les seuls à avoir vécu une situation de ce type. Car si c'était le cas, cela signifiait que personne n'aurait trouvé d'antidote et qu'elle devrait vivre indéfiniment dans le corps de Neville. Hors de question !

De nouveau, la voix du jeune homme la tira de ses pensées, alors qu'il proposait de bouger pour ne pas attirer l'attention sur eux. Elle n'avait même pas pensé à ce qu'il arriverait si quelqu'un les trouvait. En fait, c'était à peu près le cadet de ses soucis pour le moment. Car franchement, entre rester pour toujours dans cette situation ou se faire découvrir par quelqu'un, le choix de l'importance était vite fait. Les histoires qui courraient sur son compte dans l'école, elle s'en fichait pas mal, les seules rumeurs qui la dérangeaient vraiment étaient celle qui disaient que tous les Serpentards étaient des enfants de Mangemorts, qu'ils allaient tous mal tourner et blablabla, pour le reste peu lui importait. Et à vrai dire, on ne parlait pas souvent dans son dos puisqu'elle n'était pas du genre très visible. Tout ce qu'on avait dt sur elle était qu'elle sortait avec Drago à une époque où ce n'était pas le cas et qu'elle trompait ce dernier avec James à une époque où il l'avait quitté. Alors bon... Mais ce n'était visiblement pas le cas pour Neville qui, pour une fois, semblait voir toutes les facettes du problème. Et il était même en train de les régler selon leur difficulté : déjà se mettre à l'abri des regards indiscrets et ensuite s'attaquer au gros du problème.

Daphné observa donc son corps se pencher en avant pour rattraper les affaires de Neville encore éparpillées au sol et lui attraper le bras pour se rendre jusqu'à une salle de classe vide. C'était vraiment étrange de voir toutes ces actions réalisées sous ses yeux par soi-même mais ne pas être acteur. Comme si elle était dans un rêve et qu'elle voyait la scène depuis l'extérieur. Pourtant tout ceci était bien réel. Malheureusement... Et plus étrange encore, devoir se déplacer avec un corps plus imposant, plus lourd que le sien, elle avait la sensation de marcher dans une piscine en étant toute habillée, ses déplacements devenus difficiles par le poids de l'eau. La jeune fille avait quand même beaucoup de mal à se faire à l'idée d'être quelqu'un d'autre et pendant que Neville fermait la porte et lui demandait si elle avait une idée concernant une solution, elle observait sous tous les angles ses immenses mains tâchées d'encre, avec des doigts beaucoup trop longs et trop épais. Oui, il fallait vraiment qu'elle trouve un truc, mais quoi ?

« Je ne connais aucune potion capable de faire ça...»

Elle s'arrêta, réfléchissant de plus belle. En plus des nombreux ouvrages de la bibliothèque qui leur permettrait peut-être de trouver une solution, il existait au moins deux autres personnes dans Poudlard capable de les aider : les professeurs Slughorn et Snape. Elle se voyait mal demander de l'aide à son directeur de maison, elle n'était même pas certaine qu'il accepterait d'ailleurs, surtout pour aider Neville Londubat, quant au professeur Slughorn ce serait sans doute plus simple. Enfin, encore fallait-il que Neville accepte de descendre jusqu'aux cachots pour lui demander de l'aide.

« Cela dt, on a pas trente six solutions... Soit on cherche à la bibliothèque de quoi il s'agit et on essaye de trouver une solution tous seuls, soit on descend demander de l'aide à Snape ou à Slughorn. Comme tu veux ! »

Elle préférait lui laisser le choix même si pour elle l'un des deux professeurs de potions restait la meilleure optique.