La neige n'avait cessé de tomber depuis quelques jours déjà et l'immensité verdoyante du parc semblait saupoudrer de sucre glace. Les eaux foncés du lac miroitaient d'opale sous les rayons d'un soleil timide. Le premier jour des vacances de Noël était certainement l'un des plus calmes à Poudlard. Rares étaient ceux qui ne rentraient pas chez eux, surtout à Serpentard où les nobles familles aimaient à se réunir pour les fêtes.

Pour Blaise, c'était différent. Sa mère était partie pour un défilé à Milan et ses grands parents n'étant pas du tout chrétien -lui non plus d'ailleurs- Noël n'avait que très peu de sens pour eux -même s'il n'oubliaient jamais d'envoyer un gros paquet à leur unique petit fils.

Comme lui, Pansy n'était pas parti rejoindre sa famille et ils avaient projeté de passer cette première après-midi ensemble au bord du lac. Outre la compagnie agréable de sa meilleure amie et les multiples discussions autour de son béguin pour Nott, l'objectif de ce moment était avant tout de refaire ses tresses.

Car si après un mois les cheveux en bataille Blaise aspirait à les laisser à l'état sauvage, Pansy était d'avis qu'il fallait plaquer tout ça à son crâne sans quoi il ne passerait bientôt plus les portes. S'en suivrait alors une longue et douloureuse agonie pendant laquelle Blaise prierait tous les saints pour que Pansy tire moins sur sa majestueuse crinière.

Pour l'heure, Blaise avait revêtu une cape en fourrure blanche et un ensemble pull col roulé et pantalon moulant noir. Emmitouflé dans sa peau de phoque, il attendait, assis sur un petit rocher épargner par la neige -oui d'accord, Blaise avait lui même déneiger manuellement le rocher avant de se rendre compte qu'il aurait simplement pu lancer un sort.

Il attendait son amie depuis à peine quelques minutes, lui qui d'ordinaire arrivait toujours en retard, c'était un exploit. Dire qu'il ne s'embêtait à arriver à l'heure que pour se faire arracher les cheveux ... C'était désespérant. Le regard perdu à l'horizon, il pensait à Théo et son teint pâle qui irait tellement bien avec le paysage.

La beauté glacée, l'indifférence et la majesté ... Le métis s'égarait considérablement, les beaux yeux azur de Théodore se confondant avec la pureté du ciel aux nuages légers dans son esprit. Il allait fermer les paupières pour s'assoupir un moment quand un bruissement le fit se retourner.

C'était un écureuil qui logeait dans le cyprès et qui s'était aventuré près du lac à la recherche de nourriture. Blaise le laissa s'approcher jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'à quelques centimètres de ses pieds avant de sortir précautionneusement sa baguette.

Sans aucun geste brusque, le métis jeta un Augmento à l'animal qui doubla de volume pour atteindre la taille d'un chiot berger allemand. Enhardis par son subite changement d'échelle, l'écureuil s'approcha de Blaise en reniflant. Le métis matérialisa une noisette de la taille d'une orange et l'offrit au rongeur qui vint s'en emparer furtivement.

Alors, Blaise profita que l'anima soit occupé ailleurs pour l'attraper le poser sur ses genoux. Bizarrement pour une espère aussi craintive, le rongeur se laissa faire et le métis commença à passer ses longs doigts chocolats dans les poils touffus de son dos.

"Toi tu me comprends, p'ti gars, n'est ce pas ! Toi aussi tu trouves que ce monde est injuste. Là là, maman Blaise est prêt de toi !"

Il resta là ce qui lui sembla une éternité, câlinant son nouvel ami en contemplant le lac, avant qu'un nouveau bruissement ne trouble son repos. Cette fois, ça devait être Pansy ...

Pansy était arrivé sournoisement comme à son habitude et se tenait à présent face à Blaise, se moquant de son nouvel ami. Mais le métis n'avait honte de rien et continuait de caresser tendrement le pelage roux de l'écureuil qui semblait très heureux de ce traitement.

Il observa Pansy ricaner puis s'assoir sur le rocher en face du sien avec un rictus satisfait, concluant que pour une fois, c'était lui qui était en avance et elle en retard. L'air blasé, Blaise laissa grimper le rongeur sur son épaule et releva les yeux vers son amie.

