Ce fut une journée assez passionnante. Durant l’après midi, elle n’avait pas eu son double cours de sortilège puisque le professeur Flitwick s’était retrouvé à l’infirmerie, suite à une petite fracture de son bras. Il était tombé des escaliers et la douleur l’empêchait de pouvoir mener un seul cours en ce lundi ensoleillé. C’est pour cela que Olivia Taylor en avait profité pour s’avancer dans ses cours et apprendre de nouvelles choses… des choses qu’elle apprendrait en cours dans environ trois mois. Mais il valait mieux être préparée pour que le cours paraisse plus facile à ses yeux. C’était d’ailleurs une de ses passions favorites ; étudier, réviser, apprendre. Oui, elle était le parfait exemple d’élève sérieux, assidu et axé sur ses devoirs. Toutefois, il faut savoir qu’elle ne reste pas renfermée sur elle-même pour autant. Elle est plutôt sociable et a un groupe d’amis qui partage environ les mêmes loisirs qu’elle. Dans son groupe, nous retrouvons des personnages plutôt originaux comme Luna Lovegood avec laquelle Olivia se sent le plus proche puisqu’elle a un tempérament similaire au sien ; le lunatisme, la rêverie et parfois l’étrangeté. D’ailleurs, en étrangeté, nous pouvons évoquer la seconde passion de notre Serdaigle pour l’espionnage. Effectivement, qui pourrait croire qu’une fille studieuse aimait beaucoup passer son temps à surveiller les gens et à être au courant des derniers ragots ? La curiosité est toujours à son apogée chez elle et elle ne se gène pas vraiment pour rôder dans les couloirs, à la recherche de potins. Bien sur, elle est loin d’être une Gossip Girl qui diffuserait les rumeurs aux quatre coins du château. En général, elle ne raconte ces rumeurs que à ses amis les plus proches ou voir, à personne. Parfois, il est bon de garder certaines choses pour soi puisque cela pourrait nuire à la personne espionnée. Olivia n’a jamais eu l’intention quelconque de faire de mal à quelqu’un sauf si cela est issu d’une trahison ou d’une vengeance.

Autrement, elle est une adepte de la convoitise de la paix, une paix qui n’existe malheureusement pas entre Serpentard et Gryffondor. Mais l’espoir fait vivre. Peu après avoir fait sa petite surveillance, la jeune fille avait croisé Padma Patil, une très bonne amie, toujours là pour aider ses compères lorsqu’ils se font agresser par des Serpentard d’humeur moqueuse. Sa bonté était grande et elle avait même accepté de dévoiler le mot de passe de la salle de bain des préfets à une Olivia un peu fatiguée. La préfète lui avait conseillé de prendre un bain là-bas, dans cet espace vaste qui lui permettrait de reprendre du poil et de se détendre dans un bon bain de mousse odorante. Elle monta donc jusqu’au cinquième étage silencieusement et pensivement. Regardant où elle posait le pied, elle empruntait divers escaliers mobiles qui s’arrêtaient devant elle, comme s’ils n’attendaient que son départ pour repartir quelques secondes après au terminus de sa destination. Il s’agissait de bons moyens de transport qui évitaient de trop s’épuiser. Malheureusement, Sybille Trelawney ainsi que Aurora Sinistra avaient décidé de ne pas en faire usage pour atteindre leurs immenses tours. Il ne faisait aucun doute qu’elles aimaient pratiquer le sport.

