Poudlard, 1973-1980

« Deux étions et n'avions qu'un coeur »

29 Septembre 1977

Déjà un mois que nous sommes tous de retour à Poudlard. Cette vielle bicoque m'avait manqué, je n'aurais jamais cru que ça m'arriverait un jour. D'aimer autant un lieu autre que ma maison, je veux dire. Mes parents me manquent déjà, pourtant. Maman m'écrit des lettres toutes les semaines mais ce n'est pas pareil que d'être avec eux là-bas... Enfin bon...

Je suis contente d'avoir été nommée Préfète. C'est sûr que ça me prend beaucoup de temps, en plus qu'il y a les BUSE à la fin de l'année et donc qu'on nous donne trois tonnes de devoirs dans chaque matière. Mais j'aime avoir ces responsabilités en plus, devoir faire des rondes le soir après les cours, pouvoir aider les plus jeunes, le contact avec les professeurs qui est différent aussi. Et puis... Il y aussi les autres préfets. Ils sont tous assez sympa, même ceux de Serpentard. Incroyable hein ? La fille de Serpentard, Amy, est une petite peste, c'est vrai mais Evan... Je ne sais pas, il est toujours assez gentil avec moi. Et il me fait rire. Il déteste les Gryffondor et les Poufsouffles et il ne parle pas plus qu'il ne le faut avec Alan, l'autre Préfet de Serdaigle. Mais avec moi, le courant passe bien.

Evan Rosier... Je n'aurais jamais cru qu'un jour je pourrais apprécier un Serpentard. En général, ils sont tous tellement désagréable, ils considèrent que personne n'est aussi bien qu'eux. J'ai le sang aussi pur qu'eux mais je n'appartiens pas à la noble maison de Serpentard alors je ne suis pas assez bien moi non plus. Mais Evan est très différent. C'est un garçon intelligent, des fois je me dis qu'il aurait bien plus sa place avec moi à Serdaigle. Et puis il a beaucoup d'humour, un peu cynique parfois, très sarcastique, mais toujours dans l'humour. Alan le prend trop au sérieux mais moi je comprends qu'il plaisante. Il a beaucoup de chose à dire, c'est impressionnant, quand on fait nos rondes tous les deux, il parle tout le temps. On parle, en fait, parce que je ne suis pas en reste niveau bavardage avec lui. Et puis il n'est pas moche, ce qui ne gâche rien. Il a des cheveux noirs, très noirs, un peu longs, ils lui arrivent aux épaules. Ils ondulent, c'est très joli. Et ses yeux sont presque aussi sombres que ses cheveux. Il semble sombre quand on ne regarde pas plus loin. Mais en fait, il sourit tout le temps. Il est grand et très maigre. Je crois que j'ai un ami à Serpentard... Qui l'eut cru ?

12 Janvier 1978

Je crois que je suis amoureuse... Aujourd'hui, je suis allée à Pré-au-lard avec Eli, ma meilleure amie. On voulait seulement faire les boutiques et trouver une robe pour la soirée qu'organise la mère d'Eli pendant les prochaines vacances. On a fait le tour de pas mal de magasin et puis quand on a finalement trouver nos robes, on a eu envie d'aller faire un tour aux Trois-Balais pour boire un thé. Dans le pub, il y avait Evan et Amy qui discutaient dans un coin. La conversation semblait animé alors je n'ai pas été les saluer. Ils semblaient se disputer, en tout cas, et Amy pleurait. Eli me l'a fait remarqué et elle m'a demandé si je savais ce qu'il se passait vu que j'étais 'si proche du Serpentard'. Comme je ne savais pas, elle a tenu à s'asseoir tout près d'eux. Je déteste ça chez Eli, elle aime trop les ragots et ferait tout pour en apprendre de nouveau, y compris espionner les conversations des autres.

Finalement, on a entendu qu'Evan était en train de rompre avec Amy. Je ne savais même pas qu'ls étaient ensemble, comme tout le reste de Poudlard apparemment puisque même Eli n'était pas au courant. D'entendre cette conversation, je me suis sentie mal. Au départ je me disais que c'était simplement parce que ça me mettait mal à l'aise de me mêler de leur vie privée mais quand Amy a supplier Evan en lui disant qu'elle l'aimait plus que tout, j'ai eu comme un pincement au cœur. Et tout à coup je me suis dit que je n'avais jamais aimé Eli, de toute façon, que ce n'était qu'une idiote et une petite peste et qu'il serait bien mieux sans elle, qu'il méritait mieux. Et puis je me suis aussi sentie trahie. J'ai repensé à toutes les rondes qu'on a fait ensemble, à nos longues discussions, à ses sourires... A ses yeux. A son parfum. Je ne sais pas trop pourquoi, je n'avais jamais pensé à ça avant mais... Enfin je crois que je suis amoureuse d'Evan. Depuis longtemps. Et je ne m'en suis même pas aperçue. Et pendant tout ce temps il sortait avec Amy... Enfin maintenant il est célibataire. Même si ça ne change rien pour moi parce que je sais parfaitement que je n'irais jamais lui dire ce que je ressens pour lui.

1 Juillet 1978

Et voilà, l'année est enfin terminée, je suis de retour à Wellingborouh a attendre de recevoir les résultats des BUSE. Je crois que ça c'est bien passé, je pense que j'aurais d'assez bonnes notes, en tout cas je l'espère. Il faut dire que j'ai pas mal travaillé pour les avoir, je ne peux pas imaginer en rater une seule, ce serait une horreur pour moi. Je sens que les vacances vont être longues, très longues.

Avant que nous arrivions à Londres, dans le Poudlard Express, Evan est venu me voir. Il a demandé à me parler seule à seul. Je crois que mon cœur n'a jamais battu aussi fort et aussi vite de toute ma vie. Il m'a emmené dans un endroit un peu plus tranquille que le milieu du couloir et puis il a parlé. Il me regardait à peine en face, je ne l'avais jamais vu aussi nerveux, c'était assez amusant en fait. Enfin, je dis ça maintenant avec le recul parce que sur le coup je ne trouvais pas ça drôle du tout, loin de là. J'étais tellement persuadé qu'il allait me dire quelque chose que je ne voulais pas entendre, qui allait me briser le coeur. Je pense que j'étais tout aussi nerveuse. Non, j'en suis sûre, en fait. Au final, il m'a simplement souhaité de passer de bonnes vacances et a demandé l'autorisation de m'écrire. J'étais tellement heureuse de l'entendre dire ça, j'aurais pu sauter sur place face à la joie. Je lui ai donné mon adresse et il est partit. Maintenant j'attends. La lettre de Poudlard avec les résultats des BUSE ne sera pas la lettre que j'attendrais avec le plus d'impatience cet été. Et pour la première fois de ma vie je suis impatiente de retourner à Poudlard. Il faut que je trouve le courage de lui dire ce que je pense... Il me reste deux mois pour trouver les bons mots !


4 Septembre 1978

Je n'arrive pas à y croire. Je dois rêver. J'ai rêvé, ce n'est pas possible autrement. Ce matin j'ai reçu un hibou de la part d'Evan qui me demandait de le retrouver ce soir pour une ronde parce qu'il ne voulait pas y aller avec Amy. Depuis qu'ils ont rompus en Janvier, la préfète est insupportable avec lui. J'ai accepté d'échanger mes rondes avec elle, comme ça ils ne risquent plus de se tomber dessus. Quelle idée aussi de nous mettre avec nos collègues de la même maison, cette année ? J'étais trop heureuse de retrouver mes rondes habituelles avec Evan, de retrouver nos moments de complicité après les cours, surtout depuis cet été. Il m'a écrit, comme il me l'avait demandé. On a échangé des lettres tout l'été mais pas une seule fois l'un ou l'autre n'a proposé une rencontre... Alors j'étais vraiment heureuse de retourner à Poudlard cette année. Et là, on nous annonce qu'on ne fera plus de rondes inter-maisons sans nous donner d'explication valable.

Bref, j'ai donc retrouvé Evan ce soir dans le hall pour commencer notre ronde. On a parlé sans arrêt pendant plus de deux heures. Je m'étais jurée avant de le retrouver que c'était ce soir ou jamais que je devais lui parler, lui dire que je pensais être amoureuse de lui et que je voulais passer le reste de ma vie avec lui. Bon peut-être pas ça, ça aurait fait un peu folle furieuse. Mais je m'étais jurée de lui dire le reste et je comptais bien le faire. Le bon moment ne s'est pas présenté, tout simplement. Je voyais le temps défiler à une vitesse folle et je ne parvenais pas à amener ce sujet sur le tapis d'une manière douce. Quand on s'est retrouvé devant le couloir qui me mènerait à mon dortoir, je me suis tournée vers lui pour lui souhaiter une bonne nuit. J'avais échoué... Alors il a proposé de me raccompagner jusque devant la porte de la salle commune. Ce qui me laissait deux minutes supplémentaire pour tout lui dire. Et là, un horrible silence s'est installé entre nous, pour le première fois depuis qu'on se connaissait, on ne trouvait plus rien à se dire. Quand on est arrivé devant la statue, je me suis décidée et je me suis tournée vers lui, plus motivée que jamais. Avant que j'ai le temps de dire quoique ce soit, il avait posé ses lèvres sur les miennes.

On s'est embrassé. Evan Rosier m'a embrassé ce soir. Je crois que je suis restée plantée comme ça devant ma salle commune pendant des heures. C'était tellement irréel, incroyable. Je ne peux pas croire que ce soit arrivé et pourtant... Tout m'a semblé tellement naturel. Je veux dire... Les autres fois, quand j'embrassais un garçon pour la première fois, c'était étrange, on était tout les deux un peu gênés, ça ne se passait pas super bien. Il fallait un peu de temps pour se trouver, pour que le geste devienne plus naturel. Avec Evan, ça a été totalement différent. Je savais déjà quoi faire et lui aussi. Nos lèvres se sont trouvées comme si elles avaient toujours été faites pour être ensemble.
C'était incroyable. Parfait. Je suis complètement dingue de ce Serpentard. Et il m'aime, lui aussi, j'en suis sûre. Sinon, il n'aurait pas fait ça, ce soir. Sinon, je suis perdue.



