Vite vite... elle devait étudier et maintenant. Demain son cours de botanique du mercredi nécessiterait toute sa connaissance pour s'occuper de bestioles dangereuses en partie pratique. Depuis une semaine, le professeur Chourave incitait ses élèves à revoir les différentes méthodes de pratiques afin de ne pas se faire intoxiquer par des Hellébores. Il s'agissait de fleurs pourpres à l'aspect très jolie mais qui restait toxique. Depuis minuit, Olivia Taylor n'avait toujours pas éteint la bougie qui diffusait une source de lumière dans la grande chambre des sixièmes années de Serdaigle. Cette lumière demeurait assez faible mais ce n'était pas suffisant pour contenter le sommeil de certaines jeunes filles qui se retournaient sans cesse en espérant pouvoir dormir. L'une d'elle tenta de placer la couverture sur sa tête mais cela sembla l'étouffer au bout de dix minutes. Ce fut elle qui osa repousser sa couette et se mettre en position assise. Les yeux plissés et fatigués, elle bailla sans placer la main devant la bouche et demanda dans un chuchotement si notre héroïne n'allait pas tarder à trouver elle aussi les bras confortables de Morphée. Malheureusement, elle ne put lui mentir, lui déclarant qu'elle en aurait pour des heures.

Une seconde fille, à l'écoute de cette petite discussion, leva légèrement la tête et lui demanda gentiment de bien vouloir aller dans la salle commune pour étudier, afin de ne pas troubler leur sommeil. Un peu prise au dépourvue, Olivia grimaça légèrement mais ne rétorqua rien ; de toute façon, il serait bien futile de provoquer une dispute au beau milieu de la nuit. Elle se releva en douceur, referma le livre après y avoir placé un petit bout de papier en guise de marque page et rehaussa sa couverture sur son oreiller. A l'aide de sa baguette, elle releva légèrement cette même couverture en lui offrant des bosses, faisant croire qu'une personne dormait à cet endroit. On ne savait jamais ; la préfète pouvait toujours se lever et vérifier si ses camarades dormaient toujours. Ainsi donc, la Serdaigle descendit les escaliers en colimaçon dans le calme, en robe de chambre, livre en main, et baguette dans une autre main. Cheveux attachés en une queue de cheval, elle ressentait le froid de la salle commune dans ses oreilles.

Néanmoins, un détail la gênait : deux garçons dormaient tranquillement sur les fauteuils et ils semblaient plongés dans un long sommeil. Par simple précaution, mieux valait ne pas les réveiller. Elle s'installa dans un coin, alluma un Lumos au bout de sa brindille et plaça celle-ci juste à côté du manuel. Ce dernier ce nommait « Au beau milieu de la Flore » et avait été écrit par Gustav Champifron. Elle l'avait emprunté à la bibliothèque la veille afin d'en apprendre plus sur les Hellébores. Il ne s'agissait pas seulement de connaître le moyen de lutter contre elles mais également de savoir l'histoire de ce végétal. Ainsi, durant une demie heure, elle dévora un premier chapître qui portait sur la découverte de ces fleurs par des jardiniers moldus de l'antiquité. Cette fleur était toxique et pourtant, ses composants permettaient de guérir de la folie ou d'une crise d'épilepsie. On l'utilisait donc comme remède pour ce genre de chose, d'ailleurs on prenait son sirop pour contribuer à la fabrication de Philtre de Paix.

Alors qu'elle lisait tranquillement, un des deux jeunes hommes qui dormaient se mit à ronfler bruyamment et il ne s'arrêta pas au bout de plusieurs minutes. Olivia pouvait être patiente mais elle tenait tellement à assouvir sa curiosité que cette nuit-là, elle se sentit forcée de devoir encore se déplacer. Mais où pouvait-elle aller à cette heure-ci ? Il serait bien trop dangereux de quitter l'antre des Serdaigle, surtout avec Rusard et Miss Teigne en patrouille. Elle ne sentit pas le courage venir en elle pour affronter d'éventuelles problèmes mais d'un autre côté... elle voulait tellement connaître la suite du récit en toute tranquillité. Une voix dans sa tête, sûrement pas celle de la raison, lui conseilla de faire une petite excursion dans le château et de trouver un endroit convenable. Ainsi, elle descendit de sa tour sur la pointe des pieds, en chaussons. Son lumos l'aidait à se repérer mais elle avait la frousse de se faire avoir. Dans le pire des cas, elle pourrait toujours tenter de faire qu'elle était somnambule. Et puis, elle avait déjà fait des crises de somnambulisme quand elle était plus jeune donc il ne serait pas difficile d'en simuler une. C'était du moins ce qu'elle pensait.

