J’avais passé la bonne partie de ma soirée dans la Salle-sur-demande, prétextant le fait que j’avais un parchemin à finir en potion, pour pouvoir enfin être tranquille. Je voulais simplement avoir la paix pour pouvoir me consacrer entièrement à ce travail acharné que j’effectuais nuit et jour pour pouvoir honorer ma mission auprès du Seigneur des Ténèbres.
Je contemplais l’Armoire à Disparaître, promenant mon regard sur l’imposante masse du bois finement sculpté. Les mains sur la taille, je lâchais un long et profond soupir, épuisé. Je n’arrivais strictement à rien, malgré tous les sortilèges que je lançais pour pouvoir la réparer, il n’y avait toujours rien qui se produisait. J’avais beau tenter de faire disparaître des objets à l’intérieur, elle avait tellement été endommagée que la plupart d’entre eux disparaissaient, ou bien, s’ils revenaient, ne ressemblaient plus à grand-chose... Peut-être qu’il manquait quelque chose pour qu’elle soit pleinement en état, peut-être devais-je continuer de la réparer ? Je ne le sais pas.... Je ne sais vraiment plus quoi faire...

Au début, le plus dur avait été de trouver le sort qui la ferait fonctionner, mais cela, personne ne pouvait bien entendu me le dire. J’avais donc dû me débrouiller seul, encore une fois, et le seul moyen de trouver comment elle fonctionnait était de rechercher une formule parmi les livres bien sûr interdits d’accès aux élèves. J’avais alors réussi il y a quelques jours à peine à pénétrer dans la réserve interdite aux élèves, déjouant la vigilance de la vieille Mrs Pince pour rechercher un ouvrage qui m’aiderait à accomplir ma tâche. La magie avait ses limites, et la seule et unique qui avait bien plus de puissance n’était même pas étudiée dans cette Ecole à cause de l’autre croulant de Dumbledore. Il ne méritait pas sa place, je comprenais largement pourquoi mon père et les autres Mangemorts disaient qu’il était dangereux. Mais bientôt je pourrais le mettre hors d’état de nuire, j’y pensais sans cesse. Je trouverais un moyen pour qu’il meure, je ne lâcherai pas l’affaire, même si dans tous les cas je n’avais pas d’autre choix que de le faire. C’est lui, ou moi, ainsi que toute ma famille.

Mais pour le moment, toute mon attention de reportait sur la deuxième partie de ma mission : parvenir à faire pénétrer les Mangemorts dans Poudlard, et je ne m’étais jamais senti aussi léger depuis que j’avais trouvé un moyen de déjouer les protections magiques qui entouraient l’école. Néanmoins, un autre problème avait rapidement rencontré ma route, alors que j’avais appris que le moindre dommage qu’elle pouvait avoir nous transporterait... dans le néant. Mais à présent qu’elle était réparée, il ne devait plus y avoir de problèmes. Du moins je l’espère...

Bref, j’avais ouvert mon ouvrage, appris la formule par cœur, et à présent il fallait que je tente le tout pour le tout. Le cœur battant, je savais que ce sort était le seul qui pourrait m’aider à enfin pouvoir l’utiliser, cependant, comme tout objet magique, je m’étais très vite rendu compte que l’Armoire faisait des siennes, et qu’il allait donc me falloir beaucoup de temps avant de parvenir à mes fins. Mais je n’avais justement pas le temps d’attendre, ma vie ne tenait plus qu’à un fil, alors j’essayais, encore et encore, fermant les yeux et récitant les paroles jusqu’à ce que mon entreprise réussisse.
Je posais une pomme que j’avais récupérée au repas dans la Grande Salle, et la déposée dans l’armoire. Là, je fermais les yeux, déployé toute ma concentration, et répété une nouvelle fois:

« Harmonia Nectere Passus... »

