Plus qu’une semaine, et les vacances de Noël débuteraient enfin, à mon plus grand regret. La perspective de rester au château ne m’aurait pas non plus enchanté, mais de toute manière la question ne se posait pas. Je devais rentrer, comme chaque année, sachant que celle-ci serait tout à fait particulière. Et pour cause : une nouvelle fois j’allais être plongé au cœur-même de l’action, dans cet environnement qui me donnait l’impression de suffoquer. Mais ça n’était pas l’emprise familiale qui me rebutait, d’autant plus que mon père venait tout juste de rentrer d’Azkaban après le coup de maître des Mangemorts qui avaient pris la prison d’assaut pour les libérer. Ce qui m’angoissait en réalité c’était que j’allais une nouvelle fois être confronté au Seigneur des Ténèbres pour lui dévoiler enfin ce projet que j’avais mis en place. Toutes les modalités pour faire pénétrer les Mangemorts avaient été résolues : je savais non seulement comment éviter les protections que Dumbledore avait mis lui-même en place, mais j’avais, qui plus est, réduit tous les risques qui pourraient se présenter à nous lors de leur pénétration, à commencer par la réparation de l’Armoire à Disparaître qui m’avait pris des mois à faire de nouveau fonctionner, celle-ci étant largement capricieuse. Seule la mort de Dumbledore n’avait pas été résolue, même si j’avais bien quelques idées en tête. Mais est-ce que cela serait suffisant aux yeux du Maître ? Je n’en avais absolument pas la moindre idée.

Je n’avais pas dormi de la nuit, la date fatidique de la réunion approchant. L’estomac noué, la gorge serrée, je m’étais retourné dans tous les sens, espérant trouver le sommeil qui ne vint pourtant pas. Et c’était sans compter sur les ronflements infernaux de Crabbe qui dormait comme un mort, bruit ne faisant qu’augmenter mon profond agacement. Je m’étais donc levé du pied gauche en ce dimanche matin, lâchant sans cesse des soupirs pour une raison X ou Y. Il y a des jours comme celui-ci où la moindre parole suffirait à nous faire éclater de rage, ce qui était, je l’admets, assez fréquent chez moi. Enfin, du moment que je ne tombais pas sur Yokoya, Nott ou je ne sais qui encore qui me feraient aussitôt plonger dans une colère noire, je devrais à peu près savoir gérer. Du moins était-ce ce que j’espérais, bien qu’en vérité ça ne serait pas moi qui allait en pâtir si jamais je venais à déborder, mais bien ceux qui auraient le malheur de se retrouver en face. Je pris alors mon pantalon noir, un pull fin de la même couleur ainsi que ma veste de costume puis me dirigeai vers la salle de bain pour prendre une douche et me préparer. Je m’enfonçais sous le débit de l’eau chaude, fermant les yeux en essayant de faire le vide dans ma tête, ce qui était loin d’être simple. Tout se cumulait, s’embrouillait, faisant de mon esprit un véritable champ de bataille dont je craignais de ne jamais pouvoir sortir vainqueur si je continuais à me laisser ainsi sombrer dans mes ténèbres intérieures. Mais comment pouvais-je les combattre ? Il était dans mon tempérament de ne jamais baisser les bras quoiqu’il arrive, de me battre quitte à écraser ceux qui se mettent en travers de mon passage, et ce sans état d’âme, mais pourtant la situation était telle que je n’avais plus aucun espoir en quoi que ce soit.

