La pluie tombait inexorablement depuis 4h38 du matin dans l'impasse du tisseur. A présent que le jour s'était levé, Severus observait les gouttes glisser sur les carreaux du salon, et filer sans autres choix vers le bas de la vitre. Certaines tentaient vainement de s'accrocher, jusqu'à ce que d'autres déjà prises dans une course folle ne finissent par les déloger et les entraîner dans leur chute. On n'avait jamais vu une goutte de pluie remonter, prendre son envol et rejoindre le nuage dont elle était tombée. On ne le verrait jamais car ça allait contre la science, contre la nature et contre la logique.

- Jamais. reprit-il à haute voix dans un murmure.

Son sommeil était bien trop léger et difficile pour qu'il puisse espérer se rendormir, alors il se leva. Mécaniquement il se dirigea dans la salle de bains, et comme chaque jour, il passa une bonne heure dans sa baignoire, jusqu'à ce que sa peau se retrouve flétrie. "Une peau de vieil homme." pensa-t-il en levant le coin droit de sa lèvre dans un léger rictus ironique. Ses pensées l'emmenèrent à Poudlard, où la population locale le considérait comme le sorcier le plus sale du château... Un second rictus finit d'étirer ses lèvre en un triste sourire.


A 7h42, le ciel reprit une certaine contenance et finit par retenir ses larmes. Absorbé par sa lecture, Snape ne s'en était pas rendu compte. Cela faisait un long moment qu'il lisait et relisait la lettre de Molly Weasley. Il avait été surpris par sa demande et ne souhaitait pas spécialement se rendre au Square aujourd'hui. En fait, il ne souhaitait jamais s'y rendre. Finalement son regard se perdit dans la rue où il s'aperçut que l'eau ne tombait plus. Il passa machinalement un index sur ses lèvres et finit par prendre sa décision.

Il se leva et partit dans le cellier, parcourut les fioles et flacons soigneusement rangés. Ceux qu'ils cherchaient précisément étaient cachés dans une chausse-trappe. Là se trouvait ses réserves de potion de régénération sanguine et les ingrédients les plus rares pour la réaliser. La demande de Molly lui coûtait. Pas sens financier, mais sur le plan de la précaution. On ne pouvait jamais savoir dans quel état on revenait d'une réunion de mangemorts et il n'était pas homme à aimer se laisser prendre au dépourvu. Il le ferait pour l'Ordre c'était décidé. De toute façon, il n'était jamais agréable de se faire réprimander par Albus. Quitte à être à Londres, il irait se réapprovisionner. S'il y allait de bonne heure, il était peu probable qu'il se fasse remarquer, et s'il l'était, il le sentirait passer. Le Seigneur Noir n'aime pas qu'on se soulage de ses sévices. Il est suffisamment pervers pour laisser la vie s'accrocher à un être tant qu'il l'a décidé. C'est la le plus cruel car souvent, il n'était pas rare de souhaiter sa propre mort, en imaginant qu'elle serait sans doute la plus douce des compagnes.

Un sortilège de réduction lui permit de faire glisser quatre fioles et un flacon plus petit dans une poche intérieure de la cape qu'il noua autour de ses épaules, puis il transplanna, se figurant précisément le meilleur bosquet du Square. Molly l'attendait.

Lorsque la sensation étourdissante du transplannage disparut, il entama sa marche en souhaitant ardemment ne rencontrer personne. Ce ne fut malheureusement pas le cas.

En sortant du Square, il tomba nez à nez avec la gérante de Fleury et Bott, mangemort qui plus est. Il s'immobilisa et la considéra d'un oeil grave.


HJ: Hope you don't mind ou que tu n'attendais pas quelqu'un d'autre.

Il offrit son corps à son regard en esquissant un rictus de satisfaction, puis croisa les bras sur sa poitrine. Le silence retomba autour d'eux. Il attendit volontairement qu'elle le regarde à nouveau dans les yeux pour répondre. Très peu de personnes avaient l'outrecuidance de le détailler du regard de la sorte et pour lui, en plus de l'impolitesse de ce comportement, cela revenait à se faire pénétrer l'âme par un légilimens. C'était tout à fait inconfortable, pourtant il préféra en jouer.

- Apparemment. glissa-t-il en sous-pesant parfaitement son sous-entendu.

Le 12 Square Grimmaurd était tout proche. De là où ils étaient, un regard à travers la fenêtre du salon suffirait à n'importe quel membre de l'ordre pour s'apercevoir du danger potentiel que pouvait représenter cette rencontre fortuite. Il espérait vivement que Molly pourrait assister à l'échange et en référer à Albus. Normalement, dans ces murs ne devaient être présents que Molly, Minerva et Black. Il fallait que ce soit l'une des deux femmes qui capte cet échange.

Plusieurs options s'offraient à lui pour éconduire la demoiselle de ce lieu. Miss Hassan n'était pas la plus virulente des suivants de Voldemort. La placer à côté de Bellatrix revenait à comparer une licorne à un hungarian horntail. Elle n'avait pas la folie ou le sadisme en elle, ce qui ne la rendait certainement pas moins dangereuse. Et même si elle avait autant de conversation que Weasley junior de neurones, Snape n'était pas du genre à sous-estimer un adversaire. Chacun pouvait receler une compétence propre à le faire tomber alors il ne se permettrait pas le luxe de se relâcher.