"Oui mais tu es arrivé trop tôt ... Je suis sur qu'il serait plus doux que toi avec mes pauvres cheveux. Je suis sur que c'est ton côté goudou sadique qui prend le dessus quand on te met un peigne dans les mains." grimaça le métis.

Il s'imaginait déjà le plaisir mesquin que prendrait son amie à tirer sur ses mèches bouclées pour les dompter à sa guise et les asujettir en de longues tresses brunes qui lui agresseraient le crâne jusqu'à ce qu'à nouveau, il craque et arrache les élastiques qui les maintenaient en place.

"Bon alors, tu reste au château pour une fois, ça te ressemble pas ... Papounet voulait te priver de dessert pour avoir fricoter avec une Griffy ?" demanda le métis en envoyant un rictus goguenard à Pansy.

Bizarrement, il avait toujours abordé le sujet "Ambre" avec beaucoup d'humour avec son amie, préférant lancer des piques acerbes qui avaient le mérite de faire rire Pansy, que la plaindre en se lamentant comme une femelle au coeur brisé.

Papouillant toujours son écureuil, il balança un bonbon enrobé de papier brillant venant tout droit de chez Honeyduck à la brunette en face de lui. Après tout, le sucre était le meilleur des anti-dépresseurs !

Blaise fut bien content que Pansy finisse par aborder le sujet Ambre avec lui. Après tout il était son meilleur ami et plus que bien placé pour la comprendre -si on occultait le fait qu'il avait horreur des femelles bien sur. Mais tout de même ! Le métis laissa son écureuil redescendre sur ses genoux et lui grattouilla les oreilles en répondant à sa meilleure amie.

"Tu sais Pansy, tu peux tout dire à ta vieille tata Blaise ! J'ai pas de nibards comme ta Daphné chérie mais je suis sur que je peux faire aussi bien !" commença-t-il en tapotant le rocher libre à côté de lui pour inciter la jeune fille à venir s'assoir près de lui.

"Alors comme ça tu n'arrives pas à oublier ta démoniaque goudounette à couettes ? Tu vas enfin me raconter ce qui s'est passé entre vous pour que ça se termine comme ça ? Vous vous entendiez bien pourtant, on voyait presque jamais ta bouche quand vous étiez ensemble !!" insista-t-il tout en présentant son crâne à la jeune fille, se tournant de telle manière qu'elle puisse commencer les tresses.

Il voyait d'un oeil méfiant la pochette contenant les instruments de tortures de Pansy. Même son petit écureuil à qui il devrait trouver un nom avait l'air de se méfier ...

"Et sinon, tu as pas une idée de nom pour ma petite bestiole à fourrure ?" demanda-t-il en plaisantant. "Je pensais à Gipsy ou Scrat, je sais pas encore, qu'est ce que tu en pense ?"

Blaise aurait voulu jeté un regard lourd de sens à sa meilleure amie, mais elle avait déjà sorti ses instruments de torture et s'affairait en une tentative désespérée de démêler ses cheveux à l'aide de toutes sortes de produits liquides, gazeux, plasmatiques ...

Il sentait dans sa réponse qu'elle cachait quelque chose et que quelque chose en elle refusait qu'elle lui en parle. Mais Blaise n'était pas dupe ! Il connaissait le brune depuis des années et même si elle rechignait, elle finirait par lui cracher le morceau.

"Sérieusement Pansy, qu'est ce que tu pourrais me dire qui me choquerait, hun ? Tu n'as aucune gène à avoir avec moi. Tu connais des trucs sur moi plutôt cocasses et même si j'ai vécu des choses embarrassantes, j'ai toujours fini par t'en parler. Tu ne me fais plus confiance ?" demanda-t-il en se tournant, faisant sa moue spéciale apitoiement de jeune lesbienne désespérée.

Puis, changeant à nouveau de sujet pour l'inciter à tout lui dire, la mettant en confiance, Blaise conclut que Pip était un nom excellent pour un écureuil.

"Tu n'as pas besoin d'un petit animal à fourrure, tu as une Ambre -et je l'espère pas à fourrure du tout- et ce serait con de gâcher une belle histoire pour ... Ah je suis bête, je sais même pas pourquoi parce que ma goudou sadique de meilleure amie préfère me torturer que de me raconter ce qui la rend malheureuse !"

Oui il voulait la faire rire, mais il voulait aussi la faire culpabiliser de ne rire lui dire. Aussi, il se retourna dans le bon sens pour qu'elle puisse commencer son oeuvre, une main toujours perdue dans la fourrure rousse de Pip !