20 Avril 1979

Je suis vraiment inquiète pour Evan. J'ai essayé de lui parler mais il ne veut rien entendre. Il dit que je n'ai aucune raison de me plaindre, qu'il ne m'a pas délaissé et qu'il m'aime toujours comme au premier jour. J'adore quand il dit ça. Et je sais que c'est vrai. Il ne m'a pas laissé tombé, on passe toujours autant de temps que possible ensemble mais il se rapproche beaucoup trop de ces gars là. Et je n'aime pas ça du tout. Il sont toute une petite bande. La plupart tournaient autour de Lucius Malefoy quand il était encore à Poudlard, maintenant ils ne tournent plus autour de personne dans l'école mais ils ne cessent pas pour autant de me faire peur. Ils me mettent mal à l'aise. Je sais qu'Evan les considère comme ses amis et que ce n'est pas à moi de juger s'ils sont de bons amis ou non, que ça ne me regarde pas mais enfin... On raconte des choses...Il paraît que Lucius Malefoy sert un homme, au dehors. Il se ferait appeler Lord Voldemort et aurait pour but de remettre les Sang Impurs et les moldus à leur place. Ses serviteurs se font appelés Mangemorts. Je sais que les amis d'Evan en font parti. Ils ne le chantent pas trop fort dans l'enceinte de Poudlard, parce que le professeur Dumbledore est là et qu'il n'aimerait pas trop entendre ça mais personne n'est dupe. Et surtout pas moi. Je ne veux pas qu'Evan devienne un Mangemort, c'est hors de question. Mais je crois qu'il est déjà trop tard... Il ne veut pas trop m'en parler et je ne comprends pas pourquoi, on se disait tout avant...


7 Mai 1979

Je n'arrive pas à le croire. Il a osé me poser un lapin ! Le jour de mon anniversaire en plus... Je n'ai réussi qu'à le voir en fin de journée, alors que je l'attendais déjà depuis des heures. Il s'est excusé, mais il est hors de question que je lui pardonne ses quatre heures de retard !! Surtout que je sais parfaitement où il était, avec eux, encore. Depuis plusieurs jours maintenant ça devient impossible de se voir, il passe tout son temps avec ces idiots de Mangemorts à la noix ! Mais le jour de mon anniversaire ?! Alors qu'on a pas pu se voir en dehors des cours depuis au moins une semaine ?! Oh non cette fois-ci mon cher Evan, tu ne t'en sortira pas avec une courbette et un bouquet de fleurs. Je rêve, mais je rêve !!

8 Mai 1979

Evan est venu me voir hier soir. Il avait vraiment l'air de s'en vouloir mais il semblait aussi heureux. Il était bizarre en tout cas. Moi très en colère. J'ai eu 17 ans hier et je n'ai pas pu passer cette journée avec mes parents, j'aurais au moins aimé la passer avec mon petit ami... Enfin, quand on m'a dit qu'il m'attendait devant la Salle commune, j'y suis allée, bien décidée à lui dire d'aller voir ailleurs si j'y étais. Il m'a pris par la main et il m'a trainé sans rien dire jusqu'au Septième étage et là, il m'a fait entrer dans une salle que je n'avais jamais vu avant. Elle était magnifique, plutôt grande, dans des tons dorés, avec un immense lit, une table sur le côté avec des couverts pour deux personnes. Il m'a présenté ses excuses encore une fois, m'a juré qu'il n'avait pas oublié mais qu'il avait été retenu à une réunion et qu'il n'avait pas pu me prévenir. Cette histoire de Mangemort commence vraiment à me poser problème. Je ne sais pas ce que je suis censée faire... Il ne changera pas d'avis j'en ai bien peur. Il m'en a beaucoup parlé hier soir, comme toujours d'ailleurs. Cette fois-ci j'ai décidé de ne faire aucune remarque, ça ne sert à rien je ne parviendrais jamais à lui faire entendre raison. Je l'aime et c'est tout ce qui compte pour moi, si il croit à toutes ces bêtises c'est son droit et je serais là pour le soutenir quoi qu'il fasse. On a passé une soirée formidable, quand j'ai accepté de lui pardonner. En fait, pour la première fois on a...on a fait l'amour. C'était incroyable. J'avais toujours eu peur que ça fasse mal ou que ça ne me plaise pas mais c'était simplement parfait. Et...après mangé, il m'a offert mon cadeau d'anniversaire. Une bague magnifique, pas très grosse, en or blanc avec un saphir au milieu. Il m'a dit qu'elle appartenait à sa grand-mère et qu'elle avait accepté de la lui donner parce qu'il lui avait dit qu'il avait rencontré la femme de sa vie et qu'il voulait l'épouser.
J'ai pleuré. Tout ce que j'ai pu faire c'est verser des larmes et me jeter sur lui. C'était tellement romantique, tellement magnifique. On a discuté un peu, et on a décidé de se trouver un appartement ensemble en sortant de Poudlard et quand on sera installer correctement, on se mariera. Je n'arrive toujours pas à le croire. En tout cas la bague est magnifique et je suis tellement heureuse...


9 Avril 1980

Voilà, je me suis décidée. J'aime Evan et rien au monde ne compte plus pour moi que d'être avec lui, pour le restant de mes jours si je le peux. Je me fiche des sacrifices qu'il faudra faire pour passer le reste de ma vie avec lui, je suis prête à tout. Il croit vraiment aux causes que défendent les Mangemorts et de toute évidence, il n'est pas le seul. Lord Voldemort prend de plus en plus de pouvoir hors de Poudlard, d'après ce qu'on dit. Evan m'a dit très clairement qu'à sa sortie de Poudlard, il voulait travailler pour lui. Ce ne serait pas un travail payé et pas à plein temps mais il se battrait pour les causes auxquelles il croit et il serait heureux de le faire. Je ne vais pas l'en empêcher. J'ai même choisi de faire de même. Si c'est ce qui compte pour lui, alors je le ferais. Rien ne se mettra entre notre amour. Dans quelques mois, je deviendrais un Mangemort à mon tour. J'ai déjà commencé a participer aux réunions qui ont lieu à Poudlard. Je me fonds dans la masse avec une certaine facilité. Leurs histoires ne m'intéressent pas vraiment, je trouve le monde très bien comme il est maintenant même si je suis une Sang-Pur et que je ne suis pas la personne la mieux placée dans la société. Mais Evan est d'accord avec ça, alors je vais le soutenir autant que je le peux.

Ma décision est prise, je n'en changerais pas.

Juin à Ocotbre 1980

« Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri »

7 Juillet 1980

C'est aujourd'hui que je vais recevoir la Marque. Evan est très excité. En tant que sympathisant depuis Poudlard, il a eu la sienne le lendemain de sa sortie de l'école et il a fait tout ce qu'il a pu depuis pour convaincre le Maitre de m'accepter dans ses rangs. Je me suis montrée très obéissante, discrète, j'ai été la fidèle parfaite et finalement on m'a convié à cette réunion aujourd'hui. J'ai peur. Evan m'a dit que c'était un peu douloureux de se faire marquer mais que c'est un immense honneur qu'il nous accorde et que la douleur ne dure pas contrairement à la joie d'être un Mangemort. Il dit aussi que bientôt, le Maitre gagnera la bataille et que nous autres Mangemorts serions traité par tous à notre juste valeur. De toute façon maintenant je ne peux plus faire demi-tour, Evan serait terriblement déçu si j'abandonnais maintenant. Je fais ça pour lui, il faut que j'aille jusqu'au bout.

7 Juillet 1980, après la réunion

Je n'ai jamais autant souffert de toute ma vie. Un peu douloureux ? Evan est un sale menteur ! J'ai cru que mon sang gelait dans mes veines et qu'il essayait de sortir par les pores de ma peau, j'ai cru qu'un venin mortel se rependait en moi, que mes os allaient se briser, que j'allais mourir sur place. Je me sentais brûler de l'intérieur. Même maintenant, c'est encore un peu douloureux. La marque est enflée sur ma peau, elle pulse un peu, c'est étrange. J'ai l'impression qu'une vie extérieure a élu domicile sur mon bras. Ça brûle un peu. Evan dit que ça me brûlera comme ça chaque fois que le Maitre m'appellera, mais il m'assure aussi que la brûlure est tout à fait supportable. J'ai un peu de mal à le croire pourtant lui quand on l'appelle il ne semble jamais vraiment souffrir.

Cette chose est sur moi maintenant, je sais que je ne pourrais jamais m'en débarrasser. Je ne pourrais plus jamais porter de vêtements aux manches courtes, de peur que quelqu'un la voit. Enfin, bien sûr, quand le Maitre contrôlera le monde magique, je pourrais de nouveau la montrer au grand jour puisque ce sera un honneur de la porter et que tout le monde l'aura. En attendant ce jour, je suis condamnée à vivre avec cette monstruosité et cette honte. Je l'ai fait pour Evan, je n'ai pas le droit de regretter.




18 Juillet 1980

Le Maitre m'a confié ma première mission. Je dois avouer que je ne suis vraiment pas à l'aise avec cette idée. Jusque là j'allais seulement aux réunions et on ne me demandait rien de particulier. Mais il semblerait qu'Evan ait insister pour que je prenne une plus grande part aux actions et le Maitre a accédé à sa requête sans rechigner. On m'a demandé de participer à l'attaque d'un quartier moldu avec pour seule consigne de nous débarrasser d'un maximum de ces « insectes », de ne pas faire de cadeaux, d'être intransigeant. Il faut nous faire entendre, ne pas lésiner sur les sorts et surtout les sorts mortels. Je ne peux pas y échapper, il faut que j'y aille. Mais je refuse de tuer qui que ce soit.

