Deux après la cérémonie de répartition, la plupart des élèves s’étaient levés avec une certaine motivation qui se lisait dans leurs yeux. Ils auraient certes préféré être en vacances mais l’idée de pouvoir de nouveau apprendre de la magie était tout aussi attirante. Olivia s’était couchée très tard la veille parce qu’elle avait passé son temps à revoir les premiers chapitres de différentes matières jusqu’à une heure du matin. Ce n’était pas raisonnable puisqu’il était nécessaire de ne pas être endormi aux cours d’aujourd’hui. Le professeur Flitwick lui avait distribué son emploi du temps et elle avait constaté, avec une certaine appréhension, qu’elle n’avait jamais eu un planning aussi rempli et ne possédant que peu de liberté. Ce matin, elle n’avait qu’une heure de libre et l’après midi était surchargé. Cela signifiait que cette année n’allait pas être facile et tranquille, en plus des BUSE à passer. Il s’agissait d’un des deux examens les plus importants de toute sa scolarité et elle devrait donc se concentrer d’avantage sur ses études et ses devoirs. C’était un pari à ne pas perdre. Observant une dernière fois son planning, elle mit dans son sac son livre d’Histoire de la Magie, son nécessaire à potions, son manuel de divination et son livre théorique de défense contre les forces du mal. Il était lourd à porter mais à l’aide d’un sortilège, elle put l’alléger un peu.

Lorsqu’elle descendit à la Grande Salle, elle prit le temps de saluer ses camarades et d’aller déjeuner en compagnie de Mandy Broklehurst et de Michael Corner. Elle n’avait pas spécialement faim mais il fallait prendre des forces avant d’aller écouter le fantôme Binns débiter des chapitres d’histoire de sa voix soporifique. Au passage, elle observait la table des professeurs et se rendit compte que le demi-géant de Hagrid n’était pas présent. Depuis hier, personne ne l’avait aperçu et Olivia se demanda s’il était tombé malade. D’un côté, ce n’était pas plus mal puisque ses cours étaient une plaisanterie mais d’un autre côté, sa gentillesse lui manquerait assez. Au bout de dix minutes de bavardage, elle et ses deux amis prirent la décision de ne pas trop s’attarder et de se rendre au sixième étage. A leur arrivée, il y avait déjà quelques élèves installés au premier rang. Il valait mieux occuper les premières places pour mieux écouter le cours et de ne pas se laisser avoir par l’envie de dormir. Notre héroïne ainsi que Mandy s’installèrent côte à côte sur le côté gauche du premier rang et attendirent les autres. En attendant, le silence régnait jusqu’à l’arrivée de Potter et ses amis. Même Olivia ne put s’empêcher de les regarder du coin de l’œil tellement elle était assez intriguée par ce garçon. Après tout, c’était lui qui avait subit l’acharnement moral de la communauté magique qui le considérait comme un menteur voulant se faire connaître d’avantage. Néanmoins, elle se rendit finalement compte qu’il était désagréable de se faire observer par tout le monde donc elle détourna le regard vers Binns qui finit par commencer son cours sur la Guerre des Géants.

Le cours aurait été plus intéressant s’il était conté par un autre enseignant mais le jus de citrouille tonifiant que la jeune brune avait avalé lui permit de résister au sommeil et de prendre des notes. Lorsque le cours prit fin, elle quitta la salle avec Mandy et Michael tout en ne pouvait s’empêcher de bailler. Désormais, les Serdaigle disposait d’une heure de libre tandis que les Serpentard et les Gryffondor se rendaient au cachot pour un double cours de Potions. Tandis que ses amis décidèrent d’en profiter pour aller faire un saut dans le parc, Olivia songea qu’il valait mieux étudier à la bibliothèque pour prendre encore plus d’avance sur le programme. De cette manière, l’année lui paraîtrait moins difficile. Toutefois, quelque chose lui bloqua le passage dans le couloir du sixième étage. Elle ne put emprunter un escalier puisque une drôle de substance se mettait à couler du plafond. Méfiante, la bleue et bronze jugea qu’il valait mieux ne pas le traverser. Elle réfléchit à un moyen de contourner le problème lorsqu’une voix moqueuse s’éleva dans les airs. Son instinct l’obligea à se retourner et elle remarqua avec étonnement que Peeves volait juste au dessus d’elle tout en lui tirant la langue.

