21 Septembre 1996

La vie amenait parfois à prendre des chemins détournés, sinueux, qui semblaient sérieusement éloigner du but visé. L'exercice le plus difficile était sans doute de ne jamais perdre de vue le but à atteindre, y penser chaque fois que sa conscience essayait de se convaincre que ce n'était pas la bonne route, ne jamais douter.

Rigel savait bien que ce qu'elle devait faire semblait extrêmement mauvais, sans doute l'était-ce vraiment. Définitivement, essayer de rejoindre une organisation d’élèves rebelles, sur ordre de Voldemort, c'était clairement mauvais. Rejoindre Voldemort était déjà à la base preuve d'une certaine malfaisance, pourtant, c'était deux étapes, finalement obligatoire pour atteindre son but. Ce but était la seule chose à laquelle elle s'accrochait, la seule chose qui lui permettait de tenir au final.

Ce jour la, alors qu'elle était à la recherche de la fille Weasley, Rigel Black essayait désespérément de calmer sa foutue conscience, qui savait bien qu'un jour ou l'autre elle devrait trahir, à contrecœur, les gens dont elle comptait se lier. La seule chose qui lui permettait de ne pas se détester par avance, c'était de se dire que son but atteint, si elle était encore vivante d'ici la, alors ce serait à leurs coté qu'elle se battrait.

Les cinquièmes années sortaient d'un cours de métamorphose à cette heure, c'est là que Rigel comptait trouver Ginny Weasley. Pourquoi elle ? Parce qu'elle savait que la Weasley faisait partit des élèves qui s'étaient rendu au ministère l'année d'avant, elle faisait partit de ce groupe d’élève qu'elle allait devoir intégrer. Au détour d'un couloir, elle n’eut pas de mal à repérer les cheveux d'un roux flamboyant qui caractérisaient la famille Weasley. Une partie d'elle ne pu s’empêcher de maugréer un « moi, une Black, aller parler à une Weasley », partie qu'elle s'empressa de lui dire de se la fermer. Ce n'était pas le moment de passer pour une saleté de sang pur.

-Hey Wea... Euh, Ginny ! Je peux te parler une minute ?

Elle s'était avancée vers le groupe de gryffondor, son grand avantage résidait dans le fait qu'elle était à Serdaigle et du genre discrète, la plupart des élèves ne la connaissaient absolument pas, son visage peut être, mais pas son nom. C'était un solide avantage qu'elle avait déjà prévu depuis des années, dans le cas ou elle avait à agir, comme aujourd'hui, sans avoir la mention « famille Black » en lettre brillante au-dessus de la tête. Non pas qu'elle avait honte, simplement qu'elle connaissait très bien la réputation de sa famille.

-En privé je veux dire. Précisa-elle. Juste deux mots, j'en ai pas pour longtemps.

En toute honnêteté, Rigel s'était attendue à se faire joyeusement refouler. D'autant que sa langue avait fourché et qu'elle avait bien faillit l’appeler « Weasley », de façon assez méprisante en général. Par Salazar, elle était une Black, la fille de deux mangemorts, l'année précédente encore elle avait participé à deux trois actions de la brigade inquisitoriale, elle s'était attendue à un accueil plus du type « Qu'est ce que tu me veux Black ? Dis ce que tu as à dire et dégage ». Plus sympathique qu'elle ne l'avait imaginé cette petite Ginny.

D'un pas vif, elle s’éloigna du groupe des gryffondor, attendant que Ginny la suive, pour arriver dans un coin protégé des oreilles indiscrètes. C'était dans l'angle à coté de l’escalier, elles y seraient tranquille ici. L'endroit restait néanmoins assez ouvert, permettant de partir facilement. Cela ferait bien en sorte d'éviter que la gryffondor se sente piégée ou oppresser. Il ne fallait surtout pas donner la sensation d'un piège.

Jouant la nervosité, Rigel se mordilla une mèche de cheveux, puis la lâcha, jouant avec ses doigts, puis un pan de sa robe. Quelques petits regards aux alentours comme si elle craignait qu'elles soient entendue, passant une main dans ses cheveux, se mordillant la lèvre, cherchant des mots.

-Je sais pas bien comment aborder ça... Je sais bien que je n'ai pas vraiment le profil d'une alliée.