Après avoir passé une bonne demi-heure sous la douche si ce n’était plus, j’enroulai une serviette autour de ma taille et essuyai vigoureusement mes cheveux d’un blond presque blanc à l’aide d’une autre serviette, mon regard s’arrêtant une nouvelle fois sur ma Marque gravée dans la chair de mon avant-bras gauche que j’avais observé durant des heures depuis ce jour où j’avais reçu l’immense honneur de la porter. Mais quel cadeau empoisonné était-ce...
Je lâchais un énième soupir, finissant de me préparer avant de m’habiller, prenant soin de mon apparence. Elle était la seule chose qui me permettait encore de sauver les apparences alors que ma froideur toujours plus manifeste, mon isolement et sans compter ma dégradation physique alors que j’avais encore perdu du poids et que mon regard était cerné ternissaient mon image. Je sortais enfin de la salle de bain, me dirigeant vers la penderie où je rangeai mes anciennes affaires avant de saisir dans la table de chevet un livre que je m’étais acheté peu de temps avant la rentrée et qui concernait l’histoire de la magie noire et son application par les plus grands sorciers, dont la plupart avaient eux-mêmes étés à Serpentard. L’ouvrage dans la main, je sortis de la pièce pour me diriger vers la salle commune, m’installant sur le fauteuil installé auprès de la cheminée dans lequel personne n’osait s’asseoir, celui-ci m’étant attribué. Je reprenais tranquillement ma lecture là où je m’étais arrêté, sentant mon corps se détendre au fur et à mesure que je me sentais comme happé par les lignes du bouquin. Toutefois, une voix forte me tira soudain de ma lecture, tandis que j’entendais la voix de Goyle s’écrier qu’ils m’avaient cherché partout. Je me mordis aussitôt durement la lèvre, voyant ces deux gorilles se planter en face de moi, un sourire sur leur visage joufflu qui leur donnait un air des plus abrutis. En accord avec eux-mêmes, bien entendu.
Sans refermer mon livre, je relevais lentement le regard vers eux, leur lançant un air des plus noirs.

« Très bien, alors autant vous dire qu’aujourd’hui je ne vais clairement pas pouvoir vous supporter, alors je vous donne trois secondes pour dégager de ma vue et me laisser tranquille ! »

Clair, net et précis. Les deux molosses s’échangèrent un regard surpris et inquiets avant de partir sans bruit, tandis que je passai une main épuisée sur mon visage. Certains pourraient sans doute être indignés par la manière que j’avais de leur parler, mais qu’en avais-je à faire ? Absolument rien. Dans tous les cas ils faisaient exactement ce que je leur demandais, et se soumettaient constamment à mes ordres, alors que demander de plus ?
Je me replongeai donc une nouvelle fois dans ma lecture, les heures s’écoulant alors les unes à la suite des autres tandis que des élèves venaient brièvement troubler la sérénité du lieu en traversant la vaste pièce. Soudain, je sentis une main venir tapoter brusquement mon épaule. Je fronçais aussitôt les sourcils, mais n’eus pas le temps de pester d’agacement que la voix de Blaise qui venait de se mettre derrière moi me proposa avec énergie, ou plutôt même m’ordonna de venir avec lui sur le terrain de Quidditch. Si je détestais que l’on me donne le moindre ordre, dans le cas présent c’était assez différent. Je lâchais un nouveau soupir de lassitude cette fois et regardais à travers la fenêtre le temps qu’il faisait au-dehors. Des nuages blancs s’aggloméraient au-dessus du château, signe que la neige ne devrait pas tarder à tomber une fois encore. Temps que j’appréciais, certes, mais je n’étais pas spécialement motivé pour voler, préférant profiter de ma solitude. En même temps, je ressentais tellement de colère au fond de moi-même que j’avais besoin de me défouler avant d’exploser contre qui que ce soit, et pour tout simplement penser une nouvelle fois à autre chose qu’à ce qui me préoccupait.

« J’arrive. Mais ne crois pas une seule seconde que tu pourras me battre, Zabini. » Lui lançais-je sur un ton qui n’était pas le moins du monde hostile, bien au contraire. C’était plus par défis qu’autre chose, bien que je n’avais pas le cœur à cela. Mais il me fallait prendre une nouvelle fois sur moi pour ne rien montrer, encore et toujours. Maudit soit l’art du paraître...