Alors qu’elle arriva à l’étage voulu, elle emprunta un couloir éclairé par les vitraux et chercha la porte qui menait à la salle de bain. Lorsqu’elle la trouva, sa main resta appuyée contre le bois, alors qu’une délicieuse mélodie se dégageait de la salle fermée. Etait-ce l’heure du chant de Sirène ? Parfois, il arrivait d’entendre des petits chants en provenance de ce lieu mais ce soir-là, il n’y avait aucune voix féminine… Juste des notes qui se jouaient, qui se mêlaient sûrement dans l’eau et dans l’air. Curieuse et attirée par ce splendide son, elle poussa d’avantage la porte jusqu’à l’entrouvrir. Le son devint plus intense et la plongea dans de folles pensées. Poussant encore et encore la porte, elle découvrit la source de ce spectacle musical. Une jeune fille vêtue d’une robe de sorcier. Banal… une personne aussi simple physiquement était capable de produire une si jolie musique ? Olivia en était assez impressionnée et satisfaite de savoir que sa camarade Tuppence Beresford était si douée. Oui, on avait toujours connu son goût pour la musique mais au fil du temps, s’avérait faire énormément de progrès et de nouveautés dans ses chansons. Quoi qu’il en soit, notre protagoniste ne put enfouir la joie qui remplissait son âme.

« - Bonsoir, Tuppence. Je ne pensais pas te trouver là mais lorsque j’ai entendu cette musique, et donc... enfin voilà.» Dit-elle sur un ton rêveur, le regard empli d’innocence.

Olivia aurait pu terminer sa phrase si elle n’avait pas constaté le regard troublé et assez apeuré que Tuppence lui adressait durant une fraction de seconde. A un moment, elle s’était demandée si elle s’était métamorphosée en un quelconque animal ou si autre chose n’allait pas bien chez elle. D’ailleurs, elle avait arrêté la musique mélodieuse, créant à présent un grand vide noyant toute la magie qui naquît quelques temps avant en ce lieu symbolique des sirènes. Si sa camarade n’avait pas été si stupéfaite de sa venue, Olivia ne se serait pas sentie aussi gênée. Elle avait l’impression de n’avoir finalement rien à faire ici. Mais repartir directement serait impoli or, elle tenait à toutes ces notions de politesse. D’ailleurs, elle écouta attentivement sa prochaine qui semblait fort soulagée de ne pas s’être fait prendre par un professeur ou bien un préfet sans pitié ou encore le concierge… ce dernier causerait même beaucoup plus de dégâts à Tuppence s’il l’avait aperçue. Toutefois, elle ne faisait que jouer d’un instrument, il n’y avait pas de réel problème. Il serait stupide de lui attribuer une retenue ou des points en moins juste parce qu’elle souhaitait certainement s’exercer. Hélas, les professeurs n’adoptaient pas forcément ce point de vue surtout ceux qui étaient partiaux, on pouvait citer Severus Snape. Seulement, Olivia n’était pas une enseignante donc sa camarade pouvait se détendre et quitter ce visage pâle pour retrouver un autre plus coloré.


« - Je suis désolée, j’aurais peut être dû frapper avant d’entrer ou demander s’il y avait quelqu’un à l’intérieur. Ma curiosité me fait échapper certaines choses, il faut croire. » répondit-elle, coupable.

Elle aurait voulu lui sourire comme pour la rassurer mais elle n’y parvient pas, pensant toujours à la saveur délicieuse qu’avait apportée la mélodie à cet endroit. Il était sûr qu’elle n’oserait pas lui demander de rejouer mais c’est ce qu’elle aurait voulu. C’était apaisant de l’entendre et faciliterait mieux à Olivia le passage de la réalité à celui des rêves. La belle rejoint sa comparse qui l’avait invitée à s’asseoir près d’elle. Jamais elles ne s’étaient parlées beaucoup en dehors des cours. Il leur arrivait de devoir effectuer un travail de groupe mais sans plus. Chacun avait sa bande d’ami(e)s mais cela n’empêchait pas qu’une bonne entente puisse naître entre elles, bien au contraire. Sa camarade venait de reprendre la parole, lui disant qu’elle partirait si Olivia voulait utiliser cette salle de bain. Seulement, elle n’avait nullement l’intention de prendre un bain ici. Elle avait l’habitude d’aller dans les salles normales et elle n’aimait pas briser cette tradition qui la suivait depuis sa première année. N’étant pas préfète, le règlement l’interdisait de se faire plaisir dans une eau moussante. Pour cette raison, elle ne ferait rien d’interdit. Et pourtant, elle jugeait qu’il était moins prohibant de jouer de la musique ici…juste pour retrouver la sérénité par exemple.