Je ne suis pas Mangemort depuis très longtemps et pourtant je connais déjà la plupart de mes collègues. C'est fou mais pourtant vrai : plus de la moitié sont d'anciens Serpentards. Tous les amis d'Evan sont là, ces gens que j'ai côtoyé pendant sept ans... Il y aussi Lucius Malefoy et sa nouvelle femme, Narcissa Black, sa sœur Bellatrix et son mari, Rodolphus Lestrange. Ces quatre là sont sans doute les plus fidèles serviteurs que peut compter le Maitre. Tous les autres, je les connais aussi, même s'ils sont moins important : McNair, Avery, Goyle, Crabbe, Snape et j'en passe... A croire qu'au lieu d'avoir ses BUSE, un Serpentard gagne une Marque des Ténèbres. C'est pire qu'une réunion d'anciens élèves.

En dehors de ça, l'emménagement dans l'appartement se passe bien. Il n'est pas très grand mais c'est notre endroit à nous. Nos parents nous ont aidé et avec nos économies on a réussi a s'acheter notre propre maison, c'est déjà bien. J'adore cet appartement. Et Evan a l'air très heureux. On parle de plus en plus du mariage mais il voudrait se trouver un travail d'abord, un vrai travail. Parce que même si servir le Maitre est un honneur pour lui, ça ne nous nourrit pas et on a besoin d'argent pour organiser le mariage. Et pour nos enfants aussi. Nous voulons avoir des enfants, on en parle déjà. Nous sommes tous deux des enfants uniques et ça ne nous a jamais plu. On voudrait en avoir quatre. Parce qu'un seul ce n'est pas assez, pas bien pour l'enfant, deux ça créera des disputes et trois en laissera un à l'écart. Quatre c'est parfait. Nous aurons quatre enfants.
Moi j'ai trouvé un travail. Et je l'adore. Ce n'est pas grand chose, je suis simplement employée de rayon à Fleury & Bott, la librairie la plus célèbre du monde sorcier. Mais ça me plait vraiment. J'ai toujours adoré les livres et maintenant je passe tout mon temps avec eux, et j'aide les gens pour les choisir, je peux partager mon amour de la littérature avec mes clients. J'aime beaucoup le patron et je crois qu'il m'aime bien aussi. Je suis tellement heureuse, je n'aurais jamais cru que ma vie serait aussi belle.

1980-1982

« Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure, je te porte dans moi comme un oiseau blessé »

15 Octobre 1980

Je n'aurais jamais cru que la fin du monde arriverait si vite, si tôt. Ça ne ressemble pas à la fin du monde, le ciel n'est pas embrasé, la Terre ne s'ouvre pas en deux, il n'y a pas de cris épouvantables dans la rue. La fin du monde est un silence assourdissant, il fait mal tellement il est profond. La fin du monde est un vide impossible a combler. C'est un fantôme que je ne peux toucher. C'est l'absence. Les gens continuent de vivre normalement, je ne comprends pas. Ils passent encore dans la rue sous mes yeux, certains ont même l'audace de sourire, de rire. Ils ne comprennent donc pas ? La vie n'a plus de sens, le bonheur n'existe plus, il n'est plus permis. Arrêtez de rire ! Arrêtez de vivre ! Tout à l'heure je me suis coupée avec un morceau de verre, le sang coule encore sur mon poignet et je ne comprends pas. Comment c'est possible ? On ne peut pas saigner quand on est mort. Parce que je suis morte. Il n'y a pas d'autre explication. Je ne peux pas imaginer continuer à vivre alors que lui non. On ne peut pas vivre l'un sans l'autre. Et j'ai tellement mal, comme si on m'avait coupé en deux depuis l'intérieur du cœur. La douleur est tellement forte, ça ne peut pas être autre chose que la mort. Je veux mourir avec toi, Evan. Ne me laisse pas seule, ne me laisse pas avec eux, avec cette lui. Je t'en prie, je vous en prie, ne me laissez pas ici. Merlin pitié, tuez-moi !

Evan, mon Evan, mon amour... Je ne peux pas croire que tu sois partie, pour toujours. Hier matin tu te levais, tu m'embrassais avant de partir pour une nouvelle journée à la recherche d'un travail. L'image est encore si claire dans mon esprit, je peux presque encore sentir la caresse de tes lèvres sur moi. Et pourtant il l'a dit... Il a prononcé ton nom, il m'a dit que tu m'avais abandonné. Pourquoi faut-il que ce soit lui qui m'annonce cette nouvelle ? Je suis allée tout à l'heure sur les lieux. Je ne voulais pas le croire, je ne voulais pas croire que tu sois vraiment mort. Je sais très bien que tu ne m'aurais jamais laissé tomber, que tu ne m'aurais jamais quitté. Alors comment pouvais-tu être mort, mon amour ? Et pourtant... Sur le lieu en ruine, ton corps était bien là. A jamais je garderai de toi cette image d'un ange endormi, souffrant mille douleurs comme je t'ai vu tout à l'heure. Les Aurors vous ont abandonné là, je n'arrive pas à y croire. Ils ne vous considèrent même pas comme des êtres humains, simplement parce que vous avez choisi de mourir pour lui. On m'avait toujours dit que les défunts avaient simplement l'air paisible, endormi. Toi tu semblais seulement souffrir... Je ne peux pas accepter cette idée. Pourquoi ? J'ai récupéré le masque qui recouvrait encore ton visage. Ne me demande pas pourquoi, je n'en sais rien. J'en avais simplement besoin. Sur le moment c'était la meilleure chose que j'avais à faire. Plus tard je compte bien revenir et récupérer ton corps aussi. Je ne te laisserais pas moisir dans une fausse publique, parce que ces chiens du Ministère considèrent que tu ne vaux rien. Ta mère non plus ne le permettra pas. Tu auras un enterrement digne de ce nom, je te le promets, mon amour.

18 Octobre 1980

J'ai réfléchi toute la nuit et tous les jours depuis que tu es mort, mon ange. Pour toi, j'ai accepté de rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres, par amour pour toi... J'aurais tellement voulu aller avec toi ce soir-là...J'aurais voulu qu'il me demande de participer à cette mission. Mourir avec toi. C'est de toute façon déjà le cas, regarde-moi, je ne ressemble plus à rien. J'ai cessé de respirer en même temps que toi. Mais puisque je dois continuer de faire semblant de vivre, puisque je dois encore trainer mon corps comme un boulet dans l'existance alors je le ferais. Mais pas en servant celui qui t'a donné en pâture au Ministère. Sans toi, tout ceci ne compte pas pour moi. Je ne sais pas si le Maitre comprendra mes motivations, j'en doute en fait mais je dois m'en sortir. Je dois essayer quelque chose. J'ai réussi a ne tuer personne pour l'instant mais si je reste à son service, qui sait combien de temps encore j'y échapperai ? J'ai demandé un entretient privé. J'attendrai sa réponse en priant pour qu'il me libère.

Le gérant de la librairie m'a donné quelques jours pour que je m'occupe de ton enterrement et que j'aille mieux. Comme si quelques jours allaient suffire... Je suis certaine que je n'irais jamais mieux sans toi, c'est impossible.

L'enterrement a lieu tout à l'heure. Le Ministère n'était pas bien heureux de restituer ton corps à ta famille mais ton père n'a pas laissé faire. Je suis heureuse qu'il ait réussi, c'est déjà suffisamment affreux comme ça de vivre sans toi, alors si en plus nous n'avions pas pu te rendre un dernier hommage...

Tes parents se sont aussi arrangés pour que je récupère la totalité de notre appartement, ils m'ont cédé ta part sans que je n'ai besoin de la racheter. Ils sont tellement gentils... Mais c'est vraiment difficile de rester avec eux toute la journée. Ta mère parle sans arrête de toi, ton nom est toujours sur ses lèvres. Elle a perdu son fils unique, je peux comprendre et lui pardonner, bien sûr, mais je ne supporte plus d'entendre ton nom. Je ne sais pas pourquoi, c'est seulement trop douloureux.

19 Octobre 1980

Mon amour, un jour de plus sans toi s'achève... Je ne sais pas comment j'ai pu y survivre. Tu me manques au-delà de ce que les mots peuvent exprimer.

L'enterrement était autant magnifique qu'horrible. Une belle organisation, très émouvant. Le pire a été la veillée funèbre. Voir ton corps ainsi exposé aux yeux de tous... Ton visage douloureux semblait s'être tout à coup apaisé mais tes yeux noirs refusaient de s'ouvrir. Tu es plongé dans le sommeil eternel dont je rêve chaque nuit depuis cinq jours déjà. Je sais qu'une place m'attend à tes côtés, je le sens. Je suis déjà là-bas, déjà morte même si on ne veut l'admettre. J'ai pensé, tu sais, a mettre fin à cette mascarade, mettre fin à cette comédie de vie que je joue. J'ai pensé à des moyens. Un sort, une lame, des médicaments. Je ne sais pas si je le ferais, mais je crois que c'est la seule solution pour te retrouver.

Il faut que tu saches aussi. Personne n'est venu, mon amour... Pas un seul d'entre eux n'était là. Tes amis.. Ceux pour qui tu as sacrifié ta vie. Ils ne sont même pas venus te dire au revoir. Est-ce que cela en valait la peine, Evan ? Tout donner pour ces traitres, pour leur Maitre, notre maitre... Est-ce que tu as regretté quand le sort t'a frappé ? Aucun d'entre eux ne valait ta vie, même pas celui que tu admirais tant. Leur absence à tous m'a conforter dans mon désir de les quitter.. C'est tellement horrible de constater que nous n'avions personne que nous-même. Je suis seule maintenant, aussi seule que toi mais je préfère l'être totalement que de servir ces hypocrites.

