Un ciel nuageux dominait le château de Poudlard et ses environs. Le soleil était présent mais ne parvenait pas facilement à transpercer les cumulus de ses puissants rayons lumineux. Il fallait croire que l’épaisseur de ces cotons de vapeur était grosse. Toutefois, une douce chaleur apportée par le vent baignait le parc dans une ambiance de fin d’été et de début d’automne. L’automne était arrivée et on le voyait grâce aux feuilles qui semblaient vouloir s’envoler jusqu’au sol. Une jeune fille au regard bleu ciel observait le mouvement de ces feuilles qui, avec une lenteur et une certaine grâce, frôlait doucement l’herbe fraîchement coupée. Par moment, il lui arrivait de saisir une de ces feuilles pour l’examiner de près et tenter d’apercevoir les tous petits détails. Une fois, elle aperçut une chenille qui avait creusé un trou sur une de ces feuilles et par réflexe, Olivia Taylor repoussa la feuille mangée un peu plus loin. Une sucette à la pomme dans la bouche, elle restait assise sur le sol pour contempler le magnifique lac qui s’étendait sur des kilomètres. Parfois, elle avait envie de savoir ce qui se passerait si elle s’enfuyait de cette école pour aller nager au fond du lac jusqu’à parvenir à la mer. Mais jamais elle n’en serait capable ; la liberté l’empêcherait d’étudier. Puis, elle détourna la tête et prit la soudaine décision d’aller espionner les gens.

Ses amis l’appelaient « La rôdeuse ». Sa nature solitaire avait produit en elle, une grande curiosité depuis son arrivée à Poudlard. Lorsqu’elle se retrouvait seule alors que ses amis étaient à la bibliothèque ou en cours, il lui arrivait de surveiller les gens afin de connaître des choses sur eux. En conséquences, il arrivait qu’elle soit celle qui avait des ragots à raconter. Pourtant, cela ne ressemble pas à sa personnalité discrète et posée mais la curiosité reste un défaut qui la change de ses habitudes. Qui l’aurait crû ? Cela reste un défi ; faire face à cette curiosité démangeante. Mais pour le moment, la jeune brune n’y parvenait pas et elle s’en voulait de cet échec. C’était exactement comme obtenir un Désolant à son devoir de métamorphose, par exemple. Elle se leva et tout en prenant une marche rapide, elle fixait le sol comme si elle faisait attention à où elle mettait les pieds. Ce geste l’aidait à réfléchir… elle adorait utiliser son cerveau à tout moment, à se poser des problèmes à aspect philosophiques et chercher à les résoudre. D’ailleurs, la question qu’elle se posait en ce moment concernait la liberté. Ne vaut-il pas mieux être limité plutôt qu’illimité ? Lorsque vous êtes limité, les contraintes donnent un peu de piments à votre quotidien et vous permet de vous contrôler. Alors que obtenir une liberté totale vous permet certes de mieux développer votre personnalité ou votre potentiel mais cela conduit également à l’erreur et à la passivité. Plus vous êtes libres, plus vous vous lassez de cette vie. Oui, elle avait trouvé la réponse à sa question ; mieux valait rester à Poudlard plutôt que de naviguer dans le lac jusqu’à la mer. Satisfaite d’elle-même, elle releva la tête et par instinct, elle se dirigea vers le terrain de Quidditch. Pourquoi dans ce lieu ? Elle l’ignorait ; c’était son instinct qui l’avait décidé. Et sa grand-mère, voyante, lui avait toujours dit de ne jamais négliger les pressentiments et autres choses semblables. Elle y allait donc en suivant les envies de son âme et de sa conscience. Pourtant, nul entraînement ne se faisait aujourd’hui donc il n’y aurait personne à espionner.

