Enfin de retour à Poudlard, et cette année serait la dernière pour moi. A présent que j’avais rejoint les rangs du Seigneur des Ténèbres, plus rien ne serait pareil. Ce Sceau à jamais gravé sur mon bras était plus qu’un honneur pour moi, cependant il allait de pair avec une lourde mission que celui-ci m’avait confié, et l’extase et la fierté du moment étaient vite retombées pour laisser place à une inquiétude et une peur de plus en plus grandissantes. Faire les choses tout seul n’était pas spécialement dans mes habitudes, moi qui trouvais toujours deux ou trois imbéciles pour faire le travail à ma place, cependant, là je savais que j’étais irrémédiablement seul. Personne ne devait savoir mon secret, mais quoiqu’il en soit je savais pertinemment que je réussirai. Le Lord Noir me faisait confiance, c’était à moi seul qu’il avait confié cette mission et à personne d’autre, pas même à ma cousine, Rigel. Sans doute se méfait-il de sa descendance puisque après tout son père n’avait été qu’un traître. Qui plus est, et malgré que ce fût une des rares personnes que j’appréciais réellement, elle avait était envoyée par je ne sais quel maléfice à Serdaigle. Elle n’avait pas l’envergure des Serpentards, alors il était normal que le Seigneur me confie cette tâche, qu’il n’a pas même accordée à son fidèle bras droit, le Professeur Snape. Alors j’allais très vite trouver un moyen de l’honorer, pour qu’il comprenne que les Malefoy étaient encore dignes de confiance, même si mon père venait d’être conduit à Azkaban.

Je descendais du Poudlard Express, redécouvrant ce château dans lequel j’avais passé une grande partie de ma vie. Ce que personne ne savait cependant, c’est que ce serait la dernière pour moi ici. Nous montâmes dans les calèches tirées par des Sombrals que peu d’entre nous ne pouvaient voir. Durant le voyage, je regardais avec un sourire narquois mon insigne de préfet que j’ajustais de telle sorte à ce qu’elle soit la plus visible possible. Cette distinction que je méritais amplement me serait d’une utilité et d’un plaisir jouissif lorsque je pourrais en user pour coller diverses retenues en tout genre. Dommage d’ailleurs que le Potter, son poteau et la Sang-de-Bourbe ne soient pas là cette année pour en profiter, sinon s’aurait été avec plaisir que j’aurais inauguré avec eux mes nouvelles fonctions. Mais qu’importe, il y avait des tas d’autres élèves sur qui je pourrais m’amuser, la liste était bien longue.

Puis l’arrivée sonna l’heure de l’habituel banquet de début d’année, ainsi que de la distribution des maisons pour les premières années. Je n’avais écouté le discours du vieux Dumbledore que d’une oreille. Des mises en gardes, encore et toujours. L’école, disait-il, était en danger à présent que l’armée de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcé-Le-Nom devenait de plus en plus redoutable et qu’un soi-disant tragique évènement les avaient tous secoués, à savoir l’accident des trois « héros » de Gryffondor. Ce que le vieux ne savait toutefois pas, c’est que trois Mangemorts se trouvaient en ce moment dans l’enceinte même de son école, et que deux d’entre eux étaient des élèves, tout comme le troisième était son plus fidèle bras droit. Cette pensée aurait pu m’ôter un sourire narquois, mais je n’en avais pas le cœur. Je n’étais d’humeur à rien, ressassant inlassablement dans ma mémoire les derniers évènements que j’avais vécu, et réfléchissant depuis activement au moyen de procéder. Mais pour le moment, je n’en voyais aucun...
La soirée était donc plus ou moins rapidement passée, et il était à présent temps que l’on rejoigne les cachots afin de se reposer, en attendant la première journée de cours qui débuterait dès demain.
Nos valises avaient déjà été conduites dans les dortoirs, et je jetais un dernier coup d’œil à mon emploi du temps avant de m’allonger. Je n’avais que peu d’heures d’études, mais toutes devraient me servir à rechercher un moyen d’agir. Il fallait que je trouve une solution avant la fin de l’année m’avait-il ordonné, et même si cela me laissait quelques mois devant moi, je savais que ça n’était que trop peu. La boule au ventre, je m’allongeais donc sur le lit avant de rabattre mes couvertures et d’attendre patiemment en fixant le plafond que le sommeil ne me vienne. En vain.