« - Alors, huile d’olive, on a l'intention de rester dans le couloir et de sécher les cours ? Oh mais on qu'à jouer ! »

Et il éclata de rire tout en voletant autour d’elle. La seule personne, ou plutôt fantôme, capable de faire peur à cet esprit frappeur c’était le Baron Sanglant mais il n’était pas à proximité, hélas. Elle devrait donc se débrouiller toute seule. Elle ouvrit son sac à bandoulière et en sortit un mouchoir en tissu qu’elle jeta près de la porte des escaliers. Des gouttes de la substance suspecte tombèrent sur le mouchoir qui prit une horrible couleur vert caca d’oie. Puis, une odeur nauséabonde d’œufs pourris s’éleva dans le couloir.

Toutefois, lorsqu'elle se tourna de nouveau vers Peeves, celui-ci tenait une Bombabouse qu'il lança en direction de Olivia. Son réflexe fut d'effectuer un grand bond sur le côté pour esquiver la boule puante. Au passage, elle manqua de se cogner contre le mur. Elle n'avait pas le droit d'utiliser la magie dans les couloirs de l'école mais rien ne l'empêchait de sortir sa baguette. Mais justement; pourquoi la tendre sans avoir l'intention de l'utiliser ?

Peeves ne prenait jamais donc un seul jour de repos ? Et aujourd’hui, il avait fallu qu’il se trouve au travers du chemin d’Olivia. Décidément, sa première journée de cours s’avérait très joyeuse, au sens ironique bien sur. Elle se demandait bien comment elle allait se sortir de ce pétrin sans utiliser de la magie. Il était hors de question d’enfreindre le règlement pour des plaisanteries aussi puériles. C’est donc pour cette raison qu’elle préférait esquiver les bombabouses plutôt que d’agir autrement. Peeves possédait l’avantage de s’élever dans les airs donc il pouvait bien viser. Toutefois, les efforts physiques de la demoiselle portèrent leurs fruits malgré le fait qu’elle dut également éviter la substance étrange qui s’écoulait d’une partie du plafond. La baguette tendue, elle la serrait plus entre ses mains comme pour menacer sa cible plutôt que pour l’utiliser. Malheureusement, l’esprit frappeur devait bien se douter que tous les sorts passaient au travers de sa surface semblable à celle d’une vapeur froide. Se concentrant toujours sur la trajectoire d’une nouvelle bombabouse, elle espérait qu’un professeur puisse passer par-là et la tirer de ce guêpier. Le professeur Binns était toujours dans sa salle mais puisqu’il était aussi un fantôme absent de personnalité, il ne serait pas très utile.

Olivia fit quelques pas en arrière pour s’éloigner de Peeves mais ce dernier prit un malin plaisir à s’en rapprocher. L’accès aux escaliers en colimaçon était bloqué par la substance étrange mais on pouvait toujours sortir de là par les Escaliers principaux. Néanmoins, il serait bien trop risqué de traverser de nouveau le couloir sans que cet esprit facétieux parvienne à vous avoir lorsque vous avez le dos tourné. Et pourtant, au bout d’une minute, le souhait de Olivia se réalisa même si ce n’était pas un enseignant qui était venu à son secours. Il s’agissait d’une élève aux cheveux d’un blond pâle et possédant une insigne agrafée à sa robe de sorcière. Elle était sans aucun doute une préfète et c’était tout de même rassurant à savoir, même si un badge n’allait pas forcément effrayer Peeves. Habillée d’une cravate dont les couleurs correspondaient à celles de Gryffondor, Olivia prit conscience que la nouvelle venue lui paraissait fort familière. Elle l’avait rencontrée il y a quelques jours seulement, au Poudlard Express. C’était grâce à elle que notre jeune Serdaigle avait pu trouver une place dans un compartiment en attendant de retrouver ses amis au château. L’attention de Peeves fut alors concentrée sur la blondine qui venait de lever sa baguette et de réduire considérablement le volume de la Bombabouse qu’il tenait en main. Elle, au moins, avait osé utiliser de la magie sans se préoccuper des règles. Ce n’était pas pour rien qu’elle appartenait à la maison du courage ; chez ces rouges et ors, il considérait le danger et les situations compliquées comme bien plus importantes qu’un règlement écrit par de simples professeurs. D’un côté, ce n’était pas une réaction stupide, c’est vrai.