J’ouvrais la porte mais elle était toujours là. Cependant je ne perdais pas espoir, la fermais à nouveau, et répétais la formule. Une fois. Deux fois. Trois fois. Et enfin, elle disparut. Mais je ne parvenais toutefois plus à la faire à nouveau apparaître.
Je passais une main épuisée par la fatigue sur mon visage creux, cerné et aux traits tirés. Je lâchais alors un profond soupir, et décidais d’en rester là pour ce soir. Je ne savais absolument pas quelle heure il pouvait bien être, mais nous devions approcher les 21h.
Je sortais alors de la Salle qui disparut derrière moi, et avançais dans les sombres couloirs puis descendais les étages pour rejoindre les cachots, les mains dans les poches, le regard perdu. J’essayais de faire le vide, de mettre tout cela dans un coin de ma tête, mais en vain. Il me fallait quelque chose qui me ferait oublier tout cela, quelque chose sur lequel me défouler...
Et justement, je venais par le plus grand des hasards de tomber sur l’opportunité parfaite.
J’avais relevé le regard, et vit à quelques mètres à peine devant le tableau d’affichage une silhouette qui m’était familière. D’ailleurs, celui-ci se retourna sur le moment-même et je croisais son regard, la tête haute et fière comme à mon habitude, tandis qu’un petit sourire narquois se dessinait sur mes lèvres fines.

« Tiens tiens tiens... En voilà une bonne surprise... » Dit celui-ci sur un ton ironique qui me montrait qu’il était tout aussi « heureux » que moi que, par le plus grand des hasards, nos routes se soient croisées.

« Yokoya ! C’est drôle, j’ai eu de la peine à te reconnaître avec cette nouvelle couleur. Que s’est-il passé pour que tu changes, tu as enfin réalisé que tu faisais peine à voir ? » Lui dis-je de ma voix traînante faussement doucereuse.

Je le haïssais tellement. Lui comme le balafré de Potter avaient la même conviction par je ne sais quel stupide impression qu’ils pouvaient se permettre de se la jouer aussi prétentieux, alors que tout en eux n’inspirait que le mépris et la bassesse. Yokoya n’était rien, et pourtant il se permettait de me fixer avec un air aussi ridicule que hautain.
Je m’approchais de lui, les mains dans les poches et le menton fièrement relevé.

« Au fait, tu ne devineras jamais les bruits qui courent. J’ai entendu dire qu’il paraîtrait que tu as l’intention de travailler au Ministère de la Magie l’année prochaine. Rassure-moi, c’est bien une blague ? Qu’est-ce qui pourrait bien te faire penser une seule seconde qu’ils oseraient s’encombrer d’un incapable dans ton genre ? Remarque, ils ont bien embauché ton père... » Poursuivis-je sur un ton théâtralement innocent.

Je descendais les marches pour arriver dans l’immense hall, ayant l’intention de me diriger ensuite vers les cachots pour essayer de me reposer. Enfin, ce devait encore être un espoir bien vain, depuis le temps que je ne parvenais plus à dormir...
J’étais d’ailleurs d’une humeur bien plus massacrante que d’accoutumée, et voilà que ce cher Yokoya se tenait en face de moi, devant les tableaux d’affichage. Comment laisser passer une telle opportunité, car je sentais qu’à force de laisser mes sentiments se brider à l’intérieur de moi j’allais cruellement finir par craquer. D’un autre côté, je n’avais pas spécialement non plus l’envie de me prendre la tête avec quelqu’un, et encore moins avec un sorcier de bas-étage tel que lui. Cependant je n’allais certainement pas détourner les talons en le voyant, d’autant plus que celui-ci lançait déjà les hostilités en me saluant sur un ton on ne peut plus ironique. Je m’étais donc avancé vers lui d’un pas hautain et assuré, le menton fièrement relevé tandis que je plongeais mon regard gris métallique dans le sien.
Là, je lui répondis sur un ton narquois et faussement doucereux que je ne l’avais pour ainsi dire pas reconnu à présent qu’il arborait une couleur de cheveux bien plus normale. Je m’étais d’ailleurs permis de lui lancer la première pique en suggérant l’hypothèse qu’il venait peut-être d’enfin réaliser qu’avec cette apparence, il était tout bonnement ridicule.
Celui-ci se mit alors à pouffer, avant qu’il ne me réponde aussitôt d’un air lamentablement orgueilleux, comme s’il pouvait se targuer d’avoir la même prestance que moi. Mais quand allait-il enfin comprendre qu’il n’était rien ?