- Malheureusement je vais devoir m'arracher à vos prunelles. termina-t-il avec un regard lascif sur son interlocutrice.

Aucune femme digne de ce nom ne poserait jamais son regard sur lui. La seule chose qu'il avait espéré, c'était d'avoir piqué son orgueil pour l'inciter à le suivre. Au pire, il l'aurait suffisamment dégoûtée pour qu'elle passe son chemin et qu'il puisse revenir sur ses pas une fois qu'elle se serait éloignée. Il l'aurait donc sondée quant à sa personnalité et ses visées. Sans penser tomber dans la paranoïa, il avait quand même envisagé la possibilité qu'un partisan de Malfoy n'ait été réquisitionné pour le suivre. Mais il s'était vite ravisé: "Personne ne pouvait transplanner avec moi de l'Impasse du Tisseur en sachant où j'allais."

Avec ses étudiants il usait et abusait de la peur qu'il pouvait inspirer. Il n'agissait jamais de la sorte avec les mangemorts, surtout depuis que Malfoy avait amorcé sa déchéance auprès du Maître. Il avait un standing à tenir et de la confiance à gagner. Cette folle de Bella n'était pas la seule à soupçonner une possible trahison de sa part, alors il devrait convaincre et inspirer encore plus le respect qu'avant.

Satisfait de sa réponse, Snape tourna les talons et poursuivit son Chemin. Son intuition le poussa à partir à l'opposé d'où elle venait.

Sa seule réaction fut de se tourner vers elle et de lui jeter un regard noir, sans pour autant s'arrêter de marcher.

Personnellement, il n'avait rien contre elle. A vrai dire, elle ne lui inspirait rien du tout. Son histoire n'avait rien d'extraordinaire. Elle devait avoir à peu près trois ans de moins que lui. Elle avait suivi Evan Rozier lorsqu'il avait fait son entrée dans les rangs du Maître. Evan Rozier était une jeune recrue valable et loyale, comme lui dans les premiers temps. Cependant il était bien mort.

Elle avait suivi, simplement suivi, et ça se voyait. Du peu qu'il en savait et de l'observation qu'il avait pu avoir d'elle avant la chute et après la réapparition du Seigneur des Ténèbres, son avis n'avait pas changé. Elle n'était pas de ceux qui prennent une initiative. Son tempéramment n'était pas impétueux, fougueux ou lubrique. La discrétion la caractérisait mieux, de sorte qu'on ne savait pas réellement qu'elle était la profondeur de ses convictions envers la Cause.

- Vous semblez faire grand cas de votre petite personne, Miss Hassan.

Point positif qui enchanta Snape: elle avait repris instantanément le vouvoiement. Il était la preuve qu'elle reconnaissait sa supériorité hiérarchique et qu'elle pouvait au moins faire preuve de sagesse quand elle le voulait. Plus il y réfléchissait et plus il la sentait incapable d'avoir agi contre lui. Il pensa que sa présence était due au hasard et décida pour le moment de mettre la question de côté. Si cette femme avait quelque chose à cacher cela ne durerait pas éternellement, elle se dévoilerait toute seule.

Derrière eux le 12 Square Grimmaurd n'était plus qu'un vague souvenir et finalement un inquiétude inutile.

- Si j'avais voulu promener un chien j'aurais pris Wormtail. siffla-t-il d'une voix méprisante pour ce bougre d'idiot de traitre. Tout son dégoût pour cet homme s'était cristalisé dans la manière qu'il avait eu de prononcer son nom.

Quelques rues plus loin se trouvait un apothicaire dont l'échoppe était encore confidentielle mais très bien achalandé. Conformément à ses intentions, il allait s'y rendre. Autour d'eux la vie se faisait rare. Seuls deux joggeuses les croisèrent. L'heure matinale n'y était pas pour rien. Une heure idéale pour se promener sans s'exposer à la vue de passants encombrants de regards.

La marche était plaisante. La fin du mois d'août distilait un agréable air frais. Ils tournèrent à un angle de rue où les façades des maisons accollées les unes aux autres se départirent de le leurs briques pour se parer d'un blanc de gala. Encore un peu de patience et ils seraient bientôt rendu. Ici point de parcs ni de bosquets, juste des habitations, donc beaucoup moins pratique question discrétion. S'il continuait à perdre du temps ici, son accoutrement attirerait les regards. On était loin de Piccadilly et de ses désoeuvrés aux looks improbables. Au mieux il passerait pour un prêtre catholique perdu, ce qui avait quelque chose de risible quand on est plus habitué à distribuer la mort que le pardon.

"Mais... Il était à présent certain que sa présence dans la rue du QG n'était que le fruit du hasard. ... elle est complètement inconsciente, ..." Elle pouvait bien y retourner si ça lui chantait. "... soit elle était en manque total de ..." A vrai dire, ce serait sans doute la meilleure solution à ses yeux pour arriver à s'en débarrasser. Molly attendrait pour ses potions et lui pourrait regagner un peu de paix. "... sexe?".


Il quitta subitement le flot de ses pensées perturbées et éclata d'un rire chaud et profond, le genre d'action que seul Albus était autorisé à apercevoir de lui. C'était autant ses pensées à lui que le culot de cette femme qui le firent exploser comme rarement. Il ne savait pas du tout ce qu'elle essayait de découvrir, car indubitablement elle cherchait à découvrir quelque chose sur lui, mais sa méthode était si orthodoxe et ingénue qu'il ne s'y serait jamais attendu.