Peeves se tourna alors vers celle qui venait de jeter le sort et il parut plutôt contrarié mais toujours d’humeur à cracher des menaces et des quolibets. Il la nomma « MacKenzy » et l’énonciation de son nom rappela donc à Olivia le prénom de sa sauveuse. Cette dernière connaissait également la plus grande faiblesse de Peeves et elle l’utilisa pour l’effrayer. Son ton était plutôt sec même si elle souriait. A l’annonce du nom du Baron Sanglant, l’esprit prit un air soupçonneux et un peu apeuré avant de s’éloigner peu à peu au bout du couloir. Étonnée par la simplicité de la méthode employée par Ambre pour le faire fuir, Olivia en resta sans voix durant un instant. Elle n’aimait pas le chantage mais elle dut s’avouer que c’était une bonne manière de se débarrasser des perturbations extérieures. Visiblement, la préfète n’avait pas l’air de craindre énormément de choses et semblait avoir une grande confiance en elle. La Serdaigle réfléchit et sut que même sa propre confiance en elle ne pouvait prendre le dessus sur sa raison. Sa raison la poussait à employer des méthodes plus propres mais beaucoup moins efficaces. Elle se tourna vers Ambre qui venait de l’aborder. C’était plutôt bien d’entendre que son propre prénom n’avait pas été oublié par une personne qui ne vous connaissait pas vraiment.

« - Oui, c’est bien mon nom. »

Puis, elle lui demanda si elle n’était pas blessée. Toujours un peu sceptique, la brune observa l’état de sa robe et se sentit soulagée de voir qu’aucune boule puante n’avait pu la frôler. Ses aptitudes en esquive étaient donc plus que correctes.

« - Je vais bien, j’ai juste fini par me cogner la tête mais la douleur commence à s’estomper. En tout cas, merci de ton aide. Je n’avais pas prévu ce genre de choses dès mon premier jour de cours et sur le coup de la surprise, je n'ai pas eu l'audace de faire quelque chose d'interdit. » Répondit-elle sur un ton dubitatif.

Peut être qu’il n’avait nulle part où aller à par Poudlard ? Dumbledore n’osait sans doute pas abandonner un esprit rattaché à un endroit bien précis. C’était en général ce qui arrivait aux morts qui n’acceptaient pas de rejoindre la mort ; ils devenaient donc des fantômes et erraient le lieu qui les avait le plus marqué dans leur vie.

Ambre semblait assez perplexe quant à l’état d’Olivia mais de toute manière, elle s’était simplement cognée, rien de plus. C’était bien différent d’une blessure ouverte et ensanglantée. Non, elle n’avait pas vraiment envie de passer le bonjour à madame Pomfresh alors que la douleur était temporaire. Elle avait certainement d’autres cas plus graves à soigner donc il était préférable de ne pas la déranger pour si peu. En se tâtant le côté touché, elle eut la confirmation que ce n’était rien. Il était donc inutile de se créer un faux problème alors qu’il y avait des choses plus importantes. Elle hocha la tête négativement avant de répondre :

« - Ca ira, c’est passager. »