« - T’inquiète pas. J’étais juste venue écouter ce que tu jouais. C’est vraiment beau. »

Elles s’échangèrent mutuellement un petit sourire et si Tuppence paraissait gênée de passer pour une idiote, Olivia, au contraire, pensait plutôt à son talent pour la musique. Elle ne la pensait pas bête, loin de là. C’est justement pour la musique que cette fille l’intriguait. Il faut savoir que notre héroïne était douée pour beaucoup de domaines sauf la musique ! La musique constituait un véritable mystère qu’elle ne parvenait guère à percer. Elle n’avait pas du tout l’oreille musicale et si on devait lui offrir un instrument, elle jouerait comme un troll. Là où elle faisait échec était la réussite de sa camarade et cette réussite elle-même rendait sa curiosité plus grande. De nouveau noyée dans ses pensées, elle fixa la guitare posée à côté de l’autre bleue et bronze, songeant de nouveau à cette mélodie pleine de beauté et de délicatesse. Et lorsque sa camarade reprit la parole, elle fut enlevée de son nuage, ramenée au sol à la vitesse de la lumière, retrouvant un air rêveur et à la fois perplexe face aux interrogations de l’autre demoiselle. Pourquoi lui demandait-elle quelque chose en échange alors qu’elle n’avait rien fait ? En fait, il n’y avait pas de remerciement qui tienne.


« - Tu n’as pas à me remercier, je n’ai rien fais, vraiment. Et puis, à cette heure-ci, la plupart des professeurs font cours et je ne pense pas que ta musique soit parvenue jusqu’à leur salle de classe. Mais sinon…j’aimerais savoir comment tu fais…ça. Toute cette harmonisation est si parfaite qu’elle me parait presque irréelle. Enfin, je ne sais pas l’expliquer, c’est un sujet que je ne maîtrise pas du tout. »

Il arrivait à Olivia de prendre les rennes du professeur pour aider les autres élèves en difficulté mais il était bien rare qu’elle ne suive les cours d’un autre élève. En général, les sujets abordés par l’enseignement de Poudlard lui causait pas de problèmes. Elle ne participait pas à la chorale de l’école donc elle n’avait jamais pu demander quoi que ce soit de soutien à quelqu’un d’autres. C’est pour cette raison que cela lui paraissait tellement étrange d’écouter les explications de Tuppence qui n’était pourtant pas un professeur. Peut etre qu’elle ne s’en rendait pas compte mais dans ses yeux, on percevait cette passion pour la musique, une passion qui la poussait à utiliser les bons mots pour décrire les sensations de cet art.

Elle devait vraiment aimer cela sans quoi, elle n’aurait jamais pris le temps de jouer son morceau toute à l’heure. Il faut croire que l’attachement à un domaine vous emballe lorsque vous en parlez. Cela devait être la même chose pour notre Olivia. Elle qui passait son temps à apprendre et à lire des choses agaçait souvent les gens en parlant d’études et chapitres. Mais au final, elle était toujours passionnée par cela, qu’importe les avis des autres. Sortant de ses pensées futiles, la jeune fille se mit à réfléchir à une œuvre qui aurait pu lui faire éprouver de droles de ressentis, comme le lui dictait Tuppence. Il était vrai que dans sa vie, il lui était déjà arrivée d’etre intriguée par des peintures dont les couleurs offraient beaucoup de significations étranges à l’œuvre. Oui, un jour, elle avait aperçu une peinture évoquant la monstruosité des guerres entre sorciers et elle se souvint d’en avoir été un peu angoissée. Olivia détestait les temps de guerre et c’est pour cela qu’elle était du genre à se battre pour la paix. Elle aimait la tranquillité, son monde chimérique qui se composait de joie et de bonne humeur et même de pluie qui crépitait doucement. On pouvait la traiter de malade, de folle ou de gamine mais elle aimait ce monde idéal dont elle rêvait chaque jour.