Bonne introduction, ne pas foncer en s'imposant de leur coté, ne pas jouer l'hypocrite avec un « mais je suis parfaitement gentille, qu'est ce qui te fait imaginer le contraire ? ». Elle était une Black, elle le savait, tout le monde le savait, ou presque. Elle le savait d'ailleurs elle ? Elles ne s'étaient jamais parler après tout. C'était le bon moment pour se présenter.

-Je m'appelle Rigel Black, je ne me suis même pas présentée, quelle impolie je fais ! Excuse-moi... ça me stresse un peu, ce que je veux demander pourrait bien me mettre en fâcheuse posture.

Voilà, à présent, montrer qu'on va à l'encontre de ce qu'on doit faire, qu'on se met en danger.

-J'aimerais intégrer l'AD, tu y étais impliquée je crois l'an dernier.

Elle lança un regard nerveux autour d'elles dans la plus pure expression de « je veux surtout pas qu'on m'entende. D'une voie basse et précipitée, elle ajouta :

-Je pourrais vous aider, je connais pas mal de truc et surtout les façons d'agir des mangemorts, vous apprendre les contres-sort des principales techniques de magie noire, ça pourrait en sauver plus d'un pour la suite... Après ce qui s'est passé en juin dernier...

Les remord maintenant, la tristesse en évoquant les trois élèves qui avaient été gravement blessés au ministère, des amis de Ginny. Plus que ça même, elle se rappelait en deuxième année quand Ginny courait après Harry, toute l'école était au courant. Rigel avait même été présente lors de la « magnifique » sérénade envoyée par Ginny à Harry, en chanson le jour de La Saint-Valentin. Et Ron qui n'était autre que son frère.

-Les sorts qui les ont touché... j'en connais les contre sorts, et bien d'autre. Conclut-elle presque en chuchotant. Mais il faut surtout pas que ça se sache... Tu comprends, je risque vraiment gros en me proposant...

Bien que cela ne se ressente pas dans ses paroles, Rigel lisait la surprise dans le regard de la rouquine. Il faut dire qu'elles ne se connaissaient pas personnellement et la Serdaigle était connue pour être très Serpentard sur les bords, en tout cas, les rares contacts qu'elle avait pu avoir avec Ginny était généralement assez méprisant. Une Weasley quoi, cette famille de bouseux avec tout un troupeau d'enfant, une famille bien au-dessus de leurs moyens donc. Qui comptait un préfet prétentieux et un abrutit vorace, et le père, n'en parlons pas, tout juste bon à réparer les bêtises que certains sorciers faisaient avec des objets moldu, quelle carrière ! Et enfin la mère femme au foyer, sans doute le futur que redoutait le plus Rigel.

Il y avait bien les jumeaux qui avaient le mérite d’être ambitieux et créatifs, et justement, Ginny qui elle semblait avoir un peu plus de potentiel que Ronald. Celui la n'avait pour seul intérêt que d'avoir été le toutou de Harry Potter jusqu'à ce qu'il les embarque dans sa chute. Difficile dans ces conditions de ne pas avoir de quoi se moquer d'une telle famille, même en oubliant leurs coté « oukilsontmescopainslesmoldu ! ». Finalement, Ginny était la seule membre connue des Weasley que Rigel pouvait apprécier un tant soit peu. Elle avait perdu son frère et deux de ses amis, et pourtant elle restait combative, c'était louable.

-Merci. C'est important pour moi. J'aimerais vraiment me rendre utile.

Il n'y avait pas grand-chose de plus à dire à ce sujet. Elle avait plaidé sa cause, donner une utilité non négligeable qu'elle pourrait avoir, bref, elle avait bien jouer son rôle. Elle ne doutait pas trop de la suite. Enfin, elle aurait bien à rajouter.

-Tu sais Ginny, je me doute que tu dois imaginer que je ne t'aime pas, mais c'est faux. Tu fais partie des gens de talents qui, heureusement, relèvent pas mal le niveau de Gryffondor. Tu affrontes les événements avec un véritable courage, c'est admirable.

Tout comme à Serpentard, on ne trouvait pas toujours la grandeur qui définissait la maison, le vrai courage à Gryffondor ne se trouvait pas toujours. Si Rigel méprisait un certain nombre de Gryffondor, c'était justement les gens qui avaient été à Gryffondor juste parce que « c'est la maison des gens bien » mais qui finalement n'y avaient rien à faire. Après il y avait ceux qui confondaient courage et stupidité, ce qui hélas était la majorité de cette maison. Toujours prêt à se fourrer dans les ennuis en se disant que c'est noble de faire ça, sans plus réfléchit et tombaient dans n'importe quel piège.