Blaise dut subir les assauts capillaires de sa meilleure amie, sentant petit à petit ses mains tremblées et ses doigts s'enmêlés. Si la fourbe devait tout refaire car le trouble l'empêchait de réussir, Blaise serait à la fois ravi qu'elle se confit et extrêmement déprimé à l'idée de subir sa torture mensuelle fois deux.

Lorsqu'elle commença vraiment à flancher, demandant si Blaise désirait réellement savoir, le métis se douta que peut être avait-elle peur que ce qu'elle cache la décrédite à ses yeux.

"Mais bien sur que je veux que tu me raconte ce qui s'est passé entre toi et Ambre ! Je suis ton meilleur ami après tout ! S'il m'arrivait quelque chose, tu voudrais le savoir non ?"

Il passait par toutes les formes imaginables de persuasion pour tenter d'amadouer Pansy. Certes les Serpentards l'avaient jugés, certes ils l'avaient délaissés, mais il n'était absolument pas comme eux sur ce point ! Blaise était un ami fidèle et loyal qui honorait les siens quoi qu'il advienne.

"Je m'en fiche qu'une bande de zombies t'ait rejeté ! Moi je suis ton meilleur ami et tu me connais assez pour savoir qu'il en faut plus que ça pour me décourager ! Alors tu vas cracher le morceau oui ??"

Blaise lui lança son fameux regard "de la mort qui tue" agrémenté de sa moue spéciale "allez s'il te plait" ce qui eut le mérite de faire craquer Pansy qui lâcha ses cheveux et se positionna à nouveau en face de lui avant de fondre en larmes.

Le métis bondit de son rocher, faisant fi de ses cheveux en bataille et se précipita vers la jeune fille pour la prendre dans ses bras. Elle était si frêle, il la sentait vibrer au rythme de ses respirations alternées de sanglots. Il passa tendrement sa main dans ses cheveux en s'efforçant de se montrer aussi indéfectible que protecteur.

"Allez va ma Belle, raconte tout à ton Blaise ! Regarde, même Pip veut venir te consoler, il n'aime pas quand tu pleure !" constata le métis en désignant l'écureuil qui se tenait à ses pieds, près à grimper à ses jambières.

Blaise passa de longues minutes à glisser ses longues paumes entre les omoplates de sa meilleure amie pour la détendre autant que faire ce peut. Souvent, un peu d'affection aidait mieux que des mots et Pansy avait surtout besoin de sentir qu'elle n'était pas seule.

Lorsqu'elle eut terminé de lui expliquer ce qu'avait fait Ambre et le pourquoi du comment de la rupture des deux jeunes femmes. Certes, Blaise trouvait la situation plutôt désespérée et il ne pouvait le cacher à son amie en prétextant que l'amour triomphait toujours de tout.

La vérité c'était qu'il fallait que Pansy passe à autre chose. Pour cela, Blaise avait son idée. Il allait emmener sa meilleure amie à Pré-au-Lard pendant les vacances de Noël qui allait suivre et peut être le donnerait-il son cadeau de Noël en avance si elle était sage.

Il lui avait fabriqué un magnifique bracelet tressé en fourrure de Boursouf de Jamaïque, qui avait la particularité d'avoir un pelage coloré en de nombreuses teintes vives et éclatante. Il avait des propriétés magiques de protection mais c'était surtout une marque de son affection.

"Bon ma Belle, on va aller à Pré-au-Lard, tu dépenseras tout l'argent de ton père en conneri ... je veux dire en vêtements et autres trucs de fille et on boira un coup tous les deux en tête à tête !" proposa Blaise en soulevant un peu le menton de la brune pour qu'elle le regarde.

De son pouce, il essuya ses larmes et posa ses lèvres sur les siennes, avec douceur avant de s'éloigner et se repositionner pour qu'elle s'occupe un peu de sa crinière. C'était un peu comme un petit truc à eux, ils s'embrassaient souvent comme ça, en toute amitié, et même si ça les faisait passer pour des tordus, c'était une petite habitude à laquelle ils étaient attachés.

"Non en fait, le mot "peigne" existe pas dans mon pays. Tu sais on est encore des primitifs !" plaisanta-t-il en grognant alors qu'elle se mettait à tirer à nouveau sur ses mèches diablement entortillées.