Le meilleur lieu pour une lecture profonde était la bibliothèque située au Quatrième Etage mais Olivia savait pertinemment que Madame Pince avait fermé son accès depuis des heures. Elle pouvait toujours utiliser un Alohomora, c'était vrai mais elle avait le pressentiment que Rusard fouillait souvent ces lieux durant la nuit. Effectivement, il n'était pas rare d'apercevoir des élèves venir s'incruster en ce lieu au beau milieu de la nuit par crainte de rater l'interro de demain. Il fallait tenter un autre endroit où le concierge n'aurait que peu de chances de passer. Au bout de quinze minutes de prudence, elle se résolut à se cacher dans la salle des Trophées, au rez-de-chaussée, juste derrière la Grande Salle. Par moments, elle regardait souvent derrière elle comme pour s'assurer que personne ne la suivait et puis le bruit des escaliers n'arrangeait en rien sa discrétion. Heureusement, ces derniers bougeaient sans cesse, qu'il y ait des gens ou pas dessus pour les emprunter.

Il était près d'une heure vingt du matin quand elle s'assit sur le sol presque glacé de la salle des Trophées. Mais cela lui était bien égal tant qu'elle avait la tranquillité qu'elle désirait tant. Baguette allumée, elle put entretenir sa lecture durant des minutes longues dans lesquels elle tournait les pages avec l'impatience découvrir la suite du récit de monsieur Champifront. Et puis au bout de deux heures de lecture, ses paupières furent si lourdes qu'elle s'autorisa à quelques minutes de sommeil avant de se réveiller, de lire un peu, puis de se rendormir... au final, le sommeil finit par l'emporter. Ce n'est que vers cinq heures du matin que le bruit de la porte de la salle réveilla Olivia. Cette dernière sentit son cœur battre à toute allure alors que sa respiration se faisait d'avantage entendre. Les yeux écarquillés dans le noir, elle espérait que ce n'était pas Rusard qui venait mettre son grain de sel en ce lieu. Immobile et les mains crispés sur le sol, la bleue et bronze aurait voulu disparaître sous le sol et ne jamais remonter à la surface. Et puis, une lumière bleue apparut, semblable à son propre Lumos qui s'était éteint depuis ces longues heures. Non, ce n'était pas le concierge car jamais on ne l'avait vu utiliser la magie. Ce n'était pas lui... un professeur peut-être ? En tout cas, l'inconnu devait très clairement visualiser Olivia. Mais elle, assise contre le mur, ne percevait qu'une forme vague du visage de la personne. La lumière du Lumos était si intense que cela l'aveuglait presque et qu'elle dût plisser les yeux pour ne pas sentir la douleur aux yeux.

« - Qui... Qui êtes-vous ? » demanda t-elle d'une voix exténuée en plaçant une main devant ses yeux pour se protéger du Lumos étincelant.

Le cœur d'Olivia ne cessa de battre à deux cents à l'heure et elle craignait que cela ne soit sa fin. Elle n'avait jamais voulu s'endormir complètement, juste pouvoir se reposer les yeux et terminer sa lecture avant de retourner dans sa chambre. Néanmoins, elle avait certainement sous-estimé le nombre colossal de page qui n'auraient pas pu être lu en une nuit seulement. Ne sentant plus ses jambes froides, elle ne ressemblait même plus la douleur au niveau de son fessier tellement elle avait froid. Le bout de ses doigts était dur surtout en les crispant contre le sol. Le Lumos venait de s'abaisser, de telle façon à ce qu'elle ne se brûle pas les yeux devant une telle luminance. Enfin, son regard océan croisa celui d'une fille qu'elle connaissait. Il ne lui fallut qu'une fraction de seconde pour reconnaître cette personne féminine si jeune et si familière. Familière dans le sens qu'elles appartenaient toutes les deux à une même catégorie d'élèves vu qu'elles se voyaient presque tous les jours en classe. En revanche, il était à noter qu'elles n'avaient jamais parlé entre elles.

Chacune avait son groupe d'amis et plus généralement, on dissociait les amis aux simples camarades. Ce qui était dommage puisque cela empêchait de nouvelles affinités de se créer. Ce n'était qu'en dehors des cours, dans des circonstances étranges, qu'il arrivait de pouvoir engager une conversation avec une personne que l'on aurait estimé ne jamais parloter un jour. Pourtant, ce jour était arrivé pour Olivia et Megan Jones. Oui, tel était le nom de cette dernière et la Serdaigle n'en doutait pas. D'un geste de main machinal, elle attrapa sa baguette et la tint fermement dans ses doigts pour ne pas la perdre. Son pied heurta son manuel qui s'était ouvert près d'elle mais elle ne s'en préoccupa pas. Pour offrir un meilleur spectacle d'elle aux yeux de Megan qui venait de se présenter, elle se releva et redressa les pans de sa robe de nuit avant d'ouvrir ses yeux ronds vers sa destinatrice qui tenait toujours la lumière de sa brindille allumée. Elle n'avait pas l'air angoissée ou appeurée mais peut-être un peu gênée de ne pas se retrouver seule ici. Maintenant à la hauteur de l'autre brune, Olivia acquisça légèrement la tête.