Je me levais alors, mon regard se posant un bref instant sur Nott qui était également plongé dans la lecture d’un livre, ses lèvres bougeant brièvement comme un gosse de cinq ans qui apprenait à lire. Mais visiblement Blaise ne semblait pas être du même avis au vu de la manière dont il le regardait. Soit, je n’en avais rien à faire. Si ses préférences ne me dérangeaient pas outre mesure, c’était tout de même un sujet qu’il évitait d’aborder avec moi, et au fond cela m’arrangeait. Je me dirigeais donc une nouvelle fois vers les dortoirs pour prendre mes affaires de Quidditch, du moins le strict minimum pour être à l’aise, et le rejoins dans la salle commune dans laquelle il m’attendait.

« On y va. » Lui dis-je alors.

Qu’est-ce qui avait bien pu me prendre d’accepter, je n’en avais pas la moindre idée. Je n’étais franchement pas sûr qu’un entraînement et par un temps pareil pouvait être une bonne idée, mais en même temps m’enfermer de plus en plus n’était pas non plus la plus idéale des solutions. Qui sait au fond, peut-être qu’un peu de sport pourrait me permettre de me vider l’esprit... Dans tous les cas c’était toujours ça de pris, et je doutais très sincèrement que Blaise ne me laisse de toute manière le loisir de refuser sa proposition. Quoique jusqu’à preuve du contraire ça n’était pas lui qui décidait à ma place – la personne qui le pourrait n’était pas encore née – mais je savais que sa proposition n’avait pour seul but que de me sortir de cet isolement et de cette dépression dans lesquels je m’enfonçais cruellement et profondément de plus en plus. Et même si je ne désirais certainement pas le montrer, il me connaissait depuis suffisamment longtemps pour ne pas être dupe face à ma neutralité bien maîtrisée. Quoique mon corps, lui, savait me trahir. Mon reflet dans le miroir ne cessait de me renvoyer l’image d’un jeune homme de plus en plus pâle, de plus en plus maladif, et qui ne savait plus comment se sortir de ce courant dangereux du destin qui le précipitait vers les chutes contre lesquelles il se briserait en contrebas.

Revenant des dortoirs dans lesquels j’étais allé prendre mes affaires de Quidditch pour me préparer, je rejoignis Blaise qui m’attendait patiemment dans la Salle commune, son regard éternellement rivé vers Nott qu’il ne quittait pas un instant du regard. Qu’il ait des préférences pour les hommes ne me dérangeait pas, je n’en avais absolument rien à faire, mais qu’il soit intéressé par un type comme lui franchement je ne le comprenais pas. Il n’y avait pas plus irritant que ce gars-là, mais visiblement Daphné non plus ne semblait pas partager mon avis. Soit, je n’en avais que faire. S’il voulait perdre son temps avec ce gars-là c’était son problème, pas le mien.
Détournant son regard de Nott, Blaise se redressa pour me rejoindre, avant que nous nous dirigions vers les couloirs des cachots pour rejoindre le hall d’entrée dans lequel une foule peu commune par une heure pareille s’agglomérait. Enfin, nous rejoignîmes les lourdes portes d’entrée pour sortir au-dehors, aussitôt frappés par le froid glacial qui régnait, m’arrachant un bref frisson. Ajustant ma cape de Quiddicth aux couleurs de Serpentard sur mes épaules, nos pas crissèrent dans la neige au fur et à mesure que nous nous avancions vers le terrain désert à cette heure. Par chance, aucune autre maison n’avait organisé d’entraînement à ce qu’il semblait.