« Oh... Tu trouves vraiment que je fais peine à voir ? Pourtant, j'ai presque la même couleur de cheveux que la tienne, mon petit. Tu es blond, presque blanc, après tout. » Me dit-il.

Mon sourire mauvais s’étira sur mes lèvres, m’attendant à une réflexion dans le genre. Il était tellement prévisible, s’en était cruellement ennuyeux.

« Certes. Enfin, au moins je ne donne pas l’impression que mon elfe de maison a oublié sa serpillère sur ma tête. D’un autre côté, plus je te vois et plus je me dis que c’est dommage que j’ai fait virer cet Hagrid. Peut-être qu’il t’aurait trouvé une bonne place dans sa foire aux monstres... »

Plus je le voyais, et plus ce minable m’exaspérait. Le pire dans tout cela, c’était sa manie de me surnommer « mon petit », alors que d’une part nous faisions la même taille, mais qu’en plus il n’y avait qu’une vulgaire année qui nous séparait. Enfin, c’est peut-être le seul moyen qu’il a trouvé pour se sentir supérieur à moi.
Néanmoins, je ne voulais pas en rester là, car je savais pertinemment que s’il y avait un sujet qui l’atteignait particulièrement, c’était bien celui de son père. Un autre sorcier sans aucune utilité et qui aspire aux grandeurs qu’il ne pourra jamais atteindre. Moi, au moins, je ne me faisais pas d’illusion, je savais bien que tout était à ma portée. Je lui dis alors sur un ton volontairement exagérément innocent:

« Au fait, tu ne devineras jamais les bruits qui courent. J’ai entendu dire qu’il paraîtrait que tu as l’intention de travailler au Ministère de la Magie l’année prochaine. Rassure-moi, c’est bien une blague ? Qu’est-ce qui pourrait bien te faire penser une seule seconde qu’ils oseraient s’encombrer d’un incapable dans ton genre ? Remarque, ils ont bien embauché ton père... »

A ces mots, son visage sembla une infime seconde se durcir de colère, bien qu’il adopta instantanément une moue pour faire semblant que ces dires ne l’atteignaient pas. Malheureusement pour lui, bien peu de choses m’échappaient à ce niveau-là.
Il s’adossa contre le mur derrière lui avec nonchalance, et pris un ton las pour me répondre qu’après tout le mien avait bien était embauché, à moins qu’il n’ait payé pour le faire. Cependant, avant que je n’eus le temps de répondre quoique ce soit, il se redressa lentement et s’approcha de moi pour me lâcher dans un murmure:

« Tu peux bien me le dire n'est-ce pas ? Malefouine ? »

Il se recula alors avec un air satisfait, comme si ses paroles pouvaient m’atteindre. Certes, cet épisode m’avait bien marqué et j’avais strictement horreur que l’on me le rappelle, cependant il semblait que ce soit l’argument préféré que l’on me sortait à tout va pour soit disant me rabaisser. Alors c’est ça qu’il voulait voir sur mon visage ? De la honte ? Non, je n’allais pas lui donner ce plaisir.
Mes lèvres se pincèrent un peu plus, alors que je lui répondais d’un ton cette fois bien plus amère:

« Il n’a pas eu besoin de cela, crois-moi, cela fait bien longtemps qu’il a pu prouver son utilité au Ministère. Mais ne t’en fais pas Yokoya, je suis certain que de toute manière tu y trouveras un poste à ta hauteur. Avec l’état dans lequel Potter et ses amis l’ont laissé, je suis sûr qu’ils doivent rechercher du personnel pour faire le ménage. »