Snape poussa la porte en regagnant un peu de sérieux, et pénétra dans la boutique en premier. Oui il lui restait un peu de savoir-vivre et qu'il savait qu'il fallait que ce soit l'homme qui entre en premier afin d'attirer les regards à lui et non à sa compagne. Mais tout le monde n'était pas au fait des convenances.

L'entrée découvrit un petit magasin surchargé en produits. Il n'était point question de rangement ici. Les fioles inégales, flacons et bocaux se disputaient la place sur des étagères trop petites pour tout accueillir. C'était simple: le mur qui faisait face au comptoir était entièrement couvert de produits. Les couleurs virevoltaient, les matières rivalisaient. Cette boutique ridiculement petite était l'un des points de ravitaillement essentiel de Snape.

- Monsieur Snape! Quel plaisir! cria presque un petit homme chauve aux larges incisives.

- Bonjour Monsieur Waddle.
- Comment s'annonce la rentrée cette année?

Un regard noir indiqua au boutiquier que c'était un sujet à bannir de leur polie conversation. Il ne supporterait jamais l'enseignement, ce n'était pas la peine d'entamer le sujet. Le dénommé Waddle toussota légèrement et laissa Snape diriger les débats.

- Je viens pour ma commande.
- Bien sûr, bien sûr. Je vais vous chercher ça!

L'homme disparut dans ses réserves et reparut avec une pochette de papier miniaturisée. Apparemment le boutiquier en avait l'air très fier. Il se dirigea vers le comptoir, posa la marchandise dessus et commença à tapoter sur sa lourde machine.

- 18 Galions et 4 mornilles, monsieur.

Snape sortit sa bourse et chercha la somme tandis que M. Waddle détailla du regard cette jeune femme qu'il jugea particulière. Particulière parce qu'elle était entrée avec Snape et que Snape n'entrait jamais avec personne. Cet homme lui donnait toujours froid dans le dos et même s'il était fier comme tout qu'une telle éminence des potions vienne s'approvisionner chez lui, il ne pouvait réprimer une appréhension dès qu'il pénétrait dans son magasin. Il esquissa néanmoins un sourire envers cette adorable jeune personne.

- Voilà. Au revoir.M. Waddle.

Snape glissa la poche dans ses robes et sortit du magasin. Il n'avait toujours pas répondu à Miss Hassan. Pour une fois il n'avait pas l'intention d'utiliser le sarcasme à l'ironie. Il souhait simplement se débarrasser d'elle.

- Pour aller boire un verre, il faudrait encore entrer dans un pub Miss Hassan. Je n'invite jamais une femme à boire un verre. Les femmes ne m'invitent jamais à boire un verre. Je ne suis pas sociable. J'aime le calme et ma tranquillité. En quelques phrases il avait dépassé son quota de mots pour la matinée et réussi l'exploit de sous-entendre "à moins que vous n'ayez à me demander et qu'on en finisse".

Il commença à se mettre en marche vers le Square Grimmaurd pour pouvoir transplanner chez lui en paix.

Il supporta son soupir avec mépris et l'écouta avec le peu de patience qu'il lui restait. Enfin il allait pouvoir se retrouver seul et dans le silence.

- Aucun.

Il continua sa marche tout en réfléchissant, habitude maladive chez lui. Cette fois c'est Lily qui remonta à sa mémoire, et ses sentiments à fleur de peau. Si Lily avait voulu savoir quelque chose sur lui elle aurait manœuvré de manière totalement différente, très Gryffondor bien sûr. Elle n'avait pas mis longtemps dans leur enfance à voir en lui comme dans un livre ouvert. Il faut dire qu'à l'époque, Severus n'était pas encore Snape, et qu'il était beaucoup moins fermé qu'aujourd'hui, beaucoup moins blessé aussi. Lentement il tourna son regard vers Miss Hassan.

Non il ne la trouvait pas déplaisante, au regard notamment.
Sa conversation ne devait pas être totalement dénuée d'intérêt puisqu'elle tenait un des commerces de livres les plus réputés au pays et qu'elle devait avoir pour cela un minimum d'érudition. Elle était seulement dangereuse car inconsciente. Maintenant plus de doutes, elle agissait en solo, et agir comme elle le faisait auprès d'un homme jouissant auprès du Seigneur Noir était inconscient. S'il avait été Lucius, il était certain qu'à la prochaine réunion, elle aurait eu droit à une petite séance de doloris. Mais il n'était pas aussi dégénéré que Lucius.

- Dans cette rue comme vous dites il y a simplement de quoi se cacher des yeux moldus pour transplanner et venir discrètement dans cette boutique.

Ses doigts caressèrent son menton alors que ses yeux regardaient à présent droit devant. Sa curiosité était suffisamment éveillée pour observer l'attitude de cette femme lors de la prochaine réunion. Elle pourrait peut-être se révéler un enjeu intéressant. Immédiatement ses pensées le conduisirent à Albus. Il faudrait néanmoins être prudent quant à l'Ordre. Si ses suppositions étaient exactes, Miss Hassan resterait en alerte par rapport à cette rue. Les membres devraient redoubler de vigilance.