Mon Dieu, Evan, pourquoi m'as-tu abandonné ?

25 Octobre 1980

J'ai reçu hier la convocation de ton Maitre, pour parler de l'affaire dont je voulais l'entretenir. Ton Maitre, oui, je suis toujours son esclave mais je refuse de le reconnaître plus longtemps comme mon Maitre. Je ne sais pas comment j'ai pu croire un seul instant qu'il comprendrait, qu'il accepterait. Faut-il que je sois à ce point stupide ? Cet homme n'est qu'un monstre. Pourtant, j'ai bien cru qu'il m'offrirait ce que je désirai le plus au monde, après tout.

Au début, j'ai pensé que j'avais vraiment une chance. Il ne disait rien, me regardant juste avec ses yeux fous. Et puis le silence est tombé, je me sentais suffoquer. Son rire de dément a brisé le silence pesant. Et même quand il a sorti sa baguette, même alors que je savais ce qu'il allait faire, j'ai continué de croire que je finirais par m'en sortir. Je me suis sentie pleine d'espoir. Je croyais sincèrement qu'il me tuerait et je n'ai même pas eu peur d'affronter cette mort dont je rêve tant. J'étais prête a accueillir la mort comme une vieille amie. Ma meilleure amie, même, qui me rendrait l'amour de ma vie. Mais il n'a pas été si généreux.

Bien sûr que non... C'était la première fois que je reçevais un Doloris. Ou plutôt des dizaines. Un os dans mon bras droit s'est brisé. Je n'arrivais même plus a respirer. Je me tortillais sur le sol comme un ver. Alors, j'ai encore cru que j'allais mourir, je ne pouvais plus respirer, ça aurait été logique. Il a tout arrêté, il a simplement arrêté et il s'est penché vers moi pour me parler. Son haleine brûlante me caressait désagréablement le visage alors que j'entendais qu'il ne me laisserait jamais le quitter, que je devais rester pour finir ce que tu as commencé, pour te faire honneur. Que tu devais être fier de moi. Il a osé prononcer ton nom devant moi. J'ai eu envie de vomir mais je n'ai pas pu. Ça l'aurait peut-être décidé a en finir avec moi... Après qu'il soit partie, je suis restée longtemps allongée sur le sol a pleurer.
Pour la première fois de ma vie, je crois que je t'en veux un peu, Evan. Je n'aurais jamais cru que cela m'arriverait. Je t'en veux de ne pas m'avoir empêcher de devenir Mangemort, de m'avoir abandonné. De me laisser seule avec ce monstre est la pire chose que tu aies faite. J'aurais voulu mourir avec toi. Tu ne peux pas savoir comme je te hais mon amour, mon ange, ma vie. Ma mort. Je te hais autant que je t'aime. Reviens-moi. Je t'en prie, reviens-moi.

7 Mai 1981

J'aurais du avoir 19 ans aujourd'hui. Si je n'étais pas morte huit mois plus tôt, j'aurais du avoir 19 ans. Ta mère est venue me voir ce matin. Elle m'a offert un album photo. Des photos de nous, de toi. J'avais envie de hurler, de lui jeter son cadeau au visage. J'ai réussi à me retenir mais maintenant plus que jamais je me sens comme une étrangère chez moi. Chez nous. D'autres gens sont venus mais je n'ai pas ouvert la porte. Je ne veux pas qu'on fête cette journée, pour moi ce n'est qu'une autre que je dois surmonter sans toi. Je vais aller travailler cet après-midi. Je crois qu'il est temps, ça fait huit mois que je ne fais plus rien, que je me contente de rester enfermer ici avec toi, avec ton fantôme, a simplement t'écrire et faire semblant de vivre. Je suis désolée, sincèrement, mon amour, mais ta présence me rend malade, je ne peux plus le supporter. J'ai l'impression de devenir folle entre ces murs remplis de toi. À la librairie, je me sentirais mieux, je crois. Mr Bott est vraiment gentil de m'avoir laissé autant de temps, il sera heureux de me revoir, je pense. Pardonne-moi Evan, je dois te quitter un moment. Je serais de retour ce soir et tu pourras continuer de hanter ma vie.





12 Juin 1981

Je reviens d'une réunion. Depuis presque un an maintenant des bruits courent. On parlait sans trop de certitudes d'une prophétie faite à la même date ou presque, un an plus tôt, sur un enfant à naitre qui serait le seul capable de nous débarrasser du Seigneur des Ténèbres. Ce n'était que des rumeurs jusqu'à ce soir. Il n'a pas vraiment avouer mais il a demandé d'avoir l'œil, de surveiller autour de nous à la recherche d'une famille. Nous les connaissons, mon ange. C'est quand il a donné leur nom que j'ai fait le rapprochement avec la rumeur. On ne doit pas toucher à leur enfant si jamais la chance nous faisait les rencontrer. C'est la seule consigne : lui ramener le bébé vivant. C'est étrange. Je ne les connais pas personnellement mais j'ai peur pour eux. C'est autre chose quand on peut mettre un visage sur un nom, un souvenir sur une victime.

James et Lily Potter. Je me souviens encore d'eux, à Poudlard. Qui pourrait oublier le grand James Potter, de toute façon ?Le meilleur attrapeur de Gryffondor, toujours en train de se pavaner avec ses crétins d'amis, en particulier l'ainé des frères Black. Quant à Lily Potter, Lily Evans... J'aimais beaucoup cette fille, la préfète en chef. Belle comme le jour. Qu'elle se soit mariée avec ce crétin de Potter reste un mystère pour moi. Ce serait leur fils, l'enfant dont parle la prophétie. Cet enfant prodigue que certains attendent comme le Messie, que d'autres craignent comme la Peste. Le Maitre veut le tuer lui-même pendant qu'il ne représente pas un véritable danger. Malheureusement pour lui, les Potter restent introuvable, ils semblent s'être tout simplement volatilisés. Je pense que le professeur Dumbledore doit les avoir caché.

Je ne sais pas si cette histoire de prophétie est vraie mais en tout cas le Seigneur Noir y croit dur comme fer. J'espère qu'il ne les trouvera pas, jamais. En tout cas ce n'est pas moi qui l'aiderait.

15 Octobre 1981

Nous y sommes, mon ange. Un an. Un an vient de passer. Et je suis toujours là, plus morte que vivante, mais vivante quand même. Un an... J'ai l'impression que ça fait des siècles que je t'ai perdu. Tu me manques tellement. Pourquoi a-t-il fallu que tu me quittes si tôt ? Je me souviens encore, deux ans en arrière à Poudlard, toutes ces discussions que nous avions au sujet de notre avenir. Le Mariage, les quatre enfants... Nous ne connaitrons jamais ce bonheur dans la mort qui nous entoure. Eli et ma mère ne cessent de dire que ma vie n'est pas terminée, que je finirais par passer à autre chose, par rencontrer quelqu'un d'autre, que tu voudrais que je sois heureuse et que je continue sans toi. Je pense qu'elles se trompent. C'est gentil à elles de me remonter le moral, ou du moins d'essayer mais elles se trompent car sans toi c'est impossible que je sois heureuse à nouveau. Et je ne pourrais jamais plus aimer. Aucun homme ne pourra te remplacer, tu es le seul et unique amour de ma vie, je n'ai aucun doute à ce sujet. Mon Evan, mon amour. Pour toujours et à jamais tu es le seul que j'aimerais, je t'en fais le serment.

Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure,
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé,
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent.

Ce sont des vers moldus. Eh oui... Je me suis mise à la littérature moldue. Je sais que ça te rendrait fou si tu étais là mais certains sont vraiment bons, beaucoup le sont bien plus que la plupart des auteurs sorciers.

Je t'aime, Evan.

31 Octobre 1981

Il est arrivé quelque chose. Je ne sais pas ce que c'est mais j'ai le sentiment qu'il se passe quelque chose. Je ne m'étais pas réveillée ainsi au milieu de la nuit sans raison depuis longtemps. Ça m'a fait une drôle d'impression de ne pas te trouver à côté de moi dans le lit...La Marque me brûle depuis presque une heure mais ce n'est pas comme un appel. J'ai l'impression qu'elle est en train de mourir. C'est ça, elle meurt. J'aimerais tant que tu sois là, je ne comprends pas ce qui arrive mais j'ai peur et tu me manques terriblement.

1 Novembre 1981

Je sais enfin ce qui est arrivé cette nuit. Evan, si seulement tu étais là ! Je crois que c'est la meilleure nouvelle de toute ma vie ! Il est mort, le Maitre est mort. Il a retrouvé hier soir la trace des Potter, il semblerait que l'un de leurs amis ait vendu la méche sur leur cachette. Le Maitre s'est rendu là-bas, a tué James et Lily mais leur fils a réussi !Il a survécu et le Lord est mort en essayant de le tuer ! Un bébé ! Un enfant d'un an a tué celui qu'on disait être le plus grand Mage Noir de tous les temps !

Dans la rue, j'entends les cris de joie, la musique et la fête. On acclame le jeune Harry Potter comme un héros. Ce bébé vient de sauver la vie de tellement de gens, la mienne. Il m'a offert la liberté. Je me demande ce que sera sa vie maintenant. On le traite comme un héros mais ce n'est qu'un bébé qui vient de perdre ses deux parents. Il devra grandir sans eux, avec le poids de la célébrité sur les épaules. Merlin soit loué, les Potter seront les dernières victimes de ce monstre. Je crois que je vais sortir faire un tour et célébrer ce bonheur avec les autres.