A cet instant précis, ma baguette dans la poche de ma cape me démangeait cruellement. J’aimerai tant le voir se tordre en ce moment-même. Il était tellement risible que j’étais partagé entre l’envie de lui rire au nez et de le détruire. Mais visiblement il tenait réellement à déclarer la guerre, ce qui, je devais bien l’avouer, ne me surprenais pas le moins du monde. Ni l’un ni l’autre n’allait abandonner, c’était une certitude absolue.
Le Serpentard reprit alors:

« Au fait mon petit... Tu as les traits tirés. Que t'arrive-t-il ? C'est ton succès qui te fatigue ? À moins que ce ne soit le stress de l'absence de ton père ? Le pauvre... seul avec ses petits copains Mangemorts à Azkaban... »

Il est vrai que depuis l’attaque au Ministère, l’identité de bien des Partisans du Lord Noir avait été révélée, et mon père avait d’ailleurs été l’un de ceux que l’on avait réussi à arrêter pour l’envoyer ensuite à Azkaban. Aujourd’hui je devais réparer ses erreurs, et ce que nul ne savait c’était que notre honneur et notre vie reposait à présent entre mes mains impuissantes.
Comme j’aurais aimé à cet instant précis montrer ma Marque à cet imbécile, j’aurais aimé voir son visage se tordre de peur, car j’étais certain qu’il était comme tous les autres : une grande gueule, mais pas le moindre courage. Cependant personne ne devait le savoir, et je me contentais de lui répliquer sur un ton lourd de menace:

« Ne t’en fais pas, ils n’y resteront pas longtemps, et ce jour-là, tu seras parmi les premiers à en être informé, si tu vois ce que je veux dire. Je t’en donne ma parole. »

Mais au fond, pourquoi attendre ? J’avais bien quelques idées en tête pour nous débarrasser du vieux mage, et il me faudrait bien quelques cobayes sur qui tester l’efficacité de mes enchantements maléfiques. Alors rira bien qui rira le dernier Yokoya. Tu seras le premier à goûter à ce que j’ai l’intention de concocter pour se vieux fou de Dumbledore... S’il savait ce que j’étais capable de faire...

« Ah mais au fait, j’y pense ! Je sais que pour postuler au Ministère cela va s’en dire qu’il vaut mieux avoir un dossier scolaire irréprochable. Pas la moindre retenue, rien... si tu vois ce que je veux dire... » Lui lançais-je, un sourire sournois s’étirant plus que jamais sur mes lèvres.

Il n’était pas sans savoir que j’étais Préfet, et à ce titre... je venais enfin de trouver un beau moyen pour le tenir !

La journée avait débutée de façon plutôt banale. Elle s'était levée le matin et s'était préparée avant de descendre prendre son petit déjeuner dans la Grande Salle en compagnie de ses amis, ou au moins le gros des troupes qui n'était pas trop fainéant pour se lever en ce dimanche matin. Ce qui réduisait déjà assez bien le nombre de personnes. Il faut dire que la veille ils avaient eu une conversation entre membres de l'AD pour décider de quand se tiendrait la prochaine réunion, et si elle avait déjà une idée de ce qu'ils allaient y étudier comme sort. Ambre n'avait pas trop su quoi répondre et avait décidé qu'ils chercheraient ça à la bibliothèque, voir ce qu'ils pourraient faire. C'était difficile de s'organiser sans Potter, mais ils y arriveraient en se serrant les coudes. La Gryffondor n'aimait pas trop se retrouver à devoir prendre des décisions pour tout un groupe, même si apparemment on lui accordait une certaine confiance. Elle n'en avait pas encore eu l'occasion, mais elle devrait aussi aller parler avec Ginny, pour savoir si elle savait des choses qui pourraient les aider. Elle en doutait un peu, mais sait-on jamais ? Elle restait la personne la plus proche du trio. Elle avait déjà pu parler avec Luna Lovegood, et ça n'avait rien donné de probant, la blonde était un peu trop fantasque pour que la rouge et or ait la patience de tenir une grande conversation avec elle pour le moment. Quant à Neville, ça n'avait rien donné de meilleur... Ce qui était dommage, elle était certaine que s'il se montrait plus loquace, il pourrait faire des choses plutôt intéressantes pour le groupe.