Quelques jours plus tard, la marque fit valoir ses droits sur son porteur. Voldemort les appelaient pour une ultime réunion avant la rentrée à Poudlard. Ce soir là, il fut d'humeur impitoyable avec tout le monde. Il voulait faire un exemple. Le plus parfait d'entre eux porterait sur son bras droit.

Ce matin là son esprit vagabonda dans les extérieurs de Poudlard pendant que son corps à moitié nu gisait au fond d'un lit de l'infirmerie. Poudlard était encore vide d'étudiants et Albus avait pensé qu'il pouvait rester là sans crainte particulière. La pièce était immense et si calme, si calme qu'il avait laissé la douleur lui faire fermer les yeux et le plonger dans un profond sommeil réparateur jusqu'au matin.

Grâce à une mémoire visuelle remarquable, Severus avait réussi à mettre au point une technique d'évasion mentale. Ce matin, il en avait particulièrement besoin. Elle lui permettait de se projeter ailleurs lorsque son corps subissait les contre-coups d'une séance de torture du Seigneur Noir. Ainsi, ce matin là, il s'imaginait marcher au bord du Lac Noir, un air grave figeant son visage. Dans cette recréation imaginaire, il se tenait droit, maître de lui-même, libre. Sa gravité était due à une intense réflexion sur les évènements de la veille au soir. Son esprit apaisé pouvait tranquillement repasser le fil de la soirée.

Il se remémora l'introduction. A la fin de celle-ci, la faible voix de son Maître lui avait glacé le sang. Il savait que ce serait pour lui. Il serrerait les dents, quoi qu'il lui en coûterait. Accepter la douleur, toujours, pour paraître plus fort et accroître sa domination sur les autres. L'intensité des cruciatus du Seigneur était extrême. Il encaissa. Quand le Maître cessa d'être amusé par le spectacle de son corps virevoltant sous l'effet des sorts employés, il finit par un sectumsempra informulé qui ouvrit une plaie sur son torse, une de plus. Son sang commença à s'imbiber dans ses vêtements et son insupportable odeur remonta à ses narines.

Epuisé, il n'eut pas la force de se relever et regarda la nouvellevictime. Miss Hassan. La manière presque sensuelle dont il l'approcha laissa présager la sauvagerie de l'attaque dont elle allait être victime. L'auditoire écouta et éructa lorsqu'Il parla de son envie de désertion. La seule idée de trahison provoquait toujours autant le dégoût teinté de stupeur par l'assemblée, et la fureur du Seigneur des Ténèbres. Les autres Mangemorts riaient et insultaient la jeune femme. Seul Lui tenait sa vie entre ses mains. Il ne pourrait rien faire pour elle. La seule chose qui lui sembla claire le concernant, c'était que cet exemple renforcerait la méfiance du clan Malfoy à son égard et en gagnerait de nouveaux.

Il ne fut pas démenti par la réalité des faits. La jeune femme s'écroula au sol dans d'abominables cris. Severus eut envie de lui dire que plus elle crierait plus il s'acharnerait, qu'il fallait prétendre être fort même si on ne l'était pas vraiment et que la terreur régnait à l'intérieur... L'expérience... Il savait, d'où l'importance du self-control. La séance de Miss Hassan ne dura pas longtemps, preuve que le Maître lui laissait le bénéfice du doute. A charge pour elle de ne pas le recevoir. Entre deux mèches de cheveux, Severus toujours au sol entraperçut le corps tourmenté de la victime. Elle semblait durement touchée.


- Severus, mon garçon.
- Albus...
- Poppy a arrêté l'hémorragie et pansé vos plaies. Vous avez pris de la potion de régénération sanguine. Le reste des traumatismes rentrera dans l'ordre avec du temps. finit-il dans un triste sourire.
- Albus...
- Comment êtes-vous rentré Severus?
- Un portoloin, mon médaillon.
- Ah, vous avez toujours autant de ressources cher garçon.
- Albus!
- Oui?
- Je pense que nous pouvons gagner un nouveau membre pour l'Ordre.
- Intéressant. Avez-vous assez de forces pour me relater la soirée?

Severus lui raconta tout dans les moindres détails: la fureur du Maître contre le Ministère, ses soupçons sur la fidélité de ses membres, comment il en avait fait les frais, et comment il avait humilié une ancienne Serpentard, la même qu'il avait croisés quelques temps auparavant non loin du Square.

- Vous pensez toujours qu'elle se trouvait là par hasard?
- J'en suis convaincu. Je sais aussi qu'elle a peur.
- Pourquoi pensez-vous qu'elle se retournerait en notre faveur?
- Parce qu'Evan Rozier est mort il y a des années, parce qu'elle a dû replonger dans le cauchemard de ses souvenirs et que...
- Oui? demanda le vieil homme avec un regard pétillant.
- Qu'une fois qu'on veut partir, ça devient obsessionnel. Le temps ne change rien à l'affaire au contraire.
- Pensez-vous qu'elle pourrait au contraire renforcer son adhésion à Voldemort?
- Non.
- Bien, il nous faut un plan Severus. Pour commencer, vous allez envoyer un hibou avec quelques fioles de potion à son égard.