« - Je comprends ce que tu veux dire. En fait, c’est pour cela que les gens transmettent leurs émotions par le biais des poèmes ou de la musique ou encore de la peinture. C’est plus expressif que de l’exprimer à voie orale. »

Elle leva les yeux vers les vitraux et y observa une sirène qui nageait d’un vitrail à l’autre. Ce lieu était vraiment fantastique, on se sentait comme dans les profondeurs du Lac Noir sauf que l’on était également à Poudlard. De nouveau, elle se tourna vers Tuppence qui venait de citer un nom de groupe qui lui paraissait anglais mais inconnu.

« - Euh… » Répondit t-elle avec doute.

Toutefois, le sourire gagna rapidement ses lèvres lorsque sa camarade lui proposa un autre morceau de musique. Au moins, elle pourrait fuir une nouvelle fois l’ignorance dont elle faisait mystérieusement preuve depuis un bon moment. Elle se sentait mal de montrer ses faiblesses, ses limites de connaissance. Oui, elle savait que l’on ne pouvait pas tout savoir mais cette sensation était vraiment étrange. Elle se sentait imbécile mais toujours assez curieuse d’entendre la nouvelle musique. Elle observa l’autre Serdaigle reprendre son instrument en main et observa ses doigts passer d’une corde à l’autre tout en jouant un air assez doux. Bon, Olivia mit un certain temps à se plonger dans le rythme de la musique mais elle put retrouver tout un tas d’émotions qui se mêlaient lorsqu’elle écoutait cet air en fermant les yeux. En fermant les yeux, elle se concentrait mieux sur ce que son sens auditif percevait et elle imaginait beaucoup mieux les choses. Et lorsque ce qui harmonisait ses pensées prit fin, elle rouvrit les yeux et les cligna plusieurs fois avant de jeter un regard furtif à l’instrument de la musicienne.

« - C’est vraiment fantastique. Tu devrais en faire ton métier, tu ne crois pas ? Enfin, après, certains craignent que leur passion ne devienne finalement qu’une obligation mais la plupart du temps, tout se passe bien. »

Se remettant petit à petit des étranges sensations qui l’englobaient, Olivia retrouva son regard vide et noyé dans les bulles du bassin d’eau qui remplissait l’immense baignoire de la salle de bain. A cette heure-ci, il n’y avait personne qui risquerait de prendre un bain mais qui sait, il existait toujours des excentriques aux habitudes tout à fait hors du commun. Du bout de son index, elle éclata une bulle qui venait de se déposer sur la couche mousseuse de l’eau. Elle explosa en petites gouttes d’eau qui venaient s’écouler le long de son doigt. Trempant celui-ci dans l’eau, elle le tourna sur lui-même, comme pour mélanger une mixture à la cuillère. A ses passions, elle pensait. Est-ce qui lui serait vraiment envisageable de faire de sa soif de connaissance en Histoire de la magie un métier ? Elle se savait pourtant capable de le faire mais cela ne l’intéressait pas vraiment, finalement. Et puis, étant dans une filière de droit, elle était forcée de poursuivre la voie de la Justice et faire carrière sous la tutelle du Ministre de ce monde.

Et il faut croire que Tuppence aussi mettait une distance entre sa vocation et ses loisirs. D’après elle, elle mettrait professionnellement ses talents entre les mains du dessin. Souhaitant néanmoins contrôler cet art pour éviter qu’elle ne dépasse le stade de simple travail, elle saurait alors prendre du recul si cela était nécessaire. Olivia souriait elle aussi ; elle venait de connaître d’autres aspects moraux de sa camarade et cette ouverture d’esprit, cette communication qui les rapprochait de seconde en seconde était plaisante. Elle ne quitta pas la demoiselle des yeux et se contenta de faire un signe de tête pour lui faire savoir qu’elle avait comprit son réel objectif quant à la musique. La brune baissa le regard sur l’instrument de musique qui, en compagnie d’un réel talent humain, accomplissait tant de bonheur sous forme de sons. Il n’y avait pas besoin de sortilège d’allégresse pour oublier tout nos soucis et se sentir bien durant un petit instant. Il existait des objets qui n’étaient pourtant pas d’accès facile. Mais ces objets étaient très utiles puisqu’il procurait une grande satisfaction et également une distraction qui permettait de pouvoir apprécier l’art. Elle aurait voulu frôler de ses doigts la surface de bois qui constituait cet instrument magique et harmonisant mais elle n’osait pas.