Lorsqu’il fut temps de se lever pour que cette nouvelle journée ne commence, je remarquais que je n’avais pu m’assoupir que trois heures à peine. Je lâchais un soupir agacé et lassé, constatant que ces nuits presque blanches devenaient de plus en plus mon lot quotidien, ce qui n’était pas pour arranger ma mauvaise humeur habituelle. Tant pis pour les autres, ils étaient déjà bien habitués.
J’allais me laver, puis enfilais la tenue habituelle grise et verte, avant de mettre ma cape, de glisser ma baguette dans la poche et de passer une main sur mon badge pour que tout soit impeccablement parfait.
Je me dirigeais ensuite vers la Grande Salle, accompagné comme toujours de mon fidèle groupe pour prendre le petit déjeuner avant que le premier cours ne démarre. Cependant je ne touchais pour ainsi dire pas à mon assiette, ayant l’estomac plus que noué. Mais je ne voulais rien montrer, continuant à faire comme si de rien n’était. Puis je me levais pour me diriger vers le cours des potions, croisant sur le seuil de la Grande Salle ma cousine qui se dirigea discrètement vers moi pour me murmurer au passage:

« On peut se voir ce soir après les cours ? Salle des trophées. »

Les premières heures de cours passèrent donc, jusqu’à ce que tous les élèves sortent au pas de course des salles pour aller profiter de leur pause avant que débutent ceux de l’après-midi.
Je pris mes affaires et lançais à Crabbe, Goyle et Zabini de ma voix traînante:

« Partez sans moi, j’ai quelque chose à faire. »

Les deux gorilles se lancèrent un coup d’œil qui traduisait leur incompréhension, mais qu’importe. De toute manière ils ne comprenaient que très peu de choses, alors je n’y prêtais aucune attention et tournais les talons avant de me diriger dans la salle où Rigel m’attendait.
Je montais les escaliers jusqu’au troisième étage où je parvenais enfin dans la salle, vide de toute présence sauf de la sienne. Elle se tenait là, adossée contre un mur, un livre dans les mains. Je m'avançais alors vers elle de ma démarche hautement fière et assurée, et la saluais:

« Rigel. Alors, de quoi voulais-tu me parler ? » Demandais-je sans détour.

Les formules de politesse pour demander si la personne allait bien ne m’intéressaient pas, je préférais aller droit au but, d’autant plus que ces derniers temps ma patience était largement amoindrie à celle que j’avais d’habitude, ce qui n’était donc pas peu dire. Néanmoins je m’étais toujours bien entendu avec elle, et elle était l’une des rares personnes à avoir mon respect et ma confiance.

J’attendais patiemment la fin du cours d’histoire de la magie qui sonnerait la fin de cette première matinée de rentrée pour rejoindre Rigel à notre lieu de rendez-vous. A vrai dire, je me doutais déjà largement du sujet de notre conversation, puisqu’à présent nous étions tous deux devenus les partisans du Seigneur des Ténèbres. Je ne pouvais d’ailleurs pas rêvé de plus belle distinction, bien que j’étais pour l’instant loin de me douter que je verrais très vite ce rêve tourner vers le cauchemar. Pour le moment, j’étais surtout angoissé, et à tel point d’ailleurs que je ne trouvais plus le sommeil et que mon caractère se faisait de plus en plus sombre. Mais qu’importe, je ne voulais pas y prêter attention outre mesure, et étais décidé plus que jamais à rendre le Lord fier de moi. J’étais à la hauteur de sa mission, je n’en avais pour le moment pas le moindre doute.