Quand Severus regagna un certain contrôle sur ses muscles, il échafauda un plan avec Albus pour tester la demoiselle. Il lui apparaîtrait bien vite que la seule solution pour gagner sa liberté serait de se retourner contre le Maître et de jouer double jeu, ce qui décuplait le nombre de chances pour elle de se faire exécuter. Alors, pour savoir qu'elles étaient ses intentions, Severus décida de l'inviter aux trois Balais, peu avant la rentrée. Il rédigea un court message et emballa ses fioles avant de tout attacher à la page du nouvel hibou Grand Duc de l'Ecole.

Citation :

Miss Hassan,

Retrouvez-moi aux Trois Balais après-demain à 20 heures.
Je joins à cette demande quelques potions curatives qui vous aideront sans doute.

Snape

Pour quelqu'un qui n'invitait jamais les femmes et qui était totalement associal... Il y avait de quoi largement aiguiser la curiosité de cette jeune femme.

Le ciel commençait doucement à accueillir la nuit sur Pré-Au-Lard. En cette prérentrée il n'y avait pas beaucoup de monde qui se bousculait dans les rues du petit village sorcier. C'était pour cette raison qu'il avait choisi ce lieu. Il était banal et surtout, il n'avait rien de louche, pas de quoi attirer l'attention sur eux comme ça aurait pu être le cas à la Tête de sanglier.

Son idée avait mûri tout hier. En rejoignant Pré-Au-Lard à pied, il avait pu se repasser parfaitement dans sa tête chaque étape prévue pour la soirée. La fraîcheur n'empêchait pas le professeur de souffrir de la chaleur que lui tenaient ses épaisses robes, mais il ne s'abaisserait nullement à relever ses manches. Malheureusement pour lui, l'atmosphère du pub n'était pas des plus rafraichissantes. Rosmerta l'accueillit d'un hochement de tête, soit d'une manière beaucoup moins chaleureuse que les autres professeurs.

Snape s'assit à une table discrète et attendit patiemment devant un Whisky pur feu. Rosie le regarda en coin, se demandant ce qu'il pouvait bien faire là alors qu'il n'était pas de "corvée" de chaperonnage. C'était si rare quand il venait! Éprise de commérage, elle ne le quitta pas du regard jusqu'à ce qu'un grincement de porte signale l'entrée d'un nouveau client. Quelle ne fut pas la stupeur de cette pauvre femme lorsqu'elle s'aperçut que la belle jeune femme qui venait d'entrer se dirigea volontairement vers la table qu'il occupait! Dans son esprit étroit il ne fit aucun doute que cette demoiselle était en détresse et sous l'emprise d'un puissant imperium! Ses sourcils se froncèrent, et son sang ne fit qu'un tour. Elle ne savait pas comment lui porter secours... Elle s'approcha et lorsqu'elle entendit ses paroles, elle eut l'horrible surprise de découvrir que celle-ci était venue à l'"invitation" de Snape lui-même! .... Cependant, le choc fut loin d'être terrible pour elle car il fut source d'un nouveau plaisir: elle allait avoir des nouvelles croustillantes à partager. Étouffant péniblement un soupir, elle repartit vers le bar d'un cœur léger. Ce faisant, elle n'entendit pas la suite de la conversation, ce dont s'était assuré Snape avant de répondre.


- Vous n'avez aucun plaisir à être ici, cependant... dit-il assez bas.

Son ton cessa d'être désagréable lorsqu'il reprit la parole après avoir avalé une gorgée du précieux liquide.

- A vous voir ainsi arriver, je puis dire que vous semblez bien vous porter? Il était automatiquement reparti dans les sous-entendus pour éviter que des oreilles curieuses ne se mêlent de cette rencontre. Et il valait mieux passer pour un idiot courtisant une femme que pour un Mangemort repenti essayant de deviner les visées de son interlocutrice. ce serait également un moyen évident d'appréhender la compréhension, les motivations, et les intentions de celle-ci.

"Elle n'a pas tort." Il prit quelques secondes pour réaliser ce qu'il venait de penser et regarda autour d'eux. Le cas de la blonde imposante serait réglé à la fin de la soirée. La salle étant quasiment vide, il serait simple de lui jeter un sortilège de confusion et de la plonger sur d'autres projets de ragotages. "Albus et Minerva?" Cette simple pensée lui tira un sourire et il se mit immédiatement à jouer le jeu avec un naturel déconcertant.

Il regarda sa compagne passer commande et examina ses mimiques, sa manière d'interagir avec Rosmerta. "Tu n'as toujours pas répondu." Non, mais il venait déjà d'assimiler pas mal de choses sur Miss Hassan. Elle comprenait apparemment assez vite et n'hésitait pas à jouer de ses charmes et de ses expressions corporelles. Bien sûr, ceci n'était d'aucune utilité face au Maître, mais ça pouvait servir en d'autres occasions.

« Pourquoi m'avez-vous fait venir ici ?»

Sa main droite de glissa sur l'avant-bras gauche de Miss Hassan avec l'agilité d'un serpent s'enroulant autour de sa proie, et il lui jeta un regard inquiet. Nonchalamment ses doigts massaient l'emplacement de sa Marque des ténèbres, mais aux yeux de la tenancière qui les observait toujours, ce geste ne trahissait que l'angoisse d'un galantin navrant de maldresse.

- Je me faisais du souci pour vous après cet accident, Sofia. glissa-t-il en murmurant son prénom.