« - Oui je me souviens de toi. Tu faisais partie de ceux qui avaient réussit le charme du bouclier du premier coup, en début d'année avec Snape. » répondit-elle d'une voix rêveuse.

La bleue et bronze avait une grande mémoire visuelle, beaucoup plus efficace que celle auditive et c'était donc pour cela qu'elle se souvenait de cette fille. Notamment pour ce petit exploit qu'elle avait accomplie. Snape n'avait pas été très enchanté de voir des Poufsouffle réussir au détriment des Serpentard mais il avait quand même dû attribuer quelques trois points aux jaunes. Et puis, des bruits de pas très vifs se firent entendre... on aurait dit des pas d'animaux et il était donc certains que Miss Teigne ne se trouvait pas bien loin. Un silence de mort régna dans la salle des Trophées et les deux jeunes filles se regardaient, immobiles, en attendant le départ de la noble bête. Olivia ignorait quelle heure il était mais l'obscurité de la pièce lui faisait savoir qu'il devait être encore tôt pour aller déjeuner. Et puis, l'impression de ne pas avoir dormi assez lui donna d'avantages d'indices là dessus. Les miaulements se firent un peu moins forts au fur et à mesure mais en tout cas, elle avait dû se frotter à la porte en croyant avoir flairé quelque chose. L'instinct animal était difficile échappable mais au final, la bête avait décidé d'abandonner pour cette fois.

Olivia expira lentement sa bouffée d'air tout en essayant de calmer les battements de son cœur en se détendant. Seul le froid ne lui procura, quelques instants plus tard, que la chair de poule. D'un mouvement de baguette, elle ne put s'empêcher d'allonger les manches de sa robe qui exécutèrent les souhaits de leur porteur en s'allongeant jusqu'à frôler la paume de ses mains. Et puis Megan aussi reprit le mouvement en concentrant son attention sur notre protagoniste aux yeux clairs. La curiosité l'avait apparemment frappée et elle lui demanda ce qu'elle faisait ici si tôt et si elle avait dormi en ce lieu. Le visage d'Olivia resta impassible et aussi pâle que le teint d'une poupée en porcelaine. Oui, Megan avait vu juste et intérieurement, elle la félicita de sa perspicacité. Récupérant son livre au sol, elle le garda sur ses mains et le plaça sous la lumière du Lumos.

« - Je n'ai pas pu lire ce fantastique livre de Botanique dans la salle commune de Serdaigle pour... cause de tapage nocturne. Alors je suis venue ici mais avant que je n'ai pu terminer ma lecture, le sommeil m'a prise avec lui, annonça t-elle en un mince sourire triste. Et toi, qu'est-ce qui t'amène ici ? »

Elle venait d'arquer un sourcil comme pour montrer que la réponse l'intéressait. Et en réalité, c'était bien cela. Il était plutôt rare que l'on vienne s'aventurer dans le château sans raison et Olivia ne pouvait retenir sa curiosité pour ce genre de choses.

Megan prétendait avoir besoin de prendre l'air et d'avoir croisé Miss Teigne sur sa route. Olivia ne chercha pas à en savoir d'avantage même si cela lui semblait bizarre d'attérir ici alors qu'on souhaitait simplement prendre l'air. La salle des trophées était loin d'être le lieu le plus confortable pour se divertir dans de nouveaux horizons. Habituellement curieuse, elle aurait cherché à faire cracher le morceau à la personne pour tout connaître, quitte à se mêler des affaires des autres. Cependant, elle était tellement fatiguée qu'elle n'était pas tellement d'humeur à chercher plus loin. Son état de santé jouait un rôle conséquent dans ses humeurs et elle pouvait se montrer plus ou moins lunatique en fonction des jours. On l'a connaissait toujours calme mais il lui était déjà arrivée d'exploser mais seulement en présence de ses véritables amis. Le reste de la population l'ont souvent vue impassible et silencieuse. On dit pourtant que les gens les plus discrets sont les plus fous. C'était vrai pour le cas d'Olivia qui restait en retrait quand elle ne connaissait pas la personne et qui devenait bien plus extravertie quand on avait réussit à l'approcher.