C'est ainsi qu'après manger ils s'étaient naturellement dirigés vers la bibliothèque afin de faire des recherches après avoir travaillé pour leurs ASPIC qui approchaient. Même si c'était à la fin de l'année, Ambre savait pertinemment que ça arriverait plus vite qu'elle le pensait. Elle avait déjà eu le coup là pour les BUSE, inutile de recommencer pour sa septième année. Elle passa la plupart de sa journée entre les rayons de la bibliothèque et à étudier, sortant parfois entre deux livres pour les cours un ouvrage de Défense Contre les Forces du Mal. Heureusement qu'elle se débrouillait pour cette matière, autrement elle aurait eu du mal à prendre la relève pour l'AD, qui était à l'origine là pour lutter contre Ombrage et ses cours pour le moins... particuliers de DCFM. D'ailleurs Ambre se souvenait très bien de sa punition pour avoir osé contester le vieux crapaud, et elle contempla un instant sa cicatrice alors qu'elle prenait un livret entre ses mains.

Finalement, après avoir passé des heures le nez dans les bouquins, elle quitta la bibliothèque et tomba sur Flitwick qui l'intercepta et lui demanda d'aller mettre une note aux élèves de sixième et septième année sur le panneau d'affichage. Préfète en chef, Ambre avait accepté sans rechigner et s'était dirigé vers les étages inférieurs alors que ses amis qui avaient eu le courage d'étudier jusque là remontèrent vers la salle commune. Elle descendait les marches rapidement, en trottinant, n'ayant pas envie de trop traîner pour regagner son dortoir et pouvoir se reposer. Mais arrivée en bas des escaliers du hall d'entrée, elle remarqua deux élèves se tenant devant le panneau. Et elle constata qu'il s'agissait de deux Serpentard, ce qui la fit soupirer. Evidemment, il fallait qu'elle n'ait pas de chance... Il y avait un élève de son année, Yokoya si elle ne se trompait pas, et Malefouine. D'ailleurs, du peu de présence dans le hall, elle n'eut aucun mal à entendre le japonais appeler son homologue comme ça. Ca fit sourire Ambre. Apparemment depuis qu'elle l'avait appelé comme ça, le surnom était resté... Bien. Elle finit par s'approcher des deux élèves tout en restant attentive à ce qu'il se disait. Elle n'avait pas l'intention d'intervenir, et elle contourna même le plus âgé des deux pour aller épinglé l'annonce à l'aide de sa baguette. Finalement, lorsqu'elle entendit la menace de la fouine à l'encontre de Yokoya, la jeune femme ne pu retenir un rire et passa à côté du Serpentard l'air de rien.

Elle n'aimait pas se mêler de ce qui ne la regardait pas normalement, encore moins lorsque l'un des deux partis était l'ami de sa petite amie, mais là, elle ne pouvait pas passer à côté de ça. Franchement, c'était juste trop beau pour être vrai tant de bêtises en un seul être. Avec un sourire narquois, elle se planta donc à côté de Norihiko, sa main sur son épaule pour attirer leur attention aux deux avant de parler, regardant le blondinet droit dans les yeux.

- Et bien Malefouine, on prend encore ses désirs pour la réalité ? C'est les profs qui s'occupent des colles, et je doute que le motif « Yokoya a vexé ma pauvre susceptibilité » puisse marcher. Elle fit un sourire narquois au jeune homme. Tu as meilleur temps d'aller te réfugier dans le jupon de ton paternel de mangemort, parce que c'est pas ici que tu feras la loi, si tu vois ce que je veux dire.