18 Novembre 1981

Les arrestations de Mangemorts continuent. Il ne passe pas un jour sans que la Gazette ne donne de nouveaux noms. Je ne manque pas un seul jour de travail, je fais profil bas, on ne semble pas faire attention à moi. Je me demande combien de temps cela va durer. Tout le monde sait que toi et moi étions fiancés, ou du moins ce ne serait pas difficile a trouver pour qui ferait quelques recherches pas très poussées. Je me doute que d'un jour à l'autre, ils me tomberont dessus. Je sais que bientôt des Aurors frapperont à ma porte pour m'arrêter.

Lucius Malefoy et sa femme s'en sont sortis sans aucun problème, sans doute ont-ils payer quelqu'un au Ministère. Le couple Lestrange n'a pas eu autant de chance et ils sont tous les deux enfermés à double tour à Azkaban. Comme de nombreux autres. J'ai tellement peur. Bientôt, ce sera mon tour. Le Maitre est mort mais la Marque n'a pas disparu... Il suffira de relever ma manche pour prouver ma culpabilité.

30 Janvier 1982

Le Ministère ne m'a toujours pas arrêté. De nombreux Mangemorts sont derrière les barreaux mais le nombre de rescapés est bien plus important. Et je suis de ceux-là... Je n'arrive pas a croire à ma chance, c'est impossible. Il y a autre chose qui m'étonne dans cette histoire. Le professeur Dumbledore a témoigné au procès de Severus Snape et le Mangemort s'en est tiré avec un poste de professeur à Poudlard. Cette affaire n'est pas claire mais ça ne me concerne pas et de toute façon je m'en fiche pas mal de savoir ce que sont devenus mes anciens collègues, tant qu'ils ne me dénoncent pas. Comme l'a fait ce sale traitre de Karkaroff lors de son propre procès, il a donné des tas de noms -heureusement pas le mien. Je suis tellement soulagée. Je sais que je ne suis pas encore totalement à l'abri, ça ne fait que quelques mois que le Maitre est mort, les arrestations ne sont peut-être pas terminées, j'ai encore un risque de me faire attraper. Mais j'ai le sentiment que je ne risque plus grand chose, si on avait voulu m'avoir, on m'aurait déjà eu depuis longtemps.

1982-1995

« Sa vie est un étrange et douloureux divorce »

13 Mars 1985

Eli est enceinte. On avait toujours pensé que je serais la première des deux a avoir un enfant mais bien sûr sans toi, c'est un peu difficile. Je suis heureuse pour elle, vraiment. C'est une chose merveilleuse d'avoir un enfant. Et puis c'est ma meilleure amie, pour ne pas dire la seule, bien sûr que je suis heureuse pour elle. C'est juste que... Je me sens tellement seule... Elle est ma seule amie et on ne se voit plus vraiment depuis qu'on a quitté Poudlard, encore moins depuis qu'elle est mariée. Avec cet enfant, ça deviendra parfaitement impossible. Je suis contente qu'elle soit heureuse.

Mais je suis tellement malheureuse, Evan. Je n'en peux plus de vivre sans toi. J'aimerais avoir des enfants moi aussi, tes enfants... J'aimerais que tu sois là. Je n'ai plus que mon travail depuis que mes parents sont retournés vivre en Israël. Ta mère va de plus en plus mal, perdre son fils puis son mari l'an passé, c'est trop pour elle. Elle ne me reconnaît même plus quand je vais la voir, et elle parle de ton père et toi comme si vous alliez arriver d'un moment à l'autre. Je donnerais tout pour être avec toi....

24 Février 1990

Et voilà...J'espère que tu me pardonneras, mon amour. Je me sens sale, monstrueuse, comme à chaque fois que je reviens de l'un de ces rendez-vous, d'ailleurs. Si ça peut te rassurer... Je sais que d'où tu es, tu as tout vu de cette soirée ignoble. Je m'en veux tellement, je pourrais trouver des excuses, des tas, mais la vérité tu sais c'est seulement que je ne suis qu'un être humain comme les autres... Je me sens tellement seule, j'aimerais avoir quelqu'un avec moi. Il était vraiment gentil, celui-là, et très bel homme. Mais je sais que je ne pourrais plus jamais le revoir,comme les autres avant lui...

Tu étais le seul que pouvait comprendre et accepter ce que je suis. Une abomination repose sur mon bras et m'empêche de refaire ma vie, même si je le voulais. À 29 ans je suis toujours seule et je sais que je le serais encore longtemps à cause de cette Marque. J'ai toujours su que tu étais l'amour de ma vie mais je ne pensais pas que ça finirait par me peser autant. Ne m'en veux pas, je t'en prie. Je t'aime toujours autant mais je n'ai plus la force de supporter ma vie seule, je voudrais que quelqu'un m'aide. Hélas, même si je le voulais je ne pourrais rompre la promesse que je t'ai faite de ne jamais aimer quelqu'un d'autre. Tu peux être fier de toi, ce ne serait sans doute pas le cas si tu n'avais pas choisi de devenir Mangemort, nous condamnant l'un et l'autre. Tu n'as jamais su, n'est-ce pas, que je n'avais accepté la Marque que pour être avec toi ? Pour te plaire et te faire plaisir ? Bien sûr que non... Tu n'avais pas le droit de partir, Evan. J'ai besoin de quelqu'un auprès de moi et tu es le seul qui puisse m'aimer ! Comment suis-je censée faire sans toi ? C'est tellement injuste. Parfois je t'en veux tellement... De m'avoir laissé faire, d'avoir accepté cette mission, de m'avoir laissé faire cette erreur... D'être mort. Cet homme me plaisait vraiment mais je suis forcée de rester seule. J'espère que tu me pardonneras mais je crois que je suis en train de guérir. J'aimerais trouver une personne capable de m'aimer, d'accepter la Marque, quelqu'un à qui je pourrais la montrer sans rougir.

3 Avril 1991

J'ai tout essayé : bandage, maquillage, sorts... Il n'y a rien capable de masquer durablement cette horreur. Rien ne peut effacer ma honte. J'ai même essayer de retirer la peau avec une lame de rasoir. Je n'ai récolté qu'une belle coupure dont j'espère qu'elle ne fera pas de cicatrice par dessus le marché. Quoi que peut-être que les cicatrices l'effaceront un peu.. On peut toujours rêver. Ce n'est pas seulement un tatouage posé sur ma peau, elle fait partie de moi, je lui appartiens. Cette présence en moi me devient insupportable. C'est ma honte, ma hantise. La seule chose qui prouve encore que j'ai fait la plus grand erreur de ma vie. Je ne devrais pas te dire ça, je suis monstrueuse. Tu vas finir par croire que je ne t'aime plus alors que ce n'est pas du tout le cas, au contraire. Mais j'ai honte à présent, j'ai honte d'avoir accepté ça pour toi. Je sais que tu aurais continué de m'aimer même sans ça, j'en suis persuadée. Pourquoi ne pouvais-je pas l'être à cette époque ? Je veux qu'elle disparaisse.

7 Mai 1992

Joyeux anniversaire, Sofia... Je viens de franchir une étape, ça y est. Si tout c'était déroulé comme je l'avais souhaité, aujourd'hui j'aurais déjà trois enfants, peut-être le quatrième en route, nous serions mariés depuis dix ans au moins. Nous aurions une belle et grande maison quelque part dans la campagne anglaise, tu aurais un bon travail et je resterais à la maison avec nos enfants. Nous aurions passés cette journée en famille, dans les rires et dans la joie.

C'est fou ce que la vie peut nous réserver comme surprises. Dommage que ce soit si souvent de mauvaises surprises. Et le pire c'est qu'on ne se fait jamais à la solitude... Trente ans c'est un âge important, une étape... C'est un peu comme si on passait une barrière entre une vie à portée de la main et une vie qui se termine. Je suis de l'autre côté maintenant, je n'ai plus que quelques années devant moi, je devrais avoir fait tout ce qu'une femme accomplie a fait. Et qu'est-ce que j'ai ? Je crois que le pire c'est d'avoir trente ans dans ma situation. Les femmes de mon âge sont mariées, mères et ont un bon métier, ou au moins l'un des trois, le plus souvent deux sur les trois. Qu'est-ce que j'ai moi ? Je suis célibataire, je vis dans un appartement minuscule, je n'ai pas d'enfants, même pas un chat ou un poisson rouge, je suis employée de rayon dans une librairie, je suis une hors-la-loi et je risque la prison à vie si quelqu'un découvrait le tatouage sur mon bras et j'écris presque tous les jours à mon fiancé mort depuis douze ans. Quelle belle réussite, tu peux être fier de moi, mon amour. Je me demande comment je fais pour tenir le coup malgré tout ça...





12 Février 1993

Ces dernières années a me noyer dans le travail et a multiplier les heures supplémentaires n'auront finalement pas servi à rien ! Mr Bott a annoncer avant Noël qu'il prendrait sa retraite bientôt et c'est aujourd'hui qu'il a donné le nom de la personne qui reprendrait la direction de la librairie. Pour les autres employés ça n'a pas été une très grosse surprise apparemment mais pour moi si. Je ne m'y attendais pas vraiment. C'est vrai que ces dernières années j'ai pas mal monté les échelons et que je me suis toujours bien entendu avec le gérant mais de là a me laisser le contrôle de sa librairie... Je suis contente de cette promotion, de cette nouvelle responsabilité. Je me suis engagée auprès de mes collègues a tous les garder sous ma direction. Je devrais prendre mes fonctions d'ici une ou deux semaines, juste le temps de m'habituer un peu à ce nouveau poste puis le vieil homme partira pour de bon. J'espère que je serais à la hauteur ! Mes collègues m'ont tous félicité mais aucun ne m'a proposé d'aller boire un verre pour fêter ça. Aucun ne m'a jamais vraiment apprécié... Tant pis, je vais sortir seule, je dois bien marquer le coup, c'est une nouvelle importante.
3 Juin 1994

Il est en train de se passer quelque chose d'anormal. La Marque me picotait quelque peu depuis plusieurs semaines, ce qui n'était pas arrivé depuis plus de dix ans. Ce n'était pas grand chose, c'est vrai, mais suffisant pour que ça m'interpelle. Quand la Marque se faisait sentir auparavant, ça ne signifiait qu'une seule et unique chose : le Maitre voulait me voir. La nuit où il est mort, j'ai senti la Marque mourir un peu elle aussi. A chaque fois qu'elle se faisait remarquer, il y avait une bonne raison. Je crains de savoir ce que signifie ces picotements. D'autant plus qu'ils deviennent de plus en plus présents. Qu'est-ce que ça signifie ?!