Ne répondant rien, elle se contenta d'observer les objets aux alentours qui étaient éclairés par la lumière. Ils renvoyaient des teintes bleu marine et avaient l'air si mystérieux sous cet angle. Il y avait des armures métalliques, des petites bibliothèques avec des livres et surtout une tonne de trophées accumulés depuis tant d'années par différentes générations d'élèves. Sur le coup, elle se demanda si elle pourrait emprunter un ou deux livres d'ici quand elle aurait une autre occasion de revenir en ce lieu. D'ailleurs, quand on parle de livres, voilà Megan qui venait de reporter son attention sur le manuel de botanique que tenait toujours la Serdaigle. Elle lui demanda si le contenu valait la peine de passer la nuit ici. Bien sur, Olivia répondrait que oui mais elle savait que dans l'esprit d'un Poufsouffle, ce genre de lecture à part au cours ne les passionait pas forcément. Objectivement, cela n'en valait pas la peine si on se fixait d'un point de vue général. Tout d'abord, parce qu'elle pourrait très bien le lire durant une heure de libre, il n'y avait rien qui pressait. Et puis, même si demain elle devrait s'occuper d'Hellébores dangereuses, elle savait déjà comment s'y prendre. Elle avait terminé de lire les différents moyens de s'en occuper et elle s'était plongée dans son histoire qui n'avait rien à voir avec les souhaits du professeur Chourave. La brune plissa légèrement les yeux avant de répondre :


« - Personnellement, je le trouve enrichissant. Et puis, tu sais que demain, Chourave tient à ce qu'on prélève des extraits d'Hellébores pour en faire des ingrédients ? Elles sont tellement toxiques que je préfère les connaître avant de les affronter. »

La prudence et la méfiance étaient des notions très imprégnées chez la bleue et bronze. Il fallait toujours qu'elle sache si la situation était risquée avant de s'y lancer. Elle n'était absolument pas du genre fonceuse.
Par ailleurs, elle ignorait si Megan s'était déjà renseignée à leur sujet, mais en tout cas, Olivia préférait apprendre de nouvelle choses en passant une mauvaise nuit plutôt que d'être ignorante tout en dormant comme un bébé. Se retournant, elle fit quelques pas vers une vitrine contenant des récompenses en or, en argent et en bronze. Levant sa baguette, elle fit apparaître un Lumos informulé et éclaira la vitrine qui lui renvoyait les rayons de lumière bleu. A présent, elle était habituée à cette source de lumière et ses yeux bleus pouvaient atteindre les inscriptions inscrites sur la texture de chaque trophée. L'une d'elle indiquait le nom d'un grand batteur de Poufsouffle qui était connu pour avoir touché le plus d'adversaires avec les Cognard. A côté, un autre trophée désignait une certaine préfète qui avait rendu beaucoup de services à l'école. D'un air rêveur, Olivia observait ces trophées... une soif de gloire commença à submerger son esprit ; elle aurait tellement voulu avoir son propre trophée. Elle, qui était Poursuiveuse dans l'équipe de Quidditch de Serdaigle pouvait très bien avoir une récompense en accomplissant par exemple un nombre incalculable de buts ? Elle en rêverait. Se voir entrain de remporter toutes les coupes de Quidditch et d'être félicité par les siens serait un excellent souvenir de l'école. De son index gauche, elle effleurait la vitrine avec une certaine envie qu'elle tenta toutefois de camoufler en restant presque impassible.

« - Tu as déjà été en retenue avec Rusard ici ? » demanda t-elle soudainement.

D'un coup, elle se retourna vers la dénommée Megan et pencha légèrement la tête tout en la scrutant avec son même air rêveur. Olivia n'avait jamais été en retenue dans la salle des trophées et d'ailleurs... on la punissait que très rarement. Rendant toujous ses devoirs à temps, respectant souvent le règlement, elle n'avait quasiment pas de problèmes avec le corps professoral. Après, il lui est déjà arrivée de devoir aller en retenue d'une heure ou deux pour quelques enfreints au règlement parce qu'elle n'avait pas le choix. Excepté cela, elle n'était pas une adepte des colles. Elle avait donc acquis la réputation de l'élève modèle en classe et elle s'en tenait très bien ainsi.

Olivia répondit négativement ; elle aussi n'avait jamais pu avoir cette malheureuse occasion de fréquenter la salle des trophées durant une retenue. De toute manière, il était beaucoup plus préférable de venir volontairement que forcément. Son livre de botanique sous les bras, elle se dirigea vers la porte d'entrée et la poussa lentement. Elle espérait que le léger grincement de celle-ci n'attire pas l'attention de Rusard ou de Miss Teigne.