Elle faisait exprès de reprendre l'expression du blondinet pour le narguer, évidemment. Depuis l'humiliation qu'elle lui avait collé dans le Poudlard Express, il n'y avait pas eu de nouvelle confrontation, et elle ne pensait pas qu'il y en aurait d'autre du fait de sa relation avec Pansy, mais elle n'oubliait pas non plus qu'il s'agissait de l'ami de sa Némésis, Daphné Greengrass. Ce qui contrebalançait le tout. Bref, intervenir ne la dérangeait pas. Et puis elle n'avait jamais vraiment parlé avec Yokoya, et même si sa réputation était plutôt négative, elle n'avait pas de raison de le laisser se débrouiller seul face à ce mioche de Malefoy, surtout s'il sortait des bêtises, et cela même si c'était à un Serpentard qu'elle prêter main forte. Après tout elle était la première à ne pas prêter attention aux couleurs des maisons. Et puis bon, en tant que préfète en chef, elle ne pouvait pas laisser passer ça. Il y avait une raison à sa présence, et c'était évidemment pour éviter les débordements.

Plus je voyais ce minable, et plus j’avais envie de m’amuser avec, en même temps qu’il commençait réellement à me taper sur le système. Cependant, je n’allais certainement pas lui laisser le plaisir de me voir céder, pour la simple et bonne raison que j’avais l’intention de lui faire comprendre qu’ici ça n’était pas lui qui ferait la loi. De nous deux j’étais de loin le plus influant, même s’il était vrai qu’il s’amusait à tenter le même jeu que moi. Cependant il ne m’arrivait pas à la cheville, et tôt ou tard il finirait par s’en rendre compte, et s’en mordrait les doigts.
Ma main à proximité de ma baguette, je continuais toutefois à le narguer, me préparant à contre-attaquer si jamais les choses venaient à aller plus loin. Quoiqu’il arrive il n’aurait pas le dernier mot, je m’en faisais le serment.
D’ailleurs, je venais justement de trouver un moyen de le faire redescendre de son piédestal.

« Ah mais au fait, j’y pense ! Je sais que pour postuler au Ministère cela va s’en dire qu’il vaut mieux avoir un dossier scolaire irréprochable. Pas la moindre retenue, rien... si tu vois ce que je veux dire... » Lui dis-je, un sourire narquois grandissant sur mes lèvres.

Au même moment, une fille qui ne m’était malheureusement pas inconnue descendait les marches du hall pour venir se diriger vers nous. Je ne lui adressais pas le moindre regard, bien trop occupé à voir les yeux de cet idiot s’agrandir à mes paroles. Cependant, un rire bref parvint à mes oreilles, tandis que la Gryffondor qui se tenait de profil face au tableau d’affichage se retourna et me toisa d’un regard qui se voulait ridiculement moqueur. Elle posa sa main sur l’épaule pour nous interrompre, et je lâchais un soupir pour lui montrer combien sa présence était largement dispensable et irritante.

« Et bien Malefouine, on prend encore ses désirs pour la réalité ? C'est les profs qui s'occupent des colles, et je doute que le motif « Yokoya a vexé ma pauvre susceptibilité » puisse marcher. Tu as meilleur temps d'aller te réfugier dans le jupon de ton paternel de mangemort, parce que c'est pas ici que tu feras la loi, si tu vois ce que je veux dire. » Me dit-elle avec sarcasme.