14 Mai 1995

Si j'avais encore des doutes à un moment ou à un autre, cette fois c'est terminé, j'en suis sûre et certaine. Il va revenir, et il prend des forces de jours en jours. La Marque brûle de plus en plus fortement, elle semble se réveiller après un long sommeil, elle étire doucement ses muscles, reprend sa place dans mon corps. Elle s'était un peu éclaircie au cours des années, comme si elle se délavait. Là, elle devient de plus en plus sombre, de plus en plus visible. J'ai l'impression qu'elle respire, c'est un peu saccadé, elle n'est pas bien sûre d'elle, mais elle reprend vie. Par quel miracle le Seigneur des Ténèbres pourrait-il revenir à la vie ? Miracle ? Ce n'est pas un miracle, non c'est une malédiction qui nous tombe dessus. Pourtant Harry Potter l'a tué...

24 Juin 1995

Il est de retour... J'essaye de lutter contre l'appel, j'y parviens depuis environ vingt minutes mais je ne suis pas certaine de pouvoir le supporter plus longtemps. De toute façon si je n'y vais pas de moi-même et qu'il me retrouve après, je risque de souffrir bien plus. Il faut que j'y aille...

Retour de Voldemort, 1995-1996

« A quoi peut leur servir de se lever matin, eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains »

12 Août 1995

J'ai pleuré pendant des années de ne pas être à tes côtés parce que tu me manquais, que je croyais ne pas pouvoir survivre sans toi. J'ai survécu, finalement. Je suis vivante et même si ma vie n'a rien d'un conte de fée, elle en est même très loin, je vis. Enfin... Vivre est un bien grand mot, je dirais plutôt que je suis, j'avance comme dans un brouillard. Cette existence passive n'avait rien de passionnante, c'est vrai. Je m'en suis plainte tellement souvent. On est jamais satisfait de ce qu'on a. C'est ce que j'ai compris aujourd'hui, enfin ces jours-ci. Le Maitre est de retour depuis plus d'un mois maintenant et je me rends compte que ma vie n'était pas si mal ces dernières années. Je n'aurais pas du m'accrocher à toi comme ça, j'aurais du trouver le courage de te laisser partir et de profiter de cette chance qui m'était donnée de reconstruire ma vie sans ce monstre pour m'en empêcher.

Personne ne veut croire à son retour mais moi je sais qu'il est bien là, je dois le voir, me courber devant lui, lui obéir. Il est encore pire qu'avant, ce n'est même plus un homme, c'est une abomination. Un serpent qu'on a tenté de rendre humain. Il me donne envie de vomir chaque fois que je pose les yeux sur lui. Heureusement que ça n'arrive pas si souvent que ça. J'ai pleuré des années parce que tu me manquais, aujourd'hui je veux mourir non pas parce que je veux être avec toi mais parce que je refuse de servir ce monstre. J'envie ta chance de ne plus être de ce monde qui deviendra bientôt un cauchemar.

25 Décembre 1995

Tu sais, je pense souvent à ce qu'aurait été notre vie si tout ceci n'était pas arrivé. Je t'ai déjà raconté des dizaines de fois ce que j'aurais imaginé pour nous. On a même eu l'occasion d'en discuter ensemble de ton vivant, tout aussi souvent. Pourquoi est-ce que tu n'as pas simplement renoncé pour nous ? A quoi bon continuer ce genre de conversation avec toi ? Conversation... Ce que je peux être drôle parfois. Ce qui est fait est fait, n'est-ce pas ? On ne peut plus rien y changer. Je ne sais pas si tu peux te rendre compte d'à quel point ça devient difficile pour moi. J'ai du mal a me regarder en face, je ne supporte plus de voir mon bras. Je ne supporte plus de voir celui qui t'a tué, celui qui a gâché ma vie. Je suis passée finalement par toutes les étapes du deuil, il m'aura fallut quinze ans pour ça mais j'y suis presque arrivée. J'ai vécu le déni, les premiers jours, la dépression pendant presque seize ans, parsemé de ces périodes où j'aurais tout donné pour un autre chose. La colère arrive enfin, je la vis en ce moment même. La tristesse n'est plus là, je suis juste révoltée, enragée. Je veux que tout ça cesse. L'acceptation finira peut-être par venir elle aussi. J'aimerais que ce soit rapide, je ne supporte plus toute cette colère. Je n'aime pas t'en vouloir. Tu n'y es pour rien après tout si Alastor Maugrey t'a assassiné... A vrai dire si, un peu, mais je suppose que tu avais de bonnes raisons de devenir un Mangemort, tu n'étais pas un idiot.

Joyeux Noël, mon amour. Moi je vais passer cette journée seule, une fois de plus... A ruminer, et pas pleurer, cette année. C'est une évolution, dans un sens.

15 Août 1996

Presque un an que je ne t'ai plus rien écrit. Il faut dire, c'était une année assez chargée... Mais je me sens quand même coupable, je ne veux pas que tu penses que je t'ai oublié. Tu es toujours là, dans ma tête et dans mon cœur. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé et personne ne pourra jamais te remplacer dans ma vie. J'ai simplement eu tant de choses à faire, entre la librairie et mes occupations de Mangemort... C'est devenu un parcours du combattant. Depuis que Potter est dans le coma, depuis le début de l'été en somme, tout le monde se met des bâtons dans les roues dans le but de gagner une place plus importante auprès du Seigneur des Ténèbres. Il faut dire qu'avec Malefoy et les autres derrière les barreaux, le Maitre n'est pas content et il se retrouve à cours de larbins près à tout pour le servir. Alors les autres, ceux qui ont échappé à la mission suicide au Ministère essayent de gagner ses faveurs. Ils n'y parviennent pas vraiment, il n'y a que Snape qui semble avoir remonté considérablement dans son estime. Il est devenu son bras droit, son conseillé, son favori. Tant mieux pour lui, tant pis pour les autres. Quant à moi... J'essaye de me faire toute petite. Je ne veux pas qu'il me remarque, au cas où il n'aurait pas oublié que je veux absolument partir depuis que tu es mort. J'ai aussi appris l'occlumencie, toute seule. Ça m'a pris un sacré bout de temps. Mais je crois que je m'en sors très bien et c'est une bonne chose, comme ça je peux fermer mon esprit à Voldemort et je suis tranquille. S'il entendait mes pensées, je ne survivrais pas.

C'est nouveau ça, tu as vu... J'ai retrouvé un semblant d'instinct de survie. Je ne dis pas que l'envie de vivre m'a retrouvé mais je ne pense plus autant a mourir. Ça reste une solution mais ce sera la dernière. Avant ça, je veux trouver autre chose, le mieux serait une solution qui ne m'oblige pas à tout quitter, je ne sais pas si j'en aurais la force. Je ne sais pas ce que je veux faire, hormis partir, le quitter. Je veux m'en sortir avant que la guerre ne commence bel et bien, et ça ne saurait tarder maintenant que Potter n'est plus là. Je ne veux pas me battre dans le mauvais camp. Il faut que je m'en sorte, il faut que je sorte d'ici...

Rentrée 1996

« La passion reste en suspens dans le monde, prête à traverser les gens qui veulent bien se laisser traverser par elle »

16 Août 1996

J'ai eu la plus belle peur de ma vie, ce matin. Je suis sortie tôt pour une promenade, j'ai trouvé un quartier moldu qui semblait presque désert et je suis tombée nez à nez avec Severus Snape. Quand tu es un Mangemort en voie de traitrise, ça fait toujours un drôle d'effet de tomber par hasard sur le bras droit du Lord dans un endroit totalement désert. C'était vraiment étrange. Nous n'avons quasiment pas parler mais mon instinct me poussait vers lui. J'ai senti qu'il fallait que j'aille lui parler.

J'ai d'abord cru qu'il me suivait, qu'il était là sur les ordres de son Maitre, doutant de ma fidélité. Après tout, j'attendais depuis un moment que cela arrive. Mais je me suis souvenue de qui il était, plus un simple larbin, Il ne lui aurait pas confié une tache aussi ingrate. Et puis Snape semblait assez mal à l'aise de me voir ici. Ça n'a pas duré longtemps mais j'ai vu pendant une demi-seconde dans son regard, sur son visage que ma présence l'embêtait et le surprenait autant que moi je l'avais été par la sienne. J'ai pensé qu'il cachait peut-être quelque chose alors je l'ai suivi. C'était tellement stupide... J'ai même essayé de le séduire pour obtenir mes informations. Il n'a rien lâché alors j'ai fini par laisser tomber. Je suis vraiment stupide et inconsciente parfois. Je compte quand même retourner là-bas, Square Grimmaurd, dans quelques jours, histoire de faire un peu de reconnaissance. On ne sait jamais... De toute façon, je n'ai rien a perdre.

22 Août 1996

Je ne devrais peut-être pas y aller... Et si c'était un piège ? Bon et si c'est un piège, qu'est-ce que ça change ? Qu'il me tue, si ça lui chante, ça me rendra service, plus besoin de me creuser la tête pour trouver un moyen de m'en sortir et je serais de nouveau auprès de toi, mon amour.