Lorsque le cours se termina enfin, je rangeais mes affaires dans mon sac que je posais sur une épaule, et lançais aux autres qu’ils n’avaient qu’à partir sans moi car j’avais quelque chose à régler avant. Je tournais alors les talons et me dirigeais vers la Salle des Trophées ou ma cousine m’attendait.
Je montais les marches pour rejoindre le troisième étage, et me dirigeais dans l’un couloir qui me mènerait à ma destination. Là, je la vis adossée contre un mur, lisant un livre qu’elle tenait dans ses mains. Je m’approchais d’elle, les mains dans les poches, la démarche fière et assurée comme à mon habitude. Cependant mon visage ne traduisait pas la moindre émotion. Il n’y avait là aucun sourire, rien qui ne pouvait lui montrer que j’aurais pu être content de la voir. Non pas que sa présence me dérangeait, puisqu’elle était l’une des rares qui ne m’importunait pas, mais parce que mon air se faisait naturellement de plus en plus glacial. Au fond, je devais bien avouer que si Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom m’avait confié une mission de la plus grande importance, j’étais mort de peur, et cela nul ne pouvait s’en douter. Pas même elle, puisque le Seigneur l’avait congédiée pour qu’elle n’en soit pas informée. Alors elle ne devait se douter de rien, et d’une voix somme toute un peu froide, je la saluais, et lui demandais pour aller droit au but :

« Rigel. Alors, de quoi voulais-tu me parler ? »

« Salut Drago. Le sujet est très simple. » Me répondit-elle, avant de pointer sa baguette vers l’entrée de la salle pour lancer un sort qui permettrait que nul ne puisse entendre notre conversation.

Mon intuition était donc bel et bien confirmée, et je lâchais un léger soupir presque imperceptible, attendant qu’elle m’explique ce qui semblait être si important pour elle, ce qu’elle fit aussitôt.

« Cet été, nous sommes devenu mangemort, c'est de ça dont je veux parler. Tout les deux, on a reçu chacun une mission... Je ne sais pas pour toi mais cette situation m'angoisse assez, j'ai besoin d'en discuter avec quelqu'un dans ma situation. Oh je me doute que tu ne me donneras pas de détails sur ta mission, si le Maître m'a congédié c'est que je ne suis pas censée savoir. »

« Non en effet. » Répondis-je sans ménagement.

J’étais d’une humeur décidément bien exécrable, et visiblement elle serait une de ceux qui en ferait les frais. Cependant elle me connaissait bien, et même si je n’étais tendre avec personne, je n’étais pas non plus aussi dur avec elle qu’avec les autres. Le fait est que je l’appréciais, mais en ce moment-même je n’avais pas envie d’entendre ce genre de choses. De quoi avait-elle peur ? Certes, sa mission n’était pas simple, mais elle était sans commune mesure avec la mienne, même si elle n’en avait pas conscience. Trouver comment Potter et les autres trolls qui l’accompagnaient avaient pu s’entraîner à développer leurs pouvoirs n’était au fond pas si compliqué, surtout qu’elle était une Serdaigle. Elle aurait certainement une plus grande facilité à s’intégrer à un quelconque groupe en passant relativement bien inaperçu... Je comprenais sa crainte, mais le problème c’est que personne ne pourrait entendre la mienne, et de toute façon je n’avais pas envie que quiconque le sache. J’aurais peut-être pu me confier à elle, c’est vrai, mais cependant je ne le pouvais pas. Elle ne devait pas savoir que la vie de ma famille reposait entre mes mains, j’étais seul. Alors sur un ton empreint d’un certain mépris incontrôlé, je lui lâchais :

« Mais de quoi tu te plains, Rigel ? Ton père était un traître et un lâche, tu veux montrer que tu es pareil que lui ? Je te pensais plus maline et plus volontaire pourtant. Estime-toi heureuse et honorée d’avoir une mission pareille à remplir ! Tu ne te doutes même pas une seconde de ce que moi je dois faire ! »

Je m’étais emporté, j’en avais conscience, et étais allé loin en parlant ainsi de son père. Mes lèvres étaient pincées dans un air de dédain et de colère. Cependant ça n’avait pas été volontaire, du moins pas contre elle. Néanmoins je savais que je n’aurais pas dû lui dire une chose pareille, dans le sens moi aussi je devrais être heureux de ce que je devais accomplir pour lui.

« Tu devrais t’estimer heureuse qu’il t’ait accordé sa confiance. »

Je l’avais regardé droit dans les yeux, toutefois si j’avais parlé avec une certaine assurance, je n’avais pas prêté attention à mes mains qui s'étaient mises à trembler.
J’avais peur, de plus en plus peur, mais ça, je n’osais pas le lui dire...