L’autre se mit à rire, et ajouta pour surenchérir à la réflexion minable de sa « nouvelle amie » tout aussi pathétique que lui :

« Je lui ai dit la même chose, à peu de chose près. Fais attention, il va t'envoyer une troupe de Mangemorts pour te faire regretter tes paroles ! Tu te rends compte ? Il doit être aussi puissant que Voldemort, pour arriver à faire ça ! »

Bande de crétins, si vous saviez que vous en aviez un tout juste sous les yeux... De plus, il osait prononcer le nom du Lord Noir sans le moindre tressaillement. Non, ça n’était pas du courage comme il pouvait le prétendre, simplement une innocence et une imbécilité maladive. Néanmoins, je ne pouvais bien sûr pas leur répliquer une telle chose, et je me contentais de leur lancer, le menton fièrement relevé avec un air plein de mépris :

« Pauvre Yokoya, tu finalement tombé bien plus bas que je ne le pensais pour qu’une Gryffondor aussi stupide qu’elle doive venir à ta rescousse. Mais bon, il faut bien dire que je n’en attendais pas moins de ta part ! »

Puis je tournais mon regard à la fois mauvais et empreint de supériorité vers la blonde, pour lui dire :

« Et quand à toi MacKenzy, sache pour information, et surtout si tu faisais un peu mieux ton travail de préfète dont je me demande d’ailleurs comment on a pu tomber aussi bas pour te le confier, qu’à cette heure-ci le couvre-feu et tombé. Hors seuls les préfets ont le droit de patrouiller, donc si, j’ai bien une excuse pour l’envoyer en colle, et je vais même me faire un plaisir de le faire ! »

Un sourire s’étira alors une nouvelle fois sur mon visage aux traits fin et pointu, lorsque je terminais de dire à l’intention de Yokoya :

« Tu peux dire adieu à tes rêves cher Yokoya. »

Je lâchais un soupir satisfait, comme d’un air de dire que décidément, cette soirée était bien agréable.

« Sur ce, bonne soirée. J’ai autre chose à faire et de bien plus utiles que perdre mon temps avec vous. »

Cependant, j’avais l’étrange impression qu’aucun ne voudrait en rester là.

Drago Malfoy était un idiot, c'était définitif. Oh, pas qu'Ambre en ait douté un jour, mais elle se disait qu'il y avait peut-être de l'espoir quelque part pour lui. Mais apparemment, c'était loin, très loin d'être le cas. Non parce que sincèrement, pour penser qu'accepter l'aide de quelqu'un c'était se rabaisser... Il fallait manquer de discernement, très sérieusement. Parce qu'accepter que quelqu'un puisse intercéder en sa faveur, accepter qu'on puisse avoir besoin d'aide, ça signifiait connaître ses limites, les accepter et ainsi avoir une maîtrise de soi assez impressionnante. Ca signifiait également que la personne était assez intelligente pour être en mesure d'avoir un minimum de recule sur la situation de façon globale, et être capable de mieux la gérer. Parce que là, ça se voyait que Môsieur Malefouine était en difficulté. Oh bien sûr, il ne le remarquait pas lui-même, mais le fait qu'il dénigre l'aide apporté par Ambre indiquait simplement qu'il faisait preuve d'une mauvaise foi sans borne. Qu'il était mauvais joueur, mauvais perdant. En fait, pour faire une traduction simple, il était en train de dire « Bouh, c'est pas du jeu ». Quand comprendrait-il que les seules règles qui existent dans la vie sont celles qu'on se fixe ? Et qu'il était tout bonnement idiot de croire que parce que son père était influent, il pouvait imposer ses règles à autrui. Tout le monde avait sa vision du monde, sa vision de la vie, sa vision des limites à ne pas franchir. Et ce n'était pas lui qui viendrait imposer sa volonté à autrui simplement parce qu'il avait de l'argent. Oh bien sûr, il pouvait toujours le faire, oui, ça marchait sur certains, mais un esprit vraiment libre et indépendant l'enverrait simplement chier. Et ça plaisait bien à la Gryffondor que ce soit ce que faisait Yokoya, d'où le fait qu'elle lui vienne en aide. En plus, il était un garçon intelligent qui était de son année et qu'elle respectait et considérait. Même si c'était un Serpentard et que par conséquent il existait peut-être une certaine barrière malgré tout. Mais elle serait plus qu'en mesure de passer outre si une amitié venait à naître entre eux.

