4 Janvier 1996
Adossé contre le muret de pierres grises au loin dans les environs du parc, je profitais des quelques rayons du soleil qui perçaient enfin après quelques jours où les nuages déversant leurs flocons sur le paysage avaient été au rendez-vous. La douce lumière réchauffait ma peau blanche, tandis que je fermais les yeux, appréciant le calme. Enfin, calme était un bien grand mot, étant donné qu’il est difficile d’avoir un niveau de décibel reposant dans l’oreille lorsque Crabbe et Goyle sont à moins de 3km de sa position. Ils discutaient de tout et de rien, mais sans que je ne prenne toutefois part à leur conversation qui m’ennuyait plus qu’autre chose. J’avais besoin de quelque chose qui me change les idées, de cesser de penser inlassablement à la même chose qui tournait en boucle dans ma tête.
Car si j'étais bel et bien parvenu à utiliser l’Armoire à Disparaître que j’avais cachée dans la Salle-sur-demande pour accomplir la première partie de ma mission, tuer en revanche le vieux croulant de Dumbledore s'avérait être plus complexe que tout ce que j'avais déjà bien pu imaginer. Et dire que ma troisième tentative avait encore lamentablement échouée... Mais j’espérais un peu profiter au moins de cette après-midi pour me vider la tête, à présent que les cours étaient terminés, et essayer de remettre un peu d’ordre dans mes idées. J’avis réellement besoin d’air, du moins pendant quelques heures avant que je ne me remette à mes « recherches ».
Je lâchais alors un soupir, promenant mon regard sur les élèves qui se promenaient paisiblement dans l’immense parc, profitant de ce temps moins chaotique que les jours précédents. Soudain, j’aperçu au loin quelques Gryffondors en tenu de Quidditch qui s’avançaient vers le terrain pour aller s’entraîner, leur balai à la main. Un sourire en coin se dessina sur mes lèvres, alors que je venais précisément de trouver ma distraction. Et la sœur Weasley était justement en tête... Oui, ça promettait d'être pour le moins intéressant.
Je me relevai donc sous le regard interrogateur de mes amis, et leur dis d’un air mauvaisement réjoui, du moins autant que je pouvais l'être ces derniers temps :
« J’ai bien envie d’aller "admirer" le travail de ces idiots de Gryffondor. Depuis le temps que je me demande quand le balai de Weasley finira par lâcher, je ne voudrais vraiment pas rater sa chute ! » Lâchais-je, sous les ricanements moqueurs des deux Serpentards.
Je me dirigeai alors en direction du terrain, suivi de près par Crabbe et Goyle. D’un pas droit et hautain, je regardai d’un air narquois les nouveaux objets de ma distraction qui enfourchaient leur balai. Ceux-ci se retournèrent alors à notre arrivée, nous lançant des regards empreints de haine et de méfiance.
« Qu’est-ce que tu fous là, Malefoy ? » Me demanda sèchement Weasley.
Dans une innocence théâtrale et volontairement exagérée, je lui répondis avec un rictus:
« Je suis simplement venu voir comment vous alliez vous en sortir à présent que le Potter n’est plus là pour vous sauver la mise. »J’eus alors bien gracieusement le droit à un regard assassin de la part de la rouquine, qui s’envola alors rapidement dans les airs. Je lançais un regard vers les tribunes, et aperçu à ma grande surprise Pansy qui y était assise, seule, visiblement pensive. Je fronçais un instant les sourcils, lâchant un léger soupir en découvrant une nouvelle fois ce visage que je ne reconnaissais pour ainsi dire plus depuis quelques jours. Plus l'ombre d'un sourire ne donnait ne serait-ce que l'illusion de pouvoir apparaître, rien...
« Laissez-moi, je vous rejoindrai plus tard » Dis-je aux deux molosses, qui partirent alors du terrain, tandis que je longeai les tribunes pour rejoindre les escaliers de bois qui montaient au niveau de la rangée où elle se trouvait.
A vrai dire, j’étais content de la revoir, depuis le temps où nous n’avions pas discuté seul à seul. Mais la vérité était surtout que j'étais préoccupé par elle, quand bien même c'était chose rare chez moi, je l'admettais. Mais Pansy était une personne à laquelle je tenais véritablement, et la voir dans une telle désolation pour une raison qui m'était absolument inconnue m'intriguait.
Lorsque je fus donc arrivé à son niveau, je me dirigeai vers elle, sans qu’elle ne m’ait visiblement aperçu. Je m’assis alors à côté d’elle, posais mes jambes sur le banc d’en face, les mains dans les poches, et lui dis en guise de salutation:
« Alors, toi aussi tu viens admirer le spectacle ? »