Je tentais chaque jour un peu plus de me maîtriser, de cacher aux yeux de tous les réels sentiments qui m’habitaient. Cependant Rigel me connaissait plus que quiconque ici, et je savais parfaitement qu’elle ne serait pas dupe. C’était d’ailleurs peut-être ce qui faisait que je réagissais aussi violement avec elle. En même temps, je ne pouvais pas dire que je ne pensais pas ce que je disais, car il est vrai que je ne comprenais pas qu’elle ait autant de faciliter à me confier la peur qui l’animait à cause de sa mission. Mais peut-être était-ce tout simplement parce qu’elle me faisait confiance, et parce que j’étais la personne la mieux placée pour la comprendre puisque nous étions tous deux dans la même situation, à quelques différences près.

D’aussi loin que je me souvienne, nous avions toujours tout partagé. Je me rappelle de ses visites au manoir, où nous nous amusions tout autant que nous nous lancions des défis. Aucun de nous deux n’aimait perdre, et si cela provoquait souvent des disputes, une certaine complicité nous avait toujours unis. Alors qu’est-ce qui m’empêchait de lui dire à mon tour, comme elle venait de le faire, que j’étais tout aussi paniqué qu’elle, et même peut-être bien plus, sachant ce qui reposait sur mes épaules si jamais je venais à échouer. Quoique même la réussite m’effrayait au fond, car tuer quelqu’un ne m’était pas aussi facile que je voulais bien le laisser croire. D’autant plus qu’il s’agissait de ce fou de Dumbledore...

Je lui avais alors craché mon venin avec colère et dédain, allant jusqu’à lui dire que je la pensais moins lâche que son père. Je savais on ne peut mieux que ce sujet était de loin celui qui la heurtait le plus, mais sur le moment je n’en avais strictement que faire. La colère était de loin le sentiment que je maîtrisais le moins, si bien que je ne réfléchissais pas aux conséquences de mes paroles, ou à l’impact qu’elles pouvaient avoir, du moins envers elle. Car en réalité il n’y avait qu’avec Rigel qu’il m’arrivait parfois de me mesurer. Bien rarement, je l’avoue, mais du moins j’essayais de prendre ces précautions avec elle. Quant aux autres, en revanche, plus mes paroles étaient blessantes et plus je m’en délectais.

J’avais donc conscience d’être allé trop loin, mais je ne pus m’excuser. Ça n’était pas quelque chose que je pourrais un jour me résoudre à faire, cependant cesser de déverser mes sarcasmes sur elle et essayer de me radoucir était une façon quoique détournée de le faire, à mes yeux. Son visage aux traits auparavant tirés par la colère que j’avais fait naître en elle sembla se relâcher, comme si elle avait bel et bien perçu que mon comportement n’était pas normal, du moins pas dans une telle proportion. Elle abaissa alors son regard, quittant la dureté teintée de tristesse du mien. Elle prit alors mes mains qui s’étaient mises à trembler sans que je ne m’en rende compte, puis me dit avec une certaine douceur, croisant à nouveau mon regard gris :

« Écoute, je sais bien que je n'ai pas à savoir ce que tu dois faire, ni même d'imaginer que ma mission est plus complexe que la tienne. Je veux juste que tu saches que je sais que tu le vis mal mais que je suis là pour te soutenir. Peu importe si je n'en sais pas plus. »

Je ne répondais rien à ses paroles, à la fois perdu et intérieurement terriblement angoissé. Mes mâchoires étaient crispées, mon visage fermé, mais seuls mes yeux semblaient vouloir trahir ce que je n’osais toutefois pas lui dire : que j’allais profondément mal et que j’avais besoin d’aide. Malgré que je ne voulais pas qu’elle le sache, s’en était bien plus que je ne pouvais le supporter, et je lâchais un soupir, promenant mon regard sur la salle pour essayer de reprendre le contrôle de moi-même.

« On est seuls ici, en terrain ennemi, on est du même camp, il serait stupide de se tourner le dos non ? On s'est toujours soutenu jusqu'ici, plus que jamais je pense qu'on doit rester unis. Soit juste sincère envers moi. » Reprit-elle.

Après un instant durant lequel je pesais le pour et le contre, je finis par hocher la tête et par lui dire d’une voix lasse :

« Ok... » Répondis-je simplement en me redressant bien, m’efforçant de garder malgré tout mon assurance, du moins en apparence.