Bref, en tout cas, elle regardait Malefoy, haussant un sourcil à sa petite tirade. Ouais, bien sûr, les profs vont s'amuser à coller Yokoya pour cinq minutes de retard sur le couvre-feu, alors qu'il était un élève au comportement exemplaire et qu'en plus, elle, Ambre MacKenzy, Gryffondor, soutiendrait le fait que c'était parfaitement inutile. Sans oublier qu'il était bien connu que le blondinet était d'une mauvaise foi sans borne, et qu'il détestait Yokoya. Et puis bon, qui accepterait le motif de retenu ? Rogue ? Non, il ne collerait pas un élève de sa propre maison. Quant aux autres professeurs... Sérieusement... Ca ne passerait jamais auprès de l'équipe pédagogique. Et étrangement, Ambre doutait fortement d'autre chose. Du fait qu'il faille un dossier impeccable pour entrer au ministère notamment. Non parce que sinon, autant dire que personne n'y travaillerait. Et puis elle connaissait assez bien son sujet pour savoir que c'était rarement les personnes les plus sages qui arrivaient réellement à posséder les qualités nécessaire à faire de grandes carrières. Pour ça, il fallait savoir s'imposer et se faire entendre. Donc autant vous dire que le dossier scolaire de certains grands de ce pays devait être assez intéressant à déterrer. Et puis bon, il était mal placé pour parler, il avait lui-même été collé notamment en première année pour être sorti de son dortoir à des heures tardives... Bref, autant dire qu'il oubliait un peu trop de détails pour vraiment pouvoir enfoncer l'asiatique. Elle lâcha donc simplement un petit ricanement à ses paroles et le laissa s'en aller, fier comme un paon. La blague. Ce type était réellement une blague à lui tout seul. Il devrait songer à s'orienter vers la carrière de clown, ça lui irait si bien... Elle fut d'ailleurs tenté de lui lancer un sortilège de croche-patte pour appuyer sa théorie, mais elle préféra en rester là, secouant la tête en soupirant avant de se tourner vers Yokoya.

- Ne t'en fais pas pour lui, c'est un bouffon avec quelques plumes dans le derrière qui pense que ça le rend beau et intelligent, mais la colle qu'il veut te mettre ne passera jamais. Et puis si jamais ça passe, ce n'est pas ce qui t'empêchera de trouver une formation au ministère, peu importe le poste que tu désires. Je doute que l'argument de la colle pour cinq minutes de retard sur le couvre-feu passe comme argument... Mais bon, je pense que tu dois le savoir ça.

Elle l'observe un instant, toujours souriante. Les gens comme Malefoy se croyaient tellement dans leurs droits... Vraiment, c'était à se demander s'ils réfléchissaient avant de parler. Quoique, la question ne se posait pas vraiment. Et puis si c'était le cas, il fallait alors se poser de sérieuses questions sur leurs qualités intellectuelles, parce que là... Mais peu importe au final. Elle poussa un soupir. Il faudrait qu'elle parle avec Yokoya à l'occasion, il avait l'air d'être quelqu'un de plutôt sympathique, même si ce n'était pas franchement ce que disaient les rumeurs.

- Enfin, tu devrais tout de même regagner ton dortoir. Ah, et pense à lire la note que je viens d'afficher, ça concerne les septièmes années. Et essaye de faire passer l'information s'il te plaît.

Voilà. Maintenant, il pouvait choisir de partir, et Ambre en ferait de même. Sinon, peut-être pouvaient-ils encore discuter un peu ici. Au pire, si jamais un professeur venait, elle n'aurait qu'à dire qu'ils parlaient au sujet d'un devoir ou de la note qu'elle venait d'afficher. Après tout, Yokoya était un garçon à l'air responsable, alors ça passerait tout seul, surtout que mine de rien, au delà de son caractère assez exécrable, peut-être aurait-il pu faire un bon préfet-en-chef. Difficile à dire. En tout cas il aurait toujours été plus efficace que l'actuel qui ne faisait pas grand chose, laissant à Ambre tout le travail. Sale fainéant.