Le fait qu’elle ne soit qu’une simple connaissance aux yeux de Tuppence entretenait une certaine distance entre ses envies et ce qu’il lui était permit de faire. Elle se contenterait de le toucher par ses yeux humides et rêveurs. Et puis la voix de son acolyte résonna de nouveau dans ses tympans, la sortant de son observation. Un portrait ? Cette proposition était étrange et intéressante. On ne lui avait jamais fait son portrait mais juste prise en photo. Ce serait donc une première expérience qu’elle ne pourrait refuser pour une raison de curiosité.

« - Oui, j’aimerais beaucoup, si ça ne te dérange pas. »

répondit-elle avec calme, cachant sa curiosité et un éventuel mouvement d’excitation. Néanmoins, pour cela, il faudrait du matériel et ce n’était certainement pas un instrument qui allait l’aider à dessiner. Olivia n’était peut-être pas douée en musique mais elle savait parfaitement qu’on ne dessinait pas avec un violon ou une guitare. Quoi que, parfois, il arrive qu’on utilise ces objets de manière très inattendue. Elle avait lue dans un livre qu’un sorcier était connu pour tuer ses victimes à l’aide de l’archet de son violon. Il jouait tout d’abord d’une musique mystérieuse qui hypnotisait ses proies et il profitait de leur confusion pour les égorger avec l’archet. Plutôt dramatique comme histoire mais intéressante. Quoi qu’il en soit, le mieux était de se rendre dans un endroit où elles seraient tranquilles et où on pourrait y trouver des crayons et une réserve de feuille.

« - Euh… Il faut trouver un endroit plus adéquat pour ça. Je pense que la bibliothèque ou notre Salle commune pourrait faire l’affaire, non ? Je te laisse le choix, moi, ça m’est égal. »

Elle se leva du bord de l’immense baignoire de la salle de bain et observa son interlocutrice. Elle la suivrait dans sa décision autant qu’elle la suivrait pour faire le trajet jusqu’à la destination de son choix.

Visiblement, ni la bibliothèque et la salle commune ne constituaient l’endroit parfait pour Tuppence. Il valait mieux éviter Madame Pince selon elle, qui pouvait se montrer aussi agaçante que une harpie du ministère venue fourrer son nez dans les affaires des autres. Il était vrai qu’à part lire des livres tranquillement, on n’était pas tellement libres là-bas. La salle commune aurait pu être idéal mais ce ne fut pas au goût de la Serdaigle qui se sentait surveillée dans ses mouvements. Maintenant, Olivia se souvenait de l’avoir vue peindre des caricatures lors du Tournoi des Trois Sorciers. Grâce à son talent artistique, elle avait pu obtenir de l’argent et beaucoup de gens avaient été satisfaits de ce qu’elle faisait. D’ailleurs, si les études devenaient bien trop ennuyeuses pour elle, Tuppence pouvait toujours s’évader des cours en se plongeant dans son propre univers d’arts et de musique et elle pouvait éventuellement gagner sa vie grâce à cela. C’était un peu comme les frères Weasley qui avaient quitté les cours à l’époque du sombre règne de Dolores Ombrage. L’école n’était pas faite pour eux et aujourd’hui, ils brillaient dans leur production de farces et attrapes. Comme quoi, le préjugé des études longues pour une belle carrière pouvait s’avérer faux. Cependant, dans le cas de Olivia, elle n’avait aucune passion dans laquelle pouvoir s’enfuir si elle échouait à Poudlard. La chose à laquelle elle attribuait une grande importance, c’était les livres et la connaissance. Sans l’école, elle n’avait plus rien d’autres à quoi pouvoir s’attacher. C’était là le grand dilemme des adolescents studieux.

« - Je comprends ce que tu veux dire. Bon et bien, je te laisse choisir une salle alors. » répondit-elle calmement.