« - Viens, on peut sortir. »

Poussant d'avantage la porte, elle put être éclairée par le clair de lune qui pénétrait à l'intérieur du château par les vitraux. Pas un bruit, pas un seul mouvement extérieur... La voie semblait libre et c'est en scrutant les environs avec soin que la Serdaigle sortit de la salle des trophées. Elle n'aimait pas tellement cette ambiance sombre et calme qui lui donnait quelques frissons au bras et pourtant, elle l'avait bien cherchée. Quelle idée d'aller s'aventurer ici à deux heures du matin et de s'y endormir sans avoir conscience de sa propre fatigue ! Marchant presque sur la pointe des pieds, elle veilla à ne pas faire de bruit même s'il fut difficile sur un sol qui résonnait. Elle continuait d'avancer dans le troisième étage et pourtant, elle ignorait où est-ce qu'elle se rendait. Olivia ignorait aussi quelles étaient les nouvelles intentions de sa camarade qui marchait derrière elle. Dans le calme absolu, elles ne faisaient que errer le couloir jusqu'à son extrémité. Ce silence, la Serdaigle l'appréciait plutôt bien surtout à une heure pareille. En tournant la tête vers le vitrail transparent qui ornait ce corridor, elle observait les petites étoiles qui disparaissaient tantôt derrière les nuages avant de réapparaître. C'était une jolie vue qui s'offrait aux deux filles.

Désormais, la brune n'avait plus l'air fatiguée et elle paraissait en forme. Les yeux bien ronds, elle les cligna plusieurs comme pour vérifier que ce n'était pas une illusion. Elle ne savait pas ce qui l'avait éveillée si soudainement..
BAM BAM BAM
Ce bruit la fit froncer les sourcils et elle se tourna derrière elle mais il n'y avait rien, mis à part Megan. Et devant non plus. Doucement, elle leva légèrement sa baguette qu'elle tenait à la main gauche. Plissant les yeux, elle remarqua qu'au bout du couloir, il y avait une sorte de meuble en guise d'armoire. Elle s'y approcha à pas de loup et le bruit se fit entendre de nouveau. C'était assez inquiétant d'autant plus qu'on avait l'impression que le meuble était vivant. Ce n'était certainement pas Rusard puisqu'on aurait dût au moins apercevoir sa tête derrière celui-ci. Quant à sa chatte, elle était bien trop minuscule pour faire bouger un meuble si lourd. Les interrogations fusèrent dans l'esprit de la Serdaigle et elle obtint la réponse à ses questions quand une silhouette grise s'éleva au plafond. Une légère trainée de fumée poursuivait la présence fantomatique qui secouait son vieil habit. Puis, le fantôme s'immobilisa comme s'il avait senti quelque chose d'extérieur à son activité. Sourire narquois, il jeta un coup d'oeil en coin et laissa échapper un rictus. Il n'y avait rien de pire que de croiser Peeves à cinq heures du matin.

« - Hahaha ! Des insomniaques, une huile d'olive en vue et un blaireau ! C'est interdiiiiiit au règlement euh ! Mais où est donc Rusard ? Je vais lui diiiireuh ! »

Il sourit de toutes ses dents avant de mettre le pouce sur ses lèvres.

« - Mais je peux toujours vous faire du chantage, bande de délinquants ! Vous allez deveniiir mes eslaves durant toute votre existance à Poudlard, héhéhé! »

Peeves était le genre d'esprit frappeur que l'on se passerait bien dans le château, surtout qu'il n'était pas utile mise à part faire diversion avec Rusard lorsqu'il salissait un endroit de Bombabouses. Il semblait dénué de tout sentiment humain, passant son temps à faire des farces et à embêter les élèves, notamment les premiers années. Il nourissait une grande passion pour la recherche de nouvelles blagues machiavéliques et personne n'y échappait sauf ceux qui parvenaient à lui inspirer une certaine autorité. Vous serez alors certain qu'il ne vous embêtera pas si la présence glauque du Baron Sanglant se trouve à proximité, et dans ces cas là, on le verrait en état d'inquiétude et de peur. Quand le fantôme de Serpentard arpentait les mêmes couloirs que Peeves, ce dernier se montrait en tznt que bon serviteur apeuré et il ne faisait plus rien du tout, sur le coup.

Olivia regrettait que le Baron ne soit pas là, ainsi elle n'aurait pas eu à se frotter à lui. Pas qu'elle n'en avait pas le courage ou qu'il lui faisait peur mais elle craignait que cet affrontement ne fasse trop de bruits pour alerter Rusard et Miss Teigne. Peeves pouvait bien s'en ficher de se faire avoir puisque de toute manière, il ne se faisait jamais virer de Poudlard grâce à l'autorité de Dumbledore. Toutefois, quand il s'agissait d'élèves, on avait le droit à peu de chances de s'en sortir. La Serdaigle ne s'était jamais faite virer de l'école et la seule grosse bêtise qu'elle avait faite pour l'instant, c'était de s'être rendue dans la forêt interdite pour aller récupérer une camarade sa maison qui n'était pas revenue de son excursion là-bas. Elle s'en était pas mal sortie et elle aurait pu avoir pire que des blessures. Mais ce soir, elle n'avait pas envie de commettre l'interdit...et pourtant, elle avait le sentiment que fuir ne servirait à rien et que Peeves trouverait un malin plaisir à les poursuivre tout en hurlant dans tout le château que des intrus étaient sortis de leurs lits. En fait, le mieux à faire était de l'affronter et si Megan souhaitait partir, elle pouvait le faire tandis que l'autre demoiselle se chargerait du farceur. Seulement, la Poufsouffle semblait ne pas être lâche et c'est sans la moindre hésitation qu'elle pointa sa baguette vers le gêneur en lui lançant une contre-menace. Pourtant, le petit être malfaisant ne semblait pas tellement impressionné et il s'approcha davantage des deux étudiantes avec un sourire toujours aussi sarcastique.