Discrètement et sans bruits, elle se hissa derrière les tribunes du terrain et observa les environs. Son instinct ne l’avait pas trompée ; il y avait bien quelqu’un. Tout près d’un poteau qui soutenait les anneaux de but, une femme aux cheveux épais se comportait étrangement. La personne en question frappait le poteau avant de lever la tête vers le ciel et recommencer son rituel. Puis, non satisfaite, elle se mit à donner de plus grands coups de mains et de pieds contre le pauvre poteau. Olivia resta perplexe ; elle n’avait jamais entendu parler d’un tel rituel concernant un poteau de Quidditch. C’était risible et pourtant fascinant de la part du professeur Trelawney. Certes, beaucoup d’élèves la pensaient folle mais sur le coup, Olivia était curieuse de savoir ce qui allait se passer lorsqu’elle parviendrait à son objectif. Peut être que quelque chose du poteau en sortirait. Elle aurait bien voulu s’approcher pour mieux voir mais il n’y avait pas meilleure cachette que derrière et sous les tribunes. Peu après, une jeune demoiselle arriva à la hauteur de Trelawney dans une marche plutôt rapide. Quelques fois, un petit vent faisait voleter sa chevelure brune et la couleur rouge pétante de son écharpe signifiait qu’elle appartenait à la maison de Gryffondor. Elle devait également trouver cela louche… La petite fille aborda l'enseignante et toutes les deux entamèrent une discussion que Olivia ne put entendre en raison de la distance qui les séparait. Suçotant toujours sa sucette en pomme, elle eut l'envie de sortir, quitte à se dévoiler au grand jour...mais non. Elle devait contrôler cette envie.

[Désolée de l'énooorme retard...]

Le jeune garçon qui venait de planer dans les airs se posa au sol tout en douceur, maniant son balai avec une certaine aisance. Olivia plissa les yeux pour mieux l'apercevoir et elle se demanda s'il jouait dans l'équipe de Poufsouffle ; elle ne l'avait jamais vu jouer à un match officiel de l'école. Elle-même était poursuiveuse et elle ne se rappelait pas de l'avoir affronté l'an dernier. A moins qu'il ne soit trop jeune ? Mais dans ce cas, pourquoi se baladait-il en balai volant? Tandis que le professeur et la Gryffondor se levaient sans trop de difficulté, le jeune garçon s'approchait d'eux et une discussion commença alors entre le trio. Notre héroïne, elle, s'ennuyait... elle n'avait pas pu apercevoir les oiseaux dont l'enseignante avait cité le nom et elle n'était pas sûre qu'ils étaient réellement arrivés. Avec elle, la mort était partout même si on ne voyait pas sa forme matérielle. Comment pouvait-on donc la croire ? Désormais, la belle commençait à avoir mal aux jambes d'être accroupie pour se cacher. Et puis, rien de bien palpitant ne se passait d'autant plus qu'elle n'entendait presque rien de la conversation. Cela en devenait ennuyant et elle en avait suffisamment vu pour aujourd'hui. Prenant garde à ne pas faire de bruit ou de mouvements brusques, elle se déplaça lentement le long des tribunes pour se rapprocher de la sortie. Sa cape noire la dissimulait dans l'obscurité des tribunes et elle savait que personne ne pourrait ainsi la remarquer. Et puis, si Trelawney se mettait à ressentir sa présence, elle pourrait toujours dire qu'elle avait perdu quelque chose ici en voulant participer à un entraînement de Quidditch, il y a quelques jours de cela. Olivia n'aimait pas mentir mais elle ne le faisait que si cela était nécessaire pour elle et puis, ce n'était pas un si gros mensonge que cela.

Appuyant ses doigts contre le bois du sol, elle se mit à quatre pattes et avança plusieurs mètres en souffrant de l'inconfort que lui offrait ce chemin étroit. Parfois, elle manqua de se cogner la tête contre la paroi supérieur mais au bout de quelques minutes, elle parvint à apercevoir l'issue de ce tunnel circulaire. Les voix des trois autres protagonistes se faisaient toujours entendre même si elle n'entendait que quelques mots par-ci, par-là.

Et puis, elle arriva jusqu'au bout de sa destination et sortit des tribunes comme si de rien était. Elle aurait pu courber son dos et continuer à se cacher mais à présent, cela n'avait plus aucune importance pour elle ; tout le monde avait le droit de se balader ici, non ? Et personne ne se serait douté qu'elle avait encore épié des personnes pour passer le temps. A pas décidés, elle s'éloigna du stade de Quidditch en affrontant le vent du nord, les mains se réchauffant dans ses poches. La Serdaigle ignorait ce qu'elle ferait après cela puisqu'elle avait déjà fini tous ses devoirs à l'avance et qu'elle avait terminé le livre qu'elle avait entamé. Certes, aller à la bibliothèque encore une fois restait une solution mais aujourd'hui, son être semblait lassé par cet endroit. Peut'être irait-elle rôder ailleurs ?