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Chaque année c'est la même chose même si cette année, dans le contexte actuel des choses... Les professeurs à tour de rôle sont priés de se rendre à la Cabane Hurlante afin de s'assurer qu'aucun élève ne prépare un mauvais coup pour Halloween. C'est une chose commune que de prendre un élève ou un groupe à cet endroit et ce jour là. Ils sont tellement prévisibles que leur manque d'envergure n'est jamais surprenant. Ils ne peuvent se décrire qu'en manques: manque d'idées, de technique, de don, de volonté, d'ambition, de travail, d'apprentissage. C'est à vomir.

Il y en a tellement peu qui méritent la transmission du savoir qu'on devrait limiter l'admission à Poudlard après un test de capacité. J'aurais aimé que mon vieux livre de potions tombe dans les mains d'un méritant. Il n'y en a que trop peu qui mériteraient ce privilège... C'est pour cela que juste avant la rentrée je suis allé l'enlever de l'armoire de nécessité. Ainsi les secret du Prince de sang-mêlé disparaîtraient peut-être pour toujours avec lui.

Sans y prêter attention, mes mains s'étaient crispées en imaginant un visage curieux qui aurait pu se pencher sur cet ouvrage, qui aurait froncé maintes et maintes fois les sourcils en essayant de déchiffrer cette écriture fine et serrée. Une personne assez intelligente pour devenir qui se cachait derrière ce nom ridicule et qui se serait posé les bonnes questions pour le découvrir tôt ou tard mais à présent c'était trop tard.

Le crissement de la neige tassée sous mes pas accompagnait seul mon chemin jusqu'à la Cabane Hurlante. Il s'était arrêté de neiger. A cette époque de l'année elle ne tiendrait certainement pas longtemps, juste assez pour apporter une touche de circonstance à Halloween.

Pour moi cette vieille bâtisse délabrée revêt une signification particulière et une myriade de souvenirs inégaux, presque douloureux. Mon fardeau pèse sur mes épaules depuis 15 ans. Parfois je me prends à penser qu'il y a du Sisyphe en moi mis à part dans mon cas qu'il n'y a pas de montagne. Poudlard pourrait faire figure d'allégorie mais je préfère que la métaphore s'arrête là. Sans y prêter attention mes pas m'ont guidé par le sentier naturel pour rejoindre les lieux. Le saule cogneur est sans doute encore trop douloureux.

Peu à peu la silhouette apparut à mes yeux malgré le manque de lumière. Mon faible lumos ne permettait pas d'éclairer grand chose si ce n'est le chemin. je ne devais plus être très loin...

- Lumos maxima.

Cette fois j'y étais. En quelques secondes de marche j'avais rejoint le porche. La porte s'ouvrit sans que je n'eus à la toucher... Étrange. Quelqu'un devait être là. Dans le hall, le vacarme assourdissant m'obligea à crier, chose inhabituelle chez moi.

- Qui es là? Ce sera cinquante points de mois à la maison qui sera prise en faute! Et ce quelle que soit la maison !

La porte claqua m'enfermant seul dans cet endroit lugubre. Un frisson me parcourut l'échine. Tout craquait autour de moi et le présent semblait se déchirer pour lever le voile du futur. Trelawney ne l'aurait pas mieux dit. Les formes de distendirent et tourbillonnèrent dans un mélange de bruits horribles qui me conduisit accroupit au sol, mains sur les oreilles.

- Debout !
- Maître?

Mes muscles se raidirent à l'écoute de cette fois à la fois stridente et sifflante. Je me relevais sans m'en rendre compte, comme un pantin bien obéissant au marionnettiste. Comment était-il là et pourquoi? Aucune information n'avait filtré... Mes pensées s'embrouillèrent, ma respiration était haletante, mon cœur battait la chamade...

Combien de fois l'avais-je imaginé ma fin? Cent fois, mille fois? peut-être. Mais cette fois, ça avait l'air si réel...



Je me sentais paralysé mais soulagé. Je ne devrais pas avoir mal, au contraire, cette scène qui s'était déroulée sous mes yeux sembla m'alléger de toute culpabilité. Je me sentais presque détendu à présent, flottant dans les airs. c'était inattendu, chaud, bienveillant. Depuis combien de temps n'avais-je pas ressenti une telle émotion? C'était donc cela mourir? Et dire que je redoutais ça depuis si longtemps! Merlin !

Mais, suis-je mort ou bien...

- Severus ?

Cette voix, ça ne se pouvait pas... Suis-je donc vraiment mort?

- Lily ?
- Severus!

Un cri. C'était un cri claquant dans l'air. Il appela à nouveau le froid suivi de la peur. Ce ton n'appelait qu'un souvenir, celui du rejet.

- C'est de ta faute Severus! C'est de ta faute si je n'ai pas vu grandir mon fils. C'est de ta faute si mon unique amour est mort. C'est de ta faute si notre famille a été détruite.

Lily était là, face à moi. Elle me contemplait avec fureur. Je la trouvais plus belle et désirable que jamais malgré toute la haine qui luisait dans son regard. Je voulais m'approcher d'elle, me traîner à ses pieds, la supplier de ... de quoi? De me pardonner?

- Jamais Severus. Jamais tu ne trouveras le repos pour ce que tu as fait. Mais au lieu de mourir vainement Severus, tu vas vivre et vivre vieux. Tu traineras ta culpabilité comme le plus lourd des fardeaux et quand tu mourras, tu mourras seul et abandonné, dans l'anonymat le plus banal ou la haine la plus virulente. Personne ne se souciera de toi Severus car tu n'existera plus qu'aux yeux de tes ennemis et parmi ceux-ci il y aura mon fils. Celui qui n'aura jamais connu ses parents et qui ira cracher sur ta tombe.

- Non! Non ! Lily, écoute-moi! hurlai-je les yeux remplis de larmes... Mais c'était peine perdue. Son corps se trouva dissout et elle s'évanouit dans un cortège de rires aigus, belle et scandaleuse de froideur. Jamais elle n'avait eu la langue si audacieuse en verbe et en horreur.

J'étais toujours accroupis dans le hall de la Cabane Hurlante, entouré de murs en bois craquant. Le temps semblait avoir retrouvé toute sa normalité. Il n'y avait personne d'autre que moi ici, du moins c'est ce que j'avais décidé. Je commençais à peine à retrouver une respiration régulière. Hors de question de monter à l'étage courir après ceux qui avaient dû monter ce piège horrible. Je ne savais pas ce que je venais de vivre. Mais en tous cas une chose était sûre: je ne voulais certainement pas le vivre.


HJ: Je sais que c'est en dehors de la date buttoir mais ce n'est pas pour le concours, juste par envie.