Samedi 29 mars 1997

Dumbledore était assis dans son bureau. Il était vieux. Il était fatigué. Et ça se voyait sur son visage. Il n'en aurait pour plus longtemps. Severus lui avait annoncé que d'ici la fin de l'année scolaire, il serait passé de l'autre côté. Bientôt, il allait rejoindre Ariana, ainsi que Kendra et Perceval. C'était bien triste : il aurait aimé être présent encore quelques temps. Et surtout, il aurait aimé que Harry, Ron et Hermione se réveillent avant que lui ne s'endorme à jamais. Cependant, ce n'était pas encore pour tout de suite. Il lui restait quelques mois. Deux, plus précisément. Ou trois. Ou même, avec un peu de chance, quatre mois. Tout au plus. Bref, ce n'était pas énorme. Et il fallait maintenant qu'il prévienne les membres de l'Ordre, histoire qu'ils ne se retrouvent pas totalement perdus, même si Dumbledore avait une grande confiance en ses alliés. De ce fait, il avait envoyé un Patronus pour donner rendez-vous aux membres de l'Ordre du Phénix, la veille. Le rendez-vous était fixé donc au samedi 29 mars, à 20h précises, au 12 Square Grimmaurd. Il était maintenant 19h45, et le directeur de Poudlard devait sérieusement commencer à se préparer. Certes, il n'avait pas un long trajet à faire, mais c'était toujours mieux d'enfiler une cape, en ce début de printemps. L'hiver avait beau être fini, le fond de l'air restait tout de même froid, voir même glacial, en soirée.

Le vieil homme se leva alors de son bureau et alla chercher sa cape de sortie, accrochée à côté du perchoir de Fumseck. Il en profita pour caresser doucement le plumage de feu de son phénix puis, pris son vêtement de couleur violette et l'enfila par dessus sa robe de sorcier d'un bleu nuit. Ensuite, il se concentra une fraction de seconde, et transplana jusqu'au Square Grimmaurd. Le soleil était déjà couché depuis bien longtemps. Il faisait donc nuit noire et le vent froid et cru fouettait le visage ridé du vieillard. Il avait fait en sorte, comme d'habitude, de se retrouver juste devant la porte. C'était la limite du sort d'invisibilité. Il ouvrit la porte et s'engouffra dans le silence de la vieille maison des Black. Il s'avança à pas rapides vers la cuisine, lieu de réunion de l'Ordre. Une fois sur place, Dumbledore remarqua que la salle était vide, chose normale, étant donné qu'il n'était encore que 19h50. Les Phénix allaient bientôt arriver. Sirius le premier, très certainement. Peut-être même l'avait-il entendu arriver.

Il finit alors par s'installer au bout de la table et attendit avec patience que les membres de l'Ordre arrivent. Il allait les saluer et ne rien leur dire à propos de cette réunion avant que tout le monde soit présent. Par ailleurs, il s'attendait déjà à des réactions fortes, scandalisées, voir carrément violentes. Mais de toute manière, ils n'avaient pas le choix et devaient accepter la vérité. Dumbledore le premier. Il fixa sa main droite d'un air grave. Bientôt. Bientôt il devrait laisser l'Ordre se débrouiller sans lui.

Remus n’avait pas réellement de choses à faire ces derniers temps. A vrai dire, il s’ennuyait. Il avait l’impression de ne pas en faire assez. Il ne savait pas si Dumbledore avait des plans pour l’Ordre mais il n’aimait pas que l’Ordre soit ainsi en veille. Il fallait se bouger... Sirius avait raison, de même que Rose. Enfin, ils avaient à moitié raison parce qu’évidemment ils ne devaient pas se jeter dans la gueule du loup sans réfléchir. Ce serait du suicide. Mais ces temps-ci, il aurait tout donné pour avoir un peu d’action, être plus actif. (Cela aurait, entre autres, l’avantage de ne plus le faire constamment penser à une jeune femme aux cheveux roses). S’ils ne se montraient pas un peu, comment pouvaient-ils être pris au sérieux ? Il fallait montrer qu’ils étaient là, montrer qu’ils étaient une menace pour Voldemort...