« Mais je ne vais pas mal. Du moins ça passera. Le problème c’est que pour le moment tout ce que j’ai pu essayer a échoué, et que je ne sais plus comment faire. Mais je vais réussir. Le Maître sera fier de moi, c’est une certitude. » Lui dis-je autant pour en persuader elle que moi.

« Je n’ai pas le choix, il faut que je réussisse... » Repris-je malgré moi à voix basse, baissant le regard avec une certaine douleur.

« Je n’ai pas le choix... » Répétais-je dans un murmure à peine audible, le regard perdu vers le sol, fixant un point que je ne voyais pas.

Je tentais en vain de cacher mon angoisse, mais je voyais pourtant parfaitement qu’elle n’était pas dupe. J’essayais de la dissuader de m’analyser de la sorte, lui lançant un regard noir lorsqu’elle croisait mon regard, toutefois rien ne semblait y faire. Elle me connaissait trop bien pour savoir que j’allais au plus mal, et quand bien même nous aillions grandi ensemble je refusais qu’elle me voit ainsi. Personne ne devait savoir qu’en réalité j’étais mort de peur, car je savais, plus le temps passait, que je n’allais pas réussir à faire ce qu’Il m’avait demandé. Je devais garder la face, au nom de mon père, car je savais pertinemment ce qu’il me dirait s’il me voyait dans cet état. Il serait inquiet de savoir quelle mission m’attendait, mais tout comme moi il ne voudrait pas le montrer. Il me dirait que je dois être fier que le Maître me donne une telle mission et qu’Il m’honore de sa confiance. Il m’ordonnerait de ne pas baisser les bras et de penser à la réputation de notre famille. Je n’avais pas le droit à l’erreur, pas une seule seconde, ou bien j’allais en payer le prix fort.

Mais qu’est-ce que Rigel pourrait y comprendre, elle n’était pas à ma place. J’en avais assez de son regard inquiet, de sa tentative à vouloir à tout prix garder la face devant moi et à essayer de me faire lâcher le morceau à un moment où à un autre. J’avais envie de lui lancer une réplique cinglante pour qu’elle me fiche la paix, mais je n’en avais pas la force. J’étais épuisé... Mais ce fut surtout ses derniers mots qui ébranlèrent cette muraille de glace et de cruauté verbale que j’avais construit autour de moi.

« Et tu réussiras Drago, j'en suis certaine. Quoi qu'il t’ait confier, c'est à toi qu'il l'a fait, il y a une raison, c'est que tu en es capable, même si tu ne te sens pas sûr. »

A ces mots, je ne pus m’empêcher de baisser le regard, essayant de reprendre le contrôle de mes mains qui s’étaient mises à trembler contre ma volonté. Mon visage s’était durement crispé, tandis que je m’ordonnais de garder la face. Mais je n’y arrivais plus...
Ses doigts se posèrent alors sous mon menton lorsqu’elle me releva le visage, me faisant alors remarquer son sourire plein de confiance.

« Après tout, c'est toi le Serpentard entre nous, c'est toi qui a la grandeur dont on parle quand on parle de ta maison. Pour certains on peut certes se demander s'ils savent seulement ce que ça signifie, mais toi, tu es un vrai. Salazar lui-même l'aurait vu. Je ne doute pas un instant de toi, alors toi, ait confiance en toi aussi. »

Je l’écoutais attentivement, ne bronchant plus. Ses mots me touchaient bien plus que je ne le montrais, le visage demeurant impassible quoiqu’étant très attentif à la moindre de ses paroles. Elle avait raison, j’étais bien au-dessus de tous ces Serpentards. Chacun me respectait, mis à part ceux qui jalousaient de ne pas m’arriver à la cheville.

« Et puis, même sans savoir ton but, si je peux t’être d'une aide quelconque, des trucs à trouver, des sorts à maîtriser, n'importe quoi, alors n’hésite pas à me le demander. Je ne te poserai jamais de question sur les aboutissements » Poursuivit-elle.