La brune baissa le regard vers sa main qui tenait toujours sa baguette en bois de Cerisier. Se rendant compte qu’il avait été stupide de la sortir pour rien, elle la rangea dans une des poches de sa robe de sorcière et observa les dégâts autour d’elle. Ce n’était pas la première fois que Peeves saccageait un couloir mais il aurait pu s’abstenir durant la première semaine, tout de même. Cette pensée était ridicule puisqu’elle venait de se rappeler que cet esprit ne respectait rien à par son Altesse, le Baron Sanglant. Sans sa présence, il était lui-même le petit prince du château à répondre à ses caprices désopilants. Fort heureusement, il venait de quitter ce long couloir en tournant vers un angle. Peut être chercherait-il une nouvelle blague à effectuer ailleurs. Il était bien dommage qu’aucun ordre d’expulsion n’ait été fait pour lui. Celui-ci avait laissé l’endroit plein de crasses et ce n’était sûrement pas son genre de tout nettoyer. Les deux filles auraient pu s’en charger mais cela reviendrait à user de la magie, chose qui n’est pas autorisée par le règlement. La meilleure des choses était d’appeler un professeur mais l’école était tellement immense que la salle des professeurs semblait être à des kilomètres. Elle observait la substance gluante qui tombait encore sur le sol comme une fuite d’eau. Il était hors de question de passer là-dessous surtout lorsque l’on connaît un peu ses effets. Cela ne devait pas être trop dangereux venant d’un Peeves farceur mais quelque chose d’assez gênant.

« - Je ne sais pas mais cela doit être le genre de farces et attrapes des Weasley. J’y ai mis un mouchoir ; il est devenu tout vert et une odeur horrible s’en est échappée. » Dit-elle calmement en ne pouvait cacher une expression de dégoût.

Elle se retourna derrière elle, à la recherche d’une autre sortie. Il y avait un virage sur la gauche à bout du couloir, celui que l’esprit frappeur venait d’emprunter pour sortir. Cependant, elle ne parvenait pas à se souvenir s’il menait aux escaliers principaux. En théorie oui, mais les étages ne se ressemblaient pas tous à cent pour cent. Puis, Ambre lui demanda une petite idée à propos de ce qu’elles pourraient faire. Elle suggestionna d’aller chercher un professeur et Olivia était plutôt d’accord avec cela. Tant pis si elle perdait du temps pour aller à la bibliothèque mais il fallait faire quelque chose. Ce n’était pas dans ses habitudes de penser aux autres mais le fait que la préfète l’ait sauvée lui avait, aujourd’hui, donné la motivation d’en finir avec ces saletés. Après tout, la Gryffondor aurait très bien pu la laisser dans ce guêpier au lieu de venir voir ce qu’il s’y tramait dans ce couloir. Elle ressentait donc l’envie d’agir de la même façon, ce matin.

« - Je voulais me rendre au quatrième étage mais visiblement ce passage est bloqué. Mieux vaut donc passer par le chemin du fond… juste là-bas (elle montra du doigt le virage). Et si tu as du temps devant toi, on pourrait se rendre au bureau de Rusard. »

L’idée d’aller voir Argus Rusard le concierge n’était pas très agréable mais il n’y avait que lui qui ne donnait pas de cours aux élèves et qui s’occupaient de ce genre de bêtises. Avec un peu de chances, il serait présent là-bas. Olivia rajusta son sac sur son épaule et fit quelques pas vers le fond du couloir avec son idée bien en tête. Seulement, elle avait oublié qu’il était dans le devoir de Ambre de vérifier certaines choses. Tout d’abord, elle devait trouver cela un peu étrange qu’elle ne soit pas en cours même si elle ne connaissait pas son planning. Elle l’interrogea alors sur sa présence ici.

« - Et bien, j’ai une heure de libre avant mon prochain cours et c’est d’ailleurs pour cela qu’à la base, je voulais me rendre à la bibliothèque. » répondit-elle sur un ton rêveur.