Profondément silencieux, mon regard se perdait au-devant sur la poudreuse qui faisait luire le paysage d’un millier de couleurs scintillantes. Un calme digne de celui d’un cimetière régnait dans les environs, atmosphère qui aurait dû me détendre si je n’étais pas si préoccupé par toutes mes affaires personnelles dont même Blaise, qui était pourtant mon meilleur ami, ne devait pas se douter le moindre instant. Seuls les cris et les rires de quelques élèves se firent brièvement entendre au loin, comme dans un écho. L’insouciance, la gaieté et la sérénité, voilà ce qui aurait dû être mes seules préoccupations si j’étais resté un adolescent normal. Pourtant c’était loin d’être le cas, tout mon monde fait de facilités s’était effondré autour de moi comme un château de carte. Plus rien ne serait plus jamais pareil, et le seul avenir que je voyais aujourd’hui pour moi serait la mort. Et cela, personne ne pouvait s’en douter le moindre instant, mis à part Daphné qui avait bien fini par découvrir malgré moi la vérité, du moins une part de celle-ci. Même Rigel qui était pourtant dans une situation similaire à la mienne ne savait pas ce qui m’attendait.

Lâchant un grognement, Blaise fit fondre la neige sous nos pas pour éviter d’être trempés avant de rejoindre le terrain puis, une fois que nous fûmes au loin de toute autre présence indésirable, celui-ci rompit le silence durement installé entre nous pour me demander comment je me sentais. Selon lui, chaque jour qui passait me donner un aspect de plus en plus inquiétant, ce à quoi il n’hésita pas à ajouter sur le ton de l’humour, comme à son habitude, que « mes fans » ne tarderaient plus à se détourner de moi si je demeurais sur une telle pente.

« Je vais aussi bien que la situation me permet de l’être, il n’y a rien de plus à ajouter. » Lui dis-je sur un ton qui ne s’avérait pour autant ne pas être particulièrement cassant, mais qui laissait juste entendre que cela ne servait à rien de s’étendre sur le sujet.

De toute manière Blaise comme tous les autres étaient habitués à mon caractère pour le moins froid et direct, alors il ne risquait pas de mal le prendre. Et à vrai dire si tel était le cas j’avais bien d’autres choses à penser. Mais même si personne ne pouvait me comprendre, avoir Daphné, Blaise et Pansy à mes côtés m’était un véritable soutient. Au moins à travers eux, et même si j’étais sans cesse obligé de mentir pour rien montrer de mes ressentiments, j’avais l’impression de pouvoir vivre encore quelques instants de ce qui était à mes yeux devenu mon ancienne vie.
Mais une nouvelle réplique de Blaise me fit lâcher un soupir, non pas d’exaspération mais de résignation. Si j’avais pu lui parler peut-être l’aurais-je fais, mais ça n’était pas le cas, alors la question ne se posait même pas. Si je venais à lui révéler la vérité à mon sujet, je savais déjà ce qui allait se produire : mes plans tomberaient à l’eau, et le Seigneur des Ténèbres lui-même découvrirait aussitôt que je n’avais pas su tenir ma langue, achevant immédiatement non seulement ma vie, mais également celle de ma famille. Et encore, j’étais absolument certain que si tel avait été le cas, notre mort ne serait provoquée que par une longue agonie dans laquelle il nous aurait plongés après de longues heures d’une atroce torture. Alors non, jamais il ne devrait savoir ce que je tramais, jamais...

« Je n’en doute pas une minute, mais tout va bien, ne t’en fais pas pour moi. Je n’en peux tout simplement plus de cette école minable et de ce vieux croulant de Dumbledore. Il est simplement temps que les choses changent. » Lui dis-je de ma voix traînante, mes lèvres se pinçant avec mépris envers ces vermines qui grouillaient tout autour de nous.

Mon regard se posa à plusieurs bons mètres de nous sur des Poufsouffles de première année que j’avais déjà eu à réprimander en tant que Préfet, chose que je m’étais fait un véritable plaisir d’accomplir.