L’ombre d’un maigre sourire se dessina sur mes lèvres, sincère comme je n’en avais pas eu depuis bien longtemps. Depuis la fin de l’année dernière plus précisément, depuis que mon père avait été envoyé à Azkaban. Depuis ce jour ma haine envers Potter et ses acolytes ne faisait que s’accroitre, et depuis ma rencontre avec le Seigneur des Ténèbres j’avais réellement changé du tout au tout. J’ignorais la plupart des élèves alors qu’auparavant j’aimais ridiculiser chacun que je croisais. A présent je n’avais plus l’esprit à cela, et lorsque je le faisais c’était réellement pour évacuer toute la colère et les tensions que je gardais refoulées à l’intérieur de moi. J’avais conscience que j’allais même bien plus loin que d’accoutumée. Si auparavant mes répliques étaient surtout sournoises, à présent j’étais bien plus dur et mauvais. Alors mes attaques se faisaient plus rares, mais néanmoins plus douloureuses pour ceux qui les subissaient. Mais qu’importe.

« Merci... » Lui dis-je finalement, d’une voix faible, n'aimant pas vraiment ce mot que je lui devais pourtant.

Si j’avais pu le lui dire, je l’aurais fait. J’avais besoin que quelqu’un sache, que je ne sois pas seul confronté à toute cette histoire. Mais je ne le pouvais pas, je n’en avais pas le droit. C’était un serment que j’avais fait au Maître, et s’Il venait à savoir que je l’avais trahis...

« Si tu as toi aussi besoin de moi, alors je serai là. Si tu as besoin de cerner quelques personnes je pense que je pourrais bien t’aider, grâce à l’Occlumencie. Mais cela reste ta mission, alors ne compte pas sur moi pour te tenir la main. »

Contre toute attente, je lui avais dit ces dernières paroles cette fois sur le ton de la plaisanterie, lui donnant un léger coup de coude et lui faisant un très léger sourire. Cependant ce dernier disparu aussitôt, tandis que d’un air soudainement sombre je repris:

« Pour ma part tu ne pourras rien faire. Je dois tout faire seul, je n’ai pas le choix et de toute manière je n’ai pas envie que l’on m’aide ! Même Snape veut m’aider, mais je ne le laisserai pas faire. Ce sera ma victoire, quoiqu’il arrive. Je dois Lui prouver que les Malefoy sont ses meilleurs serviteurs, alors je le ferai seul ! C’est ça, ou alors il nous tu... »

Mais je m’interrompu aussitôt, me rendant compte que j’étais allé bien trop loin. Elle n’avait pas à savoir une telle chose, et j’avais bien failli lui révéler la « sentence » qui m’attendait. Mais n’était-ce pas déjà trop tard ? Mon visage se ferma alors subitement, lorsque d’un regard devenu à la fois glacial et terrifié je lui dis :

« Oublie ce que je viens de te dire »

Je m’apprêtais alors à tourner les talons pour en finir avec cette conversation qui était allée bien plus loin que je ne l’aurais voulu...

Spoiler:

Si j’avais pu remonter dans le temps, ne serait-ce qu’une simple fraction de seconde en arrière, alors je l’aurais fait. Elle avait beau être ma cousine et, au final, être dans le même pétrin que moi à présent qu’elle aussi avait rejoint la cour du Seigneur des Ténèbres, je n’aurais jamais dû lui avouer cela. Il finissait toujours par tout savoir, rien ne Lui échappait... Et moi, qu’avais-je fait ? Avais-je trahi sa confiance ? Je n’en savais rien, mais au fond je ne le pensais pas réellement, car, après tout, elle savait tout aussi bien que moi que nous jouons tous avec la Mort à présent. Au fond, elle devait se douter de la menace qui pesait sur ma famille. L’échec de mon père n’avait rien arrangé au regard déjà sombre que le Lord commençait à nous porter, alors que nous étions Ses plus fidèles serviteurs. Toutefois, je devais être plus que vigilant à présent. Elle ne devait jamais apprendre cette mission qu’Il m’avait confiée.

A la vue de son visage qui s’était soudainement figé au moment-même où je tentais de retenir ce mot interdit qui m’échappait, je m’interrompis, le mien devenant de plus en plus blême, de plus en plus maladif.

« Oublie ce que je viens de te dire » Lui dis-je alors, mon visage se fermant pour m’efforcer de ne pas laisser transparaître cette peur qui montait dangereusement en moi.