Le quotidien de Remus étaient assez triste à vrai dire surtout qu’il évitait toujours le plus possible de se trouver en présence de la jeune femme dénommé Nymphadora Tonks. En l’espace de trois mois, ils n’avaient fait que se croiser. Remus faisait un peu exprès d’être beaucoup occupé et de ne pas avoir le temps de passer au QG hormis le soir. Il évitait à tous prix les horaires où il savait qu’elle serait là. Il savait qu’au fond ce n’était pas la meilleure méthode, mais il essayait de lui rendre la chose le moins difficile possible en lui évitant sa présence. Peut-être que si elle ne le voyait plus, elle finirait par oublier ce début de sentiment qu’elle lui avait dit ressentir pour lui.

Il tentait, lui-même, de paraître le plus indifférent possible ce qui, intérieurement, était impossible. Il le savait. Mais tant qu’en apparence il parvenait à donner le change, alors tant mieux... C’était ce qui importait le plus. Pourtant, déjà auparavant, il avait toujours semblé plus négligé et fatigué (ou usé) que la plupart des gens qu’il croisait...

Généralement, il passait toutes ses soirées au Square Grimmaurd. Il était surtout là pour ne pas que son ami reste seul ; il était là pour l’aider à supporter un peu mieux l’antre clos de cette maison qui malgré leurs efforts pour l’égayer un peu restait obstinément sinistre. Ses soirées consistaient le plus souvent à quelques heures de lectures intensives, une ou deux heures de parties d’échec - auquel il battait toujours Sirius. Chacun son domaine de prédilection, lui c’était le Quidditch... Ca avait toujours été le Quidditch pour James et Sirius. Remus, il était plus cérébral.

Quoiqu’il en soit, ce jour du 19 mars, il avait reçu un patronus de la part de Dumbledore - en fait, ils avaient tous reçu un patronus de sa part. Tous, je veux dire, tout l’Ordre. Curieux et se disant qu’enfin Dumbledore voulait leur faire part d’un plan d’attaque sur les mangemorts, il n’en demeurait pas moins très anxieux en songeant que Tonks serait sûrement aussi à la réunion... Il ne savait pas pourquoi quand il pensait qu’il pourrait la voir là-bas, les pulsations de son coeur se mettaient soudain à s’accélérer, jusqu’à lui faire presque mal. Etait-elle passée au-dessus de l’attirance qu’elle avait démontré pour lui il y avait quelues temps? Ressentait-elle encore quelque chose? Une partie de lui, tout au fond, espérait que oui. Une autre, celle qui ne pouvait l’admettre, espérait que non.

Le mois de mars était assez frais et Remus, qui se trouvait dans la salle du Square Grimmaurd le soir du 20 mars, avait allumé un feu dans la cheminée dans l’espoir de réchauffer un peu la pièce. Accroupit devant l’âtre, il se frottait les mains devant la chaleur du feu. La réunion devait bientôt commencer et lorsque l’horloge du salon sonna huit coups, le lycan se leva tout en croyant entendre la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer alors que des pas se faisaient entendre. Il présuma que ce devait être Dumbledore. Remus sortit de la salle pour accueillir les membres de l’Ordre - tout en appréhendant en même temps une arrivée en particulier. Il se sentait un peu empoté, sans savoir comment agir devant elle. Peut-être n’allait-elle pas pouvoir venir remarque ?

Sirius était sûrement dans les étages mais il ne tarderait certainement pas à descendre. Remus se dirigea vers la cuisine, lieu de réunion et il entra dans ladite pièce. Comme il l’avait deviné, il s’agissait bien de Dumbledore qui était arrivé le premuier. Il me salua avant de se rapprocher de la table à laquelle il prit place lui aussi. Sur le côté à trois places du vieil homme qu’il considérait presque comme un grand-père de substitution.

“Bonsoir Dumbledore.” fit-il en souriant. “Comment allez-vous monsieur?” ajouta t-il avec un bref regard malgré lui en direction de la main droite de Dumbledore, ne pouvant s'empêcher d'être légèrement inquiet.