Même si elle n'avait rien entendu de ses propos, Rosmerta épiait toujours en bonne harpie qu'elle était. Snape quant à lui en avait rajouté dans l'émotion. Sa main gauche se glissa dans celle de Sophia. A présent ses deux mains emprisonnaient celle de la demoiselle, mais son toucher était doux et attentionné. Il n'y avait aucune coercition de sa part. Cette démonstration de soutien et de compassion s'accompagna d'une œillade appuyée et d'un léger soupir.

- Que s'est-il passé pour que vous en arriviez là? Je sais que vous avez vécu des moments difficiles par le passé, mais qu'avez-vous fait pour déchainer de telles passions?

Cette fois son regard s'était considérablement humanisé. Derrière son comptoir, Rosmerta cherchait désespérément une manière crédible de se rapprocher d'eux. Ses joues s'étaient colorées et trahissaient son impatience. Snape se pencha vers Miss Hassan et lui chuchota:

- Jouez le jeu jusqu'au bout, nous prenons un gros risque.

Un client venait de pénétrer dans le pub et se dirigea vers une table assez proche d'eux, ce qui offrit l'occasion rêvée à Rosie. Ses robes virevoltèrent de joie autour d'elle à mesure que ses pas la rapprochèrent de la table véritablement intéressante.

En repoussant une mèche de cheveux derrière son oreille il observa le nouveau client: un grand chauve barbu couvert d'une élégante chemise noire.

Le regard de Severus s'emplit d'une inhabituelle tendresse collant parfaitement à la scène. Lui qui n'affichait jamais une seule émotion. Il avait vu juste depuis le début et ça le rassurait. Cependant, si Miss Hassan persistait à vouloir quitter les rangs du Seigneur Noir, elle n'y arriverait jamais seule. Elle n'y arriverait jamais d'ailleurs. Seul Lui décide et s'il décide, c'est de votre mort, non de votre liberté. La Marque ne s'efface pas plus qu'elle peut être recouverte. C'est une reconnaissance à vie. Il n'y ferait pas allusion car elle se devait de le savoir.

Combien de fois avait-il lui-même espéré s'endormir un soir et se réveiller un matin vierge de toute honte à cet égard? Combien de fois avait-il réussi à dormir d'un sommeil paisible tout en sachant qu'il était à l'origine de la perte de son amitié sincère avec Lily? Que c'était à cause de lui qu'elle était... morte. Pour Sofia, c'était différent. Elle avait suivi, ça il l'avait bien deviné. Cette raison seule avait dû accélérer le processus de culpabilité puisqu'elle n'avait jamais rien attendu du Seigneur des ténèbres. ça se tenait.

- Je me rends bien compte que mon physique n'a rien d'affriolant pour une femme comme vous et peut même paraître insultant. Je ne vous demande donc pas de me rendre mes sentiments. Cependant parfois il suffit d'une personne à ses côtés pour y voir plus clair et se laisser guider Sofia. Si je ne peux être un amant pour vous, je peux...

Sa tête se détourna légèrement de Miss Hassan et s'inclina, ses yeux se perdant dans la salle où il prit une nouvelle fois des renseignements. Ils n'étaient plus que quatre en plus d'eux et de cette harpie.

Il détacha une de ses mains de celles de la jeune femme et la porta à hauteur de son visage, y effaçant une larme invisible. Il se trouva profondément mal de ce geste de réconfort mais il n'en laissa rien paraître. Au contraire, ses doigts descendirent jusqu'au menton de sa jeune femme, son index se positionna dessous, maintenant ainsi ses yeux dans les siens.

- Je peux être cette personne Sofia. dit-il la voix pleine d'assurance et d'autorité. Je peux vous soutenir et vous apporter toute mon... expérience. Mais pour cela il faut que vous ayez confiance en moi. Avez-vous confiance en moi Sofia?

Autour d'eux, le chauve leva un sourcil ostensiblement. Ses mains se tortillaient dans tous les sens et sa tête n'osait pas se tourner vers l'étrange couple assis à côté de lui. Severus s'aperçut de cette nervosité et se remit instantanément à observer les autres. Quelque chose ne tournait pas rond.

Les battements de son cœur s'étaient accéléré. Son instinct avait parlé. Il avait multiplié délibérément les coups d’œil aux quatre autres clients afin de les tester. Au premier abord, c'est leur proche voisin qui l'avait interpelé en s'asseyant à leurs côtés alors que le pub était quasiment vide.

C'était tout autant volontairement qu'il avait froncé les sourcils en fixant leur voisin du regard et à présent, les quatre inconnus se regardaient entre eux trahissant leur nervosité. Il écouta les paroles de Miss Hassan de manière distraite. C'était le moment de tester la véracité de ses dires et de sa volonté. S'il s'était trompé, il aurait cinq personnes sur le dos et ne s'en relèverait probablement pas. S'il avait vu juste, à deux contre quatre pas très futés, ils s'en tireraient probablement sans trop de casse.

Lorsqu'elle posa sa tête sur son épaule, son cœur battait toujours la chamade. Ce n'était pas tant ce contact inhabituel avec une femme qui le préoccupait que le danger dont il se sentait la cible qui le provoquait. Même s'il avait l'habitude d'afficher un masque de sérénité, il ne pouvait arriver à contrôler ses pulsations.

- Pour quelqu'un qui vient de rejeter mes avances... laissa-t-il planner.