J'ai encore un peu mal après la réunion d'il y a deux jours mais les potions que Snape m'a envoyé m'ont fait beaucoup de bien. S'il avait voulu me faire du mal, il aurait pu mettre du poison dans l'une de ces potions ou même simplement venir chez moi et m'achever après la séance de torture du Maitre. Ou peut-être m'a-t-il juste aider pour gagner ma confiance pour mieux m'attirer dans ses filets. Je commence à devenir complétement parano, Evan... Le Lord a torturé Snape aussi l'autre soir, pour faire un exemple, certes, mais il lui a fait bien plus de mal qu'à moi... Je ne sais pas ce que je dois en penser. C'était étrange d'être là et de le regarder lutter contre la douleur, de le voir souffrir. Etrange de constater que je n'ai pas réussi a voir ça. Je vais aller à ce rendez-vous, de toute façon je n'ai rien a perdre en dehors de ma vie et je n'en veux plus tellement depuis longtemps.

23 Août 1996

J'aurais du rester à la maison.. Aller à ce rendez-vous est la pire idée que j'ai jamais eu. J'ai l'impression que cette soirée, que cette nuit, a duré des siècles. J'ai peur. Et mal. Et je sais que ma blessure à l'épaule n'y est pour rien. C'est une douleur morale que je n'avais pas ressenti depuis trop longtemps.

Je ne sais même pas pourquoi je suis surprise, ça fait seize ans que chacun de mes rendez-vous se soldent par un échec et celui-là vient de remporter la palme d'or. De toute façon ce n'était même pas un rencard de ce genre-là alors pas la peine d'en faire tout un plat, hein ? Pourquoi est-ce que je suis autant affectée ? Je m'attendais à ce que Snape me tende un piège pour prouver à son Maitre que je ne suis qu'une sale traitre et précipiter ainsi ma déchéance, ma mort même puisque c'est le sort qu'il réserve aux traitres. Je crois même que je l'espérais un petit peu. Je me souvenais, bien sûr, que lorsque le Lord est tombé en 81, Snape a reçu l'appui du professeur Dumbledore lors de son procès et que depuis il fait « semblant » d'être de son côté. Je n'y avais plus vraiment pensé depuis que cette affaire avait paru dans les journaux à l'époque mais il semblerait qu'il soit vraiment du côté du directeur de Poudlard, de l'Ordre du Phénix. Severus Snape m'a proposé de rejoindre l'Ordre du Phénix. Ça sonnait encore comme un piège à ce moment là, surtout quand quatre Mangemorts sous couvert de polynectar nous ont attaqués. Mais j'ai senti qu'il disait vrai. Et je le crois toujours. C'est une décision important que j'ai prise hier soir, rejoindre l'Ordre c'est la sortie de secours que j'attendais... Même si c'est assez dangereux. Et que je vais devoir faire équipe avec Severus...

Il y a quelque chose en lui qui m'apaise, qui me met en confiance. Cet homme est... Je ne sais pas, je ne parviens pas a trouver le mot, a mettre le doigt sur ce qui m'interpelle chez lui. Je sais juste que je me suis sentie tout de suite irrémédiablement attirée par lui et pourtant Merlin sait comme il m'agaçait parfois, comme il me blessait souvent. Tu te souviens de lui à Poudlard ? Discret, pas très attirant, un peu effrayant. Tout le monde cherchait a l'éviter, sauf Potter et l'aîné des frères Black qui se donnaient un malin plaisir a lui mener la vie dure. Si tu le voyais aujourd'hui... L'ado peu sûr de lui a complètement disparu. Plusieurs fois au cours de la soirée, quand je le regardais, je pensais à toi, à la première fois que je t'ai vu. A ce moment là, le premier mot qui m'était venu à l'esprit était « sombre ». Il lui va infiniment mieux qu'à toi... Et je ne comprends pas pourquoi il m'attire autant. Toute la soirée je n'ai espéré qu'une chose : qu'il m'embrasse, qu'il me touche. Il l'a fait, et c'était comme un soulagement. Je me sentais libre à ses côtés, délivrée. J'ai l'impression de ne l'avoir jamais vu avant, de ne l'avoir jamais connu. C'est assez douloureux, honteux. Je pensais pourtant avoir l'habitude de ne rien ressentir, de profiter d'un homme et de ne jamais le revoir ensuite. Mais pourtant ce matin je me retrouve à nouveau seule dans notre lit et je regrette d'avoir laissé Severus s'y coucher. Pourquoi faut-il que ma raison s'échappe ainsi avec lui ? Hier soir j'ai agis d'une manière totalement irrationnelle. Je me suis laissée entrainer par cet espoir qu'il m'a offert en se dévoilant un peu à moi. L'espoir qu'on puisse à nouveau me voir comme une femme, qu'on puisse me regarder entièrement sans que je ne passe pour un monstre. Je venais de découvrir qu'un groupe de Mangemorts me surveillait de près et pourtant je me sentais bien, en sécurité. Je n'ai pas seulement couché avec Snape, je l'ai laissé s'allonger à ta place, je l'ai laissé dormir dans mon lit, dans ma vie. Je lui ai ouvert une porte. Il est entré dans la pièce mais il est reparti au matin comme si de rien était. Je ne me serais jamais douté qu'il était ce genre d'homme. Partir sans un mot après avoir couché avec une femme. Je me demande si cette nuit a été aussi terrible pour lui... Moi j'ai trouvé que c'était incroyable mais de toute évidence ça n'a pas été son cas. Il est parti en oubliant son écharpe et en me laissant un livre moldu. J'ai tellement honte. Et j'ai l'impression de t'avoir trompé, ça ne m'était pas arrivé depuis des années. Je t'ai trompé avec ce parfait crétin -et je pèse mes mots- je me sens ridicule et en colère. Et blessée...

26 Août 1996

Le professeur Dumbledore m'a convoqué ce matin. Sa lettre m'a bien faire rire, ou plutôt l'adresse à laquelle se trouve le QG de l'Ordre. Je savais que la présence de Snape dans cette rue l'autre matin n'avait rien d'un hasard. Mon instinct ne m'a pas trompé. Le professeur Dumbledore a été très gentil, comme à Poudlard, il m'a parlé de l'Ordre, de ce qu'ils faisaient et aussi de ce qu'ils attendaient de moi. Je vais devoir apprendre a lancer un sortilège de Patronus... Il m'a proposé de demander de l'aider à Severus pour ça. C'est hors de question que j'aille lui demander quoi que ce soit. Il ne m'a toujours pas contacté. Nous avons eu l'occasion de nous croiser de temps à autre chez les Malefoy mais il ne m'a rien dit au sujet de la façon ignoble dont il s'est comporté avec moi. Je n'ai pas été lui parler non plus, ni de ça, ni du livre qu'il m'a laissé, ni de rien d'autre.

Ce livre m'interpelle beaucoup. J'essaye de comprendre, je ne crois pas que ce soit un choix fait au hasard, plus je le relis, plus j'en suis persuadée. Il a voulu me laisser un message. Ou peut-être que je me dis ça simplement pour me convaincre, pour atténuer la douleur et la honte. Si ce que j'ai compris de ce livre est réellement ce qu'il a voulu me dire, alors je peux comprendre pourquoi il est parti comme ça. Je n'y arrive pas, à vrai dire, c'est pour ça que je le relis sans arrêt. Pour me mettre cette idée dans la tête que je n'y suis pour rien et que je dois accepter son geste. Je ne peux pas, je n'y arrive pas. Je n'arrête pas de penser à ce qui aurait pu arriver s'il était resté, à ce que cela aurait impliqué. Je pense aussi sans arrêt à cette nuit qu'on a passé ensemble. Depuis que tu es mort, je n'ai pas passé une seule nuit entière avec un homme, je ne me souvenais même plus ce que ça pouvait faire d'avoir une vraie relation. Je veux dire, plus qu'un coup rapide sans même prendre la peine d'enlever mes vêtements, autre chose que le sexe pour le sexe. Je ne sais pas vraiment si c'était ça, je ne suis plus sûre de rien. Tout ce que je sais encore c'est que c'était différent de ce dont j'ai l'habitude, que c'était bien mieux et que je voudrais recommencer. Je ne veux plus de ce que j'ai eu avant. J'ai trouvé enfin l'homme que je cherchais toutes ces années. Je savais, bien sûr, que la solution pouvait être un Mangemort. J'y ai pensé plusieurs fois. Seul un Mangemort peut accepter la Marque que je porte. Mais ils me répugnent tous tellement, même si l'un d'eux était le plus beau et le meilleur coup de toute ma vie, je ne pourrais pas accepter d'être avec un assassin et qui ne veut rien faire pour changer ça. Je n'aurais pas pu le supporter. Severus n'est pas seulement un Mangemort, il est comme moi, il a tout fait pour s'en sortir. Je ne sais pas pourquoi, il n'a pas vraiment voulu me le dire, mais il a eu lui aussi ce besoin irrépressible de changer, de réparer cette erreur. C'était une erreur pour lui aussi. Il peut me comprendre et m'accepter. Du moins il le pourrait s'il le voulait. Il a choisi de ne pas le faire, il a profité du moment, tout autant que moi, mais lui a su revenir sur Terre après, il a compris que rien de plus n'était possible. Pas moi. Je ne veux pas l'accepter.


29 Août 1996

J'ai reçu une nouvelle convocation de Dumbledore aujourd'hui. Seveurs était là lui aussi et il a tout simplement accepté de mettre de côtés nos différents pour les besoins de la mission presque à contre-coeur. Je dois passer à autre chose. Il faut que ça cesse, je ne peux pas me sentir autant perturbée par un homme avec qui j'ai couché une seule fois et que je n'ai plus jamais revu ensuite.