« Regarde-les... Je ne supporte plus tous ces Sang-de-Bourbes qui se prétendent être des sorciers. Mais bientôt ils ne seront plus un problème, je peux te le garantir... »

Ma rage envers eux redoublait chaque jour, et je savais bien que Blaise partageait le même avis que moi à leur sujet, même s’il le déclarait certainement moins souvent que moi. Mais plus les choses avançaient, et plus je me sentais menacé par ces inutiles. Mes mots trahissaient toute cette amertume qui se décuplait sans cesse à chaque instant, quand bien même mes paroles ne devraient pas être réellement louches. Après tout, nul n’était sans savoir que le Seigneur des Ténèbres prenait de plus en plus d’envergure. Ce qu’ils ignoraient en revanche, c’était que deux de Ses partisans étaient ici-même dans l’école, dont eux précisément sous les yeux de Blaise...

La haine. Sentiment malsain, sinistre et dévastateur autant pour les autres que pour soi-même. Je voyais ces gamins jouer insoucieusement dans la neige, les maudissant intérieurement d’avoir gâché ma vie. Sous quel prétexte ? Après tout ils n’étaient directement pour rien dans toute cette histoire, certes, mais je les haïssais au plus haut point pour ce qu’ils étaient. Des Sang-de-Bourbes. Une honte absolue au monde des sorciers de même que tous ces Cracmols qui n’étaient heureusement pas nombreux dans le château mis à part Rusard. En même temps comment pouvaient-ils être ici alors que ces incapables n’avaient pas le moindre pouvoir magique malgré leur descendance ? Alors oui, il était temps que les choses changent et ce du tout au tout, et un seul être au monde serait capable d’accomplir une telle chose : cet homme que j’avais rêvé de servir depuis mon plus jeune âge, alors que je me souvins d’avoir toujours admiré mon père lorsqu’il me parlait de Lui, lorsqu’il revêtait son masque et sa robe de Mangemort que j’avais absolument rêvé de pouvoir porter un jour. Et ce jour était arrivé depuis quelques mois à présent, mois qui, pourtant, avaient fait basculer ma vie dans le plus infâme et abominable des cauchemars.

C’était pourquoi mes paroles et notamment le ton de ma voix étaient si durs, si empreints de rage, de dégoût et d’un besoin presque viscéral de les voir succomber lentement et à petit feu dans la douleur. Je prenais tellement sur moi dans le but de cacher sans cesse ce que je ressentais, ce que je craignais et ce qui m’effrayait que je ne réalisais même pas combien mon comportement pouvait à cet instant-même choquer celui qui était à côté de moi et qui me considérait réciproquement comme étant son meilleur ami. Mais le fait était que même si je m’étais rendu compte de mon attitude, je ne l’aurai absolument pas regretteé car je pensais réellement chaque mot que je prononçais. Mais ceux-ci étaient dits dans une telle colère que même si je ne m’étais pas attendu à une réaction aussi enflammée de la part de Blaise, je ne pouvais pas dire qu’elle me choquait réellement. Quoique, comment ne pouvait-il pas partager mon opinion ? Et d’un autre côté je n’appréciais absolument pas qu’il hausse le ton contre moi, quand bien même c’était là la première fois qu’il le faisait. Même s’il n’était pas de ceux qui me craignaient et qu’il me disait toujours ce qu’il pensait, il savait néanmoins se taire face à moi lorsqu’il le fallait. Et pourtant à cet instant-même il semblait être totalement hors de lui, ce qui me surprit largement sur le moment, avant que je ne me reprenne vite, mon regard plongé dans le sien s’assombrissant brutalement.