Il pencha sa tête su celle de Miss Hassan et lui répondit instantanément en murmurant à son oreille.

- Les quatre clients sont des mangemorts, j'en suis certain.

Il porta une nouvelle fois son verre à ses lèvres et but une gorgée.

- Ils sont probablement sous polynectar et à la solde de Lestrange ou Malfoy.

Cette fois il vida le liquide d'un trait. Et lui qui pensait être tranquille en venant ici...

- C'est le moment de tester votre volonté de quitter cette médiocrité ma chère. Sortez votre baguette. Je m'occupe de notre voisin et de celui du fond à gauche, je vous laisse les deux autres. Il s'agit de les mettre à terre. Nous modifierons leurs souvenirs après. L'effet de surprise jouera pour nous.

Snape se pencha définitivement sur Miss Hassan en faisant mine d'approcher ses lèvres des siennes. Ce faisant, il tourna le dos à l'homme chauve et put tranquillement saisir sa baguette à l'intérieur de sa robe. Il fixait intensément sa compagne et s'arrêta à un centimètre d'elle et pouvait sentir son souffle sur lui. La sensation faillit le déstabiliser.

- Maintenant! cria-t-il en se retournant vers le voisin. Stupéfix! L'étonnement de leurs adversaires lui permit d'attaquer immédiatement le second. Les sorts fusèrent pendant près d'une minute livrant le pub à de multiples couleurs se reflétant à l'extérieur sur le mur des maisons avoisinantes. Fort heureusement, il n'y avait personne dehors. Finalement, un imedimenta suivi d'un stupéfix eut raison du second.

Après avoir vérifié que Miss Hassan se débrouillait, Snape fila vers le bar sous lequel Rosmerta s'était réfugiée.

- Non je n'ai rien. se contenta-t-il de répondre. Je me demande comment il aurait pu en être autrement. La surprise ne peut pas causer à elle seule leur médiocrité.

Un silence relatif régnait à présent dans le pub s'il l'on omettait les cris démesurés que poussait la barmaid qui commençait à sévèrement irriter Snape. La blonde était réfugiée sous son bar et refusait catégoriquement d'en sortir. Ce ne fut lorsque Miss Hassan arriva qu'elle accepta de s'asseoir à contre-coeur. Semblant reprendre un soupçon de dignité, elle rattacha sa tignasse de manière convenable et prit une gorgée d'eau. Apparemment pour elle, se refaire une beauté était synonyme d'apaisement, ce qui finit d'exaspérer le professeur de potions.

Il laissa les deux femmes entre elles et alla examiner les quatre hommes inconscients. Il ne connaissait pas ces visages parmi les rangs des mangemorts, d'où sa supposition pour le polynectar. Le chauve fut le premier sur lequel il se pencha. L'examen minutieux de ses poches ne révéla rien, ils n'avaient pas été suffisamment idiots pour garder sur eux des effets personnels. Snape saisit sa baguette et l'examina sous toutes les coutures. L'idée fut abandonée aussitôt. Celle-ci ne lui apprendrait rien sur son propriétaire. Frustré par le résultat de ses recherches, Snape se pencha sur lui et renifla son visage. Cette fois son regard s'illumina.

- Polynectar, définitivement. dit-il à haute voix à la fois pour lui et pour Miss Hassan.

La même opération fut reconduite pour les trois autres individus. Ce n'est que lorsqu'il examina le dernier qu'il trouva la preuve de ses allégations. Un morceau de parchemin griffonné d'une écriture élégante qu'il reconnaissait bien.

Citation :

Goyle,

Garde Miss Hassan à l'oeil.
Le Maître sera friand de toute révélation sur ses motivations actuelles et je pense qu'elle ne tardera pas à trahir ses positions.
Prends Crabbe, Avery et Dmitry avec toi et suis-là. Si jamais elle se découvre neutralise-la et ramène-la au manoir. Nous la livrerons au Maître. Je veux être au courant de tous ses faits et gestes. Je veux tout savoir de ses relations. Je veux tout savoir de sa misérable vie jusqu'à la couleur de ses chemises de nuit.

Je veux que le Maître me reconnaisse à sa juste valeur et voir Snape mourir de sa main.

Pour plus de discrétion prenez du polynectar.

L.

- Quels imbéciles... fit-il d'un ton monocorde. Miss Hassan, je vous prierais de bien vouloir rectifier la mémoire de notre charmante hôtesse afin qu'elle oublie tout de cette altercation. Faites-lui croire ce que vous voulez.

Le travail de sa baguette finit par asseoir les mangemorts sur une chaise loins de leur baguette. La maîtrise du levicorpus était totale pour lui et cela ne lui demanda aucun effort. Ses efforts se concentrèrent sur le chauve en premier.

- Enervate. murmura-t-il.
- Snape! Espèce de tra...

"Voici donc Avery." pensa-t-il en reconnaissant cette voix. Il replaça le parchemin là où il l'avait trouvé.

Une fine lueur argentée s'échappa de l'extrémité de sa baguette et pénétra entre les sourcils de sa victime. Instantanément l'attitude générale de l'homme changea. Ses muscles semblèrent perdre de leur tension au point qu'il glissa sur sa chaise. Le regard qu'il adressa à Snape se vida de toute sa haine pour devenir complètement hagard. Un œil extérieur aurait facilement pu le croire stone. Le corps anguleux de Snape se pencha dangereusement de lui ton en maintenant son sortilège. Cette fois, c'était lui qui laissait ressortir sa haine par tous les pores de sa peau.