« - Essayez de m'attraper, mes petites larves ! Youhouhou ! »

Et il se mit à chanter à voix haute tout en traversant le couloir que des intrus étaient sorties de leur dortoir. Bien sur, il espérait avertir Rusard où qu'il soit et si elles n'agissaient pas bien vite, elles seraient cuites. Elles auraient pu fuir mais l'esprit frappeur les avait à l'oeil et il n'aurait certainement pas hésité à les courser tout en continuant de chanter. Il fallait vraiment le neutraliser. Olivia suivit Peeves d'un pas rapide et se mit à lancer des sorts d'immobilisations ou de stupéfixion. Ce qui était utile chez un esprit, c'était que sa constitution, bien que transparente, n'était pas la même que les fantômes. Ces derniers se contentaient de traverser les objets et ne pouvaient pas interagir avec leur environnement. Peeves, lui, pouvait saisir, toucher, porter des objets mais cette caractéristique fonctionnait aussi à l'envers ; ce qui était purement physique pouvait le toucher également. Une sorte de loi équitable entre le semi-spirituel et le matériel. Toutefois, ses sorts manquèrent sa cible malgré l'habilité et la précision hors pair de la bleue et bronze. En fait, Peeves se montrait plutôt doué en esquive et c'était sans doute ses nombreuses années à Poudlard qui lui avait permis de tenir un peu plus longtemps à des sorts jetés par les élèves.

«  - Petrificus Totalus. Immobilus, Stupéfix. » prononça t-elle à voix basse pour ne pas que sa voix résonne contre les murs.

Les sortilèges ricochaient contre le mur avant de toucher d'autres objets comme des bancs ou des tables. Inutile de dire que cela brisait le silence et Olivia s'en voulut de provoquer un certain vacarme. Elle baissa donc la baguette et esquiva les projectiles qu'il lui lançait. Il avait indubitablement dû voler ces objets farces et attrapes dans le bureau d'un professeur...


« - Hahahaha ! Deux élèves hors des dortoirs ! Hors des dortoirs ! » continuait-il de chanter.

Alors qu'elle esquivait une dernière boule puante, elle ne leva pas la baguette de façon à attirer l'attention de l'esprit occupé à chanter mais elle la garda au niveau de sa taille, pointée vers sa cible. Et là, elle fit appel à ses dons de sortilèges informulés et lança un Bloclang ; si elle pouvait le faire taire, ce serait déjà pas mal.

Pile au moment où Olivia avait envoyé son Bloclang sur Peeves, Megan avait également touché l'esprit frappeur à l'aide d'un Silencio. Le double sortilège de mutisme eut un grand succès sur leur adversaire commun qui s'était retrouvé avec la langue bloquée et une incapacité certain de parler. Un peu comme désorienté, il resta immobile durant quelques secondes en essayant de jurer et de crier, mais ce fut en vain. Alors, il se reporta sur ce qui lui restait comme arme ; l'environnement. Bien sur... s'il ne pouvait provoquer le chahut par sa voix, alors, il se servirait de son aptitude à interagir avec le matériel réel pour s'amuser. Décidément, cette histoire n'était pas encore terminée. En plus, il n'y allait pas molo en prenant des lampes et des candélabres pour les jeter violemment contre les murs ou les vitraux solides. Entre les chocs et les bruits de rebondissement, il était certain que Rusard saurait localiser la source de ce vacarme infernal. Olivia jeta un coup d'oeil légèrement inquiet à Megan et elle se demandait si finalement, la fuite n'était pas une solution à envisager. La Serdaigle ne prenait pas ce moyen comme un acte de lâcheté même si parfois, cela en était un. Mais dans certaines situations, la fuite pouvait s'avérer être un acte de sagesse car il vaut parfois mieux de se replier plutôt que de foncer dans le tas sans réfléchir. Toutefois, elle savait que les Poufsouffle avaient un penchant assez Gryffondorien qui les empêchaient de s'en aller comme ça.