Je tournais alors les talons, préférant quitter cette maudite salle où je venais déjà d’aller bien trop loin dans mes propos. Mais la voix de Rigel qui me demandait soudainement de ne pas partir me stoppa net dans mon élan. Sans oser me retourner, je baissais le regard, craignant d’entendre ce qu’elle pouvait me dire. Car je pouvais tout attendre de sa part. Quand bien même nous étions proches, elle aussi était à Son service, et il aurait été plus que légitime qu’elle me reproche d’avoir agis précisément comme je venais de le faire. Je n’aurais jamais dû lui dire une chose pareille, je devais me montrer fort et ne pas laisser la peur m’envahir. A ces pensées, l’image de mon père surgit brusquement dans mon esprit, et mes mâchoires se crispèrent aussitôt. S’il me voyait... il serait terriblement déçu, je n’en doutais pas un seul instant. Il poserait ses mains avec fermeté sur mes épaules, et m’ordonnerait de me ressaisir. J’étais le descendant de la lignée des Malefoy, j’étais un Serpentard, et aujourd’hui au service du plus puissant mage du monde. Je ne pouvais me permettre aucune erreur, aucun faux pas...
Et la voix de Rigel qui me parvint à nouveau finissait de me pousser à réagir, lorsqu’elle me dit que nous ne reparlerions plus de tout cela, avant qu’elle n’ajoute que de toute manière j’allais réussir.

Son ton était tellement ferme que je ne savais plus quoi dire, ni quoi faire. Elle avait confiance en moi, je le sentais, mais chose dont personne ne se doutait c’était qu’au fond moi-même je ne croyais pas en moi, et de plus en plus ces derniers temps. Je n’ai jamais supporté que quelqu’un me prenne cette place que j’aurais toujours dû avoir, comme le sale Potter, car je devais me montrer à la hauteur de tout ce que l’on attendait de moi. Et aujourd’hui plus que jamais.
Je me tournais alors vers elle, croisant son regard. Le mien n’était alors plus terrifié, mais simplement épuisé. Je n’en pouvais plus de toute cette histoire, et aussi difficile que cela m’était de l’admettre intérieurement, j’avais besoin d’entendre que je pouvais continuer d’avoir confiance en moi.
Rigel ajouta alors, tandis qu’un petit sourire se dessinait au coin de ses lèvres, que non seulement je réussirai, mais que je prouverais également que l’on ne peut pas menacer aussi facilement un Malefoy. Elle avait raison...
J’avais baissé une nouvelle fois le regard, réfléchissant, avant de lever la tête pour croiser une nouvelle fois le sien.

« Oui tu as raison. Je peux le faire, j’en suis certain. » Lui répondis-je doucement.

Je n’aurais jamais dû en douter, je ne devais pas m’autoriser le moindre moment de faiblesse. Cela ne me ressemblait pas. Néanmoins, aussi fier que je pouvais l’être, je devais reconnaître qu’au fond j’étais heureux que Rigel soit là. Si nous avions toujours été proches depuis notre enfance, cette histoire ne faisait finalement que resserrer nos liens qui m’étaient bien plus chers que ce que je ne voulais le laisser montrer. Mais j’étais certain qu’au fond elle s’en doutait réellement, sans que je n’ai besoin de faire quoi que ce soit pour le lui témoigner. De toute façon, ça n’était absolument pas mon genre de faire une chose pareille. Tout comme ce que j’allais lui dire ne l’était pas vraiment, mais je voulais tout de même qu’elle sache ce que je pensais véritablement d’elle. D’aussi loin que je me souvienne, nous nous étions toujours lancés des défis, ne perdant jamais un instant pour se mesurer à l’autre, et ce depuis notre plus jeune âge. Et si, tout comme elle, je détestais profondément perdre, je savais pourtant quelle valeur elle avait. Son père avait peut-être été un traître aux yeux du Maître, elle saurait Lui prouver qu’elle n’était pas comme lui.

Un léger sourire sincère se dessina alors sur mes lèvres, et je lui dis :

« Tout comme je suis également sûr que tu arriveras à redorer le blason des Blacks à Ses yeux. Même si tu ne m’arrives pas à la cheville, tu en as les moyens » Ajoutais-je d’un air faussement hautain, avant de rire.

Car pour une fois, ça n’était pas la vanité qui parlait à ma place, et ces premières paroles je les avais sincèrement pensées. Les secondes, en revanche, n’étaient là que parce que nous n’avions jamais loupé une occasion de nous taquiner l’un l’autre, et non pas par pure fierté, pour une fois.