J'ai croisé Maugrey au QG... Je crois qu'il ne sait même pas qui je suis. Il y a trois hommes qui ont détruit ma vie et aucun d'entre eux ne me regarde en face. Toi parce que tu es mort, Voldemort parce qu'il n'est qu'une abomination et Maygrey parce qu'il ne se doute même pas une seule seconde du mal qu'il m'a fait. J'avais tellement envie de lui arracher son stupide œil. De lui faire quelques cicatrices en plus sur le visage. De lui hurler de me regarder dans les yeux. Je crois que ce sera ça le plus difficile dans mon nouveau rôle. Devoir travailler avec l'homme qui t'a tué et ne rien pouvoir faire pour te venger.



31 Août 1996

C'est assez effrayant, en fait. Passé les premiers moments, quand le calme revient, c'est effrayant. Je n'avais jamais ressenti ça avant. Même pas pour toi, tu te rends compte ? Cet homme m'insupporte au plus haut point mais dès que je me retrouve un peu trop près je suis prise d'une envie irrépressible de me jeter sur lui. Comment est-ce possible ? Et qu'il parvienne toujours a me surprendre ainsi. Il est venu à la librairie aujourd'hui... Et il m'a dit qu'il était partie parce qu'il avait compris que je regrettais et qu'il ne voulait pas m'offenser plus longtemps de sa présence. Et dire que je pensais que c'était lui qui avait regretté pendant tout ce temps... Il semble à la fois tellement sûr de lui et tellement indifférent à tout, je n'aurais jamais cru qu'il pouvait avoir été blessé de ma manière d'agir. J'ai passé des jours a me morfondre pour un quiproquo idiot. Quand il m'a tenu à nouveau dans ses bras, le vide immense de ma vie que je traine avec moi depuis ta mort, s'est soudain comblé...

22 Septembre 1996

C'est la première fois depuis des années que je manque une journée de travail. Je ne me sens pas bien, en ce moment, je ne sais pas ce que j'ai. Hier je me suis tout simplement évanouie en pleine journée alors que je ne faisais rien de particulier ni de très fatiguant. Heureusement que Severus était là pour s'occuper de moi. Je n'ai pas trop envie d'aller voir un médecin, j'ai trop peur qu'il me demande de retirer mes vêtements... En fait je ne suis pas allé chez le médecin depuis au moins vingts ans... J'espère que ça passera tout seul, sinon tant pis. De toute façon, je me sens déjà mieux.

15 Octobre 1996

Cela fait seize ans aujourd'hui que tu m'as quitté...

Mon amour, ma déchirure. Je voudrais te demander pardon. Toutes les promesses que je t'ai faite ces dernières années, elles étaient sincères, je te le jure. Je pensais réellement que je n'aimerais jamais que toi. Je le pense toujours, tu sais. Je ne sais pas trop ce qui se passe en ce moment dans ma vie, mais je sais que tu occupes encore la même place dans mon cœur et dans ma vie. Je veux que tu le saches, ne penses pas que je t'ai oublié, ça n'arrivera jamais. Il était temps, tu ne crois pas, que je recommence a vivre pour moi ? Mais qu'est-ce que je raconte... Je ne sais plus du tout où j'en suis, tu sais ? Tout ce qui m'arrive en ce moment me dépasse totalement. Entre les Mangemorts, l'Ordre, la librairie et Severus, je suis totalement perdue, surmenée. Moi qui me plaignais du vide constant de mon existence, je suis servie. Ma vie est à nouveau bien remplie, peut-être trop bien. C'est un stress constant de jouer un double-jeu contre le Maitre. J'ai tellement peur qu'il découvre ce que je cache, je travaille sans arrêt pour m'améliorer en Occlumencie et mon esprit est toujours fermé. Cela m'épuise énormément, ça demande beaucoup d'énergie d'ériger une barrière mentale autour de son esprit constamment. Je deviens de plus en plus faible, sans arrêt malade. J'ai attrapé une belle grippe d'ailleurs, elle me tient au lit depuis deux jours déjà. Mes nerfs sont à vifs. Je ne cesse de penser à tout cela, à toi beaucoup. Je ne veux pas te trahir, je ne veux pas t'oublier. Je me suis jurée de t'aimer toute ma vie et je veux tellement tenir ma promesse... Je crois que... C'est simplement une idée comme ça tu sais, je manque tellement d'affection, de contact humain depuis si longtemps que je m'emballe peut-être trop vite, mais j'ai peur de tomber amoureuse de Severus, pour de vrai. Je ne suis plus très sûre de ce que ça fait, ça ne m'est pas arrivé depuis 16 ans. Mais qu'est-ce que c'est, si ce n'est pas de l'amour que je ressens pour lui ? Pourquoi est-ce que je me sens si bien avec lui, à ma place, complète ? Et plus vide que jamais quand il n'est plus là. C'est comme si tu étais mort une deuxième fois. Dès qu'il me quitte, j'ai ce sentiment de vide total, ce gouffre qui s'ouvre à nouveau, comme quand je venais tout juste de te perdre.

Je te demande pardon, Evan.

31 Octobre 1996

Je ne peux pas retarder plus longtemps l'échéance. Il est temps que j'aille voir un médecin, ça ne va vraiment plus. Je ne suis pas certaine qu'il pourra faire grand chose pour moi, je sais très bien que je ne suis pas malade, je suis seulement épuisée de cette vie. Je devrais peut-être laissé tomber la barrière mentale... Même si c'est beaucoup trop dangereux. Il me donnera peut-être des vitamines, ce sera toujours ça de gagner. J'ai pris rendez-vous pour la semaine prochaine...

5 Novembre 1996

Je crois, non je suis certaine que Merlin me hait personnellement. Ou alors, il a un sens de l'humour vraiment particulier. Il ne doit pas se rendre compte à quel point ce n'est pas drôle. Je ne sais pas ce que je vais faire. Je n'ai aucun moyen de m'en sortir, cette fois. Enfin si... Il y a bien un moyen mais je ne peux pas faire ça, c'est hors de question, je ne veux pas tuer qui que ce soit et pour moi cette pratique est un meurtre à part entière. Je peux comprendre que certaines femmes en aient vraiment besoin mais je ne suis pas capable de faire ça. Ce qui m'inquiète le plus, c'est que je vais devoir en parler à Severus. Je ne sais pas du tout ce qu'il va en penser mais que ça lui plaise ou non je ne reviendrai pas sur cette décision. Pourquoi a-t-il fallut que quelque chose comme ça nous tombe dessus ? Moi qui a toujours voulu avoir des enfants... Je ne pensais pas qu'être enceinte serait une telle difficulté pour moi. Ne faut-il pas être stupide pour attendre un enfant en plein milieu d'une guerre, surtout quand on appartient aux deux camps et que le père de l'enfant a l'air d'être la dernière personne au monde a vouloir des enfants. On n'est même pas encore un vrai couple. Il ne me pardonnera jamais de lui avoir fait ça... Enfin... Il est tout autant responsable que moi de la situation ! Après tout, sans lui ça ne serait pas arrivé ! Mon Dieu, Evan, qu'est-ce que je vais faire ?

17 Novembre 1996

Je rentre de Poudlard. Non, je n'ai pas été dire à Severus pour le bébé. Je n'y arrive pas. Je l'ai vu la semaine dernière, je savais qu'il fallait que je lui dise mais je n'ai pas pu. Il n'a encore rien remarqué et je n'ai plus tellement de symptômes, les nausées matinales ont passé depuis quelques jours et je me suis arrangée pour ne pas rester dormir avec lui afin qu'il ne se doute de rien. Je sais que ce n'est pas la bonne solution, que plus je retarde le moment de l'aveu, plus il aura du mal a l'accepter mais qu'est-ce que je peux faire ? J'ai tellement peur de sa réaction...

Non, j'ai été voir le professeur Dumbledore. A qui d'autre pouvais-je en parler, de toute façon ? Je crois qu'il se doutait déjà de quelque chose. Je ne sais pas comment il fait mais il a toujours l'air de tout savoir. J'ai eu un mal fou à lui cracher le morceau et il n'a même pas eu l'air surpris ! Pourtant je suis certaine qu'il n'a pas lu dans mon esprit, je l'aurais senti, tout de même... Il a été très compréhensif, je dirais même inconscient. Il avait l'air...heureux d'apprendre la nouvelle (enfin apprendre, c'est un grand mot). J'ai trouvé son discours sur le fait que l'amour était la plus grande force en ces temps troublés un peu déplacé. Est-ce qu'il ne voit pas que c'est une mauvaise nouvelle ? Je veux dire, comment une Mangemort sur le selette jouant les agents doubles pour l'Ordre du Phénix et qui entretient une relation plus ou moins amoureuse avec le bras droit de Lord Voldemort, lui aussi espion pour l'Ordre, peut être heureuse d'être enceinte ? Si Voldemort apprend que je suis enceinte de Severus, il nous tuera tous les deux, j'en suis quasiment certaine. Et il y a forcément un moment où les gens vont s'en rendre compte. Je ne crois pas qu'il m'accordera un congés maternité....

Dumbledore m'a, bien évidement, conseillé d'aller en parler à Severus, le plus vite possible. En fait il a même quasiment insisté pour que je le fasse tout de suite en sortant de son bureau. Par chance, je suis tombée sur la prof de divination, donc je n'ai pas pu aller jusqu'aux cachots pour discuter tranquillement avec mon petit ami de sa future condition de père de famille. Je sais que je ne devrais pas retarder ce moment encore trop longtemps. Il va être fou de rage quand je vais lui dire, c'est certain... Qu'est-ce que je vais devenir ?

26 Novembre 1996

Dans quelques heures, je vais devoir parti en mission avec d'autres Mangemorts pour libérer nos chers collègues d'Azkaban. Il semblerait que ce ne soit pas une mission d'une très grande difficulté, Severus s'est arrangé avec les Détraqueurs qui se battront désormais à nos côtés. Mais j'ai peur. Pour le bébé, surtout. Il faut que je le dise à Severus. Si on survit tous à cette mission, j'irais lui parler.