- Mon très cher Avery, ce soir toi et ta bande vous avez vu sortir Miss Hassan de son domicile pour la première fois depuis sa petite séance avec le Seigneur Noir. Vous l'avez suivie pensant qu'elle allait commettre une bévue. Malheureusement elle avait juste un rendez-vous galant avec un sorcier inconnu de vous au Chaudron Baveur. Celui-ci avait des manière tout à fait galantes et était d'une beauté à couper le souffle, tout à fait adéquate à celle de Miss Hassan.
Vous les avez observés toute la soirée et vous êtes rendu compte que vous ne tireriez rien d'elle ce soir. C'est donc de concert que vous avez décidé d'aller traîner vos guêtres dans l'Allée des Embrumes. Vous en serez sortis sans un sou et avec une belle gueule de bois. C'est bien clair?

L'homme approuva de la tête et son visage se transforma. A présent il semblait souffrir d'un très fort mal de tête propre embrouiller ses idées sur ce qui s'était passé un peu plus tôt dans la soirée.

Snape recommença l'opération avec le second en ajoutant un détail supplémentaire quant au mystérieux amoureux de Miss Hassan afin qu'un examen de mémoire ne révèle trop de similitudes. Puis d'un signe de tête, il enjoint Sofia à faire de même avec les deux autres, lui -même allant s'occuper de Rosmerta.

- et la soirée a été calme, ce qui vous fait attendre la rentrée scolaire avec excitation. Vous n'avez quasiment eu aucun client mais vous avez été surprise de me voir arriver. j'ai commandé un whisky pur feu et j'ai passé une bonne heure à écrire fiévreusement sur un bout de parchemin. Je suis resté courbé sur ma feuille et tellement penché que mon gros nez crochu touchait presque la table. Vous avez trouvé que j'avais vraiment l'air d'une chauve-souris sortant des cachots et que je ferais mieux d'y rester afin de ne pas effrayer vos hypothétiques clients. Vous vous êtes même demandé si n'alliez pas m'en toucher deux mots mais vous y avez renoncé car je vous ai fait peur. Est-ce clair?

La blonde acquiesça mécaniquement.

- Maintenant allez dans votre réserve et videz une bonne bouteille à ma santé.

A peine eut-il fini son dernier mot qu'elle disparut dans une pièce à l'écart. Severus attendit patiemment d'entendre le bruit de bouteilles entrechoquées et le bruit d'un bouchon tiré lorsqu'il s'aperçut qu'il ne s'était pas préoccupé de Miss Hassan.

Celle-ci avait fini de son côté avec ces rebuts de la société. Dans sa tête tournaient en boucle de pathétiques insulte à leur encontre. Son corps était toujours enclin aux pulsions les plus néfastes. Il lui avait fallu beaucoup de self-control pour réussir à ne pas blesser ces hommes plus que nécessaire. Ces envies soudaines l'effrayaient. Souvent il en avait parlé avec Albus. Celui-ci avait beau balayer le problème d'un geste auguste de la main, Severus avait peur, et les mots ne pouvaient le rassurer.
Elles faisaient partie de lui depuis trop longtemps et il ne savait pas s'il pourrait toujours les maîtriser. D'abord il sentait ses muscles se raidir. Généralement sa respiration devenait haletante pendant que son regard enserrait sa victime. Et puis il perdait pied. La vie d'un individu ne tenait qu'à un fil et si celui-ci se mettait en travers de la cause il n'aurait pas de remords. C'était si bon de se sentir puissant, maître de la vie d'autrui. Quelque part se savoir capable de telles pensées le minait. Une boule se formait toujours au creux de son estomac quand il y pensait et il avait honte de lui. Il lui semblait toujours sentir le regard furieux de Lily sur lui quand ils étaient en sixième année...

Alors, pour s'assurer une relative tranquillité, il s'efforçait de limiter les situations qui pourraient le tenter... Les relations humaines faisaient partie des risques alors il les évitait ou les faisait avorter. Ses yeux se levèrent vers Miss Hassan. Elle lui était dangereuse.

Elle le regardait et son propre regard dévia, en souvenir de ses dernières pensées.

- Pour vous répondre maintenant Miss Hassan nous les faisons transplanner avec nous pour les ramener à Londres. Quant à votre première question, je ne sais pas. Peut-être que votre habitation a été tracée par Malfoy. Je suis sûr de moi, personne ne savait pour ce soir à part une personne de confiance.

Il lui indiqua une petite rue non loin du Chaudron Baveur. Elle était suffisamment sombre pour qu'ils puissent y laisser les quatre mangemorts. Ceci fait, ils se retrouvèrent à Londres tous les deux dans la rue principale du Chemin de Traverse. Autour d'eux tout était calme. Snape tourna la tête à gauche et droite. Pas âme qui vive.

- Vous vous en êtes bien sortie tout à l'heure. C'était la première parole d'approbation qu'il prononçait à son égard. Comment va votre épaule? murmura-t-il comme s'il avait presque peur qu'elle puisse l'entendre. Son regard accompagna ses paroles et descendit vers son épaule.

Il avait besoin de décompresser avant d'entamer les choses sérieuses avec elle.