Alors, notre demoiselle aux yeux d'océan décida de tenter un dernier coup avant de prendre une décision radicale. Pointant de nouveau sa baguette vers Peeves, elle esquiva de justesse un livre qu'il venait de lancer en sa direction. Le cœur battant, elle lança un Impedimenta sur sa cible avec l'espoir de pouvoir l'arrêter ou bien le ralentir mais il se servit d'une chaise en guise de bouclier. Il souriait à pleine dents et même s'il ne pouvait pas parler, il était sûr qu'il riait intérieurement. Et ce fut durant son rire qu'Olivia crut avoir une idée. Celle-ci ne fonctionnerait peut-être pas mais elle n'avait rien de mieux pour l'instant. A ce moment-là, Peeves envoya une grande table de marbre en direction des jeunes filles et la Serdaigle dut la métamorphoser en une table en mousse pour ne pas que cela provoque un grand bruit de fracas sur le sol. Entre sorts, esquive et course, elle sentait son énergie se vider petit à petit et pourtant, elle en avait de l'endurance grâce au Quidditch. Mais quand on a pas assez dormi, il n'était pas surprenant que l'on ne soit pas à notre potentiel maximum. Tout près de Megan, elle lui chuchota :

« - Je pense que tu devrais continuer d'essayer de le neutraliser et moi je m'occupe des objets matériels, d'accord ? »

Ainsi, elles seraient plus organisées et l'une pourrait attaquer sans se soucier des projectiles que l'autre réduirait à néant. Peeves ayant tout de même entendu ce plan, fronça les sourcils et pris les lampes cassées qu'il avait jeté auparavant sur le sol. Les tenant fermement dans ses mains, il s'apprêtait à les envoyer sur les filles mais Olivia envoya un Incendio qui flamba les deux objets. Craignant d'être brûlé, Peeves les relâcha et le tapis du sol étouffa un peu le bruit du fracassement. Lorsque les lampes furent consumées, le feu s'arrêta et la Serdaigle envoya un Wingardium Leviosa sur une chaise en le bougeant dans tous les sens afin de toucher Peeves. Désormais, la situation était corsée pour l'esprit car il devait à la fois prendre des objets pour les lancer, esquiver les sortilèges de Megan ainsi que les objets qu'Olivia faisaient léviter tout autour de lui pour le toucher.

Finalement, cela devint une partie de plaisir car Olivia y trouva un certain amusement. Certes, c'était loin d'être un divertissement de qualité mais cet avantage qu'elles venaient de prendre la détendait beaucoup plus et elle n'avait qu'une envie, c'était de gagner contre cet enquiquineur. Pour rien au monde, elle ne le laisserait dicter sa loi et pour cela, une bonne correction s'imposait. Déterminée, elle se montra plus réactive et dynamique dans ses mouvements et elle repoussait souvent les lancers de son ennemi à l'aide d'un Protego dont la force renvoyait automatiquement l'objet vers son lanceur. Toutefois, ces allez-retour ne pouvaient pas durer éternellement, il fallait bien parvenir à l'avoir une bonne fois pour toute.

Prête à agir, elle métamorphosa une chaise tenue par Peeves en milliers de pétales de fleurs. L'esprit fut entouré de pétales qui tournoyaient autour de lui comme attirées par ce personnage fantomatique. La vue de ce dernier fut limitée durant quelques secondes.... et ces quelques secondes furent bien précieuses pour le prochain sort qu'allait envoyer Megan. Si elle réussissait alors tout se terminerait là et elle pourrait quitter ce lieu avant l'arrivée de Rusard en espérant qu'il soit encore bien loin. Sinon, elle devrait envisager la possibilité de la fuite...

Olivia fut satisfaite de la réponse de Megan qui lui dit qu'elle avait sûrement rangé son livre dans l'armoire. Bon, rien était sûr mais elle pourrait sûrement le récupérer dans une heure, quand les élèves seraient autorisés à quitter leur lit. En une heure, Rusard ne risquait pas de le trouver surtout s'il se mettait à la poursuite des deux étudiantes. Quant à Peeves, il ne pouvait pas reprendre sa mobilité avant que quelqu'un ne mette fin au sortilège lancé et la probabilité qu'une personne ne tombe sur lui avant que la Serdaigle n'arrive était assez minime. Du coup, elle put se détendre un peu et passer à autres choses. Au final, elle suivit Megan qui se dirigeait vers une salle de classe pour aller se cacher du concierge. Il était plutôt étrange que la porte ne soit pas fermée à l'aide d'un sortilège... Après tout, n'importe quel élève pouvait rentrer dans cette salle et fouiller les placards à la recherche des corrections des devoirs. Si Olivia n'avait pas été une Serdaigle assidue, elle aurait sûrement été tentée par ce genre de choses mais comme elle était plutôt honnête, l'idée ne lui traversa pas l'esprit. A vrai dire, elle était plus occupée à penser à se sauver de son poursuivant.