C'est après ces dernières paroles qu'elles se levèrent et quittèrent la salle de bain des préfets. Jetant un dernier coup d’œil aux bulles qui venaient s’éclater contre la paroi de la grande bassine, elle referma la porte derrière elle et retrouva la fraîcheur des couloirs. Il était étrange de sentir ce changement radical de température. D’un pas décidé, elles marchèrent en direction du bout de couloirs qui semblait bien désert ; les cours n’étaient pas encore terminés pour les élèves encore coincés en salle de classe. Elles profitaient de ce calme pour se rendre en toute tranquillité jusqu’à destination. Comme toujours, le portrait qui refermait la salle commune de Serdaigle leur posa une énigme, que seuls les plus sages pouvaient en deviner la réponse. Ensemble, les deux jeunes filles parvinrent à répondre à la question du portrait et ainsi, ce dernier s’ouvrit en leur offrant la vue de leur salle. Olivia s’installa sur un canapé bleu, près des flammes de la cheminée alors que Tuppence accéléra le pas pour monter jusqu’à sa chambre. Ici, deux ou trois élèves étudiaient calmement dans le coin, ne levant même pas la tête pour observer les nouvelles venues. Non, dans cette maison, ce n’était pas la concentration qui manquait chez ses élèves et c’était bien ainsi. Olivia n’était pas le genre de fille à vouloir se faire remarquer dès son arrivée alors elle était satisfaite de ne pas voir les regards se river vers elle. Se tortillant une mèche de cheveux en attendant le retour de sa partenaire, elle observait le feu danser sous ses yeux. La particularité de ce feu était bien sa couleur bleue, assortie au reste de la décoration. Sa vue donnait l’impression qu’il faisait froid et pourtant, la chaleur entourait tout l’endroit.

Puis instinctivement, elle tourna la tête et aperçut sa camarade du coin de l’œil ; elle avait réunit tout son matériel et semblait prête à quitter la place. La Taylor se leva alors et la suivit de nouveau en empruntant le petit passage du portrait. La salle commune était située en hauteur, dans une grande tour donc il leur fallut bien du temps pour rejoindre l’étage inférieur dans lequel elles trouveraient l’endroit idéal pour ne pas être dérangées. Dans les escaliers et les multiples corridors du château, elles ne perçurent que quelques élèves bien trop occupés à discuter mais aucune trace d’un membre du corps professoral pour avoir la curiosité de leur demander où elles se rendaient. Tant mieux ; Tuppence ne s’attirerait pas d’ennuis de cette façon. En passant par les appartements de McDowell, elles n’étaient plus très loin de la salle en question. D’ailleurs, on ne s’étonnait plus de la longue durée du trajet ; quand on avait passé cinq ans à emprunter les passages de cette école, on avait l’habitude de marcher pendant une dizaine de minutes avant de se rendre d’un endroit à l’autre ; surtout quand il s’agissait de quitter la tour d’Astronomie pour se rendre tout en bas au festin. C’était un vrai parcours de combattants, surtout quand une centaine d’élèves bouchaient les couloirs et les escaliers. Dans ces cas là, on attendait au moins trente minutes avant de pouvoir combler sa faim.

Arrivées devant une porte, elles l’ouvrirent en la faisant grincer un peu et s’avancèrent vers une petite pièce circulaire dénué de fenêtres. On y sentait une odeur de renfermé mais au moins, ce lieu avait l’air de n’être que rarement visités. A part quelques objets utiles tels qu’une table, une chaise ou encore un tapis, le lieu semblait vraiment vide avec ses murs blancs. Olivia prit place sur une chaise de bois après avoir eut le feu vert de sa partenaire et se contenta de rester immobile, inexpressive. C’était ainsi qu’elle était elle-même d’habitude… Néanmoins, si son regard pouvait donner l’impression d’être vide d’émotions, on y décelait une pointe de rêves et s’absence inconsciente de l’adolescente. Il n’y avait aucune fenêtre pour y laisser des rayons de soleil caresser sa peau mais elle était suffisamment pâle pour que la lumière ne vienne pas y mettre son grain d’éclairage.