Je l’entendais déverser ses paroles d’une traite, dont la première réplique aurait presque pu me décrocher un sourire ironique tant il ne savait pas combien il était près de la réalité. Je n’avais qu’à tuer Dumbledore ? Si tu savais depuis combien de temps j’y travaillais, Zabini... Il ajouta également que puisque je détestais tant Poudlard je n’avais qu’à partir, chose qui allait également arriver et ce bien plus vite qu’il ne pouvait le croire, avant de dire que je n’avais qu’à me faire Mangemort si je tenais tant que cela à débarrasser ce monde de tous ces encombrants. Toutefois, je n’eus pas le temps de lui dire quoique ce soit que Blaise reprit à nouveau sur un ton presque moqueur qu’après tout j’avais tout d’un Mangemort, allant non seulement jusqu’à insulter Daphné qu’il ne portait pas dans son cœur, je le savais depuis le début, pour je ne sais quelle raison et qui m’indifférait complètement. Mais qu’il aille en plus jusqu’à me traiter de con était bien plus que je ne pouvais déjà le supporter. Néanmoins, je sentais derrière ses paroles qu’il n’y avait pas seulement mon mépris envers les autres élèves de sang impur qui le révulsait, mais aussi et surtout le fait que je changeais du tout au tout sans qu’il n’en comprenne la cause. Avais-je tant changé que cela ? Certainement, car il n’était pas le seul à s’inquiéter autant pour moi. Mais je ne lui avais rien demandé jusqu’à preuve du contraire, et si cela lui était tant insupportable que je ne lui dise rien alors que faisait-il encore là, devant moi ? Je ne lui avais pas demandé de m’aider que je sache. Mais il n’avait pas tort sur le fait qu’au rythme où allaient les choses je finirai rapidement six pieds sous terre. Cependant si ça n’était pas mon état de santé qui m’y enverrait, ce serait une autre raison qu’il ne devait pas connaitre, que cela l’enchante ou pas.
Puis franchissant le dernier pas qu’il nous séparait, il posa un doigt menaçant sur mon torse, finissant de me dire avec une colère que je ne lui avais encore jamais vu que soit je me décidais à lui avouer ce qui m’arrivait afin qu’il puisse m’aider, ou du moins que j’accepte qu’il le fasse, soit je continuais à me terrer dans ma déchéance, avant de conclure son monologue en lâchant qu’il n’était pas à ma disposition.

Sentant mes mains trembler de cette rage que j’avais jusqu’à présent contenue en moi tant bien que mal et par je ne sais quel miracle alors que d’ordinaire j’avais un caractère pour le moins explosif, je le saisis brusquement par le col de sa cape de Quidditch et le plaqua contre un mur. Pointant aussitôt ma baguette que je saisis rapidement dans ma poche pour la pointer sur lui, je lâchais d’une voix tremblante de rage, aussi colérique qu’exténuée :

« Ne t’avise plus jamais de me parler sur ce ton Zabini ! Si je ne te parle pas ça n’est pas que je ne le veux pas mais que je ne le peux pas, que cela te plaise ou non ! Le pourquoi, tu n’as pas à le connaître, même si cela ne t’enchante pas. Je ne t’ai jamais demandé quoi que ce soit, et si m’aider t’est couteux alors soit, le « petit con » s’en passera sans problème ! Deuxièmement si ma « greluche » ne te plait pas, sache que c’est strictement la même chose ! Je ne t’ai jamais demandé ton avis, mais respecte le mien car il ne me semble pas jusqu’à présent t’avoir une seule fois dit le fond de ma pensée pour l’autre abruti de Nott dont tu veux tant t’enticher ! Alors avises-toi encore une fois de dire un mot de travers au sujet de Daphné et du mien et je te jure que je te le ferai regretter d’une manière que tu ne pourrais même pas imaginer ! »

A bout de souffle, je le lâchais aussitôt que je me sois rendu compte de la dureté de ma poigne et de mon geste incontrôlé. Je lâchais alors un profond soupir, passant une main fiévreuse sur mon visage pâle comme la mort, recouvrant mes esprits. Ajoutant ensuite sur un ton soudain et étrangement plus calme car vibrant notamment de mon épuisement maladif, je repris :

« Je ne te demande pas de m’aider. De toute manière il n’y a rien à faire. Tout ce que je veux c’est que tu cesses de me poser des questions auxquelles je ne pourrais pas répondre, que tu le comprennes ou pas. Si cela ne te convient pas alors je ne te retiens pas. Va à ton entraînement, oublie-moi, cela m’est parfaitement égal, tu peux bien faire ce que tu veux. »