Elle se faufila jusqu'à un placard qui contenait de grands objets utilisables en Astronomie et elle déplaça ceux-là jusqu'au bureau au fond de la classe, à l'aide d'un Wingardium Leviosa. Puis, elle fit signe à sa camarade de la rejoindre ; il y aurait assez de place pour deux vu que ce placard était assez large. Evitant de faire trop de bruit, elle entra ses pieds en premier avant de se courber et de se serrer d'avantage pour laisser entrer Megan. Gardant son calme, elle referma le placard jusqu'à entendre le cliqueti de la fermeture. Elle entendait son cœur battre plus vite tellement elle se sentait comme « menacée » par une sorte d'épée de Damoclès située au-dessus de sa tête et pouvant tomber à tout moment si on découvrait sa cachette.

« - Collaporta. » murmura t-elle, ce qui eut effet de fermer l'ouverture de l'armoire.

Pendant dix minutes, elles restèrent cachées avec l'idée en tête de quitter vite fait cet endroit quand Rusard serait passé ici et qu'il serait reparti. L'attente s'avéra longue pour Olivia qui trouva que cette position manquait cruellement de confort. Elle commençait à avoir mal à la nuque et au début du dos et pourtant, elle ne pouvait se permettre de sortir de là avant d'être sûres qu'elle ne se ferait pas avoir. Dans le noir, elle ne voyait rien et n'entendait que sa respiration et celle de Megan. Parfois, elle jetait un coup d'oeil au trou de serrure de l'armoire même si le clair de lune ne lui permettait pas de bien apercevoir les choses. La vision humaine périphérique n'était vraiment pas pratique. Alors qu'elle observait encore un muret, elle vit la porte d'entrée bouger et resta immobile le temps de voir une ombre arriver qui avançait lentement parmi les rangs.

Lampe à huile à la main, il regardait les alentours avec un air de demeuré comme s'il y avait des apparitions fantomatiques omniprésentes. Parfois, il mettait des coups de pied aux tables qui lui gênaient le chemin ou bien grommelait quelques jurons. Il observa les objets magiques qu'Olivia avait transporté jusqu'au bureau du professeur occupant cette salle puis regarda en-dessous de celle-ci en croyant qu'elles étaient là. Au final, il s'avança vers la fameuse Armoire, sceptique et tenta d'ouvrir la porte. La Serdaigle tenta de ne pas paniquer, étant sûre qu'il était impossible de l'ouvrir sauf en usant de magie. Et... on savait tous que Rusard était un cracmoll donc il n'y avait aucun soucis à se faire. Il tira plusieurs fois sur la poignée mais elle refusa de s'ouvrir. Jurant une nouvelle fois, le grincheux lâcha l'affaire, estimant qu'un professeur avait sûrement scellé celle-ci afin de ne pas se faire voler. Calculant un timing parfait dans sa tête, notre héroïne leva le sort une fois qu'elle supposa que le concierge devait être parti bien loin. D'un coup, de l'air frais lui pénétra dans les poumons et elle se sentit beaucoup mieux sans cette chaleur et cette position inconfortable.

« - On peut retourner dans nos salles communes maintenant. » dit-elle avec un léger sourire sur ses lèvres.

Pourtant, au fond d'elle, elle restait tout de même méfiante. Elle ne connaissait pas Rusard comme quelqu'un de bien futé ni de tordu mais elle s'imaginait qu'il était toujours là, caché quelque part entrain d'attendre le moment propice pour tomber dessus. Normalement, il ne ferait pas cela surtout qu'il n'y avait rien d'anormal à ce qu'un placard de cours soit fermé. C'était simplement son côté paranoïaque qui s'éveillait dans une situation qu'elle considérait comme « dangereuse ». Lentement, elle s'avança jusqu'à la porte d'entrée et jeta un coup d'oeil rapide au long couloir sombre... Il n'y avait personne, rien ne bougeait et rien ne se faisait entendre. La demoiselle s'engagea donc dans celui-ci, la baguette fermement tenue pour résister à une quelconque embuscade. Sur ses gardes, elle ne pressa le pas et ce n'est que lorsqu'elle se retrouva devant les grands escaliers de Poudlard qu'elle put se détendre un peu.

« - Bon et bien, notre chemin se sépare ici on dirait. Je te souhaite une bonne matinée ! »

Elle s'avança vers un escalier qui devait la mener aux étages supérieures alors que Megan prendrait certainement la destination des Cuisines de l'école. Il était maintenant six heures et Olivia avait l'intention de revenir au quatrième étage dans une heure environ.